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Histoires de Murs… et de coups francs !

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Histoires de Murs… et de coups francs !

Comme disait John Kennedy : «Ich bin ein Berlingot !»... Quoi ? Le Mur de Berlin ? Encore ? Oui, mais là ça parle de foot. Et un peu de politique aussi. Puisque tout est dans tout, et inversement... Alors, Avanti ! Let's go !

Qui dit mur, dit coup franc. Ou l’art de contourner le mur, de “passer par-dessus le mur”, de “faire le mur”, bref : de passer par-dessus la barrière pour atteindre le “but”, ou la liberté… Le coup franc est une spécialité essentiellement brésilienne. D’essence “noire”, à l’origine. Parce que les précurseurs s’appellent Didi, inventeur de la fameuse “feuille morte” (la “fohla secca”, tir en ellipse avec effet plongeant), ou bien Pelé et Garrincha, qui variaient les frappes, très lourdes ou amoureusement brossées. L’invention tient surtout à une prouesse technique typiquement brésilienne : l’extérieur du pied, que les trois artistes maîtrisaient à la perfection. L’extèr’ ou les trajectoires galbées, sensuelles comme la bossa… Didi, Garrincha et Pelé : trois moricauds qui faisaient exploser les barrières de la ségrégation raciale encore tenace dans leur pays. La symbolique est toute trouvée : une société bloquée, des obstacles à la promotion sociale. On les contourne ou on passe par-dessus pour réussir ou tout simplement pour montrer qu’on existe et qu’on veut retrouver sa dignité. Fin des années 50 et début des années 60, Didi, Garrincha et Pelé sont les contemporains de leurs frères noirs africains qui luttent pour leur indépendance ou de leurs frères américains luttant pour les Droits Civiques. Le coup franc par-dessus le mur, c’est aussi l’élévation spirituelle de Brésiliens très croyants ainsi que leur fascination partagée avec toute l’humanité de leur époque pour la conquête de l’Espace. D’ailleurs, les trois affiches officielles de la FIFA pour les Coupes du Monde 1958, 1962 et 1966 empruntent à la symbolique de la conquête spatiale avec un ballon de foot satellitaire ou planétaire. 1958-65, premier Âge d’Or du foot brasileiro. Et puis le Mur de Berlin, le vrai, est érigé à cette époque, en août 1961. CQFD.

En 1970, la plus belle Seleçao de l’Histoire se distingue encore au Mundial mexicain. Les Brésiliens innovent encore sur les coups francs en rusant comme des malades ! Un truc tout con, contre la Roumanie. Coup franc direct à 20 mètres. Déjà une première ruse du pays : le faux tireur. C’est Tostao qui se présente devant le ballon, mais c’est Pelé, derrière lui, qui va allumer sec. Deuxième ruse innovante : Jaïrzinho s’est placé dans le mur roumain… Pelé shoote, Jaïr se laisse tomber, comme foudroyé, pour laisser passer le missile qui finit dans le coin droit du gardien ! Magnéto, Serge ! Rivelino avait fait pareil, mais du gauche, bien sûr, contre la Tchécoslovaquie quelques jours avant. Sur le coup, Jaïrzinho s’était juste écarté, sans chuter… La légende prend corps : les Brésiliens sont les as des coups francs. Ces Brésiliens ont encore trouvé la parade pour briser les murailles d’un foot qui tend à se bunkeriser… Plus tard, le Maître Zico deviendra l’un des spécialistes de l’exercice (voir Coupe du monde 1982, contre l’Écosse), Branco, lui, éliminera les Pays-Bas en quarts du Mondial US 94. Rivaldo en plantera aussi quelques mémorables. Palme éternelle pour Roberto Carlos, auteur du plus beau coup franc de l’Histoire du foot, contre la France à Gerland, en juin 97 (Tournoi de France) : un extèr’ surpuissant de 35-40 mètres, plein axe, qui contourne le mur pour s’écraser sur le poteau intérieur de Barthez. Roberto Carlos, l’autre terreur brésilienne. Et toujours en activité ! Et puis même les gardiens brésiliens cartonnent : Rogerio Ceni vient récemment de porter son record à 84 buts, dont 48 coups francs, devançant le redoutable Paraguayen Chilavert (autre lourde gâchette sur free-kicks)… Chez nous, en France, on mentionnera évidemment les cracks qui ont sévi ou sévissent encore, comme Ronaldinho, Wendel, Bastos et bien sûr Juninho, meilleur tireur planétaire de la décennie passée (44 buts pour l’OL !)

Bon, le coup franc n’est pas que brésilien. A partir des années 70, quelques artistes se distinguent : Rainer Bonhoff et Michel Platini, soit la puissance dévastatrice germanique et la touche latine (et espiègle !) du Lorrain. Notre Michel gagnera haut la main. Normal : il “invente” à l’entraînement de grossiers mannequins en mousse fichés dans de gros pots de peinture. Moutier dans les buts lui sert de souffre-douleur… Les mannequins seront perfectionnés par la suite, sorte de barrière en ferraille et à plusieurs têtes, commandable sur e-Bay… Après Bonhoff, Platini bouffera aussi Zico ET Maradona, ses redoutables alter ego sur coup franc des années 80. A la base, un truc tout con, devenu légendaire : 8 février 1978, à Naples. Italie-France (2-2)… Michel trompe une première fois l’immense Dino Zoff sur coup franc en tirant à droite du gardien. But ! Refusé par l’arbitre… Quelques minutes plus tard, nouveau coup franc. Platini tire à droite de Zoff. But validé. Les images passent en boucle à la TV italienne, et aussi un peu en Europe. Platini multipliera les exploits (Euro 84 : les trois coups francs contre Belgique, Yougoslavie et Espagne en finale, remember Arconada) en plantant régulièrement aux moments cruciaux. C’est lui qui qualifie les Bleus au Mundial 82, contre les Pays Bas (2-0), au Parc, en novembre 81. Sur un “coup franc platinien”. L’expression est restée, c’est dire la classe du bonhomme…

Plus tard la galerie s’enrichira de tireurs d’exception comme Stoichkov, Francesco Totti, Pierre Van Hooijdonk, Del Piero, voire Zidane. Mention spéciale, évidemment, à Beckham et Mihajlović. Là aussi, différence de styles : largement brossée chez David, violemment “travaillée” chez Sinisa. Le Serbe destructeur détient le titre du meilleur buteur sur coup-francs du championnat d’Italie (45 buts en Serie A) devant Michel Platini. C’est dire l’efficacité du bonhomme. Terreur des gardiens de Serie A, Mihajlovic demeure aussi une énigme pour les physiciens de son pays. Authentique : des scientifiques serbes s’étaient sérieusement intéressés à l’effet tranchant de ses frappes : déplacement dans l’air, vitesse-mouvement, impact de la frappe au départ, etc. pour expliquer la courbe de ses trajectoires. Les ingénieurs en aérodynamique ont été incapables d’expliquer le phénomène. Tant mieux… Deux mots pour finir. Une gueulante, d’abord : à l’heure où on débat sans fin sur l’utilité ou non de l’usage de la vidéo, un combat plus évident doit mobiliser les énergies, le respect du mur à 9 mètres sur coup franc. Depuis 10-15 ans, les arbitres faisaient respecter la distance réglementaire en comptant 9 grands pas. Certains le font encore, de plus en plus ne le font plus et laissent un mur se dresser à 5-6 mètres du tireur. Michel Platini, si tu nous entends… Le coup de la bombe de peinture des arbitres argentins pour tracer un trait aux 9 mètres, Michel ! Commandes-en 800 000 exemplaires à l’UEFA ! Y aura beaucoup plus de buts sur coup-francs, Michel !

Enfin, puisqu’on était dans la symbolique du Mur de Berlin… Flash Back sur la Coupe du Monde 74 en RFA. Au premier tour, la RDA avait créé la sensation en humiliant la Mannschaft de Kaizer Frantz à Hambourg (1-0, but de Sparwasser). Au deuxième tour, les Allemands de l’Est furent défaits… par le Brésil ! Un coup franc de Rivelino aux 20 mètres. Plein axe. Mur est-allemand à 9 mètres… Le Brésilien Valdomiro s’est placé au centre du Mur de Berlin, coincé entre deux Vopos… Rivelino s’élance, bazarde la boule à mi-hauteur d’une violence libératrice en plein dans le centre du mur ! Valdomiro s’est bien sûr baissé : le missile traverse le Mur et crucifie plein axe le pauvre Jürgen Croy : 1-0 score final. Une brèche dans le Mur qui annonce la vérité historique de demain : tous les murs finissent toujours par s’écrouler, surtout les murs de la honte. Pauvres Allemands de l’Est, coupés du monde et du foot planétaire : eux seuls ne connaissaient pas les ruses brésiliennes des coup-francs libérateurs du Mundial 70…

C’est fait : Johan Cruyff à Barcelone !

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