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Ce qu’il faut retenir de la saison de l’AS Monaco

Par Raphael Gaftarnik
Ce qu’il faut retenir de la saison de l’AS Monaco

Moqué en début de saison pour ses défaites, tancé au milieu de l'exercice pour son jeu peu léché, consacré pour sa remontée spectaculaire, Monaco s'est installé à la surprise générale sur le podium de la Ligue 1. Retour sur un parcours pas comme les autres.

L’analyse définitive

Qui aurait imaginé ce Monaco truster le podium à l’entame de la saison ? Pas grand monde sans doute. Sacrifiés sur l’autel du gros sou, James Rodríguez et Falcao avaient alors quitté la Côte d’Azur sans ménagement, laissant le pauvre Jardim fraîchement débarqué à l’ASM à son effectif sans éclat. Difficile dans ces conditions d’envisager une lutte pour les places d’honneur ou une saison frisson. Et pourtant. Après un gros mois d’adaptation, l’ancien coach du Sporting a fait de cette ASM une machine solide et performante. Petit à petit, et malgré les critiques sur le manque d’ambition supposé de cette équipe, Leonardo et son français chatoyant ont réussi à contrarier les pète-sec. S’appuyant, certes, sur une défense titanesque, mais aussi sur des éléments offensifs intéressants (Martial, Carrasco, Moutinho), Monaco, sans être l’équipe la plus dévergondée de Ligue 1, s’est fait une place au milieu des cadors qui avançaient à vitesse grand V. Mieux, à mesure que les victoires arrachées se sont enchaînées, actant une remontée au classement, l’ASM a semblé de plus en plus forte. Pour finir la saison en boulet de canon, coller des corrections à ses adversaires de seconde partie de tableau et, surtout, résister à cet OM qui chassait la 3e place. Pas mal pour une équipe et un entraîneur que tout le monde condamnait au bout de quelques matchs…

Le match chef-d’œuvre : Caen 0-3 Monaco

Ou plutôt, un match symbole de l’évolution monégasque au cours de la saison. Sans se fendre d’une possession de balle pharaonique (52%), Monaco maîtrise parfaitement son match dans l’antre d’Ornano. Peu d’occases concédées donc, comme d’habitude, mais un rendement offensif ne se limitant pas à un petit but qui annonce la belle fin de saison de l’ASM sur ce plan. En effet, sur cinq tirs cadrés, Monaco plante trois pions des plus délicieux. Martial dès les premières minutes, puis Bernardo Silva qui réussit l’exploit de transformer un corner à la rémoise avant de se fendre d’un doublé, régalent. Et cette ASM, que l’on connaissait parfois petit bras, obtient l’un de ses plus larges succès de la saison à l’entame du money time et juste avant la Juventus. Tout en faisant passer un vendredi soir pourri à Rémy Vercoutre, ce qui n’a pas de prix.

Le tournant de la saison : Monaco 1-0 Marseille

L’ogre marseillais semble intouchable à l’orée de cette 18e journée. En lice pour le titre de champion d’automne, le leader olympien doit consacrer son œuvre de la première partie de championnat en l’emportant sur l’ASM, qui amorce sa remontée au classement, mais reste loin derrière. Le début du match respecte d’ailleurs la logique des positions. Gignac, Lemina, Dja Djédjé, Fanni ont l’occasion d’ouvrir la marque, mais manquent le cadre quand ce n’est pas Subašić qui s’interpose. La rencontre, ouverte, fait également la part belle aux offensives monégasques. Alors, Martial tape la transversale, tandis que Carrasco admire l’horizontale de Mandanda sur une frappe de 25 mètres. Le gardien olympien se fait toutefois moins souverain en seconde période, alors que Monaco a pris le contrôle des opérations. Sur une belle action menée par Martial, Bernardo Silva croise sous les mains molles de Steve. Le score ne bougera plus, et l’ASM remonte à la 6e place tout en ayant terrassé une équipe qui semblait presque invincible. Battre les gros n’est désormais plus impossible, la chevauchée vers les places d’honneur est lancée.

Le meilleur joueur : Danijel Subašić

Rarement portier avait gardé sa cage avec aussi peu de classe que Danijel. Rarement aussi avait-il été aussi efficace que Subašić. Malgré ses épaules tombantes et sa lourdeur apparente, le gardien croate s’est en effet imposé comme l’un des meilleurs remparts de Ligue 1, si ce n’est le meilleur. Des arrêts réflexes, une présence de tous les instants dans les airs, et Suba’, mésestimé dans l’esprit collectif, s’est fait le parfait complément d’une défense solide, mais qui n’aurait pas affiché un tel ratio sans les exploits de son dernier homme. Dès lors, qu’importe le style. Subašić, lui, est un apôtre de l’efficacité.

Le joueur révélation : Anthony Martial

19 ans et déjà beaucoup de talent. Pourtant, le destin d’Anthony Martial devait être celui d’un attaquant d’appoint, cantonné aux basses œuvres de la Coupe et des remplacements ponctuels. Mais Rivière et Falcao partis sous d’autres cieux, c’est bien sur ses frêles épaules qu’a reposé la tâche offensive. 35 apparitions, soit 9 de plus que Berbatov, 9 buts et 4 passes décisives : pour une première saison complète, le vivace international français des moins de 21 ans a démontré une belle panoplie, entre courses folles et présence devant les buts adverses. Amené à progresser sous les couleurs de l’ASM, Martial n’est d’ailleurs déjà plus un inconnu en Europe, puisque l’Atlético Madrid lui ferait les yeux doux. Une demande toutefois : reste en Ligue 1, petit.

Le flop : Alain Traoré

23 minutes. C’est très peu, mais peut-être déjà trop pour Alain Traoré. L’attaquant qui avait rejoint l’effectif monégasque à l’hiver pour tenter d’apporter sa vitesse et sa frappe de mule n’a semble-t-il pas convaincu Leonardo Jardim à l’entraînement. Cantonné au banc, voire aux tribunes, le Burkinabè aura passé une première partie d’année 2015 au chômage technique. De toute façon, tout le mode sait qu’Alain cartonne 10 matchs au début pour s’écrouler ensuite. On ne la fait pas à Leonardo.

Il a dit…

Les nommés sont les quatre meilleurs coachs français. Moi, je peux gagner le trophée de meilleur maçon portugais de France

Laurent Blanc, Hubert Fournier, Christophe Galtier, Jocelyn Gourvennec : au moment de l’annonce de la liste des nommés pour le titre de meilleur entraîneur de l’année aux trophées UNFP, beaucoup s’interrogent : mais où sont donc Marcelo Bielsa et Leonardo Jardim ? Le second intéressé, lui-même, décide alors d’entrer en piste pour dénoncer l’injustice. Une petite pique pleine d’ironie et d’autodérision, mêlant dénonciation de clichés et nationalisme tricolore exacerbé. Une déclaration béton, à laquelle le technicien portugais se permettra même d’ajouter : « J’en profite pour saluer tous les maçons portugais de France. » Costaud, Leonardo.

Le plus beau but : Dimitar Berbatov

Toute la classe bulgare dans un enchaînement contrôle-extérieur du pied. Du yaourt.

La décision arbitrale qu’on n’a pas aimée

Alors que l’ASM capote au classement, le derby de la Côte d’Azur se profile à Louis-II. Une mauvaise après-midi pour Jardim, qui encaisse un but rapidement, perd Germain avant la mi-temps et constate la myopie de M. Buquet. Un penalty évident oublié pour Berbatov, un but refusé pour un hors-jeu peu évident du Bulgare et le coach portugais se lâche : « C’est inadmissible que les erreurs soient toujours contre nous. Penalties, hors-jeu… Je demande du respect aux arbitres par rapport à tout ça. On est une équipe professionnelle comme les autres. Je demande le respect pour le travail des joueurs. Qu’ils respectent notre équipe comme toutes les autres du championnat français. » Un Jardim tout colère, d’autant que son Monaco est alors empêtré dans la seconde partie de tableau (12e).

Le coup de gueule

Après sa qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions, l’ASM demande à la LFP de déplacer son match du 7 avril. En effet, Monaco doit alors enchaîner cette rencontre, puis Caen trois jours plus tard, puis le match aller contre la Juventus quatre jours après. Une demande restée lettre morte…

« L’AS Monaco regrette de ne pas avoir été entendue par la LFP au sujet de la demande de report du match de Ligue 1 face à Montpellier programmé le 7 avril prochain. (…) La désillusion est d’autant plus grande que notre demande n’a même pas eu le grand privilège de faire l’objet d’un débat au sein du bureau de la LFP, la Ligue ayant décidé unilatéralement de ne pas le réunir. Le club monégasque tient tout de même à remercier chaleureusement le club de Montpellier qui avait immédiatement accepté avec fair-play le report du match. »

Pourcentage de résistance à la blessure

85%

On ne construit pas une équipe de guerriers avec des corps de lâche. Du coup, l’ASM a plutôt été épargnée par les blessures cette saison. Hormis Abdennour en début de saison, Kondogbia en novembre et les aller-retour des vieux Berbatov et Carvalho à l’infirmerie, le club de la Principauté a pu compter sur un groupe plutôt complet durant la saison. Peut-être l’une des clefs du succès monégasque, et assurément la preuve que l’on peut disputer pleinement deux compétitions sans trop en souffrir. À méditer.

Le joueur dont le club a besoin cet été : le vrai Radamel Falcao

Pour viser plus haut, l’ASM a besoin de multiplier ses cartouches. Car si Martial, Berbatov ou encore Ferreira Carrasco ont fait le boulot en capitalisant à merveille sur la forteresse monégasque, Monaco a besoin d’un buteur au-delà des 20 buts pour espérer mieux l’an prochain. Pas besoin de recruter donc, puisque Radamel Falcao, lourdé par Manchester United, pourrait bien s’installer de nouveau sur le Rocher. Que le Colombien se les sorte, et Monaco ira concurrencer les cadors.

Ce qui va se passer la saison prochaine

Troisième la saison passée, Monaco a retenu la leçon : pour disputer le titre au PSG, il faut se lever tôt. Mais à la différence de l’exercice 2014-2015, Leonardo Jardim connaît son groupe. Alors, l’ASM enchaîne sur sa lancée. 14 victoires, 3 nuls, 2 défaites : le bilan est positif à mi-chemin. Avec un Ferreira Carrasco explosif et auteur de 7 passes décisives, dont 6 pour le seul Falcao, Monaco ne se heurte qu’à Lorient et Marseille. Circonstance atténuante, ces deux rencontres étaient placées juste après les rencontres de Ligue des champions remportées face à Chelsea (1-0) et l’Atlético Madrid (1-0). Un relâchement après les exploits dans cette poule de la mort qui n’entame pas le moral du champion d’automne. Mais aux commandes, un autre drame se joue. Engluée dans une sombre affaire d’achats de votes, la Russie demande aux propriétaires de l’ASM de liquider leurs actifs en guise de protestation.

Kurzawa (Manchester United), Kondogbia (Juventus), Moutinho (Porto), Carrasco (Chelsea), Martial (Arsenal), Falcao (Lille) et même Valère Germain (Real Madrid) font leurs valises pour un montant global de 257 millions d’euros, hors bonus. Difficile, dans ces conditions, d’envisager la course vers le titre, ce que les trois défaites de la reprise confirment. Mais Leonardo Jardim est un homme plein de ressources. En mettant en place un 6-3-1, le coach portugais désespère les commentateurs, mais séduit les comptables. Grâce à l’éclosion de Lacina Traoré (8 buts) et une défense à toute épreuve, l’ASM glane quelques précieux succès dont un de prestige sur son concurrent direct, le PSG, lors de la 29e journée (1-0, CSC de Mory Diaw). Aux forceps, Monaco s’autorise donc à rêver au titre lors de la dernière journée. Face à Nice, les partenaires d’Almamy Touré doivent l’emporter pour conserver leur point d’avance sur les Parisiens. Un plan simple, mais contrarié par le retourné des 30 mètres de Carlos Eduardo à dix minutes de la fin dans la chaleur étouffante de Louis-II. Un dénouement cruel qui offre en outre une image terrible : celle d’Andrea Raggi, mains en sang à force de frapper la pelouse. Sammy Kuffour, de passage en tribunes, compatit.

JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

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