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Cyprien : « Je comprends totalement le geste de Zidane »

Propos recueillis par Alexandre Pauwels
Cyprien : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je comprends totalement le geste de Zidane<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Jean-Pierre Cyprien, c’est l’histoire d’un mec qui a vu sa carrière brisée trois jours après sa première sélection avec les Bleus. C'était en 1994, contre l’Italie, en amical. L'Italie, un pays qu'il a rejoint et adoré. Bref, Cyprien, c'est le type à qui parler avant cet amical à Parme.

Tu n’as connu qu’une seule sélection en équipe de France, c’était le 16 février 1994, avec un amical à Naples face à l’Italie. Quel souvenir gardes-tu de cette rencontre ?Un très bon souvenir, parce qu’on avait gagné 1-0, but de Cantona ou Djorkaeff, je me souviens plus… Djorkaeff, oui, c’est ça. Je suis entré à vingt minutes de la fin, dans le Stadio San Paolo… Une grosse ambiance, c’était fantastique.

Plus largement, qu’est-ce que ça t’as fait d’être appelé par Aimé Jacquet pour ce match, le premier de son mandat ?Je restais sur de bonnes performances avec Saint-Étienne, j’ai eu l’Étoile d’Or France Football l’année d’avant… Je me rappelle que c’est Jean-Michel Larqué qui était venu m’annoncer la nouvelle, après un match contre Marseille à la maison. Trois-quatre jours avant le match contre l’Italie. Ces jours-là, je les ai savourés.

Trois jours après le match cependant, tu te blesses gravement au tendon d’Achille, dans une rencontre face à Caen. C’est quand même une incroyable malchance, à cette période charnière où tu étais au top, et où Jacquet construisait son équipe…Oui, d’ailleurs, Aimé Jacquet m’a rappelé après ma blessure, pour me dire : « Je compte sur toi, tu ne seras pas là contre le Chili, mais rétablis-toi vite. » J’étais content sur le coup, parce qu’il m’a fait comprendre qu’il comptait sur moi pour la suite, mais après, quand j’ai dû me refaire opérer, ce fut dur, très dur. Le plus important, c’est que j’ai pu rejouer au football, finalement.

Quelque part, cette blessure a conditionné le reste de ta carrière. Tu as donc dû te faire réopérer à ton arrivée en Italie, au Torino…Oui, c’est ça. J’étais en fin de contrat avec Saint-Étienne, et à ce moment-là, juste avant ma blessure, j’avais l’embarras du choix pour la suite de ma carrière. Mais la blessure a fait que les prétendants se sont écartés, d’autant que je revenais difficilement, et seul le président du Torino (Gianmarco Calleri de son nom) a voulu miser sur moi. À mon arrivée, ils ont fait des radios et se sont rendu compte que le tendon était cassé. En fait, mon opération à Saint-Étienne avait été mal faite, et je devais repasser sur le billard. Je m’en souviendrai toujours, c’est le docteur Paolo Rossi qui m’a opéré. Comme l’avant-centre, ouais. L’intervention s’est bien passée, mais quand ils m’ont opéré, ils ne savaient pas si je pourrai rejouer au football ou pas. Mais ça, je n’étais pas au courant. Seul Pape Diouf, mon agent, et le président du Torino le savaient. Ils m’ont remis sur pied, heureusement. Quand je pense que beaucoup de joueurs italiens de l’époque préféraient se faire opérer en France… Bah, moi, j’ai fait l’inverse.

« Quand Lecce m’a voulu, j’y suis allé »

S’il n’y avait pas eu cette blessure, est-ce tu aurais choisi le Torino, du coup ? Tu avais d’autres opportunités ?Non, ça n’aurait pas été le Torino, c’est sûr. En France, j’avais des possibilités à Paris, Lyon, Marseille. En Allemagne, j’avais le Bayern. Et en Italie, la Lazio. Mais avec ce qui s’est passé, seul le Torino a voulu prendre un risque avec moi. Je ne sais pas le pourquoi du comment, mais un nouveau président venait d’arriver, et voilà. En tout cas, il a été super avec moi.

Tu as plutôt apprécié l’Italie, puisqu’après le Torino, tu as joué à Lecce, Crotone et Salerne…Quand Lecce m’a voulu, j’y suis allé, et je n’ai pas eu à le regretter. J’ai passé de super moments là-bas. On parle souvent du Nord de l’Italie, parce que c’est là que se trouve l’argent, qu’il y a la plus grande activité économique. Mais l’Italie, y a des coins magnifiques à voir. Lecce, j’ai adoré. Ils adorent le foot, il y avait 60 000 personnes au stade tous les weekends… Le Sud de l’Italie, c’est la chaleur des gens, la gentillesse, la ferveur. J’ai adoré, vraiment. Pour cela qu’après Lecce, je suis allé dans deux autres clubs du Sud, Crotone et Salerne.

Tu as connu l’âge d’or du football italien. Aujourd’hui, ce n’est plus le même topo. D’accord pour dire que le niveau du championnat a baissé ?Baissé, je ne sais pas. Parce que je vois toujours les équipes italiennes en Ligue des champions, bien qu’elles ne gagnent pas. En revanche, les stars sont désormais davantage en Angleterre ou en Espagne. Mais je pense que ça reste quand même un championnat attrayant. Vrai qu’à l’époque où j’y étais, il n’y avait pas beaucoup de Français, c’était exceptionnel…

Quelle différence as-tu remarqué entre le championnat italien et français ?C’était surtout la rigueur, les entraînements, qui étaient complètement différents. Je pense que les Français se sont adaptés désormais, mais avant, y avait un monde. Un exemple, les mises au vert. En Italie, c’était 21 jours, trois semaines non stop, en France, 5-6 jours, maximum. Les entraînements en Italie étaient plus basés sur le physique et la musculation, aussi.

L’Italie, c’est aussi le pays de la rigueur tactique et défensive…Ah ouais. Je crois qu’en France, j’ai dû faire une heure de tactique, et par rapport à eux… Des fois, c’était même très dur. Je me suis vu, parfois, rester une heure sur un terrain, à faire uniquement de la tactique : faire des accélérations de cinq mètres, écouter le coach parler cinq minutes, repartir, faire ça tout le temps. Mais on n’a rien sans rien. Et sur la tactique, il est vrai que les Italiens sont très rigoureux.

« Pour parler de tactique, justement, Prandelli, c’est le top »

Et l’Italie c’est la culture de la gagne. En ça, Cesare Prandelli, sélectionneur de la Squadra Azzurra, rompt un peu la tradition. Après avoir déclaré que la victoire n’était pas la chose la plus importante, il a inculqué à ses hommes une mentalité offensive. Que penses-tu de cette Italie ?On voit bien que cette équipe porte la marque de l’entraîneur. Prandelli, je l’ai eu comme coach pendant un an à Lecce. Et pour parler de tactique, justement, Prandelli, c’est le top. À l’époque, il en était au tout début de sa carrière, c’était un jeune entraîneur, mais on voyait déjà que tactiquement, c’était autre chose. Il n’avait pas l’équipe pour, mais on savait très bien que quand il l’aurait, il serait très fort. Et là, je l’ai bien vu, avec la Fiorentina et l’équipe d’Italie. J’ai pris plaisir à les voir jouer au dernier Euro, alors que bon, c’est vrai qu’avant, les Italiens ne faisaient pas toujours plaisir… La patte de l’entraîneur y est pour beaucoup.

Tu gardes visiblement un excellent souvenir de Prandelli !Il est très très bon. Je ne saurai pas quoi dire de plus, parce que je n’ai vu que du bien chez lui. Sur tous les plans, il a été génial.

À l’inverse, comment vois-tu l’EDF de Deschamps ?Bah, c’est comme chaque année. Il y a de bons joueurs, comme toujours. La qualité y est. Mais il faut que la sauce prenne. Il n’y a pas de raisons, ça va prendre. Connaissant Didier, il a une telle chance… Puis c’est un bon entraîneur aussi, hein : il a connu la rigueur en Italie, partout où il est passé, il a gagné… Je pense qu’il peut faire quelque chose.

Un match entre la France et l’Italie, tu le regardes avec une attention particulière, non ?Oui, c’est vrai que bon, déjà la France joue, donc je vais forcément regarder le match. Puis l’Italie, j’ai adoré, donc j’aime bien la voir jouer aussi. Mais l’important est que la France joue bien, et gagne.

Cet esprit de rivalité entre la France et l’Italie, dans quel camp il se ressent le plus ?Je pense en Italie. Les joueurs italiens ont plus cet esprit de rivalité que les Français. Pour eux, la France, c’est un match exceptionnel qu’il faut gagner à tous prix. On le ressent moins côté français.

« J’ai pété un boulon, j’ai fait 24 heures de garde à vue »

Cette rivalité s’est un peu ravivée depuis la finale de 2006… D’ailleurs, que penses-tu du coup de boule de Zidane ? On croit savoir qu’il t’est arrivé pareil débordement en CFA, avec Fréjus ?C’était un match contre Luzenac. Nous, on voulait gagner le championnat, on avait une équipe pour le faire. Et là, on perdait à la maison, un truc tout con, et à la fin du match, il y a eu une petite bagarre. J’ai pété les boulons, ça a continué dans les rues de Fréjus et… j’ai pété un boulon, j’ai fait 24 heures de garde à vue, et voilà (il a aussi pris 18 mois de prison avec sursis, pour avoir poursuivi et heurté le minibus de l’équipe adverse avec son véhicule, blessant deux occupants). Par rapport à Zidane, je peux dire que je comprends son geste, car je l’ai fait avant lui. Je le comprends totalement, c’est un être humain. Ça me fait rire quand j’entends des gens dire : « Ouais, on peut pas faire ça en finale de Coupe du monde… » On peut le faire n’importe quand ! Moi, ça m’est arrivé, et j’ai failli tuer des gens pour le football, donc ça veut bien dire que quand on craque, on craque. Et n’importe qui peut craquer, partout.

Tu vis à Nice depuis la fin de ta carrière. Qu’est-ce que tu fais maintenant ?Je suis coach sportif sur les machines Power Plate.

Tu as encore un pied dans le monde du football aujourd’hui ?Je fais beaucoup de matchs avec les anciens de l’OM, et les anciens internationaux, avec le CIF (Club des Internationaux de Football). Autrement, j’ai toujours mon petit championnat à 7 tous les lundis et vendredis. Et le mercredi, je joue avec des anciens comme José Cobos, Jérôme Alonzo… On maintient la forme.

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Propos recueillis par Alexandre Pauwels

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