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Carlos Gurpegui : « Tout a commencé et finira à San Mamés »

Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid
Carlos Gurpegui : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Tout a commencé et finira à San Mamés<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Capitaine de bord de l'Athletic Bilbao, Carlos Gurpegui s'apprête à recevoir l'ennemi héréditaire : le Real Madrid. Une belle occasion de revenir avec lui sur son amour des Leones, sa suspension de deux ans pour dopage ou encore Marcelo Bielsa.

Elle est lourde, la Supercoupe d’Espagne ?

(Rires) On ne m’avait pas encore demandé ça. À vrai dire, elle n’est pas très lourde, pas lourde du tout même. Et puis sur le moment, il y avait une telle joie que même des parpaings m’auraient paru légers !

Plus sérieusement, l’Athletic a attendu 31 ans avant de remporter un nouveau trophée. Cette Supercoupe, c’était comme votre Mondial ?

Le favori était très clairement le Barça, surtout que la finale se disputait sur une double rencontre. Les battre dans ces conditions, c’était merveilleux… Bien entendu, on aurait aimé les battre avant, lors des trois finales de Coupe du Roi que j’ai disputées contre eux. Mais ce titre réaffirme les valeurs de l’Athletic, il montre qu’une autre philosophie peut également l’emporter. Cette Supercoupe n’a pas la valeur d’un Mondial, mais pour nous, c’est un trophée magnifique. En revanche, pour les enfants du Pays basque qui n’avaient jamais vu l’Athletic remporter un titre, cette coupe équivaut à un Mondial.

Tu as disputé pas moins de cinq finales avant de remporter celle-ci. Tout est plus compliqué pour l’Athletic ?

Oui et non. Nous avons affronté trois fois le Barça, qui est selon moi l’une des plus grandes équipes de tous les temps. Battre cette équipe lors d’une finale est quasiment impossible. Ensuite, nous avons joué contre l’Atlético de Madrid lorsque le Cholo l’a repris en main. Il a fait de cette équipe l’une des plus grandes de l’histoire des Colchoneros… Forcément, tout est plus compliqué quand tu affrontes de telles équipes.

Avant d’entrer à l’Athletic à l’âge de 17 ans, tu as essuyé deux refus du club. Tu pensais ne jamais y arriver ?

Même si, au deuxième refus, j’ai reçu un coup derrière la tête, je n’ai jamais trop gambergé. Le troisième test me convenait plus. C’était un match, un vrai match, et il fallait jouer sérieusement. Je crois que c’est ce que j’ai fait, puisque trois jours plus tard, le club me contactait. J’avais le choix entre l’Athletic et Osasuna, qui s’était également positionné pour me faire venir. Avec le recul, je pense que ma décision n’a pas été la plus mauvaise.

Pour un jeune Basque ou un jeune Navarrais qui rêve de devenir footballeur, que représente l’Athletic ?

Je te dirais un club qui voit le football à travers sa cantera, à travers ses jeunes. Le travail du club avec les plus jeunes est unique. Pour l’Athletic, les jeunes sont vitaux. Le club ne serait pas ce qu’il est sans ce travail de formation et d’accompagnement. Dès le plus jeune âge, les dirigeants inculquent les valeurs de travail, d’engagement, de sacrifice. J’ai tout de suite compris cela puisque, lors de ma première année, le club disputait la Ligue des champions. Je jouais alors avec les Juveniles (la catégorie U-19 en Espagne, ndlr) et nous savions qu’à tout moment, nous pourrions être appelés pour jouer cette compétition.

Et San Mamés ?

C’est notre maison, notre chez-nous. Certains de mes coéquipiers et moi-même avons eu la chance de pouvoir jouer dans l’ancien San Mamés. Aujourd’hui, nous pouvons profiter du nouveau. Pour un supporter de l’Athletic, c’est bien plus qu’un simple stade de football. Tous les 15 jours, tout le peuple rojiblanco s’y réunit. L’ambiance que nos supporters font régner est la plus belle qui soit pour jouer au football. Pour résumer, San Mamés est la maison de tous les supporters de l’Athletic. C’est ici que tout a commencé et c’est ici que tout finira.

Six mois à peine après tes débuts, tu es déclaré positif à la norandroterone-19. Tu avais une idée de ce que c’était ?

Je n’en avais aucune idée et je ne sais toujours pas ce que c’est. Je venais tout juste de devenir professionnel, tout ce monde était nouveau pour moi. Lorsque j’ai été déclaré positif, je ne savais absolument pas à quoi je pouvais l’être. À cette époque, je ne connaissais rien ou presque sur mon corps. La seule chose que je voulais, c’était jouer au football. Je suis un amoureux du football avant d’en être un joueur. Quand le contrôle s’est avéré positif, c’était comme si le ciel me tombait dessus. J’étais sonné, je ne comprenais rien à cette situation.

Qu’est-ce qui a été le pire : ne pas jouer ou être vu comme un tricheur ?

Ne pas jouer a été le plus difficile à vivre. Surtout que j’ai toujours eu la conscience tranquille. J’ai toujours su que je ne m’étais pas dopé et que, de fait, je n’étais pas un tricheur. Que des gens que je ne connaît pas me traitent de tricheur, ça ne me fait ni chaud ni froid. En revanche, être interdit de jouer alors que tes amis le font tous les week-ends… Deux ans sans jouer, deux ans sans exercer ma passion, mon métier…

L’Espagne n’a jamais été connue pour être à la pointe de la lutte contre le dopage. Tu n’as pas eu l’impression de trinquer pour tous les sports ?

À l’époque, il y avait plein de choses que je ne comprenais pas. Au fur et à mesure, certaines choses sont devenues plus claires. Le club a demandé des comptes au médecin de l’époque. Il avait auparavant travaillé avec des équipes de cyclistes. Tout était réuni pour faire de moi un exemple par rapport au dopage. Je pense toujours avoir servi de tête de Turc.

Qu’est-ce qui t’a permis de tenir le coup ?

Le football. Je suis amoureux de ce sport, je ne pouvais pas imaginer ma vie sans. Mon travail est ma plus grande passion. Je n’allais pas laisser filer ce rêve. Mes coéquipiers, le club et les supporters m’ont toujours soutenu dans ce combat. Sans cela, je n’aurais sans doute pas tenu le coup. J’avais la sensation que personne n’allait me laisser tomber. C’était comme si je n’avais pas d’autre choix que de surpasser cet obstacle. Aujourd’hui, je peux te dire que j’ai bien fait de tenir le coup, même si la première année après la suspension a été très, très compliquée… Puis, petit à petit, mon jeu est revenu, mon niveau également.

En parlant de vestiaire, celui de l’Athletic doit être bien différent des autres. Vous venez tous de la même région, vous avez tous la même culture…

Depuis que je l’ai intégré, le vestiaire a conservé une même âme. Des joueurs sont arrivés, d’autres sont partis, mais la mentalité est la même. Tout le monde rame dans le même sens, tout le monde a le même sentiment d’appartenance. Quand je prendrai ma retraite, le meilleur souvenir que je garderai de ma carrière sera ce vestiaire. Sur un plan humain, à part mes amis d’enfance, j’ai fait mes plus belles rencontres à l’intérieur de ce vestiaire.

Finalement, tu retrouves la compétition en avril 2008 face au Real Madrid. Est-ce le stade le moins accueillant pour un joueur de l’Athletic ?

C’est possible, oui (rires). Mais c’est aussi l’un des endroits les plus excitants pour un joueur de l’Athletic. Je ne sais pas si c’était écrit que je devais faire mon retour au Bernabéu, mais il en a été ainsi. J’avais tellement d’envie en moi que l’environnement m’était totalement étranger. Je pensais que ce jour n’allait jamais arrivé, donc Bernabéu ou pas, je m’en foutais.

De France, l’Athletic est un club qui émerveille tout le monde. Comment est-il vu en Espagne ?

Beaucoup de personnes en Espagne soulignent l’importance de l’Athletic, ses valeurs, sa philosophie. Il y en a d’autres, au contraire, qui ne supportent pas l’image que renvoie notre club. Je vois ça comme de la jalousie. Ces gens regrettent sans doute que les joueurs de leur propre équipe ne donnent pas tout sur chaque ballon, sur chaque match. Ici, les supporters peuvent tout nous reprocher sauf de ne pas mouiller le maillot. Il y a une communion rare entre l’équipe et ses supporters.

L’arrivée de Marcelo Bielsa a également coïncidé avec la plus belle saison de l’Athletic dans le jeu. Tu as pris énormément de plaisir sous ses ordres ?

L’arrivée de Marcelo sur le banc de l’Athletic a profondément secoué le club. Et en bien. Le changement dans le jeu a été radical. Il voulait toujours que l’on relance depuis notre gardien, que l’on enchaîne les combinaisons. Mais, surtout, son arrivée a fait monter de plusieurs crans le niveau d’exigence. Pas seulement pour les joueurs, non, mais pour le club dans son intégralité. Chaque entraînement, chaque discussion avec lui était comme une leçon de football. C’est un sage de ce sport. Je suis un chanceux, je pourrais raconter à mes enfants et mes petits-enfants que j’ai été entraîné par Marcelo Bielsa.

En France, après son départ mouvementé de Marseille, certains lui sont tombés dessus. Est-il vraiment si loco ?

Pour moi, c’est un « loco mut cuerdo » (expression espagnole signifiant « un fou très raisonnable » , ndlr). Marcelo est une personne des plus intègres qui a des valeurs très importantes. Si tu ne les comprends pas, tu ne le comprendras jamais. S’il a la sensation que quelqu’un essaye de le piéger, de lui mentir, de ne pas respecter ses engagements, son caractère va s’occuper du reste…

Et Ernesto Valverde, comment le décrirais-tu ? C’est l’entraîneur parfait pour cet Athletic ?

Ernesto arrive à faire quelque chose de très compliqué : il rend facile ce qui semble difficile. C’est une personne très sensée qui a un tact fou. Avec lui, tout nous semble plus évident, rien ou presque ne nous paraît impossible. Aujourd’hui, c’est clairement l’entraîneur parfait pour l’Athletic et il le démontre à travers notre jeu et nos résultats.

Aujourd’hui, on loue la qualité de jeu de l’Athletic. Ce n’était pas trop le cas à tes débuts. Toi qui l’as vécu de l’intérieur, comment s’est déroulé ce changement ?

Quand j’ai été promu en équipe première, Jupp Heynckes en était l’entraîneur. Il mettait déjà en place un jeu fait de combinaisons, de redoublement de passes. Il avait un plan de bataille très entraînant. Ensuite, Ernesto est arrivé pour sa première étape au club. Là encore, nous jouions un football très agréable pour le public. Puis le club a commencé à traverser des années compliquées, où nous nous sommes battus pour ne pas descendre. Joaquín Caparros est arrivé au club dans ces conditions. Forcément, notre jeu a changé. Il est devenu plus guerrier, plus rude. L’arrivée de Marcelo a, en quelque sorte, été un prolongement de ce que Heynckes avait essayé de mettre en place.

L’Athletic est le seul club de Liga à avoir une réserve en deuxième division. C’est un succès dont on ne parle pas assez ?

Pour moi, cette montée en Segunda Division n’a pas été assez mise en valeur. C’est quelque chose de très important dans le développement du club. Cela adoube tout le travail qui est fait au sein de la cantera et dans toutes les catégories inférieures. Ce succès permet aux jeunes de s’endurcir et de se mettre plus rapidement au niveau. À la fois l’équipe première comme les équipes de jeunes vont en profiter.

Parmi les jeunes joueurs importants de l’Athletic, il y a Aymeric Laporte qui joue à tes côtés. Cela t’étonne qu’il ne soit pas encore en équipe de France ?

Pour moi, Aymeric est le central qui a le plus gros potentiel du championnat espagnol. Il a absolument tout ce qu’il faut pour pouvoir jouer au plus haut niveau. Mais il est encore jeune, il évolue avec la sélection espoir. Il prend son temps et c’est sans doute un mal pour un bien. S’il continue à travailler et à jouer comme il le fait avec l’Athletic, je n’ai aucun doute sur le fait qu’il soit prochainement en équipe de France.
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Propos recueillis par Robin Delorme, à Madrid

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