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Fabrice Albertazzi : « J’ai fait le massage, mais je n’étais pas seul »

Propos recueillis par Lhadi Messaouden
Fabrice Albertazzi : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;ai fait le massage, mais je n&rsquo;étais pas seul<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

C'est la belle histoire de la Coupe de France. Lors d'une rencontre du premier tour opposant Chavanod à Gavot, un joueur du club local s'est écroulé au sol suite à un malaise cardiaque. Gardien de Gavot, Fabrice Albertazzi est parvenu à réanimer le jeune homme avant l'arrivée des secours. Amoureux du morbier et fan de Grégory Pujol, le Jurassien revient sur son sauvetage.

Lors de la rencontre entre Gavot et Chavanod, un joueur adverse s’est écroulé sur la pelouse. Que s’est-il passé exactement ?

On jouait la troisième minute de jeu. Je me trouvais dans mes cages et j’ai vu un joueur de Chavanod s’écrouler au sol. Je n’ai pas vraiment vu ce qui lui est arrivé. J’ai cru qu’il avait pris un coup. Après quelques secondes, j’ai vu qu’il ne bougeait plus et je me suis rapproché de lui. Un coéquipier infirmier dans la vie, Ewan Le Junter, ainsi que le gardien adverse qui est très ami avec le joueur au sol ont fait pareil. Quant je suis venu à son chevet, je me suis rendu compte qu’il faisait un malaise cardio-vasculaire. Il était vraiment mal. J’ai donc enlevé mes gants et j’ai entamé un massage cardiaque.

T’as une formation ou t’y es allé à l’instinct ?

Je suis pompier volontaire depuis 5 ans. Je connais la chaîne du sauvetage et quand je me suis approché de Robin, le joueur qui a fait le malaise, j’ai expliqué aux autres joueurs ainsi qu’aux arbitres ce qu’il convenait de faire. C’était important de le faire afin de rassurer tout le monde car nous étions inquiets. J’ai donc entamé le massage cardiaque sous le regard d’Ewan. Je crois que ça a bien duré 40 secondes. Il s’est remis à respirer et il a finalement repris conscience. Et plus important, il était lucide. Les pompiers sont finalement arrivés et se sont occupés de lui.

Si tu n’avais pas réagis, il serait certainement mort, non ?

Sans prise en charge immédiate dans un cas pareil, les chances de mourir sont élevées. Si on n’avait pas pratiqué les premiers secours, il serait peut-être mort. Certes, j’ai fais le massage, mais je n’étais pas seul. Il y avait le gardien adverse qui veillait sur Robin et Ewan qui était derrière moi pour s’assurer de ce que je faisais. C’était la première fois que je pratiquais un massage de ce type en dehors d’un exercice d’entraînement. Je me suis appuyé sur mes formations et j’ai eu la chance d’être bien entouré.

Tu as des nouvelles de Robin ?

Oui, son papa m’a appelé pour me donner des nouvelles de son fils. Il est sorti des soins intensifs et il doit rester quelques jours en observation à l’hôpital. Mais il va bien et c’est le plus important. C’est un gamin, il doit avoir une vingtaine d’années. Je suis vraiment content qu’il s’en soit sorti.

Et qu’en est-il du match ? Vous l’avez poursuivi ou pas ?

Après qu’il ait été évacué, les arbitres ont pris la décision de poursuivre la rencontre. Tout le monde a accepté ce choix et c’est tout à l’honneur des joueurs de Chavanod. Je pense aussi que de savoir que Robin s’était réveillé a facilité la reprise du match. Je pense que ça a donné du courage à ses coéquipiers. Résultat, ils ont gagné 2-0. On n’a pas laissé filer le score pour leur faire plaisir. Ils ont mérité leur victoire. Et c’est plutôt beau pour l’histoire. À la fin de la rencontre, les joueurs de Chavanod m’ont fait une haie d’honneur. L’ami de Robin m’a pris dans ses bras, il était très ému. J’ai reçu de nombreux appels aussi. Je ne recherche pas la gloire, mais ça fait évidemment plaisir. Tout s’est bien terminé et c’est le plus important. J’en profite aussi pour rendre hommage à mes collègues pompiers et secouristes. C’est important de saluer leur travail.

T’as 30 ans et t’es donc pompier volontaire depuis cinq ans. C’est une décision un peu tardive. Qu’est-ce qui t’as poussé à le devenir ?

En fait, je suis ingénieur procédé dans l’industrie chimique. Je bosse sur un gros site avec plus de 2000 personnes. La sécurité est primordiale. Il y a donc un service de pompiers professionnels pour l’assurer ainsi que les ressources des pompiers volontaires. Dans mon travail, l’aspect sécuritaire est omniprésent. Etant donné que je suis plutôt sportif et que j’aime venir en aide aux gens, j’ai décidé de devenir pompier volontaire. C’est grâce à mon boulot que j’ai découvert cette vocation. Je suis caporal maintenant. Je me suis vraiment impliqué dans cette activité.

Maintenant qu’on connaît Fabrice le sauveteur, on voudrait en savoir plus sur Fabrice le gardien. Depuis combien de temps tu joues au foot ?

J’ai commencé à l’âge de six ans. J’ai débuté au FC Champagnole dans le Juras. Gregory Pujol a aussi été formé dans ce club. À vrai dire, c’était mon voisin et un ami. Je n’ai pas eu la chance de jouer avec lui, il était plus âgé que moi. En revanche, j’ai tapé dans le ballon avec ses frères. Depuis, je le suis dans ses clubs. Il a toujours privilégié des clubs un peu famille comme Nantes, Valenciennes et le Gazélec aujourd’hui. Je supportais Marseille quand j’étais gosse, mais j’ai arrêté de suivre les clubs à fric. Résultat, je suis surtout les équipes de Grégory. Il est connu pour sa combativité. Il aurait même pu prétendre à l’équipe de France l’année où il termine troisième meilleur buteur de Ligue 1 avec VA. C’est un vrai bon joueur.

T’as toujours été gardien ?

C’est ça. Quand j’étais petit, j’étais très grand et je n’étais pas très rapide. Dans ce genre de cas, tu te retrouves souvent dans les cages. On est un peu dans notre monde, les gardiens. On a un maillot différent, on s’entraîne à part et on a beaucoup de pression. On peut vite passer de héros à perdant.

T’es resté combien de temps à Champagnole ?

Jusqu’à mes 20 ans. Derrière, je suis parti dans le meilleur club du monde : celui de Morbier.

On peut comprendre ton amour pour le fromage, mais t’y vas un peu fort, non ?

Alors oui, j’adore le fromage, en bon jurassien, je ne peux m’en passer. J’ai vraiment passé sept superbes années à Morbier. Avec un groupe de potes, on est parvenu jusqu’à la division d’honneur régional, ce qui était pas mal. L’ambiance était vraiment géniale et le niveau pas trop mal. C’était un vrai petit club local. Je me souviens que les bénévoles nous emmenaient parfois au stade eux-mêmes. On avait même essayé d’avoir Pujol pour l’engagement d’un match, mais ça ne s’est pas fait. Dommage.

Comment s’est terminée ton histoire avec le « meilleur club du monde » ?

Je travaillais en Suisse et la route était trop longue. J’ai donc déménagé. À partir de là, j’ai joué au FC Trois Torrents. Malheureusement, un joueur m’a explosé le doigt et j’ai enchaîné quelques déchirures musculaires. Un peu difficile comme période. J’ai recherché une autre équipe derrière et il s’est avéré que l’entraîneur du FC Gavot venait de Champagnole. Je me suis donc engagé là-bas. Mais j’ai arrêté pendant un certains temps. J’ai fais une infidélité en allant jouer au rugby. Je dépanne de temps en temps Gavot et j’essaye de m’investir dans le club en tant qu’animateur.

Revenons au secourisme. Est-ce que tu serais favorable à une formation de premiers secours pour l’ensemble des joueurs ?

Je pense que c’est une bonne idée et pas uniquement dans le sport. Et cela devrait être appliquée partout : au travail, à l’école, etc. Les formations sont courtes en plus. Une douzaine d’heures. Il faut inciter les gens à les suivre. Quand quelqu’un est en danger, c’est dur de le regarder sans pouvoir agir, l’aider. Je sais que moi, j’aurais des regrets. C’est pour ça que j’incite les gens à se former aux premiers gestes pour éviter d’en avoir. On donne un peu de notre temps, mais on est ensuite capable de sauver des années de la vie d’une autre personne. Après la rencontre contre Chavanod, la mère d’un joueur a proposé que le club propose des formations en hiver. Ça pourrait donc se faire. Et de mon côté, je peux aussi apprendre deux trois trucs, de manière informelle, à mes coéquipiers.

Un petit mot pour conclure ?

Juste un clin d’œil au village de Vers en Montagne. C’est là que j’ai grandi. Tout comme Grégory Pujol.
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Propos recueillis par Lhadi Messaouden

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