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Faites place au vrai Gaby Milito

Par Markus Kaufmann, à Buenos Aires
Faites place au vrai Gaby Milito

À 34 ans, Gabriel Milito n'est déjà plus cet ex-défenseur gaucher talentueux, à la relance de maréchal et aux blessures pesantes. Fraîchement nommé entraîneur de l'équipe première d'Estudiantes La Plata, Gabriel Milito est sur le point de nous faire découvrir le vrai Gaby : l'entraîneur. Et d'après Menotti, Bielsa et Guardiola, ce nouveau personnage risque de faire rapidement oublier le joueur. Qui sait ce que nous évoquera le nom Milito dans 25 ans ?

Il y a 25 ans, en 1990, Carlo Ancelotti était encore ce superbe milieu de terrain aussi polyvalent qu’intelligent au centre du Milan de Sacchi. Pep Guardiola était un gamin qui faisait ses débuts au Camp Nou sous le maillot de l’équipe première du Barça. Diego Simeone était un jeune Argentin quittant Buenos Aires en direction de Pise pour sa première expérience européenne. Et Antonio Conte était encore un joueur de Lecce. Un quart de siècle plus tard, tous ces footballeurs sont devenus des entraîneurs reconnus, et nos esprits ont effacé l’image du joueur en crampons pour faire place à celle du coach en costume. Une histoire de perception et de mémoire. Des souvenirs persistent, évidemment, comme la frappe lointaine d’Ancelotti contre le Real Madrid, le doublé de Simeone pour l’Inter en derby ou son coup de tête pour la Lazio contre la Juve, ou encore la calvitie de Conte.

Mais peu à peu, à l’image du présent qui prend inévitablement la place du passé, les costards rangent les maillots, les schémas annulent les buts et les déclarations font oublier les dribbles. Aujourd’hui, Gabriel Milito est encore dans nos esprits un défenseur central aussi talentueux que fragile physiquement. Un capitaine argentin gaucher et rugueux, à la relance intelligente, surnommé El Mariscal, le Maréchal. Mais dans 25 ans, qui sait ce que nous évoquera le nom Milito ? L’entraîneur qui aura remis Estudiantes sur la carte du football sud-américain ? L’homme qui aura redonné des airs de champion à son Independiente ? Un entraîneur dont les consignes tactiques auront remporté plusieurs Ligues des champions ? Ou même le sélectionneur de l’Argentine au Mondial 2026, qui aura fait renaître le Leo Messi du Barça le temps d’un été complètement dingue lors de la Coupe du monde en Catalogne ? Qui sait, hein ?

Menotti, Bielsa, Guardiola et… Milito ?

Lorsque les footballeurs prennent leur retraite, certains deviennent des ex-joueurs, et d’autres se transforment en futurs entraîneurs. Comme Diego Simeone avant lui et Esteban Cambiasso après lui, Milito a toujours fait partie de la seconde catégorie. En réalité, ça fait déjà un moment que l’Argentine est impatiente de voir ce que pourra donner le maréchal sur un banc de touche. Et pourtant, sa carrière n’a pas manqué de prestige. Gaby Milito, c’était au départ le renouveau du club d’Independiente de Avellaneda. Alors que son grand frère Diego fait briller le grand rival, le Racing, en 2001, c’est lui qui ramène le titre en 2002. Gaby est alors le futur grand défenseur argentin, élu meilleur joueur argentin de l’année. Alors qu’il brille aux côtés d’Esteban Cambiasso et Diego Forlán, le gaucher est envoyé à Madrid pour une visite médicale sur la recommandation de Jorge Valdano. Mais son genou ne donne pas assez de garanties au Real : Gaby atterrit finalement au Real Zaragoza, qu’il mènera aux sommets espagnols avec son frère Diego, Aimar et D’Alessandro. Quatre saisons en Liga, puis quatre autres pour le Barça, après un transfert de 18 millions d’euros.

Sauf que le genou ne tient qu’une saison. De 2008 à 2010, Milito passe 569 jours sans jouer un match, et en profite pour construire une relation spéciale avec Guardiola. Le 18 décembre 2009, à quelques heures de la finale du Mondial des clubs qui les oppose à l’Estudiantes de Sabella, Pep demande à Gaby de faire le discours d’avant-match à ses coéquipiers, et de parler de l’importance du trophée aux yeux des Sud-Américains. Gaby s’exécute, et le Barça l’emporte. En 2011, après une dernière saison catalane – la dernière de Guardiola – Milito revient du côté d’Independiente pour offrir ses derniers efforts au club de son cœur. Durant ces 15 longues années, Milito aura donc croisé José Pékerman, « l’entraîneur le plus important de (s)a carrière » , mais aussi Marcelo Bielsa en sélection, Cesar Luis Menotti et Pep Guardiola. De quoi se former à des idées de domination par la possession. En 2013, une rumeur l’enverra même au poste d’adjoint de Guardiola au Bayern. À propos de Pep, Milito disait cette semaine : « J’admire le jeu de ses équipes, mais il y a une partie que les journalistes et les gens ne voient pas, et que moi, j’ai pu voir : son travail. Si les gens savaient tout le boulot qu’il y avait derrière ce Barça, ils verraient le vrai motif de succès du club. Rien n’était laissé au hasard, il y avait une analyse permanente et très fine sur le Barça et ses rivaux. On avait l’impression que le Barça jouait toujours de la même façon, mais il y avait un tas de variations tactiques qui nous faisaient gagner. »

43 passes avant de marquer, pour commencer

À la fin des années 1990, César Luis Menotti avait déjà dit de lui qu’on aurait dit « un vétéran dans le corps d’un joueur de 20 ans » . Aujourd’hui, le gourou argentin a résumé la pensée de tout un pays : « Je suis heureux qu’il démarre. Il a toujours été éduqué, sérieux, respectueux, d’une grande qualité humaine et avec beaucoup d’envie d’apprendre et de se surpasser chaque jour. Il a gagné de l’expérience partout où il est passé et avec les entraîneurs qui l’ont dirigé, et espérons qu’il puisse nous démontrer toutes ses capacités » . En 2012, Veron avait ainsi déjà tenté de le convaincre de diriger la réserve d’Estudiantes. Milito préférera celle d’Independiente, « pour le cœur » . En ce début de saison 2015, cinq clubs de Primera l’ont approché : Cerro Porteño, San Martín de San Juan, Colón de Santa Fe, Atlético Rafaela et Olimpo. En attendant une grande opportunité, Milito a continué à étudier. Un voyage au Chili en février pour rencontrer Sampaoli et assister aux entraînements de la sélection chilienne, un autre séjour en Europe en mars pour aller observer les travaux de Guardiola au Bayern et de Luis Enrique au Barça. Après toutes ces observations et ces jolis mots, l’offre d’Estudiantes tombe à pic, et Milito peut enfin faire ses preuves sur le terrain. Avec toujours cette coupe de cheveux d’un autre temps, le maréchal a bien l’intention de marquer une époque.

Et ça a déjà commencé. Avec des mots, d’abord, en conférence de presse : « Tous les joueurs doivent attaquer et défendre. J’ai appris ce concept à Barcelone : les défenseurs seront les premiers attaquants, et les attaquants seront les premiers défenseurs. Je crois en cette idée. Mais je crois surtout à l’esprit compétitif de l’équipe. Nous devons avoir cet esprit-là, peu importe le rival. En phase défensive, personne ne peut rester tranquille à l’heure de récupérer le ballon. Avec le ballon, c’est pareil. On aura des rivaux qui nous laisseront jouer, et d’autres non. Mais peu importe, nous devons être toujours aussi intenses qu’ordonnés pour attaquer et défendre. (…) L’entraîneur doit transmettre sécurité et confiance. Nous devons faire en sorte que les footballeurs soient convaincus que ce que nous leur demandons est réalisable. » Des mots, mais aussi des faits. Pour son premier match sur le banc d’El Pincha, contre le Barcelona équatorien, les joueurs de Milito ont marqué leur second but (0-2) après une série de 43 passes finalisée par le grand nom de l’effectif : Guido Carrillo. La possession n’est pas encore aussi élaborée que celle de Xavi et Iniesta, mais les idées sont fortes.

Le paradoxe du style d’Estudiantes

Si Estudiantes est 20e de ce tournoi à 30 équipes avec 12 points en 10 matchs, Milito a aussi la chance d’arriver après Mauricio Pellegrino, dont le travail sur le jeu a été positif. Le maréchal pourra aussi compter sur l’appui du président Juan Sebastián Verón, avec qui il a joué en sélection. Adepte de la possession, Milito met les pieds dans un club aux valeurs particulières, connu pour être l’antre de Carlos Bilardo et de l’amour du résultat à l’argentine. Un paradoxe auquel le nouveau coach a répondu de la manière suivante : « Je suis un fanatique de la stratégie et si c’est ça qui a fait l’histoire d’Estudiantes, les supporters peuvent être tranquilles : ils vont en avoir. Mon style, c’est de gagner. Mon jeu, c’est de gagner. » Il n’y a qu’un seul Guardiola. Et il n’y aura qu’un seul Gaby Milito.

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Par Markus Kaufmann, à Buenos Aires

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