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Flynt : «Le foot, c’est autre chose qu’un compteur qui défile»

Par Nicolas Kssis-Martov
Flynt : «Le foot, c’est autre chose qu’un compteur qui défile»

Si le concept de rap parisien signifie quelque chose, Flynt y est sûrement pour quelque chose. Depuis la sortie en 2007 de « J'éclaire ma ville », l'homme originaire du nord de la Capitale raconte les humeurs du bitume de Paname, avec un souci de l'écriture qui, une fois n'est pas coutume, ne se résume pas à un argumentaire d'attaché de presse. Et forcément le PSG ne traîne pas très loin, entre ville lumière et impasses sombres, fierté et frustration. Rencontre, à parler d'un club plus dur à aimer qu'à quitter.

Tu as presque l’image d’un rappeur PSG, quel est ton rapport au club ?Je dirais plutôt rappeur qui supporte le PSG. Rappeur PSG, ça ne veut rien dire… Pour ma part, j’ai grandi dans le 18e arrondissement. Supporter Paris, c’est évident. Tu soutiens les couleurs de ta ville. Il est vrai qu’à Paris, cette fidélité ne coule pas de source. Nous sommes dans une grande capitale avec un réel brassage de population. Forcément les identités et les affinités sont plus variées et disparates. Comme je le dis dans un de mes textes : « Ici y a tout, tu y trouves même des maillots de l’OM » . A Paris, il manque du coup ce supplément de ferveur ambiante, au-delà du club et du stade.

A quand remonte ta première rencontre avec PSG ?J’ai découvert le PSG, et le foot plus largement, à la radio. Ma mère écoutait tout le temps la radio quand j’étais gamin. J’avais pas de père à la maison avec qui j’aurais pu regarder des matchs ou qui m’aurait fait découvrir le ballon. Mes premiers souvenirs de foot, c’est les résultats de la division 1 aux infos sur Europe 1 ou France Inter, je sais plus. Après, j’ai découvert les multiplex et à chaque multiplex, j’étais derrière mon poste radio. Sans voir aucune image, j’étais déjà passionné ! Encore aujourd’hui, je suis plus souvent les matchs à la radio que je ne les regarde. Je manque de temps pour regarder les matchs, je trouve que c’est trop chronophage aujourd’hui. Le poste de radio, c’est donc mon premier lien avec le foot et je suivais surtout les résultats de Paris. Après j’ai voulu voir… et tout petit, tout seul, je regardais les matchs européens, la Coupe de France. Je me souviens de la Coupe du monde 82, j’avais 5 ans, de l’Euro 84, de Mexico 86 aussi. Les matchs de Bordeaux en coupe d’Europe m’avaient beaucoup marqué. A cette époque, à Paris, il y avait Susic, Rocheteau, les maillots RTL. Il y a eu le premier titre.

A quel âge as-tu commencé à vraiment supporter le PSG activement ?L’époque que j’ai vécue le plus fortement car j’étais plus âgé, davantage capable de vivre ou ressentir le truc, c’est l’époque d’après : Ginola, Weah et surtout Bernard Lama. Jusqu’à la victoire en coupe d’Europe en fait. J’étais fan de Bernard Lama, moi. Alors évidemment, après avoir connu ça, les années qui ont suivi ont été difficiles pour moi et pour tous ceux qui ont aimé cette époque. On a eu des bons joueurs depuis, je pense à Simone, Sorin, Ronaldinho, mais moi je souffre presque à chaque fois que je regarde jouer le PSG depuis. Y a eu cette victoire en Coupe de France face à Marseille vite fait, et puis pas grand-chose d’autre. Déjà, rien qu’au niveau des gardiens, quand tu passes de Lama à Letizi, Alonzo, Landreau, c’est dur… Mon rapport au club, c’est que je suis un supporter qui a trop mal quand son club perd ou fait n’importe quoi et qui se méfie maintenant. J’attends cette grande équipe que tout le monde attend et que la ville mérite.

« Tu ne peux pas regretter que ton club se traîne en fin de classement et ensuite pleurer quand des gens viennent injecter de l’argent »

Tu comptes pas mal d’ex abonnés dans ton public, et qui le montrent assez bruyamment. Tu as fréquenté le Parc ?Pour l’anecdote, avant de monter sur scène pour la dernière soirée « Can I kick it » au Bataclan, pour m’accueillir, une partie du public s’est mise à chanter « Oh Paris, où tu es, nous sommes là, tu ne seras jamais seul… etc… » De purs chants de supporters parisiens. C’était génial. J’en croyais pas mes yeux et mes oreilles. Et je suis entré sur scène avec le titre « J’éclaire ma ville » , qui est un hymne à Paris. Gros souvenir et belle ambiance. Quand j’étais plus jeune, je n’avais ni les sous, ni un daron ou un grand frère pour m’accompagner au stade, donc ce fut un peu sur le tard que je suis arrivé dans les gradins du Parc. Je ne suis pas un habitué des tribunes. Je m’installais un peu au hasard, selon les opportunités, quelques fois à Auteuil mais surtout avec des places de la région IDF gratuites ou pas chères tu vois… J’ai été un peu partout, sauf à Boulogne en fait. J’ai vu des beaux matchs au Parc, mais j’ai vu aussi des matchs qui m’ont déprimé. J’ai eu trop mal de voir mon équipe perdre au Parc ces dernières années, subir une politique du club souvent déroutante, donc j’ai pris mes distances avec le stade. Un genre d’histoire d’amour un peu. Ceci dit, je ne parle pas à outrance du PSG dans mes textes, une référence par-ci une référence par-là tout au plus mais elles ont dû plaire à quelques supporters parisiens visiblement.

Cela dit au-delà du PSG, tu évoques souvent le foot dans tes lyrics…Pour moi, il y a beaucoup de similitudes entre les univers du sport et de la musique. On retrouve des choses communes : l’entraînement, la préparation physique et mentale, la préparation technique, le travail en équipe, la recherche de la performance, le challenge, le rapport au public, le direct… Faire des concerts, c’est comme un sport pour moi. Je fais parfois des références au foot dans mes lyrics, parce que c’est le sport que je préfère et parce qu’il y a des personnages et des choses qui s’y passent, qui m’inspirent.

Puisqu’on aborde les valeurs du sport, comment as-tu vécu l’arrivée des Qataris et la venue de Zlatan ?Certains sont choqués on dirait. Tout comme la fin des tribunes historiques a pu en rendre beaucoup malheureux. Bon, quand tu entends parler de tout cet argent et qu’après tu contemples ta fiche de paie, tu te grattes la tête. Mais moi je pense qu’il est temps que quelque chose qui relève de l’extraordinaire se passe à Paris. Tu ne peux pas regretter que ton club se traîne en fin de classement et ensuite pleurer quand des gens viennent injecter de l’argent pour le hisser au sommet. Moi, j’ai été traumatisé quand on était à deux doigts de la descente il y a quelques années. Heureusement que Colony a dégagé, ils ne savaient clairement pas ce qu’ils voulaient ou ce qu’ils faisaient là, ni comment gérer un club de foot avec un minimum d’ambition. Le foot, c’est du spectacle et désormais, il y en a déjà davantage, Zlatan cristallise l’attention. Nous, on veut vibrer, avoir des joueurs de classe mondiale, on veut gagner la Ligue des champions, le championnat tous les ans. Moi, le discours d’Ancelotti me parle. Le mec, dès le début de la saison, il te dit : « On veut être champion, on doit être champion » . Voilà, c’est ça que je veux entendre moi. Je veux un club ambitieux. « Ici c’est Paris » c’est pas pour rien qu’on dit ça.

« J’aimais bien Kombouaré mais son discours au grand public et aux médias était chiant »

Mais le PSG avait-il vraiment besoin d’Ancelotti pour ça ? Kombouaré ne faisait-il pas amplement l’affaire ? J’aimais bien Kombouaré mais son discours au grand public et aux médias était chiant. Je n’ai jamais compris comment on peut être joueur ou entraîneur au PSG et ne pas dire qu’on vise le titre chaque saison. Alors je suis pour l’argent dans le football et pour voir du gros spectacle même si l’argent ne fait pas tout. Il y a encore un parallèle à faire avec la musique à ce sujet : parfois les plus gros budgets accouchent d’une souris. Des disques qui auront coûté très cher peuvent faire un flop et d’autres avec de petits moyens peuvent marcher. Dans le foot, c’est pareil : des grosses cylindrées fortunées peuvent se planter. Et sur une saison, une Coupe de France, des clubs plus modestes voire des tout petits clubs peuvent s’illustrer. Et moi, j’aime bien quand des clubs amateurs gagnent contre des gros. En général, les gens aiment bien railler le postier ou le boucher qui joue dans le club de sa petite ville, qui va aux entraînements après le taf et qui va jouer une demi-finale de Coupe de France contre une Ligue 1 avant de retourner à ses Colissimo ou ses côtelettes.

Justement, tu suis d’autres championnats que la Ligue 1 ? Les échelons en dessous ?Je ne suis pas les championnats amateurs ou les autres divisions à part la Ligue 1 et la Ligue 2, mais je me reconnais dans le parcours de ces amateurs. Dans le rap, pour moi, c’est un peu pareil. Je gère un boulot à coté, je ne vis pas exclusivement du rap, je me tiens à l’écart des strass et paillettes, mais à mon niveau, je prends du plaisir avec ma passion, je voyage un peu grâce à la musique. Je trouve ça cool que des inconnus puissent croquer un peu eux aussi, de temps en temps. Je suis content que Lyon se soit fait sortir de la Coupe de France, pas parce que c’est Lyon, simplement car il s’agit d’une belle récompense pour des types qui le méritent tout autant que les stars de l’OL.

Et dans le prolongement, le quatrième Ballon d’Or de Messi, justement, il t’inspire quoi ?Je ne comprends pas. Franchement, il n’a rien gagné cette année. Il faudrait revoir les critères d’attribution sérieusement ou alors un mécanisme de vote m’échappe. En face, tu as quand même des joueurs comme Pirlo, qui a été énorme en 2012. Peu d’équipes m’ont fait vibrer récemment comme la Squadra lors du dernier Euro. Malheureusement, ils ont explosé en finale. Et avec la Juventus, il a fait une super saison. Filer à Messi un nouveau trophée parce qu’il a planté je ne sais combien de buts… Le foot, c’est quand même autre chose que de regarder un compteur défiler… Moi je suis pour faire tourner ce genre de récompense et limite pour que celui qui a eu un Ballon d’Or une année, c’est bon, il ne devrait plus pouvoir postuler.

Flynt – « Itinéraire bis » En concert le 8 février au New Morning

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Par Nicolas Kssis-Martov

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