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Galère sur la Riviera

Par Arthur Jeanne, à Nice
Galère sur la Riviera

Alors que les supporters des pays européens venus en France sont globalement très satisfaits de l’accueil réservé dans les villes hôtes, Nice fait tache, avec son stade perdu au bout de la ville, dans un no man’s land non desservi par les transports en commun. De quoi donner quelques migraines aux fans étrangers.

Minuit, dans le quartier de Saint-Isidore, à quelques hectomètres de l’Allianz Riviera. Suède-Belgique s’est terminé une heure plus tôt et une fille en maillot jaune pleure, accoudée à une rambarde de sécurité. Elle n’est pourtant pas en train de faire le deuil de la carrière internationale de Zlatan, mais du départ de son car. Un policier, compatissant, tente de comprendre la scène et de rassurer la fille : « Pourquoi vous pleurez ? Comment on dit pleurer en anglais ? Cry, why you cry ? » Pourtant, quand elle lui explique qu’elle a perdu ses amis et cherche un moyen de les retrouver, l’homme au képi se retrouve bien impuissant malgré sa bienveillance : « Le problème, c’est qu’il y a une borne de taxis au bout de la rue, qui est indiquée à la sortie du stade, mais elle est vide. Il n’y a pas de transports en commun, à part les navettes qui sont situées de l’autre côté du stade à 3 kilomètres. Le mieux, c’est d’essayer de prendre un Uber, mais c’est ce que tous les gens sont en train de faire » , dit-il, en désignant un groupe d’une vingtaine de Vikings visiblement exténués et qui tentent désespérément de rafraîchir leur application pour obtenir un chauffeur disponible.

« Pour rentrer du concert de Coldplay, j’ai fait 1h30 de marche à pied »

Quelques dizaines de mètres plus loin, devant le Servotel, une petite centaine de personnes patiente, en buvant une dernière pinte à 8 euros. Sauf que le patron l’annonce : « No more beer, on a plus de fûts. » Plus de fûts et donc pas de moyens de rentrer chez soi. Heureusement, 2 ou 3 locaux qui ont flairé l’aubaine rodent. D’une Merco de blédard sort un type vêtu d’un maillot du FC Barcelone, qui propose à un groupe de Suédois de les ramener chez eux pour 16 euros par tête de pipe. Un peu rebutés par l’allure peu engageante de leur chauffeur, les Scandinaves hésitent avant d’accepter. Car s’ils veulent rentrer en ville, ils n’ont pas le choix. Ces scènes surviennent désormais chaque soir de match à l’Allianz Riviera. S’y rendre ou à plus forte raison en repartir est un véritable chemin de croix.

Il y a les stades en centre-ville, comme le Parc des Princes, Bollaert ou le Vélodrome, ceux qui sont un peu excentrés des noyaux urbains, mais bien desservis, comme le Stade des Lumières ou le Stade de France, et puis il y a un Ovni : l’Allianz Riviera. Situé en périphérie, en bordure d’autoroute, sans aucun transport public aux alentours, l’enceinte de l’OGCN est au milieu de nulle part. Les Niçois le savent déjà, se rendre à l’Allianz sans véhicule est un enfer : « Pas de transports publics et c’est aux confins de la ville, je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas pensé aux infrastructures de transport public avant de le construire là. La dernière fois, je suis allé au concert de Coldplay, j’ai dû rentrer à pied, j’en ai eu pour 1h30 » , raconte Pascal, qui n’habite pourtant pas en centre-ville.

Entre un Leclerc et un Kyriad

Le problème, c’est qu’en fait, Nice a mis la charrue avant les bœufs, a construit un stade superbe dans un quartier nouveau, où l’aménagement urbain est loin d’être terminé. Le tramway ne devrait être opérationnel que dans quelques années. En plus d’être éloigné, l’Allianz est situé dans un quasi no man’s land. Autour du stade, seul un supermarché Leclerc et un hôtel Kyriad. Pas un bar ni un restaurant pour faire l’avant-match. Pour aider les gens à rejoindre le stade depuis le centre-ville distant d’une grosse dizaine de kilomètres, des navettes gratuites ont été mises en place. Une belle initiative sur le papier. Sauf que là encore, le bât blesse. Il faut compter une grosse demi-heure à pied pour rejoindre les navettes à la sortie de l’Allianz, traverser un corridor étroit et propice aux bousculades, pour finalement gagner sa place pour un nouveau périple de 35 minutes, dans un bus bondé. Direction la fan zone, le seul terminus (avec l’aéroport). De là, il faudra sans doute reprendre un taxi ou un Uber.

Le pire, c’est que, pour ceux qui sont véhiculés, ça n’est pas beaucoup mieux. Et les jours de match, c’est tout Nice qui souffre comme le rappelle Joël, taxi, avec l’accent nissart : « La Prom’ est fermée et la voie rapide aussi. Du coup, tout le centre-ville est congestionné, c’est impossible de circuler, ça a été pensé avec les pieds » , avant d’ajouter une analyse plus personnelle de la situation : « Franchement, on voit bien que Nice n’a pas l’habitude d’organiser de gros événements parce que c’est hyper mal conçu » , peste-t-il avant d’avouer que pendant l’Euro, c’est infernal, mais l’avantage, c’est que « ça travaille bien » .

Majorations Uber, x2, x3

Ceux pour qui ça travaille bien également, ce sont les chauffeurs Uber. Il est presque deux heures du matin aux abords de l’Allianz Riviera, et la situation s’est décantée. Taxis et VTC sont finalement arrivés. Sami ouvre la portière de sa BMW avec le sourire : « Les jours de match, les majorations, c’est du x2 tout l’après-midi généralement, et du x3 les heures précédents et suivants les matchs. Donc oui, ça marche très bien. D’autant que les Suédois ont un fort pouvoir d’achat. J’ai fait pas mal de courses entre le stade et Cannes ou Juan-les-Pins, où ils sont installés. Ça vaut le coup. » Et de repartir pour un dernier aller-retour à près de 200 euros. Au moins un qui ne pestera pas contre l’Allianz.

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