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ACTU MERCATO

Fernando Llorente et Javi Martínez sont-ils des traîtres ?

Par Pablo Garcia-Fons
Fernando Llorente et Javi Martínez sont-ils des traîtres ?

Après une campagne 2011-2012 trépidante, « Los Leones » vivent un été pourri. La rançon du succès, sans doute. Cause principale du spleen ambiant : les envies d'ailleurs de Javi Martínez et surtout de Fernando Llorente. Ambition légitime ou traîtrise insoutenable ? Une question qui divise le Pays basque depuis deux mois.

À première vue pourtant, rien de choquant pour le quidam dans le fait que les deux meilleurs joueurs d’un club de milieu de tableau, internationaux qui plus est, après avoir aiguisé leurs crampons une bonne poignée de saisons et rendu de fiers services à l’équipe, fassent le grand saut direction un cador européen. Le pain quotidien de 90% des clubs. Sauf que voilà, on ne le répète jamais assez, Bilbao est un club unique qui aime apparaître comme le petit village d’irréductibles Basques, résistant encore et toujours à l’envahisseur du foot business sans foi ni loi. Difficile d’accepter, quand on passe son temps à crier sur tous les toits que chacun de ses joueurs a l’écusson du club « tatoué sur le cœur » , que ses deux meilleurs poulains mettent les voiles. Ça fait tache. Ça illustre les limites d’un système. Ça fait mal aussi.

« Un échec institutionnel »

Il y a quelques semaines, sûrs de leur fait, les dirigeants et les supporters de l’Athletic riaient encore de la situation. Les yeux doux du Barça et du Bayern pour Javi Martínez ? Pas de souci, le joueur est lié jusqu’en 2016 et les 40 millions d’euros de clause libératoire faisaient office de ceinture de chasteté des plus efficaces. Llorente libre à l’été 2013 et dragué en Angleterre et en Italie ? Pas de lézard non plus. Le garçon va renouveler, aucun doute là-dessus. Sauf que, les jours et les semaines passant, l’optimisme béat s’est transformé en une morosité aigrie. Llorente a officiellement communiqué à ses dirigeants le 7 août dernier sa volonté de ne pas rempiler, malgré les efforts financiers du club — 4,5 millions d’euros annuels lui auraient été proposés. Josu Urrutia tombe alors des nues et n’hésite pas à parler « d’échec institutionnel » . « La philosophie du club est écornée. La décision de Fernando est terrible pour tous les jeunes du club qui vont garder cette image en tête et qui seront tentés de suivre son modèle. On a dû échouer quelque part » , déplore l’homme aux 456 matchs sous la liquette rouge et blanche dans une interview concédée à As quelques jours plus tard.

Depuis cette date, les rumeurs vont bon train. Juventus Turin, MU, City, Arsenal, Tottenham, tous les poids lourds du ballon européen y passent. Il faut dire que le club est obligé de vendre s’il ne veut pas voir partir gratuitement son buteur l’an prochain. Et ce n’est pas la peine de compter sur l’agent du grand blond pour calmer le jeu. « Il y a deux clubs anglais, un à Manchester et un à Londres, qui le veulent. Je ne peux pas vous dire pour le moment sa future destination, mais vous la saurez bientôt » , s’amusait hier le petit malin dans les colonnes du Daily Telegraph. Si les décideurs basques ont plus de prises sur le dossier Martínez, du fait de la durée restante de son engagement et du montant de sa clause libératoire, la cour virile que mène le Bayern Munich à son égard commence à faire chavirer le cœur du « chaval » de Pampelune.

« Les bâtards dehors »

Ç’en est trop pour les plus durs des socios bilbaínos. Depuis une dizaine de jours, la protestation s’organise. D’abord par une bronca en bonne et due forme lors de l’entrée en jeu de Llorente contre le Slaven Belupo, en tour préliminaire de l’Europa League. De bonne guerre. Plus limite, les banderoles « Mercenaires dehors » déployées à Lezama sur le bord du terrain d’entraînement. Carrément craignos, les tags « mort aux traitres » et « les bâtards dehors » sur la vitrine de la boutique du club en centre-ville. Des mots doux qui laissent clairement entendre que les deux Judas piétinent leurs couleurs car ils ne sont pas nés en Euskadi, mais en Navarre et à la Rioja, provinces voisines. D’un conservatisme qui rappelle les heures les plus sombres de l’indépendantisme basque. Pour éviter d’autres déconvenues, Marcelo Bielsa a joué le papa poule en écartant du groupe les deux fuyards pour l’ouverture de la Liga contre le Bétis Séville. Pas franchement judicieux puisque, privé de la qualité des deux larrons, les ouailles du « Loco » ont pris une rouste 5–3 qui laisse présager le pire pour la suite de la saison, si les deux forbans venaient vraiment à quitter le navire.

Jamais contre une petite envolée populiste, le maire de Bilbao, Iñaki Azkuna, a fait prendre à l’affaire un tournant politique inimaginable ailleurs. « Demander cinq millions et demi par an pour son nouveau contrat. Si je le voyais, je lui dirais :« Enfin, mon garçon, avec les temps qui courent, ça ne te paraît pas obscène ? « Llorente est en train de faire très mal à sa famille et à sa ville. » Rien que ça. Et pourtant, les deux joueurs ne sont pas allés au clash avec leurs dirigeants, ils n’ont jamais non plus refusé de s’entraîner. « L’Athletic, c’est ma maison. Ça sera un déchirement quand je devrai partir. Mais malgré tout, j’aimerais bien découvrir un autre club et vivre de nouvelles expériences » , confiait la grande gigue en juin dernier (So Foot n°97). Comme traître et comme mercenaire, on a déjà fait plus opiniâtre. Reste une question qui titille : Aïtor Karanka, Andoni Zubizarreta et Rafael Alkorta, par exemple, sont-ils donc aussi des traîtres et des mercenaires, pour avoir jadis quitté leur terre basque ? Pas sûr.

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