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Dejan Stankovic, l’envol du Dragon

Par Markus Kaufmann
Dejan Stankovic, l’envol du Dragon

« J'ai vécu les dix années les plus importantes de ma vie. » Dans une lettre adressée aux tifosi de l'Inter samedi, Dejan Stanković a dit au revoir à sa façon au club de la famille Moratti. Retour sur le parcours du gladiateur serbe, entre exploits balistiques, rage de vaincre et chaudes émotions.

Ce samedi 6 juillet à 13h, au cœur du premier weekend de juillet, ce moment flou du mercato où personne ne réalise vraiment la portée de certaines décisions, « il Drago » a parlé. À 34 ans et après dix ans de vie noire et bleue, le Serbe a décidé d’abandonner la dernière année de son contrat. « Mes très chers tifosi nerazzurri, c’est votre Dragon qui vous parle, avec une grande émotion et un grand plaisir. » Avant de terminer, une bonne dizaine de lignes plus tard : « J’ai eu l’honneur d’endosser des couleurs qui resteront à jamais sur ma peau. Jamais je ne pourrai les enlever. Personne ne pourra jamais les enlever. Avec tout mon amour, Dejan Stanković. » Aucune polémique, pas un mot de travers. Le Serbe est de ces gros durs qui aiment ouvrir leur cœur plutôt que leur bouche. Et après trois saisons compliquées par les blessures à répétition et l’arrivée de Mazzarri, Stanković a préféré partir avec classe, conscient de ne plus être une pièce centrale du projet nerazzurro.

« J’ai du respect pour tout le monde, mais je ne me sens inférieur à personne »

Depuis, le monde s’empresse de lui rendre hommage. À commencer par Siniša Mihajlović, sélectionneur de la Serbie, lui qui « a dormi plus souvent dans la même chambre que Deki qu’avec sa propre femme » . Ce weekend, il lançait : « Mon désir est de réaliser un événement digne de l’adieu d’un champion comme Deki. Il mérite un match qui le rende immortel. » Une 103e sélection qui en ferait le seul recordman serbe devant Savo Milošević. Immortel, Dejan l’est déjà par son palmarès hallucinant, de l’Étoile rouge à l’Inter en passant par la Lazio (1 C1, 1 Mondial des clubs, 1 Coupe des coupes, 6 Scudetti, 5 Coupes d’Italie, 6 Supercoupes d’Italie…). Le bilan statistique est aussi lourd et précis que l’ont été ses frappes : 647 matchs en club pour 116 buts marqués en 19 saisons. Capitaine de l’Étoile rouge à 17 ans et 8 mois, Deki arrive à la Lazio à 19 ans et se présente à l’Europe occidentale : « J’ai du respect pour tout le monde, mais je ne me sens inférieur à personne. »

Quinze ans après, il est devenu l’un des tout meilleurs milieux « tout-terrain » de sa génération, aux côtés de Gerrard, Lampard, Seedorf, Ballack… Dejan aura joué à tous les postes de l’entrejeu : numéro 10 en 2006-07 sous Mancini et 2008-09 sous Mourinho (avant Sneijder), relayeur la majeure partie de sa carrière, souvent 6 sur la fin, et même avant-centre à ses débuts à l’Étoile rouge. Un mélange ultime de qualité technique, force physique et supériorité mentale : Stanković savait comment gagner les gros matchs, notamment les derbys, devenus une spécialité. D’une part, l’Europe retiendra cette frappe de balle d’une pureté hors-norme. Stanković rimera toujours avec balistique. Cette reprise instantanée du milieu de terrain contre Schalke, ou celle contre le Genoa, sont déjà dans l’Histoire. D’autre part, le monde se souviendra d’un caractère hors-norme.

« Un combattant de classe et de cœur »

« Il restera toujours dans le cœur des tifosi intéristes, dans le mien en particulier, on gardera toujours le souvenir d’un combattant de classe et de cœur. » En bon président affectueux, Massimo Moratti a de suite réagi au départ de l’un de ses sénateurs. À Belgrade, Rome et Milan, le Serbe aux airs du gladiateur Maximus aura toujours su se faire aimer par ses coéquipiers et par ses supporters. Fidèle, loyal, guerrier et souvent capitaine, Stanković aura été un joueur à l’ancienne. Depuis toujours. À seulement 19 ans, Dejan refuse d’abord la belle Serie A. « Pour lui, il était hors de question de quitter l’Étoile rouge. Le club a dû l’obliger à signer et il l’a seulement fait lorsqu’il a compris que l’offre était financièrement excellente pour le club » , raconte Marko Nikolovski, responsable relations publiques.

Pour 12 millions d’euros, Dejan traverse l’Adriatique et fond en larmes. Il raconte l’épisode en 2010 dans son autobiographie, Fortissimamente Io : « Bien sûr, le salaire, les conditions, l’équipe, mais quand je suis monté dans cet avion, j’avais l’impression de mourir. J’avais hâte de rentrer à l’hôtel pour pleurer seul. Je ne parlais à personne. J’avais dix-neuf ans ! Et je laissais derrière moi ma famille, mes amis, mes habitudes, ma ville ! » Cinq ans plus tard en 2004, Deki étonne à nouveau par son sens du contre-pied. Longtemps annoncé à la brillante Juve de Capello, il choisit finalement l’Inter de son ami Mancini, à l’époque en difficulté. Gianfelice Facchetti, fils de, n’oublie pas : « Il a fait le choix contraire à ce que le footballeur normal aurait fait. Il a épousé le maillot intériste, et a choisi le chemin difficile. » Un chemin de gloire qui le mènera au triplé en 2010, et à un quintuplé de Scudetti dont il restera l’un des plus grands protagonistes.

Héros de la nouvelle Serbie

En Serbie, Stanković aura réussi l’exploit de survoler les barrières pourtant réputées sans limite de la rivalité Partizan-Étoile rouge. Une anecdote résume l’ampleur du phénomène : Deki est si populaire à Belgrade que le Partizan a racheté l’un de ses clubs formateurs (le FK Teleoptik) pour pouvoir officiellement affirmer aujourd’hui que la légende a fait ses premiers pas dans son Académie. Un comble. Ayant disputé trois Coupes du monde avec trois sélections différentes (Yougoslavie 1998, Serbie-Monténégro 2006, Serbie 2010), Deki est un symbole de la transition de son pays. Non seulement un exemple, mais aussi un repère. Stanković est ainsi aujourd’hui l’un des visages de cette Serbie qui a non seulement compris les codes de l’Europe occidentale, mais qui a su aussi se les réapproprier pour se forger une identité fascinante. Une légitimité telle qu’en septembre dernier, Marko Nikolovski s’était confié : « Pour être honnête, Dejan peut revenir demain et nous dire qu’il souhaite être président du club, on lui laisserait les clés sans hésiter. »

Quel futur ?

Naturellement, les rumeurs s’enchaînent. Un temps annoncé à la Fiorentina, on parlerait aujourd’hui de la MLS, des Émirats et de l’Étoile rouge, de toute évidence. L’Inter, habile pour conserver ses anciennes légendes dans son organigramme (Figo, Córdoba, Toldo) lui aurait aussi proposé un poste d’observateur de talents des Balkans. De son côté, Dejan explique que sa famille est sa priorité numéro un, dans le style Stanković : « Ma famille est ma plus grande richesse. C’est là que tout commence et que tout finit. C’est elle qui est le match de ma vie. » En espérant que certains publics puissent tout de même avoir la chance d’être les témoins de la pureté du pied droit du « Drago » , avant que celui-ci n’entre définitivement dans l’histoire.

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Par Markus Kaufmann

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