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Français, suivez le Guide !

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Français, suivez le Guide !

Il fut un temps où la France jouait chaque année contre l’Italie, et se prenait chaque année une belle branlée. C’était notamment le cas durant toute l’ère Mussolini, de 1922 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Bizarrement, les Français revenaient avec le sourire et les bras chargés de cadeaux de leurs voyages de l’autre côté des Alpes.

C’était bien avant la finale Zidane-Materazzi de 2006. Bien avant aussi le scénario dingo de l’Euro 2000, ou la transversale de Di Biagio en 98. Djorkaeff, Ginola et Cantona, le trio d’artistes de Naples en février 94, n’étaient pas nés. À l’époque, lorsqu’on disait qu’un France-Italie entrait dans l’Histoire, on parlait de la Grande Histoire, celle du grand embrasement des nations, celle du meurtrier XXe siècle. C’était il y a 90 ans et une dizaine de jours. Benito Amilcare Andrea Mussolini, épaulé par ses potes en chemises noires, a lancé sa Marche sur Rome les 28 et 29 octobre 1920, avant que le chef ne s’installe à la tête du Conseil le 16 novembre 1922. La suite, c’est la période Duce qui débute en janvier 1925, et puis… Et puis le reste est dans les livres d’Histoire. Statuette fasciste et sole meunière Ce qui n’y est pas, en revanche, ce sont les neuf rencontres disputées par l’équipe de France contre ses voisins transalpins durant le règne de Benito. Le 22 mars 1925, par exemple, deux mois et demi après l’instauration de la dictature, les Bleus arrivent avec crainte chez leurs voisins italiens. Un voyage en Italie facture jusque-là en moyenne 5 buts encaissés par match, et ils aggravent encore un peu plus la statistique, en rentrant au bercail avec un tie-break sous le tricot (7-0). Cette nouvelle Italie avait pourtant l’air accueillante. Les récits d’époque montrent que le pays de Benito savait recevoir, et que la délégation française n’y était pas insensible. Les banquets open-bar étaient déployés pour les visiteurs, les visites en autocar étaient offertes par la maison, et il s’y développait un certain sens du souvenir. C’est ainsi que l’équipe tricolore de janvier 1931 se retrouve avec pour cadeau gênant, une statuette en bronze représentant un footeux en plein salut fasciste. Un apéritif comparé à la statue équestre géante du Duce au pied du stade de Bologne, théâtre de cette nouvelle défaite au tarif syndical (5-0). Sans doute heureuse d’avoir trouvé le sparring-partner idéal pour se rassurer à la maison, la délégation italienne ira même jusqu’à offrir le train « Rome-Express spécial », avec sole meunière au menu, en décembre 1938, pour le dernier des matchs « mussoliniens » des Bleus. Dans les tribunes du stade de Naples, c’est l’enfer. Quelques mois plus tôt, lors du quart de finale de Coupe du monde contre la France, à Colombes, le onze rital avait dégainé le salut fasciste avant d’éliminer l’hôte de la compétition. Ce à quoi le public marseillais avait répondu en conspuant la Squadra pour sa demi-finale victorieuse. « On n’était pas copains-copains avec eux » , révélait Raoul Diagne, défenseur français. « Ce fut vraiment charmant » Défenseur français, mais surtout défenseur noir aux yeux du public italien, qui commence par siffler la Marseillaise pour se chauffer avant de cramer des journaux dans les travées. La prestation éblouissante de Larbi Ben Barek n’empêche pas la France de perdre (1-0), mais elle permet au sélectionneur italien Pozzo de lâcher une phrase qui, à l’époque, n’avait choqué personne : « Votre nouvel inter, Ben Barek, m’a beaucoup plu. Comme tous les noirs, il est meilleur technicien que tacticien, mais il possède néanmoins de très jolies qualités. » Après la rencontre, échaudés par l’accueil, les joueurs français vont jusqu’à reprendre à pleins poumons leur hymne maltraité, au milieu d’une trattoria napolitaine. Alors pour calmer les esprits, après la statuette fasciste, la fédé italienne réutilise l’idée du cadeau souvenir : boutons de manchette en argent et étui à cigarettes en écaille pour chaque joueur et membre du staff. Jusqu’au début de la guerre, malgré les rivalités politiques, les représentants du football français sont toujours revenus ravis de leurs séjours réguliers de l’autre côté des Alpes. En 1931, un membre du comité fédéral se pâmait : « Ce fut vraiment charmant et je garderai longtemps le souvenir de ce déplacement. Il me reste à formuler un vœu, celui de voir les sportifs français accueillir avec le même empressement les joueurs italiens, l’an prochain, quand ils viendront à Colombes. » L’auteur de cette citation s’appelait M. Lévy. Une ironie qui aurait sans doute bien plu à Mussolini, amateur de bons mots plus que de football. En 1935, alors que la France vient une nouvelle fois de se casser les ratiches sur le stade Olympique de Rome (2-1), Benito, qui n’a pas donné signe de vie durant tout le match, se lève et quitte les travées sans un regard pour quiconque. Avant de disparaître, il glisse pourtant à l’oreille de l’ambassadeur de France, M. De Chambrun, une phrase définitive : « Je n’ai vu qu’une chose : deux buts d’un côté, un de l’autre. »

Par Ronan Boscher et Thomas Pitrel

Pour encore plus d’anecdotes sur l’Equipe de France, un livre, un seul : Les Miscellanées des Bleus.

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