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  • Le derby du week-end – Roumanie – Dinamo/Steaua

Ceausescu plus fort que l’arbitre

Par Régis Delanoë
Ceausescu plus fort que l’arbitre

Nouvelle saison de foot et nouvelle rubrique consacrée aux meilleurs derbys du monde et autres « Clásico ». Les rivalités les plus folles de la planète foot, les plus féroces, les plus originales et les plus exotiques. Premier volet consacré à l'Eternel derby de Roumanie entre le Dinamo et le Steaua Bucarest, un duel qui n'a jamais été aussi taré que dans les années 80, quand le fiston Ceausescu se mêlait à la bagarre pour favoriser son Steaua chéri…

Jouet des autorités

Fin des années 40 en Roumanie : une nouvelle ère débute avec le coup d’État communiste, l’abdication du roi et la mise en place d’un régime autoritaire. Du passé, faisons table rase, y compris s’agissant du football. Plusieurs clubs qui ne conviennent pas au nouveau gouvernement sont dissous du jour au lendemain, y compris les plus prestigieux comme le Venus Bucarest, huit fois champion, disparu corps et bien en 1949. À la place, de nouvelles formations sont créées de toutes pièces. Parmi elles, l’ASA Bucarest, dont les initiales signifient « association sportive de l’armée » . Fondé à l’origine par des officiers royaux, ce club devient l’organe sportif de la puissante armée communiste, changeant après quelques années son nom en Steaua. À la même époque, le ministère de l’Intérieur – autrement dit la police – crée aussi sa propre officine sportive, qu’il nomme Dinamo. Steaua contre Dinamo, Armée contre police, la rivalité débute dès les premières années, les deux trustant rapidement la majorité des titres nationaux. Il existe encore pourtant à l’époque d’autres belles petites équipes en province, dont certaines bénéficient aussi de la « protection » de l’État, mais le traitement de faveur réservé aux deux de Bucarest reste le meilleur. Epoque communiste oblige, il est encore aujourd’hui difficile de connaître avec précision les avantages dont bénéficiaient les deux clubs, mais les meilleurs joueurs du pays y étaient miraculeusement transférés, en échange de joueurs dont on voulait se débarrasser et d’un jeu de maillots ou de ballons. Interdiction de protester, on ne badine pas avec l’autorité des flics et de l’armée… Quant aux joueurs, ils pouvaient recevoir des primes directement prélevées dans les caisses de l’État, jouissant ainsi d’un statut quasi-pro. Et puis il y a les pratiques douteuses qui arrangent l’une ou l’autre équipe pour la faire gagner un nouveau titre. Exemple lors de la saison 1972-1973 où le Dinamo remporte le championnat grâce à une ultime victoire 4-0 acquise à la dernière journée, qui permet de passer in extremis en tête pour une différence d’un but seulement. Ça alors, quelle chance incroyable…

Le scandale de la finale 1988

Si dans les années 70, c’est le Dinamo qui semble le plus privilégié et le plus fort des deux, la décennie 80 – surtout la seconde moitié – est celle du Steaua, qui réussit même à s’imposer dans la plus prestigieuse des compétitions européennes, en 1986 face à Barcelone (la seconde finale de C1 en 1989 sera en revanche un échec, avec une lourde défaite face au Milan). Sur la scène nationale aussi, les petits gars de l’armée règnent en maître, avec 5 titres acquis consécutivement entre 1985 et 1989. Chaque fois ou presque, ce titre national est doublé d’une victoire en coupe de Roumanie, avec le Dinamo en victime privilégiée. Pourquoi une telle réussite ? Grâce au talent des joueurs bien sûr, mais aussi à la bienveillance d’un ange gardien nommé Valentin Ceausescu, fils de qui vous savez. Fan hardcore du Steaua, ce cher Valentin avait fortement tendance à user de son pouvoir d’influence pour favoriser son équipe de cœur mais aussi à déstabiliser le rival. Par exemple, tout aurait été fait pour inciter Mircea Lucescu, le talentueux jeune entraîneur du Dinamo, à quitter le pays exporter sa réussite ailleurs… Sans succès, l’actuel technicien du Shakhtar ne migrant en Italie qu’à partir de 1990. Deux ans plus tôt, la finale de coupe de Roumanie va virer au grand n’importe quoi. Deux belles équipes se font face ce soir-là à Bucarest : Hagi, Popescu, Lacatus, Piturca ou Belodedici côté Steaua, Rednic, Moraru, Lupescu et Raducioiu côté Dinamo. Alors que Lacatus avait ouvert le score en première période, Raducioiu, entré en jeu, parvient à égaliser pour les « Chiens Rouges » du Dinamo en fin de rencontre. Alors qu’on se dirige vers la prolongation, le gardien Moraru se plante et Balint en profite pour porter le score à 2-1 pour le Steaua. Mais l’explosion de joie se transforme en fureur quand l’arbitre refuse – plutôt à tort à la vue des images – le but pour hors-jeu. Présent en tribune, Valentin Ceausescu aurait alors intimé l’ordre à ses joueurs de quitter le terrain dans la foulée. Sans adversaire, l’équipe du Dinamo est déclarée vainqueur et reçoit la coupe mais quelques jours plus tard, la Fédération, « convaincue » par le rejeton Ceausescu, décide d’aller à l’encontre de la décision de l’arbitre et proclame le Steaua vainqueur 2 buts à 1. Une fois le régime communiste renversé et les tensions un peu apaisées, les dirigeants du Steaua ont proposé à leurs homologues du Dinamo de récupérer ce titre. Ils ont essuyé un refus poli, histoire que cette cicatrice de l’histoire reste bien visible.

Vidéo

Barbecue dans les tribunes…

Depuis la chute du régime, la rivalité entre les deux clubs ne s’est pas tellement calmée, même si bien sûr, la distinction club de l’armée/club de la police n’a plus lieu d’être. Et puis en plus, il a fallu composer depuis quelques années avec une nouvelle concurrence décomplexée de province : de Cluj, Galati, Timisoara, Vaslui… Reste que l’Eternel derby de Roumanie reste un moment important dans une saison de foot en Roumanie. Et pour cause, d’après un sondage réalisé il y a quelques années, plus de la moitié des suiveurs du foot en Roumanie supportaient l’une ou l’autre des équipes en priorité (41 % pour le Steaua, 12 % pour le Dinamo). Les matchs entre les deux offrent leur lot d’affrontements épiques et donnent lieu à quelques anecdotes. La plus chaude confrontation en date a eu lieu en mai 1997, quand le Steaua s’était imposé 3-1 à domicile face à son éternel ennemi. Côté Dinamo, les supporters s’étaient consolés en foutant le feu à une tribune de stade Ghencea. Les tarés.

Dinamo/Steaua, dimanche à 20h30

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Par Régis Delanoë

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