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Doze FC : l’ambitieux ovni du foot brésilien

Par William Pereira
Doze FC : l’ambitieux ovni du foot brésilien

Né le 12 décembre 2014, le FC Doze (traduisez FC Douze) fait parler de lui depuis le début de l'année au Brésil. Ce club, lancé par un supporter de Vasco de Gama, a en effet l'ambition de monter en Serie A d'ici 2020 avec une particularité : celle de laisser ses socios gérer l'écurie.

São Paulo, début des années 80. Le sociologue Adilson Monteiro prend les rênes des Corinthians. Visionnaire, ce révolutionnaire opposé au régime autoritaire de l’époque implante un système démocratique au sein du Timão. Les joueurs et le staff ont le droit de formuler des propositions et votent pour ou contre. Le club ne peut virer ou recruter de joueur sans majorité. Ce grand bras d’honneur footballistique adressé à la dictature était incarnée par le docteur Sócrates et portait un nom : Démocratie corinthiane.

Trente ans après, dans l’État de l’Espirito Santo (au nord de Rio de Janeiro), un homme a décidé de réimplanter la démocratie dans le football. Cet homme, c’est Israël Levi. Ni révolutionnaire, ni vraiment politisé, ce supporter désabusé de Vasco de Gama s’est simplement inspiré de sa frustration pour développer son projet. Las de voir et devoir subir la décadence d’une équipe autrefois victorieuse sans y pouvoir quoi que ce soit, Levi décide alors de sortir les mains de ses poches pour créer un club qui donnerait le pouvoir à ses socios. Cette folie s’appelle le Doze FC (dans notre langue le « Douze FC » ) et a symboliquement vu le jour le 12 décembre 2014 à midi (12/12 à 12h). Un mois et demi plus tard, le douzième homme est déjà composé de plus de cinq mille individus, tous convaincus qu’un « groupe est plus malin que le plus malin du groupe » comme croit le savoir le slogan du Doze FC.

Recrutement sur Youtube

Si le projet est original, il est loin d’être nouveau. En 2007, la communauté de Myfootball avait pris, sans grand succès, la direction du modeste club d’Ebsfelt United. Malgré le million d’euros rassemblé par les 20 000 membres décisionnaires, le projet avait échoué. Un an plus tard, Issy les Moulineaux et Foot 365 ont essayé d’importer le modèle en France. En vain. Pas de quoi décourager la nouvelle écurie brésilienne dont le modèle va beaucoup plus loin. Là où Ebsfelt et Issy offraient la possibilité de composer tactique et onze de départ à leur communauté en échange d’une contribution financière, le Doze FC donne à ses socios un pouvoir beaucoup plus étendu via le crowdfunding (non obligatoire à l’inverse des modèles anglais et français), le crowdsourcing (le vote des socios décide de la manière dont sera investi l’argent du club) et le crowdmanaging (qui laisse aux socios une infinité de possibilités allant du choix de l’entraîneur à celui de la couleur du maillot). Bref, Doze va plus loin, excepté sur un point : les socios auront moins d’influence sur le onze de départ que ne l’avaient ceux d’Ebsfelt. Ils pourront décider de la tactique de base, mais pas plus. De fait, Israël Levi a fait le contraire de ce que proposaient les Anglais en donnant plus de pouvoir à la foule en amont, en mettant entre ses mains la question du recrutement.

Donner la parole au maximum de socios pour une seule décision n’étant pas chose aisée, la direction de l’équipe compte sur les réseaux sociaux afin de mobiliser un maximum de votants à chaque fois. Si le recrutement de joueurs pros a été exceptionnellement géré par Levi et ses amis investisseurs pour le lancement du projet, c’est à travers Facebook et YouTube que s’est réalisée la pré-sélection de 29 joueurs non professionnels (de 16 à 20 ans) destinés à passer un dernier test devant le staff du club dans les prochains jours. Les aspirants devaient, en deux minutes, répondre à une simple question : « Pourquoi je mérite de jouer pour le Doze FC » ? Certains ont opté pour une compilation de leurs highlights avec ce que cela implique (musique pourrie, fondus kitsch au possible), d’autres ont joué la carte émotionnelle en se présentant les larmes aux yeux, etc. Au total, 152 candidatures ont été traitées par le club. Ne seront retenus qu’un gardien, un défenseur, deux milieux et un attaquant. La phase finale des sélections aura lieu le 28 janvier dans le complexe de rêve du Doze FC, digne des plus grandes formations du continent.

Objectif Serie A d’ici 2020

L’Hotel Fazenda China Park (c’est son nom) a en effet de quoi faire rêver. En plus de terrains d’entraînement parfaitement entretenus – fait déjà exceptionnel en soi pour une équipe de Serie B régionale -, les joueurs auront le luxe de disposer de piscines, d’un spa, d’une salle de sport et d’une grande salle de détente. Homologué par la FIFA comme centre de niveau international, il aura fallu 10 millions de reais (environ 3,3 millions d’euros) pour ériger un monument dont la location devrait vite coûter cher au Doze FC s’il n’accède pas rapidement à l’élite du football brésilien. Israël Levi le sait, et c’est pour ça qu’il n’envisage rien d’autre que la Serie A d’ici 2020 et le titre en Serie B de l’état du Espirito Santo cette année. Autrement dit, le proprio ne se laisse aucune marge d’erreur, car il faut cinq ans pour passer de la Serie B régionale au Brasileirão. Pas de quoi le stresser pour autant. C’est que Levi et sa troupe d’investisseurs (dont on ignore tout) ont mis la main à la poche sur le marché des transferts. L’entraîneur, Sorato (vainqueur du championnat sous le maillot de Vasco en 89) et des briscards comme Irineu (ex-Flamengo et Braga) ou Jonilson (ex-Botafogo, Vasco, Cruzeiro…) en sont la preuve. Sauf catastrophe, ils devraient permettre au Doze FC de franchir la première étape de leur hypothétique ascension à l’issue de l’année 2015 dans un championnat régional plutôt faible et mal structuré. La chose devrait vraiment se corser lorsqu’ils débarqueront en Serie D nationale. Au final, la seule certitude demeure dans les tribunes, car le douzième homme est déjà la raison d’être du Doze FC.

Site officiel du club : http://dozefc.com.br/

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Par William Pereira

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