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Champion, le principe de précaution

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Champion, le principe de précaution

Gérer l'après-titre. Pas une mince affaire. Une fois le Graal suprême atteint, la logique se retrouve complètement renversée. On est arrivé au bout du chemin, et pourtant il faut déjà repartir de plus belle. Le LOSC est face à un sacré défi. Des cinq derniers champions, deux sont en Ligue 2, et un se remet doucement mais douloureusement de sa saison la plus pourrie depuis perpète.

Oubliés les vacances, le champagne et les parades en bus, les champions de France lillois retrouvent les terrains d’entraînement pour un nouveau départ. Le sourire de l’ivresse est toujours au coin des lèvres, mais ce qui attend les joueurs n’a rien d’une partie de plaisir. Être champion n’est pas un aboutissement mais une étape. Il va désormais falloir s’appuyer sur ce qui a été fait, bien sûr, mais aussi progresser, et chercher une nouvelle motivation. Stéphane Ziani, champion avec Nantes en 2001, en connait la difficulté: « Repartir, c’est souvent le plus compliqué. Le sentiment d’être enfin arrivé certainement, la démotivation sans doute. C’est une réaction très humaine finalement. Le plus dur, c’est de se remettre dans le travail au quotidien, de retrouver de la fraîcheur pour se remettre en question, ne pas rester sur l’année d’avant. C’est aussi important de valoriser ceux qui ont bien travaillé, mais sans les mettre dans un confort trop important » . Pour sa saison d’après-titre, Nantes remporte son premier match à la 11ème journée, balayant tout espoir de continuité en haut de l’affiche. Pour ne pas s’endormir sur ses vieux lauriers, il faut du neuf, de nouvelles trognes, histoire d’injecter un peu de primeur et de mettre un sérieux coup de pression sur les artisans du titre. « Reynald Denoueix disait, c’est simple, soit il faut changer toute l’équipe, soit il faut changer l’entraîneur » , plaisante Ziani. Ca ne sera ni l’un, ni l’autre, mais on a compris l’idée.

Le plus dur, ce n’est pas l’atterrissage. C’est le redécollage. Quand il s’agit de repartir après une saison où le but suprême a été atteint. Le risque est double : se faire bouffer par la Ligue des Champions et s’oublier en championnat. Le dernière victime en date, Auxerre, peut témoigner à la barre. La saison passée a failli coûter très cher. Stéphane Ziani se souvient de l’épopée européenne nantaise version 2001-2002 : « La ligue des champions, c’est un apprentissage extraordinaire. Il ne faut pas se dire qu’on ne va pas la jouer parce que l’année d’après on n’est pas bien. Il faut l’assumer. Mais c’est vrai que physiquement ça puise beaucoup d’énergie, il faut avoir un effectif assez conséquent pour pouvoir assumer et le championnat, et les coupes nationales, et la ligue des champions » . Le désormais manager canari vise juste et résume bien la situation. Une sale expérience vécue également par le champion 2009, Bordeaux lors de l’opus 2010…. « On s’est pris au jeu de la ligue des champions et cette année là par rapport à l’année d’avant, on a moins fait tourner l’effectif. C’est vrai qu’après l’élimination de la ligue des champions, on a eu une ou deux blessures importantes sur des joueurs importants. Usés mentalement, on a eu du mal à repartir. Bordeaux a raté cette fin de championnat et tout perdu sur la fin » reconnait le latéral au scapulaire, Matthieu Chalmé. Le Lyon de la grande époque maitrîsait cette équation « C1/L1 » à merveille. L’effectif était enrichi chaque été avec justesse, les cadres sur le départ étaient remplacés, les postes doublés, la cohérence renforcée. Le bon dosage permanent. Elargir sans désolidariser, c’était ça la patte Aulas.

Gérer les départs

Le président lyonnais savait contenir la fuite des cerveaux et conserver ses têtes pensantes. Un luxe pas donné à n’importe quel quidam… Ziani le Nantais au micro : « Il y a eu des départs de joueurs importants. L’équipe en termes de qualité était moins bonne, tout simplement. Eric (Carrière ndlr) part, mais avec la saison exceptionnelle qu’il avait faite c’était normal, Monterrubio aussi était important, c’était deux très bons passeurs qui alimentaient nos attaquants, c’était pas évident » . La suite, on la connaît. Nantes, dépouillé au mercato, attend décembre pour gagner son premier match. Un autre exemple ? Monaco. Après son titre en 2000, l’ASM voit ses cadres supérieurs détaler un par un aux quatre coins de l’Europe : Trezeguet, Barthez, Lamouchi, Sagnol. Résutat, une élimination au premier tour de la Ligue des Champions, une saison galère et une douzième place. Un sacré coup de soleil.

Gervinho parti à Arsenal, Lille bosse actuellement pour s’éviter une mauvaise surprise avec Eden Hazard la nuit du 31 août prochain. Pour le moment, les Lillois ont compensé les départs de façon assez cohérente sur le papier. Cabaye par Pedretti, Rami par Basa, Gervinho par Payet… ces joueurs semblent avoir le statut pour faire mieux qu’assumer. « Semblent » seulement, car ils vont devoir endosser la pression d’un titre qu’ils n’ont pas connu et ça s’annonce dur. Même si Mavuba semble sûr de leur intégration : « Dans la vie d’un groupe, il est important de changer des têtes pour amener de la fraîcheur. On se connaît quand même tous plus ou moins. On va tout faire pour que tout se passe bien avec les nouveaux. Il y a un esprit collectif et on doit le faire assimiler aux recrues. Je ne me fais pas de soucis : ce sont des gens intelligents » , avait-il déclaré dans La Voix des Sports. « Il existe toujours un risque, mais ils ont fait un investissement au niveau des transferts qui était important. Ils ont déjà remplacé des joueurs en qualité et en quantité, donc ça peut être de bonne augure pour la suite » confirme Chalmé, lui qui a connu les débuts de la start-up lilloise.

Lille en L2 dans 10 ans ?

Il y a onze ans, le Monaco de Barthez et de Trezeguet était champion de France, et Lille champion de D2. Ca fait mal. Et peur à la fois. Aujourd’hui, c’est Laval et Châteauroux que Monaco accueillera à Louis II, pendant que la musique de la Ligue des Champions fera trembler Villeneuve-d’Ascq. Les premiers champions de France du XXIe siècle retrouveront à l’étage d’en-dessous leurs successeurs nantais, eux-aussi incapables de consolider et de faire fructifier leur titre. Et on ne parlera pas du RC Lens. Alors, Lille jouera-t-il en Ligue 2 d’ici dix ans ? « Non, j’espère pas, répond Chalmé. Monaco ça faisait quelques saisons déjà qu’ils étaient à la limite. À Nantes, c’est aussi l’extra sportif qui a compliqué tout ça. Bordeaux et Lille ont une gestion différente et pour le moment, ça s’est bien passé. Mais il faut toujours faire attention. On n’est jamais à l’abri. Il y a peu de chance de voir des clubs comme ça en Ligue 2 mais il arrive parfois des catastrophes, faut pas se retrouver dedans » . Laurent Banide, l’entraîneur monégasque, acquiescera sans doute. Lille est un champion a priori plus solide que les Monaco et Nantes du début des années 2000, et même que le Bordeaux de 2009. Son président est malin et son coach ambitieux. Un stade nouvelle génération l’attend l’année prochaine. Pas de doute, ce LOSC s’avance mieux armé pour affronter le succès et capitaliser sur son titre de mai dernier. Mais pour éviter les effets secondaires, mieux vaudrait s’appuyer sur les échecs des autres.

Par Antoine Mestres et Léo Ruiz

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