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Camille Abily : « Aulas nous a affrété un avion pour rentrer avec lui »

Propos recueillis par Eric Marinelli
Camille Abily : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Aulas nous a affrété un avion pour rentrer avec lui<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Avec 139 sélections au compteur en équipe de France, Camille Abily sera une des cadres des Bleues cet été lors de la Coupe du monde au Canada. En attendant, la jeune trentenaire livre ses impressions entre une ouverture du score contre le PSG avec Lyon, une remise du prix "Éducation" à l'association Filactions à la fondation de l'OL et un match des collègues masculins à Gerland. Habile.

Vous aviez un sentiment de revanche à prendre, contre Paris ?

Je ne sais pas si on peut dire cela, mais c’est sûr qu’on avait à cœur de faire une belle prestation. On parlait un petit peu de passation de pouvoir dans la presse et on avait envie de montrer que même si le PSG progresse, nous aussi on continue à évoluer et à progresser. Il faudra qu’elles travaillent encore plus pour nous battre régulièrement.

Il y a une certaine animosité entre vous désormais ?

Non, je pense qu’il y a une bonne rivalité. Justement c’est bien, c’est ce genre de match qu’on aime. Sur le terrain, il n’y a pas eu de mauvais gestes ni quoi que ce soit. Moi personnellement, si on pouvait les jouer plus régulièrement, ça me plairait, parce que c’est vraiment ces matchs-là qu’on aime.

C’est cela qui vous motive ?

Oui, ça fait un moment que Lyon a une très bonne équipe, mais on ne s’arrête pas là-dessus. On continue à travailler, sinon on se serait fait dépasser ou au moins égaler. On a souvent parlé de fin de cycle, mais on a pu voir qu’avec quasiment la même équipe, avec un nouveau staff et quelques joueuses en plus, il y a eu un nouvel élan. L’équipe reste toujours très compétitive.

Le match contre Paris est un aboutissement de ce travail ?

Oui, franchement. Bien sûr, il y a toujours des petites erreurs et on peut encore faire mieux, mais gagner 4-0, à Paris, c’est vraiment le match parfait. Défensivement, on n’a quasiment pas été en danger et on a eu pas mal d’opportunités devant. On a été très efficaces. C’est le match idéal, et une référence pour la fin de la saison et les années à venir.

Pourtant le terrain était très difficile.

C’est vrai que le terrain était de très mauvaise qualité, très très gras, à cause des conditions climatiques et du match disputé dessus, la veille, par le Paris FC. Mais on a pu voir que malgré cela, les deux équipes ont produit un beau spectacle et du beau jeu. Pourtant, au début, je ne pensais pas qu’on allait réussir à jouer de cette manière sur ce terrain-là.

Vous avez fêté votre victoire, quasiment votre titre, après la rencontre ?

Non, on était contentes bien sûr, parce qu’on sait que c’est le match du titre, ou presque. Mais il nous reste quatre matchs, et on se doit d’être le plus performant possible pour les gagner. Cela ne va pas être évident, on joue encore de bonnes équipes. Mais bien sûr, Paris était notre concurrent direct. On n’a pas fait la fête, on est rentrées avec un grand sourire. On est arrivé tard à Lyon, à 3 heures du matin, donc on est toutes allées se coucher tranquillement.

Honnêtement, vous êtes quasiment championnes, non ?

Mathématiquement, c’est pas encore fait. Mais c’est vrai qu’il faudrait qu’on soit très très mauvaises pour ne pas y arriver avec la saison qu’on fait jusqu’ici. Même en perdant deux fois lors des quatre derniers matchs, on serait devant au goal average particulier. Sachant qu’on n’en a pas perdu un seul en 18 matchs, ça me paraît difficile. On a 99% de chances d’être championnes.

Vous pouvez même viser le championnat parfait. C’est ça l’objectif maintenant ?

Ah oui, ça on le veut. On veut faire 22 victoires sur 22. On l’a déjà fait auparavant en 2012, et c’est notre objectif maintenant, c’est sûr.

Vous suivez les traces de l’équipe masculine de 2002 à 2008.

Après, chez les garçons, c’est quand même un autre niveau. Il faut être réaliste, la concurrence est plus rude. Même si pour nous, elle l’est de plus en plus aussi. On voit que les équipes se renforcent, mais ce qu’ont fait les garçons est énorme. On est déjà contentes de marquer l’histoire du foot féminin en essayant d’aller chercher ce neuvième titre consécutif.

Vous ne connaissez pas une certaine forme de lassitude après avoir autant gagné ?

Non, les premiers titres sont toujours plus forts et intenses au niveau des émotions, mais on aime gagner. On est des compétitrices, avec le staff et le président. On aime ça. C’est une bonne habitude.
Pour franchir encore un palier, il faut qu’on gagne un titre avec l’équipe de France.

Justement, comme cela se passe avec le président Aulas ?

On est des privilégiées. Il investit énormément dans le football féminin. On l’a vu encore contre Paris, il était avec nous. Il a affrété un avion pour qu’on rentre avec lui après le match. On a des conditions optimales et on est contentes de pouvoir le rendre avec des bonnes prestations.

La saison est réussie malgré l’élimination précoce en Champions League ?

On a toujours un peu de déception parce que c’était l’objectif numéro 1. C’est peut-être même encore un peu plus frustrant quand on voit ce qu’on a montré ce week-end contre Paris, qui nous a éliminées. On était armées pour aller plus loin.

Vous allez les supporter ?

Oui, bien sûr. Je vais suivre ça avec un peu de recul parce que ça reste difficile de voir l’équipe qui nous a éliminées. Mais c’est un club français, et j’espère pour elles qu’elles iront le plus loin possible.

Comment tu juges aujourd’hui la progression du football féminin en France ?

Il y a de plus en plus de monde dans les stades, d’engouement médiatique. Les matchs sont de plus en plus télévisés. Pour franchir encore un palier, il faut qu’on gagne un titre avec l’équipe de France.

Cet été ce serait bien non (la Coupe du monde féminine a lieu du 6 juin au 5 juillet 2015 au Canada, ndlr) ?

Oui, effectivement (rires).

Vous y pensez déjà ?

Sincèrement, au début, c’était un peu loin et on n’y pensait pas forcément. Mais depuis le rassemblement en février où le staff de l’équipe de France nous a présenté le programme (la préparation, les hôtels, les terrains), on est rentré dans du concret. Là, c’est un peu plus près, surtout qu’il ne nous reste plus beaucoup de matchs avec l’OL, 7 maximum si on se qualifie en Coupe de France. On va y penser de plus en plus.

Est-ce que finalement, on ne fait pas du tort au football féminin en le comparant constamment avec le football masculin ?

Disons que c’est très difficile de les comparer, parce qu’on ne pourra jamais jouer comme les garçons au niveau de l’intensité, du niveau physique, de la puissance. Après, on a beaucoup évolué, et le foot féminin a son charme aussi. Si on aime le football, on ne peut qu’apprécier un match de haut niveau comme le nôtre contre Paris par exemple. Il y a des beaux buts, du spectacle, c’est une belle promotion pour nous. Ceux qui n’aiment pas sont assez machos. Même s’il faut aussi avouer que certains matchs de football féminin ne sont pas de bonne qualité.

Les gens sont surtout critiques vis-à-vis des écarts de niveau.

Oui, bien sûr, je comprends. Le niveau est très hétérogène et il y a effectivement des matchs et des résultats qui ne mettent pas en avant le foot féminin. Quand on gagne 13, 14-0, je peux comprendre que cela paraisse fou pour un championnat de France. Mais cela montre aussi qu’on ne prend pas les matchs à la légère.

Tu regardes beaucoup de football masculin ?

Oui, beaucoup. Je suis allée à Gerland dimanche pour suivre les garçons. Ce qu’ils sont en train de faire avec leur jeune équipe est vraiment impressionnant d’ailleurs. J’aime beaucoup leur collectif et j’aime bien regarder les équipes qui jouent au ballon.

Tu t’en inspires ?

Oui, je ne suis pas du style à regarder un joueur qui fait un certain geste et à essayer de le reproduire. En revanche, je suis attentive au niveau des déplacements et des courses par exemple.
On s’en rapproche, mais les États-Unis, c’est le summum

Comment ça se passe avec les joueurs de Lyon ?

Sincèrement, super bien. On se croise assez souvent à la cantine du club. Le président Aulas aime bien faire des choses tous ensemble avec les sponsors. Il met tout le monde sur le même pied d’égalité, il fait partie des seuls je pense.

Ils auraient peur de jouer contre vous, les mecs ?

(rires). Non, il faut être réaliste, ils sont plus forts. Mais je pense qu’ils apprécient ce qu’on fait comme nous on apprécie ce qu’ils font. On se soutient mutuellement. C’est super agréable.

Tu as eu la chance de jouer aux États-Unis. Tu en gardes un bon souvenir ?

Les États-Unis sont un monde à part. En France, on a beaucoup évolué, on s’en rapproche, mais les États-Unis, c’est le summum. Le football féminin est très reconnu là-haut et, dans l’état d’esprit des gens, qu’une femme fasse du foot est normal. C’était fantastique, il y avait en moyenne 10 000 spectateurs à chaque match, et le championnat était très homogène.

Tu as le sentiment qu’en France, on trouve bizarre qu’une femme joue au foot ?

Quand je suis partie en 2009, oui, c’était assez surprenant. Quand je discutais et que je disais mon métier, « footballeuse professionnelle » , les gens me regardaient bizarrement. Mais ça va mieux maintenant, surtout à Lyon. Mais il y a encore quelques mentalités à changer. Ça va venir au fur et à mesure. Il faut un peu de patience.

Ce n’était pas trop dur de rentrer en France après ?

En fait quand je suis rentrée, le championnat américain avait quelques problèmes financiers avec la crise et était un peu bancal. Et puis, j’aime quand même mon pays et j’ai suivi l’évolution quand je suis partie. Quand le président Aulas m’a appelée en me disant qu’il voulait gagner la Champions League, ça m’a fait rêver.

Est-ce que c’est difficile de percer pour une femme qui veut être footballeuse professionnelle ? Tu es passée par quelle structuree toi ?

La plupart de ma génération ont commencé avec les garçons. Ça s’est souvent fait comme ça parce qu’il n’y avait pas d’équipes féminines ou c’était très rare. Au fur et à mesure, ça s’est développé avec le centre de Clairefontaine en 98 notamment. Il y a eu un pôle espoir créé pour les meilleures joueuses françaises, et j’ai pu y accéder en 2000. C’était déjà une belle satisfaction. Maintenant, de plus en plus de clubs s’y intéressent. L’OL est en train de créer son propre centre de formation. La fédé met en place des pôles espoirs dans toutes les régions pour que les jeunes filles aient de bonnes infrastructures. Ça va mieux maintenant. Avant, il fallait surtout s’accrocher pour jouer avec les garçons. Si on n’a pas de caractère, c’est difficile.

Tu penses jouer encore longtemps ?

Non, ce sont mes dernières années. J’aimerais faire encore deux-trois ans. Après, on verra si mon corps me suit.

Tu as déjà des idées de reconversion ?

Il y a pas mal de choses qui m’intéressent. J’ai eu un master en Staps, donc je pourrais passer le concours pour être prof. Mais j’aimerais aussi rester dans le foot. J’ai eu le DEF aussi l’année dernière. Je me vois bien entraîner chez les jeunes aussi. Pourquoi pas travailler aussi dans le développement du football féminin, il y a plein de choses à faire.

Tu n’aimerais pas partir en beauté sur un titre avec l’EDF ?

Sincèrement, une Coupe du monde, c’est le rêve. Après les Jeux olympiques, c’est quelque chose que j’aimerais bien revivre, et finir là dessus serait fantastique. Ça dépendra aussi de mon niveau. Il faut aussi laisser la place à la génération suivante.

Il y a une bonne relève ?

Oui, elles ont été championnes du monde U17, troisièmes en moins de 20. Elles manquent peut-être encore un peu d’expérience, et c’est bien d’avoir des plus anciennes pour les encadrer. Mais elles ont un bel avenir. Il y a eu une belle perspective. Il ne nous manque plus qu’une victoire dans une grande compétition.
David Pereira da Costa, le dix de cœur du RC Lens

Propos recueillis par Eric Marinelli

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