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Comment jouer libéré quand on a tout à perdre ?

Par Morgan Henry
Comment jouer libéré quand on a tout à perdre ?

Cinq. C'est, en points, le nombre qui sépare Nice, douzième, de Toulouse, dix-huitième. À huit matchs du terme, tout reste encore donc possible pour accompagner Metz et Lens en Ligue 2 qui, sauf miracle, ne rattraperont pas leur retard. Autant dire que c'est pas vraiment le moment de se laisser bouffer par la pression.

Contrairement à ce qu’affirment certaines personnes, la vie d’un joueur de foot n’est pas toujours la parfaite utopie que l’on imagine. Comme tout le monde, le footeux est susceptible de s’embrouiller avec ses potes ou sa compagne, doit payer ses factures à la fin du mois, descendre ses poubelles plusieurs fois par semaine et n’est pas plus immunisé qu’un autre contre la maladie. Il arrive même parfois que le footeux connaisse des difficultés dans son travail, qu’il rechigne à aller s’entraîner, qu’il soit en désaccord avec son coach ou ses partenaires et qu’il se retrouve à broyer du noir dans un coin du vestiaire. Comme les écoliers, la vie d’un joueur de football est régie selon des cycles. Entre le début du mois d’août et la fin du mois de mai, il travaille sans relâche pour gagner des titres, accrocher des places européennes ou simplement se maintenir dans son championnat. Pour certains, lutter contre la relégation est un exercice récurrent qui induit courage, abnégation et force de caractère. En fin de saison, alors que les organismes commencent à fatiguer, une poignée d’équipes entrent en course pour ce que l’on a coutume d’appeler le sprint final. En sortent généralement vainqueurs les clubs les mieux armés physiquement, mais surtout psychologiquement. À huit journées de la fin, Toulouse, Lorient, Évian, Reims et Caen se tiennent tous les cinq en trois points. Et peuvent, de fait, tous descendre à l’étage inférieur. Mais au fait, peut-on vraiment jouer sereinement dans de telles circonstances ?

Mental de Viêt-Cong

Aborder une fin de saison dans la peau d’un potentiel relégable n’est jamais une chose facile. Chaque année, c’est le lot de quelques équipes qui n’ont pas su se mettre à l’abri durant les trente premiers matchs et qui se retrouvent à devoir cravacher comme des dingues pour sauver leur tête. Comme l’explique l’expérimenté Jean-Guy Wallemme, auteur de plus de 450 matchs avec le RC Lens et aujourd’hui entraîneur, l’important est de trouver les ressources mentales nécessaires pour bien négocier son finish : « Ces moments-là sont les plus difficiles, car en général, quand ça marche, on rigole et tout va bien, mais quand on est en difficulté, les entraînements sont difficiles, on traîne un peu plus les pieds, on a un peu plus mal à la tête et on se plaint davantage. L’aspect psychologique entre plus en compte que d’habitude. Il faut avoir la volonté et la responsabilité de se dire que l’on peut mettre en difficulté son club, mais aussi sa carrière. La réussite passe donc par une remise en question à la fois individuelle et collective. Chacun est responsable de soi-même et on doit montrer l’exemple et essayer de rebooster les collègues qui sont à côté. »

Comme partout, certains éprouvent plus de difficultés que d’autres à gérer ces fins de saison, et peuvent même aborder les ultimes rencontres de championnat la boule au ventre. Laurent Poujol, qui a vécu la belle époque du Rodez AF, se rappelle avoir connu cette désagréable sensation : « Ça m’est arrivé à l’époque où j’étais à Rodez, avant les glorieuses années où l’on est montés en CFA, puis en National. Soit on arrive à se transcender, soit la peur peut nous bloquer et ça aboutit sur une défaite ou un mauvais match. Il faut jouer libéré tout en essayant de se faire plaisir malgré l’enjeu et les conséquences que ça peut entraîner. Puis, surtout, ne pas se mettre de pression particulière. » Facile à dire, pas forcément à faire. Alors que certaines équipes sont spécialistes des finish canon à la Marc Raquil, d’autres, en revanche, s’enlisent dans les tréfonds du classement et ne parviennent jamais à inverser la tendance. Ce qui, bien souvent, est uniquement une question de mental et de convictions, comme l’explique le capitaine d’Ajaccio, Cédric Kanté : « On sent très bien qu’il y a des joueurs qui ont plus la pression que d’autres. Que ce soit pour les matchs importants dans le haut ou le bas du classement, il y a une ossature de joueurs capables de surmonter cette pression. Ça signifie que certains sont moins capables et un peu inhibés par l’événement. Quand on joue le maintien, on ne peut souvent compter que sur douze ou treize joueurs, pas plus. Certains ne sont pas faits pour ce genre de lutte. Après, c’est au coach d’identifier les atouts dans son équipe pour sauver les meubles. » Et donc, la saison.

Le discours de la méthode

Quand il s’agit de bien finir, la parole du staff et de l’entraîneur est généralement aussi précieuse que la qualité technique de l’effectif. Cédric Kanté, capitaine malchanceux du FC Sochaux-Montbéliard l’année dernière, dévoile sa méthode pour remobiliser les troupes : « Déjà, il faut faire le bon diagnostic assez tôt pour que la pression soit la plus positive possible. On doit montrer que nous, personnellement, on reste serein et concentré. Il faut continuer à garder sa bonne humeur, même si les débuts de semaine sont parfois compliqués. Il faut essayer de normaliser la situation sans que cela pèse au quotidien, rassurer, et surtout être performant, car c’est à travers ça qu’on aura des résultats. » Malgré toute la bonne volonté du monde, il y a des fois où ça ne suffit pas, comme ce 17 mai 2014 mémorable où Sochaux s’est incliné 3-0 sur sa pelouse face à Évian après avoir enchaîné une série de sept matchs sans défaite. Ce soir-là, le club d’Hervé Renard a officialisé sa descente en Ligue 2 après avoir longtemps cru au maintien. « C’était comme une finale. Malheureusement, certains joueurs sont passés à côté du match à cause du manque d’expérience et du fait qu’on avait beaucoup donné pendant six mois. C’était très particulier avant et très particulier pendant. J’ai eu la chance de jouer quelques finales et c’était vraiment comparable. Je pense que l’expérience a fait la différence. On avait fait un parcours incroyable lors de la phase retour, on revenait de nulle part. Donc se trouver à la 38e journée avec la possibilité de se maintenir, c’était déjà miraculeux » , poursuit le défenseur franco-malien.

À cette époque, Hervé Renard n’avait pas encore soulevé la CAN avec la Côte d’Ivoire, mais arborait déjà ses fameuses chemises blanches dans les travées d’Auguste-Bonal. Appelé à la rescousse quelques semaines avant les fêtes de Noël, le beau blond était parvenu à raviver la flamme sochalienne en quelques mois. Cédric Kanté se souvient de son discours : « C’est un coach qui met beaucoup d’intensité dans ses entraînements, mais qui arrive à instaurer un relâchement et un super état d’esprit en dehors. Lui aussi était content d’être arrivé à cette 38e journée avec cette possibilité de maintien et ça aurait été une erreur de changer de méthode pour ce dernier match. C’est l’entraîneur que tout le monde rêverait d’avoir. Il arrivait à tirer le meilleur de ses joueurs pour avoir une équipe performante. Au départ, il coachait une équipe en manque de confiance et de résultats, et le fait de le voir avec cette confiance infaillible, ça nous a donné de la force et de l’envie. Il avait une grande confiance en nous et en nos qualités. » Un paquet de confiance, une bonne dose de détermination et un brin de pression positive, tels semblent être les ingrédients de la recette qui mène au succès. Au moment d’entamer leur sprint final, Toulouse, Lorient, Évian, Reims et Caen devront mettre en pratique toutes ces notions afin d’espérer se maintenir parmi l’élite. Pas simple, surtout que cette fois-ci, Hervé Renard ne sera plus là pour jouer les héros.

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