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Elano, le bon coup d’Eriksson

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Elano, le bon coup d’Eriksson

La renaissance succincte de Manchester City, c'est d'abord l'argent du controversé Shinawatra, puis l'arrivée sur le banc de Sven Goran Eriksson et son onéreux recrutement. Parmi la pléiade de nouveaux joueurs ayant débarqué cet été, un est clairement au-dessus des autres : Elano, un Brésilien qui aurait pu moisir en Ukraine.

Au début de cette année, le milieu de terrain du Shakhtar Donetsk, Elano, priait chaque fois que la nuit tombait sur les froides prairies ukrainiennes. Souffrant du temps rugueux et de blessures à répétition qui ne lui ont permis qu’une quarantaine d’apparitions en trois saisons, faisant voler en éclats son rêve d’aller à la Coupe du Monde 2006, il craignait de devoir passer une paire d’années de plus en Ukraine.
« Je priais Dieu chaque jour, je lui disais que je voulais partir pour un plus gros club en Europe » se remémore-t-il. « Je ne regrette pas d’être allé là-bas, c’était une expérience très enrichissante, mais j’ai éprouvé beaucoup de difficultés qui ont affecté mon football. J’avais besoin d’un nouvel endroit pour ma carrière » .

En juillet, ses prières furent exaucées. Son agent l’appela ainsi pour lui annoncer que Manchester City était intéressé pour le signer. Moins d’une semaine plus tard, il était officiellement devenu un Citizen. Immédiatement, la tristesse s’en va. « J’ai été très chaleureusement accueilli, d’une manière amicale. C’était vraiment sympa » se souvient-il. « Il y a une atmosphère fantastique dans le club et la ville. J’ai tout de suite su que les choses seraient différentes pour moi dorénavant » . Mais personne, même pas SG Eriksson, qui a recruté Elano et huit autres joueurs, n’imaginait à quel point.

Lors de ses trois premiers mois à City, celui qui a coûté environ 12 millions d’euros a inspiré City pour le meilleur départ du club en championnat depuis trente ans, ce qui inclut une victoire lors du derby contre United. Elano est déjà nommé trois fois pour le plus beau but de la saison et a délivré de nombreuses passes décisives. Lorsque l’on demande à Eriksson pourquoi son équipe de City est tellement plus incisive que sa sélection anglaise, il répond simplement : « Parce qu’avec l’Angleterre, je n’ai aucun joueur comme Elano » .

Et ce n’est pas tout. Eriksson, habituellement avare en compliments, a même comparé son numéro 11 à Baggio et Gullit, qu’il a également coachés en Italie, après qu’il eut inscrit un incroyable coup franc contre Newcastle fin septembre : « Chaque fois qu’il a le ballon, vous savez que quelque chose va se passer » .

En effet, certains pensent déjà qu’Elano pourrait rafler le titre de joueur de l’année en Angleterre. Mais le timide et très terre-à-terre joueur de 26 ans prend ses précautions : « Quand j’ai entendu les mots d’Eriksson, j’ai pensé “Wow c’est super” mais quelques secondes plus tard, j’ai tilté. Quand un coach aussi respecté que lui dit tant de bonnes choses à votre sujet, vos responsabilités augmentent énormément. Vous savez que les gens vont vous suivre de très près, donc la seule chose à faire, c’est travailler doublement plus pour ne pas les décevoir » . Tout a commencé à quelques kilomètres de Rio.
Né dans la petite ville d’Iracemapolis dans l’état de Sao Paulo le 14 juin 1981, Elano Blumer commence par le futsal à sept ans. Originaire d’une famille pauvre, il travaille avec son père Geraldo dans les plantations de canne à sucre, mais à l’âge de treize ans, il décide de suivre son cœur et de rejoindre la ville de Campinas pour jouer pour l’équipe de jeunes de la modeste formation de Guarani. Seul dans les logements du club, il vit et respire football, devenant ramasseur de balles dans le stade Golden Earring avant de signer un contrat pro avec le club. Mais, pour cause d’apparitions limitées en équipe première, il part en 2000. « J’ai vite appris les hauts et les bas du football » dit Elano, philosophiquement. « J’étais heureux à Guarani d’être appelé parmi les pros, mais être parti sans la reconnaissance que je pensais mériter m’a profondément déçu » .

Le jeune milieu de terrain rejoint l’Internacional de Limeira, alors en première division de l’état de Sao Paulo, mais une nouvelle fois, il lutte pour être en équipe première. Toutefois, cela se révèlera une bonne chose, car l’équipe A étant en mauvaise posture, lui finit meilleur buteur du championnat des réserves avec 13 buts. Ce qui lui vaut alors d’être transféré à Santos en 2001, le club de formation de Pelé. L’équipe de Vila Belmiro entrait dans sa 17e année sans trophée majeur et le staff avait signé des noms célèbres comme Edmundo, Rincon ou Viola en espérant revenir en haut de l’affiche. Cette stratégie s’avérera être un vaste gâchis d’argent. Désespéré par les performances miteuses de ses vétérans, le coach Emerson Leao prend la décision de tout changer en 2002. Au ban les vétérans stars, place aux jeunes inconnus Robinho, Diego, Alex, Renato, Leo et Elano.

« C’était un de ces moments qui n’arrivent qu’une fois dans une vie » s’exclame Elano. « Après un match contre les Corinthians, Leao nous a enfermés dans le vestiaire et nous a dit qu’on pouvait gagner le championnat. Il disait qu’il n’avait plus besoin d’argent supplémentaire et qu’on pouvait faire toute la saison si on travaillait dur. Et on l’a fait. Ce fut une saison magique. Je ne sais pas si quelque chose de semblable est déjà arrivé dans le football et je ne sais pas si ça arrivera de nouveau » .

Les “Village Boys” créèrent un séisme dans le pays en remportant le titre de champion et en manquant de peu la Copa Libertadores l’année suivante – Elano, blessé, manqua la finale contre Boca Juniors.

En 2004, sous les ordres de Luxemburgo, ils conservèrent leur titre national, même sans Diego, qui avait rejoint Porto. Pendant que Robinho était le “Village Boy” le plus flamboyant, Elano apparaissait comme la dynamo de l’équipe. « Sans Elano, l’équipe ne marchait simplement pas » selon Luxemburgo.

A Santos, Elano se voit affubler du surnom de Curinga da Vila, référence à sa faculté à pouvoir jouer partout : « Je pense que le seul poste auquel je n’ai jamais joué est celui de gardien » .

Elano s’est également bâti une réputation de “marqueur de buts importants”. Il inscrivit ainsi le deuxième but de Santos lors de la victoire 3-2 dans le match décisif de 2002 contre Corinthians – match rendu célèbre par les sept pedaladas (passements de jambes) de Robinho face au défenseur Rogerio – et le but de la victoire 2-1 contre Vasco pour le titre 2004, ce qui lui valut les regards admiratifs des clubs de l’autre côté de l’Atlantique.
Le Shakhtar Donetsk était une destination improbable pour un homme des sub-tropiques, mais 15 millions d’euros, c’était trop d’argent pour que Santos puisse refuser l’offre et en février 2005, Elano s’est retrouvé seul dans le froid glacial d’Ukraine. « Quand la proposition est arrivée, je n’avais jamais entendu parler du Shakhtar. En fait, avant de signer, je suis allé en Ukraine pour voir si ça existait vraiment » admet-il. « Financièrement parlant, c’était un super deal, et les infrastructures étaient plus que correctes. Je devais y aller » .

Mais la plupart des Brésiliens leurrés par le “nouvel argent” en Ukraine et en Russie ont découvert combien la vie était dure là-bas. « Il y avait beaucoup de problèmes pour ma famille » confie Elano. « C’était juste trop dur de s’habituer au froid, on ne quittait jamais la maison. La nourriture était un problème aussi : je me faisais venir du riz et des haricots depuis le Brésil » . Le style de jeu n’était pas non plus à son goût – « Ils courent beaucoup et ne réfléchissent pas trop » – et certaines curiosités en dehors du terrain l’ont également intrigué. « Trois fois par an, l’équipe allait au théâtre de la ville pour être interviewée par les citoyens. Donc je devais toujours répondre aux questions des enfants. “Est-ce qu’il est gentil Ronaldinho ?” revenait souvent » .

Elano trouvait alors éventuellement du réconfort auprès de ses compatriotes Jadson, Matuzalem et Brandao, et pour sa première saison complète, il joue un rôle clé pour que le Shakhtar conserve son titre de champion. Malgré sa participation à la qualification pour le Mondial, Elano sera pourtant laissé de côté pour la Coupe du Monde 2006 par Parreira, et ce en dépit du fait qu’il ait surmonté une série de blessures. « J’ai été oublié, mais c’est bon, c’est du passé » .

Depuis que Dunga a pris le contrôle de la Seleçao, Elano est de nouveau de retour dans le groupe. En honneur à sa réputation d’inscrire des buts vitaux, il plante deux fois dans le match pas-si-amical-que-ça contre l’Argentine, 3-0, en septembre 2006. Un an plus tard, il aide une nouvelle fois son pays à fesser les Argentins en finale de la Copa America au Venezuela, 3-0.

Désormais, Elano est sûr que le coach ne l’oubliera plus jamais. Et il ne devrait pas y avoir trop de soucis là-dessus, Dunga ayant dit à Eriksson qu’Elano pour seulement 12 millions d’euros, c’était une bonne affaire. « Mon objectif avec le Brésil, c’est d’être en Afrique du Sud en 2010 » espère-t-il. « Il n’y a pas meilleure vitrine que l’Angleterre, et je suis sûr qu’Eriksson m’aidera à améliorer mon football. […] Je joue très bien pour Manchester, et les fans sont terribles. Les entendre chanter “Blue Moon” me donne des frissons. Moi et ma famille ne pourrions pas être plus heureux ici » .

En dehors de sa famille et du foot, Elano passe la plupart de son temps, notamment pour ses cours d’anglais, avec son compère Giovanni, et il a déjà réussi à imposer sa griffe dans le vestiaire. « C’est quelqu’un de festif en dehors du terrain, il aime se marrer » raconte Micah Richards. « Le reste des joueurs l’apprécient, et c’est quelqu’un que nous voulons toujours avoir autour de nous. Il n’est pas encore très à l’aise en anglais mais il veut toujours être de la partie quand il s’agit de rigoler avec les autres, et c’est ce que j’aime chez lui » .

Quelques coups d’éclat de sa part pour ses partenaires pourraient aider Manchester City à confirmer son inespéré début de saison. Mais peuvent-ils réellement tenir sur la longueur ? Typiquement, Elano se montre optimiste : « Les joueurs sont toujours en train d’apprendre à se connaître. Nous avons neuf nouveaux joueurs, et en janvier d’autres peuvent arriver. Une place en Champions League serait superbe, spécialement quand l’équipe s’est sauvée de justesse de la relégation la saison passée » .

Et pour le titre ? « C’est dur, mais pas impossible. On se doit de tous rêver à quelque chose » .
Celso de Campos Jnr, pour FourFourTwo.

Traduction : Pierre Maturana

David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

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