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  • Affaire de la sextape Valbuena-Benzema

Emmanuel Laureau : « Canal + a induit les gens en erreur »

Propos recueillis par Andrea Chazy
Emmanuel Laureau : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Canal + a induit les gens en erreur<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Publié début novembre sous le pseudonyme de Jérôme Picard aux éditions Talent Sport, le livre L'affaire de la sextape Valbuena-Benzema revient sur deux ans d'enquête et de révélations autour de l'histoire de la sextape. L'un des trois auteurs du livre, Emmanuel Laureau, a choisi de sortir de l'anonymat pour parler de l'ouvrage et des nombreuses zones d'ombre qui subsistent autour de cette affaire.

D’où vous est venue l’idée de faire un livre sur une affaire qui a commencé il y a deux ans, même si elle revient régulièrement sur le devant de la scène ?C’est vrai que ce n’est pas trop dans notre ADN. L’idée nous est venue pendant un brainstorming, avec un footballeur et un juriste sur FaceTime. Le sujet est venu comme ça sur la table, même si je ne l’ai pas trouvé très sexy. On m’a donné l’accès à toutes les sources d’un dossier que je ne connaissais finalement que très peu, via les grands noms comme Djibril Cissé ou Benzema qui revenaient régulièrement dans les coupures de presse. On a eu l’opportunité de rencontrer un personnage dans cette affaire de chantage, Mustapha Zouaoui, et je me suis dit qu’il y avait quelque chose à creuser, puis je me suis pris au jeu de cette enquête. Je voulais savoir qui avait fait quoi et quels étaient les liens entre les différents acteurs.

Comment avez-vous rencontré Mustapha Zouaoui dit « Sata » ?Je l’ai fait venir à Paris une première fois, puis une seconde juste avant son audition avec Djibril Cissé pour essayer de savoir quelle était sa version de l’affaire.

Il faut vraiment avoir rencontré « Sata » pour comprendre. Il a une certaine expérience pour répondre à la police, il a réussi à créer des mauvaises pistes, c’est quelqu’un de très dur à décrypter.

C’est lors de ce deuxième entretien que je l’ai trouvé moins sincère, il y avait des erreurs dans son discours par rapport à nos travaux de recherches que l’on menait en parallèle. Je me suis alors dit qu’il fallait creuser. J’ai ensuite rencontré Axel Angot, beaucoup plus réservé, et qui s’exprimait moins sur l’affaire, mais surtout sur l’entourage des joueurs. Les deux ont changé plusieurs fois de version et il faut vraiment avoir rencontré « Sata » pour comprendre. Il a une certaine expérience pour répondre à la police, il a réussi à créer des mauvaises pistes, c’est quelqu’un de très dur à décrypter. Que ce soit Axel ou lui, ils arrivent assez bien à vous noyer, notamment parce qu’ils sont assez sympathiques en apparence. Mais ils peuvent aussi faire peur.

L’un des deux vous a d’ailleurs envoyé certains messages qui s’apparentent à des menaces. J’imagine que ça doit être perturbant quand on n’est pas habitué à ce genre d’enquête.J’ai commis une erreur en réalité. On pense que les gens sont comme nous, mais ils viennent de milieux totalement différents, ils ont des codes différents. Je n’ai pas pris tout de suite la mesure de mon interlocuteur, qui lui était juste là pour gagner de l’argent sur les propos qu’il allait déclarer. C’est pour ça qu’on a mis un pseudo, je ne sais pas si c’était une bonne idée, c’était mon premier livre de ce type.

Qu’est-ce que vous avez retenu de positif des échanges avec eux ?Le point positif, c’est surtout qu’ils nous plongent vraiment dans la réalité des footballeurs. Ils acceptent de vous dévoiler la part intime des joueurs. Cette connaissance de l’intimité, ça va jusqu’à connaître le prénom des enfants, ils viennent avec des cadeaux pour eux et c’est ce qui leur donne une certaine complicité. Chaque joueur a sa part d’ombre, et il croit se confier à des amis. Évidemment, pour eux, c’est vraiment que du business.

On pointe souvent l’entourage des joueurs, mais est-ce que les joueurs eux-mêmes n’ont pas une part de responsabilité ?Si bien sûr. Karim Benzema aurait dû se détacher il y a bien longtemps de Karim Zenati, notamment compte tenu de la position dans laquelle il se retrouve aujourd’hui, à savoir présumé maître-chanteur envers un coéquipier de l’équipe de France.

Je pense que Benzema n’est pas conscient sur le moment qu’il fait quelque chose de mal. Aujourd’hui il l’est, même s’il ne le reconnaît pas.

Ils ne coupent pas leurs liens, car ils veulent la reconnaissance de là où ils viennent. Et ils en ont autant besoin que du soutien du grand public. Il aurait très bien pu couper les ponts, il mène un train de vie fastueux, il pouvait se faire de nouveaux amis. Là, c’est un gage de fidélité. Zenati a un casier judiciaire assez important, il aurait dû fermer la porte assez vite. C’est Zenati qui le pousse par ailleurs à communiquer avec Valbuena, et je pense que Benzema n’est pas conscient sur le moment qu’il fait quelque chose de mal. Aujourd’hui il l’est, même s’il ne le reconnaît pas. Après, s’il n’y avait pas eu les écoutes téléphoniques, Benzema n’aurait jamais été mis en cause.

Quand vous avez vu la campagne médiatique du clan Benzema avec la Une des Inrocks, l’émission de deux heures au Canal Football Club suivie du documentaire Le K Benzema, quelle a été votre réaction ?
Je suis choqué. Choqué car Benzema est toujours mis en examen. Personne ne comprend ce qu’a dit la cour de cassation et dans la formulation, Canal + a induit les gens en erreur. Ils disent que Benzema a obtenu gain de cause devant la cour de cassation et présente cela comme quelque chose de positif. Mais, à aucun moment, cela ne veut dire que Benzema est sorti d’affaire, car la cour de cassation juge que cette infraction de chantage est répétitive : c’est-à-dire qu’à chaque fois qu’elle est réalisée, il y a une infraction. Dans l’affaire de la sextape, il y en a au moins trois : celle de la première tentative de chantage avec l’utilisation – ou complicité selon la justice – de Djibril Cissé (puisqu’il est mis en examen, ndlr), la deuxième avec le corbeau et le policier-infiltré, puis la troisième avec justement Benzema et Karim Zenati. Les avocats de Benzema ont eu gain de cause, mais sur la deuxième tentative de chantage qui ne concerne pas leur client, car il n’a jamais été en relation avec le corbeau qui, lui, a reconnu les faits. Benzema est dans la troisième tentative de chantage, qui est recevable auprès de la justice, donc on ne sait pas encore s’il va être condamné ou pas.

D’où la grande complexité de cette affaire…Oui, et puis je suis très déçu que Benzema n’ait pas saisi cette opportunité pour reconnaître et dire qu’il a conscience d’avoir fait une connerie quand il propose à Valbuena de rencontrer quelqu’un qui peut l’aider à Lyon. Il aurait pu utiliser le temps médiatique pour s’excuser. On voit que dans d’autres sports, lorsque des sportifs s’excusent en public comme Tiger Woods par exemple, ça clôt le débat. Là, tant que l’affaire ne sera pas terminée, ça va revenir sur la table.

Mais ce débat, est-ce qu’il n’est pas aussi ré-alimenté par des sorties comme celles du K Benzema ou de votre livre ? Peut-être que cette affaire n’intéresse plus grand monde…
Je suis d’accord. Je pense que les fans, les passionnés de l’EDF veulent avoir ça derrière eux. Mais ils ont tous un avis, ils ont tous pris position sur le retour de Benzema ou non en équipe de France par exemple. Et finalement, peu connaissent les coulisses de l’affaire, et c’est l’objectif du livre : comprendre quel est l’entourage de ces footballeurs et comment ils se sont retrouvés mêlés à cette affaire. Mais si les avocats de Benzema n’avaient pas fait de recours, l’affaire serait close depuis longtemps.

Pourquoi avoir choisi de publier les écoutes téléphoniques, notamment certaines qui n’apportent finalement pas grand-chose de plus à ce qu’on sait déjà de l’affaire ?Le but, ça a toujours été le déroulé de l’enquête. J’étais impressionné que les forces de police, à partir d’une simple puce, puissent arrivent à démonter toute une affaire de chantage. Et puis le but était aussi de permettre au lecteur de se faire un avis sur la personnalité de chacun. On ne pouvait juridiquement pas prendre parti dans le livre, il fallait absolument rester neutre et montrer les différentes hypothèses. Ça montre aussi les rapports qu’ont les personnages entre eux, notamment entre Karim Benzema et Karim Zenati. On voit que Benzema n’est pas bien avant l’audition, qu’il est touché par l’affaire et on voit la proximité qu’il y a entre lui et son ami d’enfance. Pareil pour les casiers judiciaires, il y en a qui ont des casiers vierges et d’autres plus fournis. En apportant ces éléments-là, on essaye de permettre au lecteur de se faire une idée, sans porter de jugement.

Du coup, après avoir vu tout cela, vous êtes plutôt pour l’interdiction formelle ou bien la démocratisation des sextapes ?
(Rires.) Moi, je crois que quand on a 20 ans et un téléphone portable comme ceux d’aujourd’hui, je peux comprendre qu’on ait cet intimité-là avec sa copine. Après, il faut savoir de soi-même supprimer ce genre de contenus, et je crois qu’une sextape chez certains joueurs de foot, c’est un peu comme un trophée dans le vestiaire. Avant, c’était les caméscopes, du coup c’était plus compliqué, mais ce qu’a fait Valbuena, ça ne me choque pas.

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Propos recueillis par Andrea Chazy

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