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Carlo Ancelotti sait aussi tuer au couteau

Par Markus Kaufmann
Carlo Ancelotti sait aussi tuer au couteau

Notre imagination voit déjà une équipe populaire menée par un Argentin assoiffé de sang venir racketter les trésors du club aristocratique du coin, salissant au passage le costard de son coach italien. Ce soir, l'Atlético Madrid semble capable de pouvoir gagner ce derby madrilène à l'envie, au courage ou même simplement sur l'organisation tactique. Mais dans un duel au couteau, ce n'est pas toujours le plus excité qui l'emporte, ni le plus méthodique. Et si Carletto était justement le plus fort au corps à corps ? Après tout, cet homme a froidement assassiné son amour d'enfance…

Ce soir, Madrid tremblera. Au Vicente-Calderón, d’une part, où la construction des années soixante ne résistera pas aux vibrations des sauts des Colchoneros, qui feront fièrement tourner leur écharpe « anti-madridista » dans le ciel de la capitale. Dans les murs de la ville, d’autre part. Les derbys attirent parce qu’ils viennent chercher les âmes là où personne ne peut entrer. Le derby pénètre dans des zones interdites : chez les gens, dans les foyers, à l’image de l’horreur d’une guerre civile. Dans les chambres des frères et sœurs, où les couleurs des maillots se lancent d’interminables bastons de regard. Dans le lit des parents, parfois, quand les alliances ne suffisent pas pour lier deux familles aux passions rivales. Dans le linge suspendu aux fenêtres du salaud de voisin. C’est une écharpe qui traîne négligemment dans l’entrée, un cadeau de Noël interdit au petit dernier de la famille, un message provocateur envoyé au mauvais moment. Viscéral, le derby se vit, se sent chez ceux qu’il touche. Et Diego Simeone l’a confirmé en conférence de presse : « Les derbys ne te mangent pas seulement les jambes, ils te mangent aussi la tête. » Mais alors que tout Madrid devrait trembler, un seul homme pourrait rester de marbre ce soir : Carlo Ancelotti. Parce que ces murs, il ne les sent pas autant qu’El Cholo. Parce que ça ne le touche pas vraiment, peut-être. Et parce que Carletto a démontré qu’il avait ce qu’il fallait pour assassiner ses voisins.

Amour d’enfance assassiné

Cette histoire voyage dans l’espace et dans le temps, mais commence bien en novembre 2009 en Lombardie. Mario Balotelli et Davide Santon jouent pour l’Inter et déclarent avoir supporté le Milan quand ils étaient plus jeunes. Carlo Ancelotti, entraîneur de Chelsea, réplique à Londres aux micros de Sky : « Moi, quand j’étais petit, j’étais tifoso de l’Inter, mon idole était Mazzola. J’avais un cousin qui vivait à Milan et il m’avait ramené un ensemble de l’Inter, avec maillot et short. Aujourd’hui, c’est impossible pour moi de dire « Forza Inter », mais j’ai pleuré pour l’Inter quand j’étais petit. Ça, je peux le raconter. Pour moi, la seule façon de voir l’Inter était d’aller à Mantoue. Une fois, on y était allés, mais on n’avait pas réussi à trouver des billets. Je me suis mis à pleurer durant 45 minutes devant le steward, avec astuce, et il en a tellement eu marre qu’il m’a laissé voir la deuxième période. Je me souviens que l’Inter a alors marqué 5 buts et l’a emporté 6 à 1. C’est la seule fois que j’ai vu l’Inter au stade. » Une banale histoire d’enfance où, finalement, le cœur n’avait pas encore de raison. Mais une histoire qui comptera en mai 2003. Carlo Ancelotti est alors entraîneur du Milan depuis près de deux ans. Le Mister a déjà entraîné la Reggiana, Parme et la Juventus. Avant, il avait même passé sa carrière de joueur à défendre les couleurs de la Roma et du Milan. Aucune trace de l’Inter depuis les sanglots de Mantoue. Mais en mai 2003, son Milan rencontre sur un chemin européen « son » Inter : les deux milanaises s’opposent alors en demi-finale de la Ligue des champions. Un duel au couteau d’une proximité rarissime, comme des voisins sans mur. Match aller à San Siro. Match retour à San Siro.

L’Inter est alors deuxième de Serie A, le Milan est troisième, et Ancelotti n’a encore rien fait gagner à Berlusconi en tant qu’entraîneur. En face, c’est une Inter enfin constante qu’a fait naître le discipline d’Héctor Cuper. Second en 2002, second en 2003 et demi-finaliste de C1. L’Inter semble même plus robuste que le Milan, qui a difficilement éliminé l’Ajax de Zlatan en quarts. Mais non. Sans Christian Vieri, meilleur buteur de Serie A, Recoba manque ses occasions et Cuper tombe. 0-0 à l’aller, 1-1 au retour, lors duquel Martins répond tardivement à Shevchenko. Le football aime être injuste, et c’est la règle du but à l’extérieur qui fait la différence ce jour-là. Ancelotti tue son premier amour une première fois, froidement. Deux ans plus tard, nouveau duel entre voisins, cette fois-ci en quart de finale de C1. Roberto Mancini a remplacé Cuper sur le banc, mais Ancelotti est encore là. 2-0 à l’aller, puis 0-1 et victoire sur tapis vert (0-3) au retour après l’envoi de projectiles dans la surface de Dida. Parce que le public de l’Inter le sentait trop, ce derby. Une histoire milanaise qui nous fait voyager en Émilie-Romagne, la terre de Carletto. Entre ballon rond et fromages triangulaires, le jeune Carlo est élevé dans un pays où l’on peut passer d’un rival à l’autre, de la Reggiana au Parma. Au contraire, Simeone n’entraînera pas le Real, ni le Milan, ni la Roma, en conséquence de ses diverses aventures italiennes, et encore moins Independiente, rival de son Racing de Avellaneda.

Sagesse et matchs nuls

En mai dernier, le plan de jeu de l’Atlético était autrement plus solide que celui du Real. Sans Diego Costa ni Arda Turan, les hommes du Cholo Simeone avaient parfaitement éloigné de leurs cages un Real Madrid où seul Luka Modrić semblait suivre une mélodie collective. Cela devait être la défaite du manque d’idées de Carlo Ancelotti. Mais l’Italien a soigneusement entrepris ses changements. Puisqu’il ne fallait plus faire attention aux ballons lancés dans le dos des défenseurs ni se battre au milieu, dehors Coentrão et Khedira. Marcelo pour sonner la charge balle au pied et contribuer à épuiser les Colchoneros. Et Isco pour faire le lien entre Modrić et le reste des pièces offensives. Ainsi, le Real dominera vraiment le match durant seulement les vingt premières minutes. Cela aurait pu être insuffisant. Mais sur son banc, jusqu’à la dernière seconde, le Mister ne s’est pas laissé submerger par la peur de l’échec. Parce qu’il avait fait ce qu’il fallait faire ? Parce qu’il en avait vu d’autres ? Parce qu’il savait qu’en football, on a toujours une revanche ?

À Lisbonne, pourtant, un drame local, un probable licenciement et une nouvelle défaite « marquante » en finale de C1 l’ont pourtant fixé avec insistance. Regardant le chrono droit dans les yeux, l’Italien leur a répondu avec une tête héroïque de Sergio Ramos et une prolongation digne de l’autorité d’un champion. De son côté, Diego Simeone avait mieux préparé la rencontre, mais a fini par couler sous le poids des blessures (Diego Costa et Filipe Luís), des changements gaspillés et d’un mauvais choix (Sosa pour Raúl García), pour finir expulsé après une course-poursuite au milieu de la pelouse. L’Atlético joue toujours le couteau entre les dents, et aime particulièrement faire du mal à son voisin. Mais Ancelotti connaît bien ces doubles confrontations fratricides. Il l’a une nouvelle fois montré en conférence de presse : « Nous allons jouer pour gagner, mais nous n’avons pas l’obsession de gagner ce match comme l’Atlético. Avec deux matchs nuls, on peut passer. »

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Par Markus Kaufmann

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