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Guilaume Borne, retour de dépression

Par Nicolas Jucha
Guilaume Borne, retour de dépression

Ancien espoir du Stade rennais, Guillaume Borne a connu une lente descente aux enfers. À 26 ans, il s'est relevé d'une dépression et frappe de nouveau à la porte du monde pro, sous les couleurs de Vitré.

La carrière de Guillaume Borne s’annonçait bien : centre de formation rennais à 15 ans, premier match pro trois ans plus tard, la Coupe d’Europe… Le 29 novembre 2007, le défenseur joue le match de sa vie contre Hambourg. Sur la pelouse du HSV, les Rennais sont menés 1-0 à la pause. « À la mi-temps, je me suis fait démonter par Dréossi. Je me suis fait tuer comme si j’étais un cadre. J’avais 18 ans et dix matchs de Ligue 1 dans les jambes. » Dans le vestiaire, il y a pourtant plus d’un joueur confirmé. Pour le jeune défenseur, cette causerie est un tournant : « À partir de là, c’est la fin. » Rennes perd finalement 3-0. La suite est une lente agonie. En Ligue 2 d’abord, via un prêt à Brest, puis de retour en Ligue 1 à Boulogne-sur-Mer avec une première saison correcte sur le plan individuel malgré la relégation. À l’étage inférieur, il est barré par le héros local Anthony Lecointe au poste d’arrière droit. Pas forcément sur des critères sportifs d’après lui : « Chaque fois qu’il ne jouait pas, les supporters gueulaient, même si je faisais de bons matchs. Au bout d’un moment, le coach a craqué. »

« Je savais très bien que le conseiller Pôle Emploi n’allait pas me trouver un club »

Un changement d’entraîneur plus tard, l’ancien Rennais n’est pas plus avancé avec Michel Estevan : « Il ne m’a jamais vu jouer, il me dit : « Je compte pas sur toi, pas de souci, tu peux trouver un autre club. » Il m’a fait jouer tout le mois d’avril et tout le mois de mai. Et à la fin de l’année, il me l’a mis à l’envers. En juin, il me dit de reprendre avec l’équipe, que je vais être prolongé, puis une semaine après la reprise, on me dit non. J’étais en fin de contrat. » Le bec dans l’eau, Guillaume Borne accepte de s’engager à Beauvais, en National. « Je n’avais pas de club, ma femme allait accoucher, je voulais un peu de stabilité. Beauvais était en National et voulait faire une équipe pour monter. Je me suis entraîné deux jours avec eux et j’ai signé. J’avais un salaire et l’équilibre. » Une saison sans grosse blessure, 25 matchs, mais un problème d’incompatibilité d’humeur : « Cela ne passait pas avec le coach. » Alexandre Clément se fait remercier quatre mois plus tard, on appelle ça une erreur de timing.

Pas de club. Même footballeur, le chômage se vit mal : « Juillet-août, ça va. Tous les potes sont en vacances, on se voit. Septembre, la rentrée, tout le monde reprend le boulot, et toi, tu es chez toi… Tu attends que le téléphone sonne pour savoir s’il y a moyen de faire des essais, mais il n’y a rien du tout. C’est chaud. » Au Pôle Emploi, le conseiller se montre compréhensif, mais le Castrais ne se fait aucune illusion : « Je savais très bien que ce n’était pas lui qui allait me trouver un club. À chaque entretien, je parlais du mercato, de l’attente de nouvelles de clubs. » Aucune illusion, mais un sentiment de culpabilité : « Je ressens que je vis avec l’argent des autres, mais j’ai envie d’en gagner autrement. » Le malaise se traduit en dépression : « Il y a des moments où je faisais des crises d’angoisse , j’ai perdu huit kilos en deux mois. Pour essayer de changer le quotidien, j’allais courir, mais je ne tenais pas parce que je n’arrivais plus à respirer. C’était un truc de malade. Je croyais que j’avais une maladie tellement j’étais mal. » Dans cette période où il a besoin d’aide, il est isolé : « Personne ne m’appelait. Le téléphone ne sonnait pas. » Un chômeur presque comme un autre.

« Estevan, c’était vraiment un touriste »

À force de s’enfoncer, il faut bien penser à remonter la pente. Pour Guillaume Borne, la première impulsion vient de madame : « Ma femme m’a proposé de revenir en Bretagne, parce qu’elle adore la région et j’y ai vécu depuis mes 14 ans. » Bonne pioche, car une main se tend enfin : « J’ai eu au téléphone Michel Sorín, l’entraîneur de Vitré. C’était l’adjoint de Pierre Dréossi quand j’étais à Rennes. Il m’a dit que je pouvais les rejoindre, je n’ai rien demandé financièrement. Le but, c’était de me remettre en forme, d’être dans un groupe, retrouver le moral car j’en avais vraiment besoin. » Première éclaircie, mais devant Guillaume Borne se trouve un champ de ruines, sa condition physique : « Au départ, j’étais HS, les premiers entraînements étaient difficiles, et ensuite, quand j’ai commencé à bien revenir, je me suis blessé quatre ou cinq fois. Cela a été dur de ne pas arrêter le foot. » Le footballeur survit grâce à l’accomplissement collectif : « La montée en CFA m’a redonné l’envie de jouer, et surtout de faire les efforts : diététique, suivi des entraînements avec une structure à Rennes. »

Guillaume Borne renaît comme footballeur amateur, et adresse quelques piques à un ancien collaborateur du monde pro : « À Boulogne, avec l’artiste Michel Estevan, c’était vraiment le monde amateur. Quand on jouait dans le Sud, il partait le jeudi tout seul, et il rentrait le mardi. On ne le voyait que le mercredi et le jeudi. Il faisait son équipe, puis l’adjoint gérait tout. À Vitré, je m’entraîne trois fois par semaine, mais il y a un encadrement, un suivi dans la récupération. Estevan, c’était vraiment un touriste, tout simplement. Il n’était pas là aux mises au vert avec nous, il arrivait à la collation le jour du match, et après le match, tu ne le voyais pas car il partait avec sa famille pour revenir le mardi ou le mercredi à l’entraînement. »

« M’Vila, son caractère lui sert »

Aujourd’hui, il gère une auto-entreprise de conseil en gestion de patrimoine pour les footballeurs pros, ce qu’il aimerait redevenir « en National ou Ligue 2, avant pourquoi pas de retrouver la Ligue 1 » . Il veut revenir pour les rares personnes qui l’ont soutenu, notamment sa femme et le Stéphanois Fabien Lemoine, mais aussi pour son fils : « J’ai envie de lui offrir un cadre confortable, de le faire voyager, de lui offrir des études… » Son regret, s’il en a un, c’est d’avoir été trop gentil quand il aurait dû l’ouvrir, notamment à la pause contre Hambourg en 2007. D’où une certaine admiration pour Yann M’Vila : « Malgré toutes les conneries qu’il a faites, malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, M’Vila, son caractère le sert. J’étais au centre avec lui, il s’en foutait de l’autorité. C’est pour ça qu’il est arrivé au haut niveau et qu’il va y revenir, c’est parce qu’il a du caractère. Je l’ai maintenant, mais cela m’a manqué avant. »

Il n’en veut pas pour autant à celui dont les mots l’ont plombé quand il avait 18 ans, et porte un regard lucide sur ce qu’il a raté : « Dréossi a fait son job. Ce n’est pas une mauvaise personne, loin de là. Il m’a lancé, m’a fait confiance. J’ai manqué de caractère, je me suis chié dessus. Je ne peux pas lui en vouloir de m’avoir tué. Je n’avais pas de mental et mes coéquipiers ne sont pas venus à la fin du match me demander si cela allait. Dans les centres de formation à mon époque, cela manquait de suivi pour savoir parler aux médias, faire face aux moments difficiles, comprendre le monde dans lequel on vit. Le monde du foot est vraiment à part, je pensais que c’était le monde des bisounours et que tout le monde était mon pote. Quand j’étais jeune, à part la Playstation, dormir, manger des pizzas et me coucher tard… Au bout d’un moment, il faut revenir à la réalité. Quand j’allais à des soirées pour les sponsors, je n’aimais pas, je restais dans mon coin, je m’esquivais… Alors qu’en fait, il y avait plein de choses à apprendre et de gens à rencontrer, pour le futur, même pour des associations. J’étais vraiment con quand j’étais plus jeune. » Reste à saisir l’opportunité de prouver qu’il a bien changé.

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