S’abonner au mag
  • 30 août
  • Journée mondiale des personnes portées disparues

Eamonn O’Keefe, pour le plaisir

Par Charles Alf Lafon
Eamonn O’Keefe, pour le plaisir

Au cours de sa riche et longue carrière, Eamonn a écumé à peu près tout ce que le Royaume-Uni compte de divisions obscures au cours des années 70 et 80. Mais surtout, il est le premier Européen à avoir signé en Arabie saoudite, où un prince est tombé amoureux de lui.

Comme beaucoup d’histoires de footballeurs anonymes, celle d’O’Keefe commence avec une blessure. Natif de Manchester – en 1953 -, il n’est pas si loin de rejoindre les rangs des jeunes de United lorsque sa jambe se brise dans un choc lors d’un match scolaire. Alors, il rejoint les rangs du Stalybridge Celtic, un club amateur évoluant en Cheshire County League, sorte d’équivalent de la CFA. Meilleur joueur de la saison, il part à Plymouth, en Third Division, seulement pour que l’entraîneur ne finisse par lui dire qu’il ne sera jamais rien d’autre qu’un joueur de complément.

O’Keefe retourne donc à la case départ, dans sa ville natale, et trouve refuge à Hyde United pour la saison 1974-1975. Mais son séjour à la maison ne dure là aussi qu’un temps. En novembre 1975, il reçoit un appel surprise de George Smith, son coach du temps de Stalybridge. Celui-ci lui propose de le rejoindre en Arabie saoudite, à Al-Hilal, pour participer à la Saudia Arabian Premier League nouvellement créée à grands renforts de pétrodollars. Toujours partant, Eamonn accepte, et devient ainsi le premier Européen à évoluer en Arabie saoudite. Le début d’une vie rêvée. Et des ennuis.

Exotic lover

Dans un premier temps, l’Irlandais ne part que pour un essai d’un mois. Et on peut dire qu’il tape dans l’œil des dirigeants. Surtout du prince Abdullah Bin Nasser Bin Abdullahziz Al Saud, le président du club. Dès son premier entraînement, il claque deux pions de la tête lors de l’opposition. « J’avais l’impression d’être dopé, se souvient-il. Les gars pensaient que j’étais Pelé ! » Suffisant pour que le Prince lui offre un contrat en or : salaire royal, des bonus de victoire, assurance médicale pour lui et sa famille, une voiture, un appartement, et deux vols aller-retour par an pour retourner en Angleterre, pour rendre visite aux siens.

Soucieux du confort de sa nouvelle idole, le prince l’invite régulièrement chez lui, où il discute longuement avec ses frères. Et pour ce qui est de la voiture, il lui offre une Pontiac Ventura flambant neuve. Sur le terrain aussi, tout se passe bien ; c’est donc le cœur léger et l’impression d’avoir réussi qu’Eamonn rentre en Angleterre pour des vacances méritées après une saison bien remplie. Trois semaines après son retour, il reçoit un nouvel appel décisif : le prince souhaite le voir à Londres. Un tour de limousine avec chauffeur plus tard, l’affaire est dans le sac. Au cours d’un repas délicieux, O’Keefe apprend alors que le prince et sa femme vont se lancer dans un tour d’Europe, par Paris, Cannes et Rome, avant de retourner en Arabie saoudite. O’Keefe sera du voyage s’il le souhaite. Il le souhaite.

Footballeur ou escort

La dolce vita bat son plein : vols privés, déjeuners avec ambassadeurs, appartements exquis, virées en casino. Au retour de l’une d’elles, passablement éméché, le prince se rapproche d’Eamonn dans une scène digne des meilleures comédies romantiques. « J’ai envie de te dire quelque chose depuis tellement longtemps – depuis que tu es venu à Londres en fait, mais ce n’est pas facile à dire. » Inquiet et confus, Eamonn ne trouve qu’un « Balance » à répliquer. D’un geste, le prince pose ses mains sur les épaules d’Eamonn, le regarde profondément. « Je crois que je t’aime. » « Tu veux dire comme un frère… ? » « Non, je ne veux pas dire de la manière dont j’aime mes frères. »

En un instant, tous les avantages d’une telle relation sont évoqués : « Oublie le football, oublie le travail. Je veillerai sur toi. Tu n’auras plus besoin de t’occuper de quoi que ce soit. Tu auras tout ce que tu voudras. » Pas à l’aise avec sa sexualité, Eamonn préfère reculer et briser le cœur du prince : « Recule, s’il te plaît. Tu me rends nerveux. T’es un gars bien et tu as une famille adorable, mais je n’aurai jamais ce genre de sentiment pour un homme. » Avant de finir par assurer son avenir : « J’aimerais continuer de jouer pour Al-Hilal et avoir une relation professionnelle avec toi. Oublions que cette conversation ait jamais eu lieu. »

Des adieux et un crime

De retour en Arabie saoudite, Eamonn va immédiatement demander conseil à Smith, qui lui conseille de quitter le pays. Un plan est rapidement mis sur pied : il ira rendre visite à son père, prétendument malade. Dans un premier temps, le prince refuse, mais face aux arguments de Smith, il finit par accepter. Pour une semaine seulement. O’Keefe évite les adieux trop appuyés, ne prend que le strict nécessaire. Le prince a choisi de lui faire confiance. Alors l’Irlandais part, pour ne jamais revenir. À seulement 22 ans, il continuera sa carrière, glanant même des sélections avec l’Irlande, pour finir par écrire un livre qui raconte cette histoire, et bien d’autres. En 2010, Saud bin Abdulaziz bin Nasser Al Saud, le neveu du prince, a été condamné à 20 ans de prison pour avoir assassiné son amant. On peut dire qu’Eamonn l’a peut-être échappé belle.

Comment se procurer le nouveau maillot de l'Equipe de France ?

Par Charles Alf Lafon

Propos issus de l'autobiographie d'Eamonn O'Keefe, I only wanted to play football.

À lire aussi
Articles en tendances
02
Revivez : France-Allemagne (0-2)
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne
Revivez : France-Allemagne (0-2)

Revivez : France-Allemagne (0-2)

Revivez : France-Allemagne (0-2)
32
Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)
  • International
  • Amical
  • France-Chili
Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)

Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)

Revivez la victoire de la France face au Chili (3-2)
Logo de l'équipe France
EDF, le coup de la panne
  • International
  • Amical
  • France-Allemagne (0-2)
EDF, le coup de la panne

EDF, le coup de la panne

EDF, le coup de la panne
Logo de l'équipe Géorgie
Willy Sagnol headcoach of Georgia during talks to Ovidiu Hategan (ROU) referee in action during UEFA European Championship Qualifying: Group A match between Spain and Georgia at Stadium Jose Zorrilla on November 19th in Valladolid (Spain) (Photo by Luis de la Mata / SportPix/Sipa/ USA) - Photo by Icon sport   - Photo by Icon Sport
Willy Sagnol headcoach of Georgia during talks to Ovidiu Hategan (ROU) referee in action during UEFA European Championship Qualifying: Group A match between Spain and Georgia at Stadium Jose Zorrilla on November 19th in Valladolid (Spain) (Photo by Luis de la Mata / SportPix/Sipa/ USA) - Photo by Icon sport - Photo by Icon Sport
  • International
  • Géorgie
Géorgie : le roman de Sagnol

Géorgie : le roman de Sagnol

Géorgie : le roman de Sagnol

Votre avis sur cet article

Les avis de nos lecteurs:

Dernières actus

Nos partenaires

  • Vietnam: le label d'H-BURNS, Phararon de Winter, 51 Black Super, Kakkmaddafakka...
  • #Trashtalk: les vrais coulisses de la NBA.
  • Maillots, équipement, lifestyle - Degaine.
  • Magazine trimestriel de Mode, Culture et Société pour les vrais parents sur les vrais enfants.
  • Pronostic Foot 100% Gratuits ! + de 100 Matchs analysés / semaine