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Demetrius Ferreira : « J’aimerais aller à Bastia parler avec les dirigeants »

Propos recueillis par Thomas Andrei
Demetrius Ferreira : « J’aimerais aller à Bastia parler avec les dirigeants »

De Demetrius Ferreira, les supporters de Bastia et Marseille ne se souviennent que d’une chose : lui, débordant à toute vitesse sur son flanc droit, faisant lever la foule. Rentré au Brésil après sa fin de carrière en 2008, le petit latéral revient sur sa carrière, démarrée à Guarani et aussi passée par Nancy, Troyes et le Qatar, et ses relations difficiles avec Robert Nouzaret.

Que faites-vous depuis que vous êtes rentré au Brésil ?J’étais secrétaire des sports dans la ville où j’habite jusqu’à décembre de l’année passée. Après, le maire a changé. Aujourd’hui, je suis responsable du volley féminin de Barueri. L’entraîneur est le même que celui de l’équipe nationale. Puis je suis toujours aussi dans le football. Il y a une équipe qui joue la Ligue 2, Oeste, je m’en occupe un peu aussi, comme directeur sportif.

C’était comment, de retrouver le Brésil après tant d’années en France. Ça a dû changer, entre-temps ?Ce n’était pas trop difficile. Je savais que j’allais retourner un jour au Brésil. On venait souvent en vacances. Ma femme est aussi brésilienne, on a toute notre famille, ici. Même si ça avait changé. C’était le début de la crise financière et on la sentait vraiment. Ça faisait du mal aux gens. Ils étaient désespérés de leur situation financière et de celle du pays. Ce n’était pas comme avant. Tout était plus tranquille, les gens arrivaient à vivre de façon plus simple. On commence à s’en sortir un peu.

Vous avez passé neuf ans en France. Vous voyiez votre carrière se cantonner à un seul pays européen en partant de Guarani ? Non. Franchement, je ne pensais même pas aller en Europe. Puis il y a eu l’occasion d’aller à Nancy. J’étais prêté un an et ça appartenait à une compagnie aérienne, TAM ici, au Brésil. C’était le sponsor de quatre ou cinq équipes. Ils m’avaient acheté de Palmeiras. Je me suis dit que j’allais vivre l’aventure un an avant de retourner.

Comment c’était d’arriver à Nancy à 24 ans ? Vous vous souvenez de vos premières impressions ?Quand je suis arrivé à Nancy, c’était un choc. À l’époque, il n’y avait pas beaucoup de Brésiliens en France. Et y avait pas Whatsap, rien du tout de ça pour communiquer avec ma mère, ma famille. Donc pour moi, c’était un changement de vie difficile. Y a tout qui change : la langue, la nourriture, les habitudes, le football. C’était pas facile de s’adapter. Même si j’ai été très bien accueilli. Pablo Correa était joueur à l’époque et il m’a beaucoup aidé. Je parlais un peu espagnol, il comprenait le portugais. Alors j’ai trouvé une maison à côté de chez lui.

C’était quoi le plus bizarre à Nancy pour vous ?Je ne parlais pas un mot de français. Je ne savais pas dire « bonjour » . Alors je restais à l’hôtel. Heureusement, il y avait une femme qui faisait la traduction, une Portugaise que Nancy avait engagée. Mais les jours où elle n’était pas là, je ne savais pas comment commander un repas. Je regardais la table à côté et je la pointais au garçon.

Que connaissiez-vous de la Corse avant d’y signer ?Je ne savais rien du tout. J’étais en vacances au Brésil, chez moi quand le directeur de Bastia m’appelle. Ils étaient en discussion avec Nancy et me demandaient si ça m’intéressait d’aller à Bastia. La seule chose qu’il m’a dit, c’est qu’il faisait plus chaud qu’à Nancy et qu’il y avait la plage. (Il rit.) Je lui ai dit : « Ça commence déjà pas mal. » Heureusement que j’étais arrivé en été à Nancy… Ça caillait, l’hiver. Il y a des jours, je sortais des vestiaires, on avait l’impression que j’allais faire de la moto tellement j’avais de couches de vêtements. J’avais du mal à marcher ! Il me manquait que le casque. Pour moi qui arrivais du Brésil, c’était insupportable.

Et votre arrivée en Corse, ça s’est passé comment ?Je parlais déjà français, c’était plus facile. Puis la Corse… c’est un peu le Brésil. Il fait bon, il y a toujours du soleil. Même en hiver, on sort avec un pull pour se lever, mais vers 10h30 on l’enlève. On s’entraîne en T-shirt en hiver. Les gens étaient vraiment sympas avec moi. Pendant trois ans et demi. Je les garde dans mon cœur, comme tous ceux des clubs que j’ai connus en France. Mais c’est vrai qu’en Corse, les gens t’accueillent d’une façon différente. C’est plus chaleureux, plus facile de se faire des amis. Ma première année était très bonne, j’étais dans l’équipe type du championnat. Mais la deuxième année, il y a Robert Nouzaret. J’ai senti qu’il ne m’aimait pas trop. Au début, j’étais titulaire. Puis je me suis blessé et c’était l’occasion qu’il attendait. Les supporters me disaient que ce n’était pas normal que je ne joue pas. C’est là que j’ai vraiment senti la chaleur des gens. En ville, avec ma femme. Ils venaient tout le temps me parler. Je sentais que j’étais vraiment aimé. J’ai encore pas mal d’amis corses. Je parle encore avec eux, donc j’ai toujours ce plaisir d’écouter les Corses parler. Je ne suis plus revenu en France depuis mon retour au Brésil, mais je vais peut-être y aller en mai. J’aimerais amener certains joueurs brésiliens en France. J’aimerais aller à Bastia parler avec les dirigeants. Je sais ce qu’il faut pour jouer en France, je sais ce qu’il faut pour jouer à Bastia. Je sais ce que le joueur doit avoir. Je pense que je peux apporter quelque chose.

Pourquoi Robert Nouzaret ne vous aimait-il pas ?Aucune idée. Je n’en ai jamais parlé avec lui. Pour la trêve, j’allais partir en vacances au Brésil. Il voulait qu’on revienne avant la nouvelle année, le 28 ou le 29 décembre. Je lui ai demandé si je pouvais avoir deux ou trois jours pour rester un peu plus avec ma famille. C’était un jour de voyage entier. Il m’a dit : « Non, il faut que tu rentres comme les autres. » J’ai dit : « Bah écoute, il n’y a que moi qui vient de loin. » Il m’a dit : « Ben il fallait penser à ça avant de venir en France. » Là, j’ai vraiment vu qu’il ne m’aimait pas. C’est le seul entraîneur avec qui je ne me suis pas entendu en France. J’étais très soulagé qu’il parte. S’il restait, c’est moi qui partais.

Vous pouvez nous parler de ce qui s’est passé dans les vestiaires avant la finale contre Lorient ?Oui, il y a eu des problèmes. Moi-même, j’étais dans l’équipe type du championnat l’année d’avant, des équipes comme Monaco et le PSG voulaient me prendre, mais je me retrouve remplaçant. J’étais dégoûté de ne pas pouvoir jouer une finale pour Bastia. Dans les vestiaires, c’était un peu bizarre entre le staff technique et les dirigeants. Mais nous, on n’a pas vraiment su ce qui s’est passé. On avait une bonne équipe, bien meilleure que celle de Lorient. On pensait gagner. Perdre ce match, c’était triste. Des joueurs ne voulaient pas retourner sur le terrain, prendre la médaille.

Quand La Marseillaise a été sifflée, ça ne vous a pas perturbé ? Non. Si ça n’a pas embêté Lorient, ça ne pouvait pas nous embêter non plus.

Les supporters bastiais ont ce souvenir de te voir courir sur le côté…(Il éclate de rire et coupe) Ils adorent ça à Bastia ! C’était ma caractéristique, ce que j’ai toujours su faire. Je le faisais avec plaisir. J’étais pas un super joueur. Pas extraordinaire. Mais partout où je suis passé, la porte m’est ouverte, j’ai des amis partout. J’ai l’impression d’avoir fait au mieux que je pouvais partout où je suis passé. C’est en France que j’ai appris à défendre, dès Nancy, avec László Bölöni. Les entraînements étaient durs, mais ça m’a poussé à m’adapter plus vite. Les joueurs brésiliens n’aiment pas trop défendre, même si ça a beaucoup changé. Quand j’étais jeune, 95% des joueurs de la Seleção étaient au Brésil. Aujourd’hui, ils sont tous en Europe. Partout où tu vas dans le monde, tu as des joueurs brésiliens. Ça change tout. C’est beaucoup plus compétitif. Avant, au Brésil, un joueur bon techniquement arrivait à jouer. Même s’il ne marquait pas, ne courait pas trop. Maintenant il est mort.

C’était comment de revenir à Furiani avec l’OM ?C’était bien. Il n’y a pas eu de problèmes. Je connaissais tout le monde. Je jouais avec une autre équipe, mais quand même à la maison. J’ai été applaudi en m’échauffant. J’ai vécu de très bons moments à Marseille aussi. Parce qu’on est arrivés en finale de la Coupe de l’UEFA en 2004. On a perdu, mais c’étaient des moments extraordinaires : gagner contre l’Inter, Liverpool, Newcastle…

C’était comment de passer de Bastia à l’OM ? Tu étais impressionné par le niveau de certains joueurs ?Non. J’avais joué avec des grands joueurs au Brésil avant d’aller en France : Cesar Sampaio, Roberto Carlos, le meilleur que j’ai vu jouer : intelligent, qui frappait très fort, allait vite. Cafu, qui n’arrêtait pas de courir. Aujourd’hui on est voisins, on est très amis, on se voit toujours. Quand j’étais en France, on se parlait parfois au téléphone. Mais ce n’était pas aussi facile de communiquer qu’aujourd’hui. Mais en France, c’est Franck Ribéry qui m’a le plus marqué. Didier Drogba aussi. On n’avait pas une super équipe, juste des mecs qui couraient, qui se battaient. Sans lui, on ne serait jamais allé en finale.

Dans cet article :
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Propos recueillis par Thomas Andrei

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