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Dijon, les yeux sur le monde amateur

Par Arnaud Clement
Dijon, les yeux sur le monde amateur

Malgré un budget inférieur à la moyenne de L2 (9,5 millions, pour 10 millions de moyenne) et une masse salariale encadrée par la DNCG, le Dijon FCO pointe en tête de son championnat, avec un groupe constitué en partie de joueurs suscitant désormais la convoitise de tout le monde pro : les tout bons des championnats amateurs.

Du CFA à la L2, il n’y a qu’un pas que Jessy Benet a franchi cet été avec le Dijon FCO. Finies les joutes dans des enceintes à moitié vides d’Yzeure, La Duchère ou Chasselay. Le garçon évolue depuis cette année contre Nancy, Ajaccio ou Brest. « Il y a deux saisons, j’étais encore avec les U19 de Montceau-les-Mines, le club que j’ai rejoint à 13 ans. J’ai intégré le groupe CFA aux entraînements en octobre 2012 et j’ai commencé à jouer en championnat en janvier 2013. » Avant que Dijon ne lui mette le grappin dessus et ne l’aligne désormais aux côtés de Varrault, Amalfitano ou Rivière dans l’antichambre de l’élite – quatre apparitions cette saison – comme le club de Côte-d’Or le fait fréquemment depuis 2008. Romain Philippoteaux est dans le même cas de figure, lui qui évolutait en DH dans le Sud de la France en fin de saison 2011-2012 : « Après la DH, j’ai fait six mois en CFA au Pontet, en début de saison dernière, où j’ai mis sept buts et fait dix passes décisives en douze matchs. Et les agents et les clubs ont commencé à se signaler, Le Havre en premier. Mais Dijon, où je savais que les jeunes et les amateurs avaient leur chance, m’a mis à l’essai le premier et m’a de suite bien accueilli, ce qui m’a poussé à signer. » Dans la lignée de Benjamin Corgnet ou Éric Bauthéac, eux aussi passés entre les mailles du filet du système de détection et de formation à la française. Romain Philippoteaux s’est, lui, fait recaler pour son gabarit chétif : « J’ai fait des tests dans trois centres de formation. J’étais technique et j’avais une bonne vision du jeu, mais je n’étais pas très rapide et costaud. Bref, pas dans les critères physiques de l’époque. »

Si aujourd’hui, la plupart des clubs de L1 ou L2 jettent volontiers un œil sur les divisions inférieures depuis les phénomènes Ribéry ou Valbuena, ainsi que pour des questions de restriction budgétaire et d’omniprésence de la DNCG, Dijon en fait une de ses marques de fabrique depuis six ans déjà, comme l’explique Sébastien Larcier, ex-joueur du club reconverti dans la cellule de recrutement dijonnaise : « Le club a pris un vrai virage après le départ de Rudi Garcia. À l’époque, nous avions des joueurs d’expérience, ce qui nous permettait d’exister, avec les médias notamment. Dijon étant un club jeune (NDLR : fondé en 1998), c’était un peu un inconnu dans le milieu et pour le grand public. Puis, avec les effets de la crise, on s’est dit qu’on risquait de grosses difficultés financières à continuer de recruter des Carrière, des Asuar, des Boudarène… On voulait ne pas se mettre en danger et se donner les moyens de bâtir notre centre de formation. Donc on a fait le choix de constituer une cellule de recrutement en 2008 et de se tourner en partie vers le National, le CFA ou le CFA2, vers des clubs amateurs du point de vue du statut, mais dont la plupart sont structurés au point d’être semi-pros. » Pour en arriver en 2014 à un effectif constitué pour moitié de jeunes rejetés des centres de formation, comme les ex-Rennais Eliott Sorlin ou Pierre Lemonnier, et l’ancien Messin Brian Babit, ou d’éléments venus de ces niveaux inférieurs, tels Pape Paye (MDA Chasselay ou La Duchère) ou Julio Tavarès (ex-FC Bourg-Péronnas). Ce dernier jouait même il y a encore quelques années au niveau district, dans l’Ain.

« Ils veulent tout croquer »

Un système qui marche tant sur les plans sportif que financier, à en croire Sébastien : « Ça a bien fonctionné ces dernières années, puisqu’on fait partie des clubs de L2 ayant le plus vendu. On est désormais plus sain financièrement, après le contrecoup de la Ligue 1 et les gros salaires qui allaient avec. On voit enfin le bout du tunnel. Et sportivement, on se trouve régulièrement dans le top 6, on s’installe petit à petit pas très loin du très haut niveau. » Attention toutefois, ce même système dépend aussi et surtout des hommes en place. N’est pas Patrice Carteron ou Olivier Dall’Oglio qui veut. « Pour que ça marche, il faut laisser le temps à ces garçons de mûrir, de progresser et de s’acclimater dans un univers nouveau et différent, tant en termes de football que de vie personnelle, chose qui peut prendre parfois trois ans, ce qui n’est pas toujours compatible avec l’exigence de résultats. Certains coachs font des choix stratégiques différents, préférant miser sur des joueurs d’expérience » , poursuit Larcier. Sous entendu, difficilement envisageable avec un coach tel Faruk Hadžibegić, passé en 2008-2009 et préférant les anciens. L’autre limite du système pourrait aussi être trouvée en cas de retour dans l’élite, tant les Bourguignons avaient péché par manque d’expérience lors de leur unique pige en L1. « On a vu qu’on manquait parfois de bouteille dans certains matchs chauds, alors que les grosses écuries ou les habitués de ce niveau savent serrer le jeu. Si le DFCO remontait, il faudrait ramener des garçons expérimentés pour encadrer le groupe. »

Et pourtant, comme l’avait précisé le directeur sportif du club, Sébastien Pérez, la saison dernière dans nos colonnes, ces pros sur le tard apportent une fraîcheur et une insouciance louables pour la concurrence et l’état d’esprit. Comment ? Lui même ancien pro passé au recrutement après la détection d’une hypertrophie cardiaque, Sébastien Larcier croit avoir sa petite idée : « Quand on a été en centre de formation depuis ses 14 ans, ça devient fatigant d’être toujours en concurrence, toujours sur la sellette, et on est programmé pour réussir. Donc à 25 ans, quand ça fait dix ans que vous faites ça, il y a une usure, qu’on ne retrouve pas chez ceux qui viennent de l’amateur. Car ils sont moins exposés, veulent tout croquer, profiter de tout ce qui se présente à eux. » Romain Philippoteaux le rejoint à 100% : « Les joueurs qui viennent de plus bas, on les voit de suite : l’envie est décuplée, on ne rechigne pas. (…) Quand on a connu le monde du travail, derrière, c’est plus facile. Au Pontet, j’étais magasinier pour un grossiste d’articles de fête, je bossais le matin et l’après-midi et m’entraînais le soir. Alors imagine comme c’est énorme pour un mec dans le même cas que moi et qui débarque en pro. »

Une affaire de réseau

Reste une question en suspens : comment un club pro peut jeter son dévolu sur un gamin cumulant quelques matchs de quatrième division française, surtout au nez et à la barbe de poids lourds comme l’ASSE ou Sochaux ? Le processus de la cellule de recrutement dijonnaise, qui fonctionne avec trois éléments, est peu ou prou le même que dans les clubs de taille et de budget similaires. Et c’est avant tout la qualité du réseau qui a fait la différence, tant les multiples canaux d’information sur ces championnats dits plus anonymes font vite connaître ces jeunes loups pleins d’avenir. Dans le cas de Jessy Benet, Sébastien Larcier, l’homme aux 80 000 km sur les routes de l’Hexagone chaque année, a fait parler son carnet d’adresses pour que les Verts ou les Lionceaux ne lui grillent pas la priorité : « Un éducateur du club m’a dit qu’à Montceau-les-Mines, il y avait un joueur de 1995 en CFA. On a donc été le superviser. Et la chance que j’avais par rapport à la concurrence, c’est que je connaissais son entraîneur, Yannick Chandioux, avec qui j’ai joué à Alès. Donc on a pu dresser facilement le profil du joueur, en savoir plus sur ses qualités de footballeur, mais aussi d’être humain. On a été convaincus et évidemment que le fait de connaître personnellement son coach a permis de faciliter la venue de Jessy. » Échange de bons procédés oblige, le DFCO a orienté des joueurs de sa réserve un peu juste pour la L2 vers le club montcellien, pour que tout le monde s’y retrouve.

En attendant, Jessy Benet n’hésite pas à dire combien il est comme un coq en pâte dans sa nouvelle vie : « Sportivement, le Dijon FCO me proposait les meilleures conditions sportives pour réussir à devenir pro. Et dans la façon du club de gérer les joueurs comme moi, venant du monde amateur, je savais que ça pouvait le faire avec les précédents comme Corgnet. (…) À l’entraînement, il y a toujours au moins trois ou quatre apprentis qui s’entraînent avec nous, des pros qui étaient apprentis auparavant, comme Mollet, Babit ou Marié, d’autres qui sont plus confirmés, et on s’y fait très bien, surtout avec une bonne ambiance. En tout cas, pour ma part, j’ai été bien intégré. Bon après, faut quand même bosser. Pour ce qui est du rythme ou du pressing par exemple, la L2 et le CFA, ça n’a rien à voir (rires). » Et comme si tout n’allait pas assez vite en matière de progression, Jessy Benet vient d’être appelé par Francis Smerecki pour participer à une double confrontation avec l’équipe de France U20, contre les Tchèques. Une première pour le club dijonnais depuis les convocations en espoirs, en 2011, de son gardien Baptiste Reynet… lui-même ramené de CFA et de Martigues.

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