
14 équipes « reléguées »
Retour quelques mois en arrière. Quelques années, même. À la fin des années 20, l'Italie ne dispose toujours pas d'un championnat unique. La Divisione Nazionale, soit la première division, comporte en effet deux groupes, le Girone A et le Girone B, au terme desquels les champions s'affrontent pour définir le champion d'Italie. Mais lors de la saison 1928-29, qui verra finalement Bologne triompher du Torino en finale nationale, les dirigeants de la Fédération italienne décident de changer. Il faut une réforme. Il faut se calquer sur les modèles des championnats plus développés, comme l'Angleterre, l'Espagne, la Hongrie ou l'Autriche. Évidemment, certains clubs tirent la tronche. Car qui dit Serie A unique dit forcément réduction du nombre de clubs dans l'élite. C'est d'ailleurs pour cette raison que la Fédé avait, jusqu'ici, repoussé toute tentative d'uniformisation du championnat. Mais cette fois-ci, le président de la FIGC, Leandro Arpinati, est bien décidé à faire changer les choses : la Serie A 1929-30 sera un championnat unique ou ne sera pas.
Débutent alors les grandes réformes. Il faut décider qui, des 32 équipes qui ont participé à la Divisione Nazionale 1928-29, sera sur la ligne de départ de cette nouvelle Serie A. Arpinati a prévu 18 places. Il faut donc évincer 14 équipes. C'est décidé : les sept derniers du Girone A et les sept derniers du Girone B devront repartir de l'échelon inférieur. Sept équipes reléguées sur un groupe à 16 équipes... Costaud. Des équipes comme Bari, la Fiorentina, l'Atalanta, la Reggiana ou encore Vérone passent à la trappe. L'été 1929 est évidemment très agité. Les journaux italiens en parlent de plus en plus, et aux intérêts sportifs viennent se mêler les intérêts politiques de nombreuses personnalités voulant être associées à l'image de ce nouveau championnat. Bref, tout cela retarde considérablement le début des hostilités. La première journée est finalement prévue pour le 6 octobre 1929.
Seccatore voit rouge
Neuf matchs au programme. Alessandria/Roma, Juventus/Napoli, Lazio/Bologne, Livourne/Ambrosiana, Milan/Brescia, Padoue/Modène, Pro Patria/Cremonese, Pro Vercelli/Genoa et Triestina/Torino. Beaucoup d'enthousiasme et des stades pleins : les Italiens ont répondu présent pour cette première journée d'une nouvelle ère de leur football. Le premier but est donc planté par Bajardi lors du match Pro Vercelli/Genoa. Et le deuxième est inscrit... deux minutes plus tard, lors du même match, par le joueur du Genoa Chiecchi III. Cette rencontre sera d'ailleurs la plus prolifique de la journée, avec un score de 3-3 final. D'autres premières ? Oui, évidemment. On va assister au premier penalty de l'histoire du football italien (et certainement pas le dernier, hein). Il est tiré et transformé par le joueur de Padoue, Giovanni Vecchina, à la 58e minute de la rencontre face à Modène. Un but inutile, puisque Padoue s'inclinera 3-1 à la maison. Et clairement, se dire qu'ils ont vu le premier penalty de l'histoire de la Serie A ne consolera pas les supporters padovani.
Premier but, premier péno, mais aussi premier but contre son camp. Celui-ci est inscrit par le malheureux napolitain Biagio Zoccola lors de la rencontre disputée à Turin, face à la Juventus.

Il ne manque plus à ce beau tableau que le premier joueur exclu dans l'histoire de la Serie A. Il se nomme Giuseppe Seccatore, soit le sécateur en VF, joue lui-aussi à la Pro Vercelli, et reçoit un carton rouge à la 79e minute pour avoir découpé un joueur du Genoa. On peut difficilement mieux porter son nom. Cette première journée donnera lieu à quelques suprises : la Lazio, repêchée quelques semaines avant le début du championnat, terrasse le champion en titre, Bologne, 3-0. Milan cartonne Brescia, 4-1, et l'Ambrosiana-Inter, futur champion d'Italie, débute sa saison par un succès 2-1 à Livourne. Vu de cette façon, les choses n'ont pas tant changé que ça.
Par Éric Maggiori
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