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  • France – Coupe de la Ligue – Finale – Saint-Etienne/Rennes

Dites les Rennais, ça fait quoi de supporter des losers ?

Par Régis Delanoë, à Rennes
Dites les Rennais, ça fait quoi de supporter des losers ?

Depuis quelques années, le Stade Rennais se paie une grosse réputation de club qui ne gagne jamais rien et qui se plante toujours au moment de conclure. Avant la finale de Coupe de la Ligue face à Saint-Étienne, on a interrogé des supporters des Rouge et Noir pour avoir leur avis sur la question.

Club de losers, une réputation justifiée ?

Dans leur grande majorité, les supporters rennais endossent l’embarrassante étiquette. « Pourtant, avant 2007, on était un club normal, même un peu chatteux » , tient à rappeler Pierre, faisant allusion au Stade Rennais pré-Pinault, qui se maintenait miraculeusement en élite certaines saisons où il ne l’aurait pas forcément mérité… Mais depuis, il y a eu le podium manqué à la dernière seconde de l’ultime match de la saison 2007 suite à un but du Lillois Nicolas Fauvergue, la perte traumatisante de la finale de Coupe de France deux ans plus tard face au petit poucet voisin Guingamp, ou encore l’élimination honteuse à Quevilly au printemps dernier, aux portes du Stade de France. Entre autres désillusions et rendez-vous manqués. « Tout le monde connaît la théorie du cimetière indien ou de la malédiction druidique mais pour moi ça va encore au-delà, explique Thomas. C’est comme si on était dans un jeu de réalité virtuelle avec un sadique qui lance des catastrophes sur le club, un peu comme un maire qui s’ennuie à Sim City et envoie Godzilla sur sa ville. » De son côté, Sylvain signale que « lors des coupes nationales, ça fait plus de trois ans que le SRFC n’a pas été éliminé par un club de L1, alors que face aux petits, c’est la porte de sortie quasi assurée » . Se faire taper par plus faible que soi, ouais c’est vrai que c’est bien loser ça… Seul motif de satisfaction : constater que le voisin et grand ennemi nantais fait encore pire sur la période. Encore que certains supporters rennais espèrent voir les Canaris remonter en fin de saison, histoire de « raviver la flamme » , comme le dit Matthieu. « Ils me manquent ces cons-là, reconnaît aussi Bastien. C’est un peu comme le connard de grand frère qui se casse du foyer juste au moment où tu fais ta crise de croissance et où tu vas pouvoir lui mettre une bonne branlée en mémoire de toutes les humiliations passées. C’est injuste ! »

Rennes contre le reste du monde ?

Que ce soit sur Canal + avec Pierre Ménès ou sur RMC avec Daniel Riolo, le Stade Rennais reçoit rarement les compliments et apparait comme une cible récurrente de railleries. Rien de plus logique selon Bastien, qui fait remarquer que son club de cœur a « tout pour se faire taper par les médias parisiens : là où les autres clubs bretons sont perçus comme de braves clubs qui se battent avec les moyens du bord, avec un état d’esprit irréprochable et des valeurs champêtres, Rennes est le club d’un milliardaire dans une ville plutôt bourgeoise. Ce qui ne nous rend éligibles ni à la condescendance sympathique accordée aux clubs de « bouseux », ni au respect qu’on accorde aux clubs « crédibles ». On est trop bons pour faire pitié et pas assez pour susciter le respect ou la jalousie. » Pour Fabrice, certains journalistes auraient également tendance à la paresse intellectuelle lorsqu’il s’agit d’analyser le jeu du Pinault FC : « Quand on parle encore aujourd’hui de Rennes comme d’une équipe de bourrins alors que le milieu Mandjeck, M’Vila et Doumbia a été remplacé par Makoun, Pajot et Féret, c’est qu’on n’a pas trop suivi ce qui s’y passe. » « Mais quelque part, enchaîne Cyrille, c’est positif qu’on nous critique car cela veut dire qu’on attend plus de nous. »

Des losers romantiques ?

C’est peu dire aussi que l’ambiance du stade de La Route de Lorient n’a pas très bonne réputation parmi les suiveurs de la Ligue 1. Pourtant Sylvain l’affirme, « il y a une vraie culture foot à Rennes et plus généralement en Bretagne » , comme en atteste le très fort taux de licenciés FFF, l’un des plus importants en France. Alors la supposée froideur de l’enceinte rennaise, il tient à la relativiser. « Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il y a un nombre restreint de footix dans les tribunes. Tout simplement parce que le footix va naturellement vers les équipes qui gagnent et n’a aucun intérêt à supporter un club comme le SRFC, où les raisons de se plaindre sont beaucoup plus nombreuses que celles de se réjouir. » Autrement dit, les déconvenues en série permettent de se prémunir d’une invasion d’opportunistes et de supporters à la petite semaine. Le vrai fan des Rouge et Noir doit obligatoirement faire preuve à la fois de robustesse, d’humilité et d’autodérision pour encaisser le choc des déceptions. « L’autodérision est même devenu un art de vivre, reconnaît Fabrice. Le supporter du Stade Rennais a un côté Jean-Claude Duss et dès qu’il se prend pour Thierry Lhermitte, c’est la gifle directe. »

Losers éternels ?

Les défaites et les déconvenues, c’est rigolo cinq minutes mais faudrait quand même pas trop que le mauvais œil s’éternise en Ille-et-Vilaine. D’ailleurs Thomas aimerait voir un jour passer son club « de beautiful loser à dirty winner » . « Rennes a crucialement besoin de sortir rapidement de cette spirale de la lose » , estime Matthieu, « car le club est en train d’atteindre un point de non-retour, il y a une fracture entre les supporters et le club » . Même constat pour Thomas, qui s’agace de plus en plus de « la politique d’austérité permanente » de la direction, « ce côté « on vise le classement de notre budget et faut pas trop attendre de nous car oh la la, on n’a pas les moyens ! » me débecte. On a pourtant montré par le passé qu’il y avait moyen de s’enflammer pour ce club, qu’on avait un trop plein d’amour à déverser. » Et les supporters de se remémorer le Stade de France repeint aux couleurs bretonnes en 2009 lors de la finale face au voisin guingampais, avec une ambiance rarement vue dans cette enceinte, ou plus récemment le succès de la demi-finale de Coupe de la Ligue face à Montpellier, avec envahissement de pelouse au coup de sifflet final… « Malgré ça, les médias nationaux préfèrent ne pas creuser le sujet et restent sur le cliché du public froid, déplore Sylvain. Mais essayez de remplir les tribunes d’un club qui n’a rien gagné depuis 42 ans et après seulement, vous pourrez dire que ce public n’a pas de passion ! »

Face aux Verts en victime expiatoire ?

Ce soir au Stade de France, la confrontation paraît inégale. D’un côté, des Verts sûrs de leur force, invaincus en 2013 jusqu’à leur défaite cette semaine en Coupe de France face à Lorient et portés par la bienveillance d’une majorité de l’opinion publique et des médias nationaux. De l’autre, des Rennais au fond du trou, qui enchaînent les défaites depuis deux mois et qu’Antonetti lui-même a traités de « tocards » de cette finale. Mais c’est justement parce que les Bretons débarquent en outsiders qu’ils sont capables de surprendre encore leur monde, et cette fois dans le bon sens. C’est le fameux art du contre-pied rennais. « Et puis une finale, c’est toujours une nouvelle histoire, pose Fabrice. Les antécédents, le palmarès, la forme du moment ne comptent pas. En plus, Saint-Étienne est exactement dans la même configuration que Rennes en 2009. » A savoir une équipe débarquant à Saint-Denis (trop ?) sûre de sa force et de la victoire finale. Pierre aussi trouve des similitudes troublantes entre la suffisance des Verts ces derniers jours et celle de ses protégés il y a quatre ans face à l’EAG : « Ils se voient pour la plupart déjà avec la Coupe entre les mains, ça sent plutôt bon pour nous. » S’ils seront probablement en minorité ce soir, les supporters rennais vont investir les travées de l’enceinte dionysienne parés d’une armure forgée à mesure que les désillusions se sont accumulées. « Sans trop se faire d’illusions » quant à l’issue de la rencontre, comme le reconnaît Sylvain, mais en espérant pouvoir connaître enfin l’ivresse de la victoire. Après tout, sur un malentendu, ça peut marcher, pour reprendre l’image Jean-Claude-Dussienne… Bastien s’y voit déjà : « Imagine : 42 ans qu’on se prend des râteaux (rapport au dernier trophée, la Coupe de France 1971, NDR) et paf, on chope ! Ça risque de créer une sacrée tempête sous nos crânes, et je ne parle pas seulement de la gueule de bois du lendemain. » Fantasme partagé par Cyrille, impatient : « On a tous envie de gagner parce qu’on veut voir ce que ça fait. Quand tu gagnes, tu fais quoi ? Tu pleures ? Tu chantes ? Tu fais la tournée des bars jusqu’au petit matin ? On veut savoir ! »

Les notes de Manchester City-Real Madrid

Par Régis Delanoë, à Rennes

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