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Helvécio Marins Jr. : « Si l’Argentine gagne, ce sera une punition pour le Brésil »

Matthieu Rostac
Helvécio Marins Jr. : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Si l&rsquo;Argentine gagne, ce sera une punition pour le Brésil<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Réalisateur du film Tourbillon sorti en 2011, le Brésilien Helvécio Marins Jr. aime toujours autant faire des remous. La preuve : son favori pour le Mondial est... l'Argentine. Le reste du temps, le metteur en scène n'a d'yeux que pour son club de toujours : l'Atlético Mineiro. Il lui consacre d'ailleurs un film – sans titre – dont il prévoit de tourner les premières images le mois prochain. Où il est question de résistance et de lose.

Comment tu t’es retrouvé à supporter l’Atlético Mineiro ?

Disons que c’était une sorte de passation parce que mon père était fan de l’Atlético Mineiro. Je crois surtout que j’ai été très chanceux de naître à Belo Horizonte et de grandir à huit pâtés de maisons du stade. Dans les années 70, c’était pas évident de s’y rendre, et moi, j’avais la chance d’habiter juste à côté. Quand j’étais ado, j’y allais même deux fois par semaine, vu que je n’avais plus besoin de personne pour m’y rendre. C’était la folie. C’est impossible de décrire pourquoi j’aime ce club… Je dois reconnaître que c’est pas évident de supporter le Galo. On n’a pas été champions depuis 1971, par exemple, et on vient tout juste de remporter la Copa Libertadores, donc ça fait un peu long. Bon, on a gagné de nombreux titres régionaux contre Cruzeiro, notre grand rival, mais c’est pas pareil. Je crois qu’il n’y a pas de raison, c’est juste de la passion. Dans le film qu’on est en train de mettre au point sur l’Atlético Mineiro, on est venus à la conclusion qu’en fait, ce club, c’était celui de la résistance.

Pourquoi ça ?

À différents moments de l’histoire du Brésil, l’Atlético Mineiro a été à contre-sens du pouvoir politique en place. Par exemple, il y avait ce joueur, qui se trouve être mon préféré : Reinaldo. Pour Zico et Romário, il était le meilleur joueur de tous les temps. Beaucoup disent même qu’il était meilleur que Pelé. Sauf qu’à 17 ans, il a dû subir deux opérations du genou. À 19 ans, il était foutu pour le football. Il a juste fait la Coupe du monde 1978. Bref, il avait une façon de célébrer ses buts… Tu te rappelles les athlètes Black Panthers qui avaient levé le poing aux Jeux olympiques ? Reinaldo faisait la même chose pour célébrer ses buts. Tout le temps. Alors que le Brésil était en pleine dictature. Forcément, ils aimaient pas. Aussi, pendant la Première Guerre mondiale, le Galo a été le seul club à jouer tout en noir pour manifester pour la paix. On est toujours le club qui s’oppose à Rede Globo, la grande chaîne de télévision nationale qui contrôle plus ou moins le pays. Ça fait cinquante ans qu’ils ont les droits télé du foot. Ils ont failli les perdre une année et le Galo a milité pour que le concurrent obtienne les droits télé. Et puis, les supporters de l’Atlético Mineiro sont considérés comme les plus fous, les plus « argentins » . Visiblement, on ressemble à des Argentins parce qu’on crie tout le temps. Il y a donc beaucoup de choses qui prouvent qu’on est à contre-courant. Et puis, on a cette faculté à relancer des joueurs qui sont à côté de leurs pompes. Ronaldinho récemment, Jô aussi. Les médias ont dit qu’ils ne feraient plus rien. Et maintenant, Jô fait partie du groupe pour le Mondial. Pareil pour Victor, notre gardien.

L’Atlético Mineiro, c’est un club du peuple ? Ou pas du tout ?

C’est une question très intéressante parce que la majorité des clubs au Brésil sont riches, dont l’Atlético Mineiro. Le club a été fondé par la communauté arabe de Belo Horinzonte, et à la même période, les deux autres clubs de la ville, Cruzeiro et América, ont été créés. Ces deux clubs n’ont jamais ouvert leur stade à la communauté noire. Le Galo l’a fait. C’est pourquoi on est parfois considéré comme le club du peuple. Les personnes nécessiteuses ont toujours été les bienvenues. Je vais te raconter un truc – j’en ai déjà la chair de poule rien que d’en parler. Quand j’étais gamin, il y a ce mec noir qui m’a pris sur ses épaules pour que je puisse voir le match. J’en ai pleuré.

Ton meilleur souvenir de football ?

J’ai pas envie de dire trop de conneries, mais tu sais, j’ai arrêté d’aller au stade en 1997. L’Atlético Mineiro n’arrêtait pas de se faire voler par les arbitres et les instances du foot à cause de ses positions. Je suis très superstitieux et c’est sans doute stupide de penser ça, mais je me suis dit : « C’est de ma faute. » Je me suis fait une promesse : revenir au stade quand le Galo aura remporté un grand trophée. C’est ce que j’ai fait cette année, après la Copa Libertadores. Mes potes n’arrêtaient pas de me demander de venir avec eux, mais non, j’ai jamais brisé ma promesse. Mais si je dois choisir un meilleur souvenir… On a toujours considéré l’équipe du Brésil du début des années 80 comme la plus belle qu’on ait jamais eue. Celle de la Coupe du monde 1982. Presque la moitié de l’équipe était du Galo (quatre), l’autre de Flamengo (trois). C’est tellement beau à voir, ce football. C’était comme de l’art, mec ! De la magie ! Aller au stade et voir cette équipe jouer alors que t’as à peine neuf ans… T’es dans un rêve ! Je crois que le jour où j’ai le plus pleuré de toute ma vie, c’est lorsque cette équipe a perdu contre l’Italie 3-2. J’oublierai jamais. Je crois que j’ai plus pleuré pour ça que lorsque ma mère est décédée. Ça a duré trois heures, du moment où Paolo Rossi a marqué son premier but jusqu’à temps que je rentre chez moi. Mes parents se disaient : « Qu’est-ce qui va pas chez ce gosse ? » Après, tu vois, la défaite en finale contre vous en 98, je n’étais pas déçu. Parce qu’on n’a pas joué du tout et que vous méritiez de remporter la victoire. À 2-0 à la mi-temps, plus personne ne croyait en cette équipe. On aurait dit que les joueurs étaient entrés sur le terrain comme s’ils allaient faire leurs courses. C’était trop bizarre.

Quel est ton pronostic pour la prochaine Coupe du monde ?

Tu sais quoi ? L’Argentine ! (rires) Sérieux. Ça va être très polémique, ce que je vais dire, mais le Brésil est dans une très mauvaise période. Beaucoup d’argent a été dépensé pour cette Coupe du monde et il y a encore beaucoup de travail à faire en matière de social sur place. Je ne serai pas là pour le Mondial, je serai en résidence à Berlin, et je suis un peu déçu de ne pas être là. Pas parce que je ne serai pas là pour voir les matchs, mais parce que je ne serai pas là pour descendre dans la rue et manifester. Bien sûr, je vais supporter le Brésil, mais les choses ont été tellement mal faites… Je crois que les gens attendent le moment parfait pour intervenir, mais ce dont j’ai peur, c’est que les gens abandonnent leurs convictions pour la passion du football. Si le Brésil gagne, les gens vont se dire que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Si l’Argentine gagne, ce serait une punition pour le Brésil. Comme en 1950 contre l’Uruguay. Maracanaço, le retour ! J’ai une certaine admiration pour l’Argentine : leur façon de jouer, leur façon de manier le ballon, les Argentins en général. Ils ont cette espèce de patriotisme en eux. Ils ne renoncent jamais. Ici, on dit que c’est l’Allemagne qui va gagner, mais moi, je le sens comme ça.

L’Espagne n’est pas favorite au Brésil ?

Oh non, je pense qu’il ne referont pas l’exploit. D’autant que c’est jamais vraiment le favori qui gagne à chaque édition. Le Brésil a ses chances, tout comme l’Italie et la France. Mais les journaux, les télés et les commentateurs assurent que l’Allemagne va gagner.

Pourquoi as-tu décidé de faire un film sur l’Atlético Mineiro ?

C’est venu de mon ancien associé. On allait tous les deux au stade. Il y a aussi un type nommé Fred Melo Paiva qui a de très belles choses sur le Galo. Le documentaire devait tourner au départ autour des équipes de jeunes. On a eu un rendez-vous avec le président du club et il nous a dit : « Pourquoi pas faire un film définitif sur notre club ? On vous donne un peu d’argent pour le faire ! » On va commencer le tournage bientôt et je ferai le montage à Berlin. Le film s’attardera sur l’esprit de résistance dont je parlais tout à l’heure. On a déjà suivi l’équipe pendant le Mondial des clubs au Maroc, pour le match contre le Raja Casablanca. On n’en a rien tiré sauf une image. Trois mecs noirs : l’un octogénaire, l’autre quinquagénaire et le dernier dans les vingt ans. Tous les trois très pauvres. Ils ont vendu leur voiture, hypothéqué une partie de leur maison pour voir le Galo jouer là-bas, mais malheureusement, on s’est fait sortir par une équipe de merde. Tout le monde était furieux, gueulait. Et là, je vois ces trois mecs au milieu en train de sourire et de chanter « Galo Forever ! » C’était tellement beau, j’en ai pleuré. C’est ça, l’esprit du Galo.

Matthieu Rostac

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