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H.Camara : « Nesta, c’est la grande classe italienne, quoi »

Propos recueillis par Eric Maggiori, à Montréal
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Passé par l'OM et Bastia, Hassoun Camara s'épanouit aujourd'hui à l'Impact Montreal, en MLS. À quelques heures du dernier match de la saison contre New England, le Français nous a raconté ses impressions sur le championnat américain, la vie au Québec, ses expériences françaises et ses nouveaux coéquipiers, Nesta et Di Vaio.

Ce soir, tu joues ton dernier match de la saison contre New England. Quel regard portes-tu sur la saison qui vient de s’écouler ?Le premier regard, c’est que je suis content. On est une équipe en pleine expansion, on ne nous attendait pas à ce niveau-là. Dans l’ensemble, la saison s’est bien passée, un peu de frustration aussi parce que je pense qu’avec l’équipe qu’on a, on aurait dû accéder aux play-offs facilement. C’est un sentiment un petit peu mitigé, mais dans l’ensemble on va essayer de garder les bons côtés et dire que c’est une satisfaction pour une première année en MLS.

Tu as donc découvert la MLS cette saison. C’est quoi ton point de vue sur ce championnat ? En France, on a tendance à dire que c’est niveau Ligue 2…J’ai vu la Ligue 2, j’ai vu la Ligue 1… C’est difficile de comparer parce que ce n’est pas la même homogénéité qu’en France, mais je peux dire que c’est un très bon niveau. Il y a certains matchs qui sont très délicats à jouer, physiquement c’est assez difficile. S’il fallait, je situerais le niveau entre la Ligue 2 et la Ligue 1. Après, ce championnat est en vogue, il a le vent en poupe, j’ai l’impression d’être venu au bon moment en MLS, car cela ne demande qu’à progresser.

Quand tu parles d’homogénéité, tu veux dire quoi ? Moins de différence entre le premier et le dernier ?Oui, c’est ça. C’est la particularité du foot américain, enfin du « soccer » . Chaque équipe doit intégrer plusieurs « contraintes » , comme celle des jeunes joueurs draftés de 18 ans qui n’ont pas encore l’expérience du haut niveau, ou celle des joueurs désignés qui ont passé la trentaine. Les équipes respectent ces règles, selon leur propre tactique, mais au final cela crée une certaine homogénéité.

Le fait qu’il n’y ait pas de relégation à la fin de la saison, cela change quelque chose ?Oui, c’est une toute autre mentalité qu’en Europe. Ici, on regarde toujours vers l’avant, et très rarement vers l’arrière. Le concept même de « jouer pour ne pas perdre » n’existe pas. Ici, tu joues pour gagner. Il faut absolument aller chercher des choses. C’est un petit peu la mentalité américaine : si tu avances, tout t’est offert, et si tu stagnes, tu n’as rien. À titre personnel, je ressens cette même pression, quand j’arrive sur le terrain, je ne me dis pas : « Si on ne fait pas les play-offs, tant pis. » Non, ici, il faut absolument gagner. C’est une autre mentalité.

Il manque quoi, alors, pour que la MLS fasse un vrai saut de qualité ?Il y a tout pour réussir, au niveau des stades, des infrastructures, du monde dans les stades, etc. Ce qui manque, c’est la formation. On peut progresser beaucoup à ce niveau-là. L’Impact est l’un des seuls clubs à avoir une académie, et à être structuré comme une équipe française, avec un centre de formation où les jeunes peuvent trouver un débouché en équipe première. C’est très rare en MLS, surtout chez les équipes américaines.

Toi, tu as fait un saut improbable. Bastia – Impact Montreal. Comment tu t’es retrouvé là ?J’étais à Bastia, et j’avais comme perspective de rester là-bas. Il y a eu un changement de coach, avec l’arrivée de Faruk Hadžibegić, on ne s’entendait pas trop, et en plus j’étais blessé, donc il ne m’avait pas vu jouer. À ce moment-là, j’ai eu une opportunité à Abu Dhabi avec le coach Laurent Bally. J’ai résilié mon contrat avec Bastia, je suis arrivé là-bas, et l’entraîneur a été renvoyé. Je suis resté près d’un mois là-bas et je n’ai pas signé. Je me suis retrouvé sans club, à attendre un nouveau challenge. J’ai eu des propositions en Grèce et à Chypre, mais cela ne me tentait pas. Je me suis renseigné, j’ai regardé en Amérique, et j’ai vu que l’Impact allait intégrer la MLS. Je suis venu ici avec mon sac, il y avait une soixantaine de joueurs à l’essai…

Une détection géante.Voilà, c’est ça, un essai géant. Les dirigeants étaient dans les tribunes et nous regardaient. Ils analysaient les qualités des joueurs. J’ai eu la chance d’être remarqué, et je suis resté au club.

Les premiers mois à Montréal, tout seul, c’était compliqué ?J’étais déjà venu aux États-Unis, à New York, mais jamais au Canada. Je ne savais même pas comment était développé le soccer là-bas. J’ai vraiment été agréablement surpris au niveau des infrastructures, du personnel technique, etc. Je me suis trouvé bien ici, dès le début. Au niveau de la ville, c’est une ville vraiment super, tout le monde s’y plairait. Pour un Français surtout, puisqu’on parle français. Pour moi, c’est le top, en tout cas.

Tu n’as pas ressenti le côté « perdu dans une ville étrangère » ?Non, franchement non. Il y avait des joueurs français à l’Impact quand je suis arrivé. L’intégration s’est donc faite facilement. Depuis, je suis le seul à être resté, mais au début, cela m’a aidé d’avoir déjà des gens qui connaissaient la ville et le club.

Aujourd’hui, il n’y a peut-être plus de Français, mais il y a Di Vaio et Nesta. Tu pensais pouvoir jouer avec des joueurs de ce calibre un jour ? Jouer avec un joueur comme Nesta, surtout moi en tant que défenseur central, profiter de son expérience, c’est une chance formidable. Je n’aurais peut-être pas eu la possibilité de jouer avec des joueurs de ce calibre-là, même si à Marseille j’ai connu Ribéry et Nasri. Mais Nesta, c’est quand même un cran au-dessus, c’est une référence pour pas mal de joueurs, c’est la grande classe italienne, quoi. Au niveau tactique, je n’hésite pas à passer du temps avec lui, on passe du temps à échanger, il n’hésite pas à recadrer sur le terrain, et même en dehors. C’est un plaisir de savoir qu’un joueur comme lui pense que vous êtes un bon joueur, c’est gratifiant.

Tu as des regrets sur ta période en France ?Je ne dirais pas des regrets. Aujourd’hui, j’ai la possibilité d’avoir une nouvelle chance, qui efface la petite erreur que j’ai fait en lâchant mon contrat à Bastia. Avec le contexte actuel, il faut apprécier ce que l’on a, et ce n’est pas ce que j’ai fait à Bastia. En France, j’aurais aimé montrer beaucoup plus que ce que j’ai montré. Maintenant, si demain tu me demandes si j’ai vraiment envie de rentrer en France, ce ne serait vraiment pas une volonté première.

En gros, tu n’es pas parti pour mieux revenir ?Non, pas du tout, ce n’était pas dans cette optique-là. Je pense que j’aurai l’occasion de revenir, puisque j’ai eu quelques contacts cette année. Mais je me sens vraiment bien en MLS aujourd’hui, et je ne vois vraiment pas la raison qui pourrait me pousser à rentrer en France.

Tu suis quand même ce qui se passe en Ligue 1 ?Oui, beaucoup. J’ai beaucoup de potes qui sont encore là-bas. D’ailleurs, c’est difficile pour moi, parce que je suis supporter du PSG et de l’OM. J’ai grandi à Paris et j’ai joué à l’OM. J’ai d’ailleurs des potes qui jouent encore là-bas. Mais je suis aussi content pour le PSG, pour tout ce qui se passe actuellement. Paris avait besoin de ça. C’est particulier, je sais, mais je suis à la fois pour le PSG et pour l’OM.

Du coup, mercredi, pour le Classico de Coupe de la Ligue, tu vas être pour qui ?Bah, je vais d’abord prendre plaisir à regarder le match. Je suis supporter de Paris depuis que je suis jeune, et j’ai de l’affection pour Marseille depuis que j’y suis passé, je n’oublie pas que c’est grâce à l’OM que je suis là aujourd’hui, c’est José Anigo qui m’a pris. Je lui serai toujours reconnaissant à ce niveau-là, c’est sûr.

Tu es parti de Marseille juste avant l’arrivée de Deschamps. Tu penses qu’il peut faire quelque chose de bien en équipe de France ?Oui, je pense. Pour connaître humainement quelques joueurs de cette équipe, je pense qu’il y a quelque chose à faire. Actuellement, certains sont décriés parce que c’est la mode de taper sur les footballeurs, mais cela reste une belle équipe, avec un nouveau coach, et on ne leur laisse pas trop le temps de se développer. Je suis très content de la dernière performance contre l’Espagne, parce que cela permet de faire taire quelques critiques et de laisser le temps à l’équipe de bien se former et de bien préparer l’avenir. Je suis aussi très content pour un gars comme Franck Ribéry qui a fait un super match contre l’Espagne.

Ça t’a agacé, le traitement réservé à Nasri, et même à Ribéry sur les dernières grandes compétitions ?Oui, parce que je connais les deux, et ce sont des gars au top. On veut leur construire une image qui n’est pas la leur. J’ai eu la chance de les fréquenter pendant deux ans et je sais qu’au niveau humain, ce sont vraiment des mecs en or, les deux. Samir a eu une mauvaise réaction envers un ou deux journalistes et cela a été repris et amplifié parce qu’on a besoin de taper sur les footballeurs en ce moment. Mais sa personnalité ne se résume pas à ça, bien au contraire.

J’imagine que les joueurs de foot ne sont pas du tout traités de la même façon au Canada.Cela n’a rien à voir. Après, tout est relatif. Comparé à l’Angleterre, en France on est vraiment doux vis-à-vis des joueurs. Quand des joueurs font quelque chose de mal, donnent un mauvais exemple, il faut le relayer, c’est sûr. Maintenant, il ne faut pas non plus abuser et les prendre en exemples défaillants comme si c’étaient des politiques ou je ne sais quoi. On est que des joueurs de foot. Il ne faut pas toujours chercher à aller plus loin que ça.

La France aurait des choses à apprendre du Canada ?Beaucoup de choses au niveau de la mentalité. Ici, les gens n’ont pas d’a priori, ils sont très ouverts, c’est ancré dans la culture. Il y a un melting pot très très fort ici, tout le monde apprend à vivre en communauté. En France, je regarde les médias de loin, et j’ai vraiment l’impression qu’il y a trop de divergences entre les communautés, on stigmatise les religions. Au lieu de rassembler, on cherche à diviser. À ce niveau-là, c’est vraiment un tout autre état d’esprit ici. Et l’autre chose, c’est qu’ici, si tu veux vraiment y arriver, tu peux y arriver. En France, il y aura toujours des barrières pour tout.

Il paraît qu’au Canada, ce sont les filles qui draguent, c’est vrai ?(Il se marre) Ouais, c’est vrai. C’est vraiment super différent à ce niveau-là aussi. Les filles ont une totale liberté de pensée et d’expression. Du coup, ce n’est pas plus mal pour les jeunes célibataires ! Mais oui, ici les filles sont vraiment cools à ce niveau-là.

C’est assez facile de s’intégrer ? Tu as réussi à te faire des amis en dehors du club ?Oui oui, il n’y a vraiment aucun problème. Je me sens comme en France ici, je me suis fait pas mal d’amis français qui sont venus s’installer ici. Il y en a de plus en plus qui veulent échapper à la réalité de la France. On se retrouve ici, de temps en temps, autour d’une bonne table.

Autour d’une poutine ?Ouais, la poutine ! (il rigole). Non, franchement, pour dire la vérité, le seul bémol que je mets à ce pays, c’est la poutine. La poutine et la neige en hiver. J’ai goûté une fois la poutine, perso je n’ai pas aimé.

Tu as fait la Corse, le Québec. En fait, tu es un indépendantiste.Voilà c’est exactement ça ! Je retrouve tous les ingrédients de l’indépendantisme là où je passe. J’assiste à toutes les revendications à ce sujet.

La Corse, pour le Parisien que tu es, c’était bien ?Perso, ce sont peut-être les meilleures années que j’ai passées dans ma carrière. On colle une étiquette à la Corse, mais moi je n’ai jamais eu aucun problème là-bas. Pourtant je suis black, on aurait pu croire que… Mais non, pas du tout. J’ai passé d’excellents moments là-bas, l’île est extraordinaire, c’est beau, j’ai vraiment eu un coup de cœur pour cet endroit.

Deux clubs corses en Ligue 1, tu aurais imaginé ça quand tu y étais ?Bah, c’est top. C’est super. J’ai vu le derby la semaine dernière. Bon, ce n’était pas le match du siècle, mais bon… C’était une fête insulaire, même s’il y a eu un petit incident à la fin. J’ai parlé à des joueurs de Bastia, ils m’ont dit que ce n’était pas méchant du tout. En tout cas, c’est bien pour l’île, et pour la Ligue 1, cela offre un derby en plus.

D’après ce que j’ai compris, on ne retrouvera pas Hassoun Camara la saison prochaine en Europe. Néanmoins, est-ce qu’il y a une offre que tu ne pourrais pas refuser ?Ah… (il hésite). Tout le monde rêve du PSG, c’est sûr. Mais bon, on va arrêter de rêver, le club est passé dans une autre galaxie aujourd’hui. Tu sais qu’avant de signer à Marseille, je devais signer au PSG… Et j’ai choisi l’OM. Sinon, pour être franc, le seul pays qui me ferait revenir en Europe, c’est l’Angleterre. J’ai eu quelques touches il y a quelques mois… On verra, on verra d’ici là. Je me sens très très bien ici, si j’ai la perspective de pouvoir rester et que les dirigeants continuent à me faire confiance, je ne vois pas de raison d’aller voir ailleurs.

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Propos recueillis par Eric Maggiori, à Montréal

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