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Doha l’exploratrice à Malaga

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Doha l’exploratrice à Malaga

Sensation espagnole de ce début de mercato grâce à l'argent du Qatar, le club de Malaga signait ce mercredi un partenariat avec l'Unesco. So Foot s'y est rendu en jet privé. Un aperçu de ce que le PSG pourrait devenir.

Oranges pressées, thé à la menthe et petits fours, l’ambiance est feutrée dans les jardins du Musée Picasso, au coeur de la vieille ville de Malaga, cité très andalouse de la Costa del Sol, à une petite heure de Marbella. Le temps couvert et moite de ce 1er juin colle aux costumes-cravates réunis pour célébrer la signature du partenariat entre l’Unesco et le club racheté il y a un an par le cheikh qatari Abdullah ben Nasser ben Abdullah al Ahmed Al Thani, cousin éloigné de l’émir et, donc, milliardaire. Politiques locaux et nationaux, pontes du football espagnol, les invités sont triés sur le volet et la presse du pays est restée dehors, ce qui rend encore plus étonnant le fait d’être parvenu à se glisser au deuxième rang de l’auditorium où se déroule la cérémonie. « Cette alliance trouve son origine dans la volonté de promouvoir les valeurs et objectifs d’un sport sain, sans dopage, et celui de parvenir à une société sans racisme ni discriminations » , envoie Irina Bokova, directrice générale de l’agence onusienne pour l’éducation, la science et la culture. Rien que ça.

Les grandes paroles fusent à la tribune, prononcées successivement par le vice-président du club, Abdullah Mohammed Haj Ghubn (celui qui s’occupe vraiment du club, puisque le cheikh n’est présent aujourd’hui en Espagne qu’à titre exceptionnel, ndlr), le secrétaire d’Etat aux affaires étrangères Bernardino Leon et quelques sportifs venus soutenir la cause comme le basketteur Berni Rodriguez ou la skieuse Maria José Rienda. Et Ruud van Nistelrooy. Le Néerlandais a signé son contrat dans la journée et s’est pointé en coup de vent pour dire sa « fierté d’être témoin de la signature de cette accord » , avant de repartir par une porte dérobée pour éviter les journalistes postés à l’entrée. C’est le gros coup de la journée, celui qui n’était pas prévu au programme. La première recrue d’une longue série pour une équipe qui regrette encore Julio César Dely Valdés.

Jet privé, voitures de sport et gambas

Car lorsqu’il a racheté le club en juin 2010, le président de Nasser bin Abdullah and Sons a décidé de ne pas faire les choses à moitié. Après avoir changé toute l’administration du club (en recrutant local) puis mis Manuel Pellegrini sur le banc en cours de saison, le Malaga CF a bien l’intention de mettre le feu au mercato. Outre l’attaquant batave, ce sont Lucho Gonzalez, Joaquin, Javier Pastore ou encore Jérémy Toulalan qui sont annoncés cet été à la Rosaleda. Le stade historique du club, rénové en 2006 et flambant neuf, pourrait d’ailleurs être remplacé à court terme par une énorme enceinte de 90 000 places. Mais pour le moment, on songe surtout au nouveau centre de formation, dont la première pierre devait être posée par la directrice générale de l’Unesco pour symboliser l’importance des jeunes dans le partenariat entre les deux entités. « Finalement, elle a juste planté un olivier, parce qu’on ne sait pas encore où sera construit le centre, c’est en discussion avec les politiques » , avoue Suzana, l’attachée de presse chargée de balader les journalistes.

En une petite journée sur place, on se rend aisément compte de la puissance financière du club. Pour transporter Irina Bokova et son équipe de Paris à Malaga, le cheikh a mis à disposition son jet privé de douze places avec canapé à l’arrière, que l’Unesco a eu la bonne idée de partager avec nous. Au menu : macarons de chez Ladurée, champagne Veuve Cliquot et plats qui surpassent de loin les plateaux repas d’Air France. Une fois sur place, le tour operator qataro-espagnol nous emmène en minibus pour la visite du stade. Dans le parking de la Rosaleda, les deux voitures de sport de chez Mercedes et Pagani appartiennent au cheikh et à son lieutenant. Malaga est peut-être le seul club au monde où les propriétaires ont de plus belles caisses que leurs joueurs. Sur la pelouse, les nouveaux maillots sont offerts aux officiels de l’Unesco, qui apparaît comme seul « sponsor » . « L’ancien était une société de paris en ligne, éclaire Eric Falt, directeur des relations extérieures de l’organisme. La première décision du cheikh a été de dire qu’il ne voulait plus de ça et qu’il préférait mettre notre sigle sur le maillot. » Au milieu des enfants de l’école de foot, on tire quelques penaltys au gardien argentin Wilfredo Caballero pour les photographes et cameramen pressés autour du terrain. Le cheikh apparaît en un éclair et embarque la délégation pour un déjeuner dans les salons du stade. Les accompagnateurs (c’est à dire nous, ainsi que les responsables de la com’) sont conduits dans un restaurant du coin pour se faire rincer en charcuterie et en fruits de mer avant d’aller faire un tour sur la plage.

« Le PSG, c’est le club de l’émir »

Le problème, c’est que les voyages de presse sont aux reportages ce que les voyages organisés sont aux voyages : au bout d’un moment, on s’ennuie. Pas que le traitement soit désagréable, mais allez expliquer à votre rédaction que vous avez fait l’aller-retour en Espagne pour aller manger des gambas. Alors on s’impatiente, on s’énerve un peu et finalement, après les discours au Musée Picasso et un concert de flamengo, on finit par accéder à la conférence de presse. « Attention, il ne sera répondu à aucune question sur l’aspect sportif » , prévient l’interprète anglais-espagnol. Et sur les applications concrètes de l’accord ? Au milieu des assertions de type « le dopage c’est caca » ou « le racisme c’est mal » (le slogan de l’accord est « Imaginer la paix » ), on comprend que les réseaux sociaux sur internet seront utilisés et que les jeunes du centre de formation seront sensibilisés. Comment ? « L’Unesco va y travailler, elle a plus d’expérience que nous dans ce domaine, mais nous sommes déjà d’accord sur la ligne à suivre et les objectifs » , répond le vice-président Haj Ghubn (le cheikh est présent à la tribune mais ne s’exprime pas). Difficile de ne pas repartir avec l’impression que le club (qui n’a pas vraiment besoin des revenus d’un sponsor maillot classique) veut juste se payer un bon coup de pub, même si les représentants de l’Unesco semblent parfaitement sincères en nous assurant l’inverse.

Tout le monde se lève, il est temps de repartir vers l’aéroport. C’est le moment de rattraper le vice-président par la manche, sur les rues pavées de la vieille ville, pour savoir s’il compte tisser des liens avec le Paris Saint-Germain après la reprise du club par Qatar Sports Investments, société affiliée au fond souverain de l’émirat. « Non, ce n’est pas prévu, nous n’en avons pas encore discuté, répond aimablement Abdullah Mohammed Haj Ghubn. Vous savez, c’est compliqué les échanges de joueurs, ça ne se passe pas comme ça dans le football. » Puis, avec un sourire et sur le ton de la plaisanterie : « Mais si eux le veulent, nous n’aurons pas le choix. C’est le club de l’émir… » Sûr que les Parisiens seront ravis de l’apprendre.

Par Thomas Pitrel

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