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Hiddink : une saison blanche et sèche

Par Matthieu Rostac, à Amsterdam
Hiddink : une saison blanche et sèche

Dix petits mois et puis s'en va. Incapable de faire jouer les Pays-Bas dans le bon sens, Guus Hiddink a décidé de quitter son poste de sélectionneur. Même si le choix de Hiddink s'annonçait prometteur, le constat d'échec n'est finalement pas si surprenant. On ne peut pas gagner à tous les coups, Guus !

« Je suis désolé que ça se soit passé comme ça. Ce fut un honneur pour moi de coacher une nouvelle fois la sélection nationale des Pays-Bas et je souhaite à mon successeur, aux dirigeants et aux joueurs le meilleur pour le parcours qui mène jusqu’à la Coupe d’Europe 2016 en France. » Ce qui n’était plus qu’un secret de polichinelle depuis de longues semaines, circulant dans les couloirs de la KNVB à Zeist, a été officialisé lundi soir : Guus Hiddink n’est plus sélectionneur de l’équipe des Pays-Bas, dix mois seulement après avoir pris ses fonctions au sortir de la Coupe du monde 2014, en remplacement d’un Louis van Gaal en partance pour Manchester United. Le 12 juin dernier, malgré une victoire 2-0 des Oranje face à la Lettonie en éliminatoires de l’Euro 2016, le technicien batave avait signifié à sa Fédération « vouloir prendre du recul par rapport à l’équipe nationale » tout en se laissant le temps de la réflexion pendant ses vacances en France. La KNVB, elle, était prête à lui offrir un rôle de « consultant senior » des Oranje, tandis que son assistant Danny Blind récupérait l’opérationnel de la sélection. Mais non. Lundi soir, ce bon vieux Guus a définitivement tiré un trait sur cette mauvaise expérience. Mais honnêtement, aurait-elle pu être bonne ?

50% de défaites

En août 2014, les Néerlandais flottent encore dans l’ivresse d’une inattendue demi-finale de leur équipe nationale au Mondial brésilien. Louis van Gaal devient l’espace de quelques jours aussi important que le roi Guillaume-Alexandre lui-même, érigé en génie tactique depuis qu’il a évolué en 5-3-2 interchangeable, puis fait entrer Tim Krul sur un coup de bluff. Parce qu’il faut faire tout aussi bien, si ce n’est mieux, à l’Euro français dans deux ans, la KNVB a la bonne idée de nommer celui qui, avant Van Gaal, fut le dernier en date à être parvenu à amener les Oranje dans le dernier carré mondial. En 1998 et en France, déjà : Guus Hiddink. Un choix qui paraît logique, judicieux, d’autant plus qu’en quinze ans, le natif de Varsseveld s’est forgé une réputation d’exhausteur d’équipe nationale, entre la Corée du Sud et l’Australie, en passant par la Russie.

Dix mois de gueule de bois plus tard, la nomination de Guus Hiddink sélectionneur national a de méchants airs de fausse bonne idée : en dix matchs, les Oranje ont gagné quatre fois. Et perdu cinq fois. En dix matchs. De fait, ils pointent à la troisième place – potentiellement qualificative ! – du groupe A des éliminatoires de l’Euro 2016 derrière la République tchèque et… l’Islande. Si les Pays-Bas ne peuvent pratiquement rien à la défaite (2-0) que leur ont infligé l’automne dernier des Islandais au football surprenant et dont le stade Laugardalsvöllur fait figure de citadelle imprenable, ils sont en revanche un peu plus responsables des déconvenues constatées face à l’Italie et aux États-Unis. Et ce, même s’il s’agissait de matchs amicaux. Contre la Squadra Azzurra, les Oranje ont totalement perdu leur football, incapables de construire un tant soit peu de jeu tandis que la défaite face aux USA fut avant tout mentale. Menant 3-1, les hommes de Hiddink s’étaient fait remonter au score pour finalement perdre 4-3.

Le fantôme de Van Gaal

D’aucuns considèrent Hiddink, 68 ans dont 28 passés à coacher des équipes de haut niveau, comme perdu pour le football. Trop vieux, dont les derniers faits d’armes remontent à plusieurs années déjà et donc plus en adéquation avec le football d’aujourd’hui. Au détail près que Hiddink est un coach qui pratique sans doute le football le plus intemporel qui soit : celui qui s’adapte aux forces en présence. De plus, l’ancien entraîneur de Chelsea a toujours affectionné le jeu rapide, de la même manière que Van Gaal lors de la Coupe du monde au Brésil. Et c’est peut-être là où le bât blesse : Hiddink passe après Van Gaal.

Si la carrière d’entraîneur de Hiddink est jalonnée d’interventions en zone de guerre et de miracles quasi religieux, c’est parce que Hiddink n’est jamais aussi bon que lorsqu’une équipe est en friche, lorsqu’il y a tout à reconstruire. Après tout, l’homme n’a-t-il pas amené la Corée du Sud en demi-finale de Coupe du monde 2002 en partant de (presque) rien ? De la même façon qu’il a emmené les Pays-Bas au même stade quatre ans plus tôt, dans un effectif plombé par les batailles d’ego et les guerres de primes dans les années 90 ? Or, lorsqu’il revient à la tête des Pays-Bas en 2014, Guus Hiddink se voit donner les clés d’un beau camion bien retapé, avec un moteur tout neuf sous le capot, alors qu’il s’imaginait remettre quelque coups de clés à mollette. Aussi, peut-être n’y avait-il rien à améliorer concernant cette équipe des Pays-Bas qui, même s’ils sont nombreux à ne pas vouloir l’admettre, joue au niveau qui est le sien depuis plusieurs mois.

Hiddink, cet « oncle sympa »

De plus, les deux techniciens bataves sont des hommes diamétralement opposés dans la gestion humaine. Fatalement, là où LVG a réussi, Hiddink a échoué. Le Pélican avait compris qu’une équipe jeune et inexpérimentée ne se maîtrisait qu’avec une poigne de fer afin de la modeler à sa guise. Hiddink, lui, avait dès le départ instauré un climat plus détendu où chacun savait ce qu’il avait à faire. Ou devait savoir. « Tout ça, c’est beaucoup plus dur que ce que nous a offert Van Gaal, dont on devait suivre les ordres à la lettre » , dira Nigel de Jong à NRC. Résultat : même avec une Coupe du monde dans les jambes, les jeunes sont totalement déboussolés. Quant aux leaders du groupe, ils sont démissionnaires. Le premier d’entre eux étant Wesley Sneijder. S’il parvient à surnager chez les Oranje grâce à quelques coups d’éclat et autres chiches envoyées en lucarne, le meneur de jeu de Galatasaray s’est fait doucement grignoter par l’oisiveté, au point de qualifier Hiddink dans la presse d’ « oncle sympa » . Et nul besoin de charger la mule de Van Persie, qui truste le front de l’attaque oranje alors qu’il n’est que l’ombre de lui-même à Man U.

En attendant que ce petit monde se réveille de sa sieste, le successeur de l’ancien entraîneur de Valence demeure inconnu. Peut-être parce que la piste la plus évidente, Danny Blind, n’est pas la plus sûre. Adjoint de Van Basten, puis de De Boer à l’Ajax, avant de devenir celui de Van Gaal en équipe des Pays-Bas, le père de Daley possède le background idoine et devait reprendre le rôle de Hiddink après l’Euro 2016, mais certains le jugent trop fragile pour gérer une sélection à lui tout seul. Les noms de Koeman, connu pour sa discipline de fer, et de Seedorf, qui a l’avantage de la « jeunesse » et la sympathie des joueurs, ont également été cités. Trois noms pour essayer difficilement d’emmener les Pays-Bas en France l’année prochaine. Hiddink, lui, y sera, c’est sûr. En vacances sans doute. Ou à la tête d’une autre sélection.

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