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Hô Chi Minh Fútbol Club

Par Ruben Curiel
Hô Chi Minh Fútbol Club

Un maillot rouge, un écusson avec le visage d'Hô Chi Minh, et des valeurs communistes transmises aux jeunes de l'académie. À Ayacucho, au Pérou, un club amateur porte le nom du premier président de la République démocratique du Vietnam. Focus.

Près de 20 000 kilomètres séparent Hô Chi Minh City et Ayacucho. Comptez une journée de vol, un violent changement thermique et un dépaysement total. L’ancienne Saïgon et ses presque huit millions d’habitants sont le centre économique du Vietnam. Ayacucho, connue sous le surnom de « ville aux trente-sept églises » est, elle, perchée à 2752 mètres d’altitude sur les collines péruviennes, et connue pour ses vestiges archéologiques. Sur le papier, absolument aucune accointance entre les deux villes. Mais que pourrait relier ces deux communes ? Point de jumelage ici, mais un club de football aux origines plutôt surprenantes : le Club Deportivo y Cultural Hô Chi Minh, créé en 1974 par cinq étudiants péruviens aux idéaux proches de ceux du fondateur de la République démocratique du Vietnam. Depuis plus de quarante ans, des Péruviens se réunissent pour s’entraîner sur un terrain où l’herbe pousse péniblement afin de tâter le ballon. En maillot rouge, bien sur.

Persécution politique

« Nous étions des jeunes étudiants, révolutionnaires de gauche. À cette époque, dans les universités et surtout à Ayacucho, on nous donnait des cours sur Marx, Lénine et Mao. Personnellement, j’étais fasciné par l’idéologie communiste d’Hô Chi Minh. » Juan de Dios Mendoza est l’un des cinq fondateurs du club. La soixantaine avancée, il est président du club qu’il a vu naître. Il raconte les débuts difficiles du club : « À partir de 1978 et jusqu’en 1992, la gauche était persécutée au Pérou. Certains pionniers du club ont dû abandonner la ville, et vivre cachés. Je suis même allé en prison à six reprises. Nous étions subversifs selon les militaires au pouvoir. Mais nous étions simplement des sympathisants de Hô Chi Minh, passionnés de football. » Les fondateurs du club soulèvent davantage les soupçons de la dictature après la création du Sentier Lumineux (groupe communiste considéré comme terroriste, qui mène l’insurrection contre les militaires, ndlr) à l’université San Cristobal de Huamanga, celle même où les cinq amoureux du ballon rond ont fondé le club à l’accent vietnamien. Ce qui ressemblait d’abord à un simple hommage se transforme alors en réel combat politique.

Francisco de la Cruz, l’un des pionniers, confirme : « On voulait que la culture et le sport soient à la portée des paysans. Il n’y avait pas d’équipes de football pour les habitants de la campagne. Nous avions cet esprit de lutte constante. On a donc décidé de porter le nom de celui qui s’est battu contre plus fort que lui. » Et Mendoza de confirmer : « Outre les bases du football, nous inculquons aux jeunes les valeurs d’un des leaders communistes les plus charismatiques de l’histoire. Le nom du club le prouve. Nous pourrions simplement nous appeler Club Deportivo Hô Chi Minh. Mais nous avons ajouté le mot « Cultural » (culturel en français, ndlr). Pour prouver que nous ne sommes pas seulement une équipe de football. On donne à nos membres l’opportunité d’accéder à une éducation particulière, à des valeurs qui sont de moins en moins prônées par notre société. » Son vice-président nuance cependant le côté politique du club : « Aujourd’hui, le club Hô Chi Minh, c’est juste du football. L’idéologie d’antan n’existe plus ici. C’est difficile de transmettre un héritage à une génération totalement différente. Aujourd’hui, ce sont des valeurs plus sportives. C’est un club familial. Très peu de personnes connaissent l’histoire d’Hô Chi Minh. Dans le quartier aujourd’hui, c’est juste un club de football au nom exotique. »

Quinze titres de champion

Malgré un budget dérisoire, le club compte aujourd’hui une équipe senior et junior, une section féminine et même une filiale de volley. Le président de toujours souligne l’esprit amateur du club péruano-vietnamien : « On donne une chance à tout le monde. On va chercher des joueurs qui n’auront pas l’opportunité de jouer à un niveau professionnel par exemple. » Raúl Champi Eslava, vice-président, confirme : « Cela reste un club de quartier. On a besoin de soutien. Nos joueurs travaillent énormément et n’ont pas tous le temps de venir s’entraîner. »
Pourtant, cela n’empêche pas le Hô Chi Minh Club de collectionner les titres. Depuis ses débuts en 1975, le club en a remporté quinze. Et cela dans la ligue du District de Carmen Alto, province située au sud du pays. En 1985, l’équipe réalise sa plus belle épopée : après une montée en ligue régionale, les « comunistas » ratent de peu l’accession en ligue provinciale. Chaque semaine, les intégrants de la Liga de Carmen Alto disputent leurs matchs au stade « Cholo Sotil » , où reçoit aussi l’Ayacucho Fútbol Club, équipe de première division péruvienne. Vêtus de leur maillot rouge et blanc, où l’on peut voir un superbe écusson avec le visage de l’homme d’état vietnamien, les joueurs d’Hô Chi Minh viennent d’être éliminé au premier tour de la Copa Peru, compétition qui permet au vainqueur d’accéder au professionnalisme.

Le vice-président fait le bilan d’une saison décevante : « On doit faire face aux difficultés de l’amateurisme. Les joueurs ne sont pas sous contrat, ont des obligations, des familles. Les jeunes sont tous étudiants. Et nos espoirs d’accéder à un niveau professionnel reposent sur eux. C’est une situation compliquée. » Selon lui, la saison suivante pourrait être celle de l’adieu au football du dimanche : « On a un projet intéressant. Mais on n’a pas le budget. Nous sommes quatre dirigeants, sans aucun sponsor. Chacun investit du temps et de l’argent. Une entreprise va nous aider financièrement pour le prochain championnat. On va recruter quelques joueurs. » Et de conclure : « Cette fois-ci, on va se rapprocher de notre objectif. Hô Chi Minh avait un autre nom : Nguyễn Tất Thành (qui signifie « grandes espérances » en français, ndlr). Peut-être devrait-on utiliser ce nom ! »

Après la trêve internationale, place au festin !

Par Ruben Curiel

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