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Comment gérer ces riches footballeurs ?

Nicolas Kssis-Martov
Comment gérer ces riches footballeurs ?

Face à la crise et à la pression de l'opinion, les présidents de la République et de la FFF ont décidé de s'occuper un peu des plus fortunés de leurs « sujets ». Pas franchement une révolution mais, comme toujours dans ce type de période, la tentation est grande d'offrir un cœur de cible, le plus caricatural possible, à la vindicte populaire ; à défaut d'une véritable politique sociale ou fédérale... Et personne ne niera que les footballeurs pros ont a peu près tout fait, de leur plein gré, pour occuper ce rôle peu enviable !

Le bruit circulait pourtant depuis quelque temps. Des aménagements en faveur des artistes et des sportifs pourraient être adoptés dans le cadre de la fameuse taxe à 75 % concernant les revenus au-delà d’un million d’euros par an. Le président de la République y a mis un terme de manière catégorique lors de son intervention télévisée. Non seulement cette mesure sera bien appliquée, mais personne ne bénéficiera d’une exemption quelconque. Cette mauvaise nouvelle est atténuée par l’annonce de sa durée limitée (deux ans) et de l’intégration de la CSG et de la CRDS dans le calcul. Il n’empêche que, cumulée avec d’autres décisions telles qu’une tranche supplémentaire de 45% au-delà de 150 000 euros (ce qui touche déjà beaucoup plus de joueurs), une ponction accentuée sur le patrimoine ou la hausse de l’ISF, le solde final a de quoi angoisser les pensionnaires de L1 et surtout les propriétaires des SAOS (enfin, certains).

Si les footballeurs ne s’avèrent pas, de loin, les seuls ni même les premiers concernés par ce train de mesures qui visent à allier le besoin de remplir les caisses de l’État et celui de tenir vaguement quelques promesses de campagne, ils sont sans conteste les rares qui ne peuvent compter sur aucun soutien, y compris du côté de l’UMP ! Dur, en effet, d’afficher à leur égard une mine attristée quand l’INSEE vient de publier un rapport alarmant qui souligne une hausse de la pauvreté, surtout chez les enfants, une chute du salaire médian (1635 euros nets, la moitié des français gagne donc moins) et, globalement, de tous les revenus, à l’exception des 5% les plus favorisés.

Fisc, Fisceras…

Certes, traditionnellement, le petit monde du football pro traîne un sérieux contentieux, de fond et quasi-culturel, avec la fiscalité. Les clubs estiment déjà trop servir de vache à lait « dans un marché ultra-concurrentiel » et font tourner au maximum leur imagination afin de contourner leur statut ordinaire d’entreprise, en employant tous les subterfuges annexes pour y déroger (voir le DIC abrogé ou plus récemment les recours autour de la taxe sur les spectacles). De leur coté, à les entendre, les joueurs considèrent encore souvent – pas tous, hein – qu’on les ponctionne injustement, pour des rétributions qui ne sont finalement qu’une juste récompense de leur talent (et qui oserait punir quelqu’un de méritant ?) et pour le bonheur qu’ils offrent aux amateurs de ballon rond.

Ce type de discours marche péniblement en temps normal et de trophées, alors quand, en plus, l’image se détériore et que les résultats ne suivent plus, cela devient mission impossible. Les quelques missi-dominicienvoyés plaider la bonne parole de la compétitivité du foot tricolore dans l’arène européenne auprès du nouveau gouvernement français n’ont semble-t-il guère rencontré d’oreilles compatissantes, y compris dans les rangs d’une opposition qui agite pourtant hystériquement le risque d’un exode fiscal massif. Un exode déjà bien entamé depuis belle lurette dans le foot et que rien ne pourrait de toute manière inverser, au regard du fossé entre les rémunérations dans l’Hexagone et celles de la perfide Albion, par exemple…

Déprime?

Car, synchronisation involontaire, la question de l’argent est aussi réapparue dans l’agenda des Bleus avec la longue négociation des primes. Face à un Noël Le Graët lassé de devoir constamment sanctionner, et qui a donc décidé de montrer qui est le boss, les joueurs de l’équipe de France, et surtout leurs représentants, ont adopté cette fois-ci un profil bas. Comme s’il avaient enfin accepté l’idée que la jurisprudence 1998 ne suffisait plus à justifier un statut hors-cadre et qu’en gros, il leur faudrait désormais refaire leurs preuves, ramener du résultat et gonfler le palmarès avant d’exiger un traitement de faveur. Pour résumer, les primes seront désormais indexées sur les sommes que la FIFA reverse à la FFF et surtout annulées pour les matchs amicaux ou en cas de non-qualification. Cela dit, le droit à l’image passe de 10 000 à 15 000 euros par rencontre : on n’est donc pas vraiment dans une période de diète, hein… Cette précieuse économie, a priori au minimum de 2 millions d’euros, devrait permettre de lancer la rénovation de Clairefontaine et d’arroser des associations d’amateurs qui tirent la langue depuis un bout de temps.

Surtout, tout comme Hollande devait faire face à la grogne de sa « gauche » et au mécontentement de son électorat, ce type de décision « responsable » (dixit Didier Descahmps) participe à la douloureuse reconstruction de la popularité des Bleus et de l’envol du Guingampais vers sa réélection. Toutefois, si cette solution offre au moins l’avantage d’en finir avec la culpabilisation systématique et démagogique des internationaux à la moindre incartade, elle laisse entière la question fondamentale : quel serait le système pérenne le plus juste et qui permettrait d’insuffler un sens « politique » au rapport de la sélection nationale avec l’ensemble du football français ? Pour ce qui concerne les joueurs, il leur reste quelques échappatoires, par exemple, à l’instar de grands patrons ou de chanteurs de rock, celle de demander la nationalité belge (en plus, les Diables rouges sont en pleine renaissance). Et pourquoi pas une reconversion ? Un handballeur gagne peut-être dix fois moins, mais lui peut détruire un plateau de télé et insulter les journalistes, avec en bonus l’amour du public et l’indulgence des médias. C’est tout bénef, non ?

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Nicolas Kssis-Martov

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