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C’était Super Víctor !

Par Antoine Donnarieix
C’était Super Víctor !

De sa carrière sportive, Víctor Valdés pourra regretter un final apocalyptique par l’Angleterre et la Belgique. Pour le reste, la Panthère de l’Hospitalet garde une certaine romance avec le FC Barcelone. Entre changements capillaires, boulettes grossières, esprit de camaraderie irréprochable et prestations trop sous-estimées en comparaison à la légende Casillas. Valdés et le Barça, c’était l’amour vache.

Il était dit que la première cape de Víctor Valdés sous le maillot de l’équipe A du FC Barcelone devait être pour un match de Ligue des champions. Alors que le Barça se retrouve sous l’influence du second mandat Van Gaal, le Pélican décide de titulariser un jeune gardien de 20 ans dans les cages catalanes contre le Legia Varsovie, le 14 août 2002. Les compagnons de l’éphèbe s’appellent alors Frank de Boer, Phillip Cocu ou Juan Roman Riquelme. Tous les trois buteurs ce soir-là, les deux Bataves et l’Argentin inspirent pourtant la fin d’un cycle au Barça, étincelant en C1, mais catastrophique en Liga. Expert dans le lancement de prodiges, Van Gaal lâchera plus tard un certain Andrés Iniesta dans l’arène, présage d’une magnifique décennie barcelonaise à venir. Une décennie où le double V possède une part fondamentale des succès culés. Que cela plaise ou non.

« Mes années en haut de l’affiche ne compensent pas celles où j’ai souffert »

Avant de fouler la pelouse du Nou Camp, Valdés était un garçon qui aimait jouer au football, mais uniquement avec ses pieds. Malgré son goût pour des positions plus avancées sur le terrain, sa vivacité sur les prises de balle et sa détente au-dessus de la moyenne impressionnent. Très vite donc, le garçon est invité à défendre les buts plutôt que d’aller les marquer. « J’aimerais être autre chose qu’un gardien, avoue-t-il en 2014 dans une interview pour El País. Depuis tout petit, on m’a fait croire que j’avais du talent, que je devais suivre cette voie. C’était de l’autodétermination. On m’a donné ma chance chez les pros, mais ce chemin était très difficile. Je crois que mes années en haut de l’affiche ne compensent pas celles où j’ai souffert. »

Et pour cause, malgré son insertion précoce dans les catégories de jeunes du Barça dès 10 ans, Valdés commence à peine son chemin de croix. « Être gardien, c’est la solitude à l’état pur, poursuit Valdés. Le jour où tu te manques, tu te prends tout dans la gueule. Tu vois le regard des parents qui voient leur fils jouer au stade et qui te désignent comme responsable d’une défaite de manière indirecte. Quand tu es jeune, ça te mine le moral. Tu rentres à la maison, t’as les glandes. Et le lendemain à l’école, tes camarades sont là pour te rappeler ton erreur… Le gardien est marginalisé. Seuls ceux avec une force de caractère énorme finissent par s’en sortir. »

Fan d’Oliver Kahn

Durant son adolescence, Valdés va pourtant avoir un regain d’amour pour son poste. En 1996, la demi-finale de C3 oppose le Bayern Munich à Barcelone. Depuis la tribune du Nou Camp, l’apprenti portier observe avec attention les mimiques de son homologue allemand. « Comme référence, je garde toujours en mémoire Oliver Kahn. Je me souviens être derrière le but dans les gradins, je ne le connaissais pas. La toute première fois où j’ai vu Kahn bloquer un ballon en vrai, avec toute la sécurité et le caractère qu’il dégageait, je me suis dit tout haut : « Lui, c’est mon idole. » Kahn transmettait de la force, du tempérament. J’ai eu la chance de jouer contre lui sur le terrain bien des années après. Il était très énervé au moment d’échanger les maillots en fin de match, et il est parti directement aux vestiaires. Mais c’est justement pour cela qu’il est et qu’il sera toujours mon idole ! »

Par la suite, la connaissance plus pratique de son autre modèle, Santiago Cañizares, le fait progresser dans la finesse. Valdés devient un gardien vif, bon au pied et capable de vite se remettre dans sa saison après une copie brouillonne. Que ce soit lors de la campagne 2006-2007 en C1 contre Liverpool, dans un derby catalan contre l’Espanyol ou dans un Clásico, Valdés s’est emmêlé les pinceaux. Mais encore une fois, rares sont ceux qui rappellent à quel point il a écrit la riche histoire du Barça.

« Après cette blessure, je n’étais plus personne »

Pour soulever sa première C1 à Saint-Denis en 2006, Víctor Valdés a dû s’employer face à Thierry Henry au bout de trois minutes de jeu. Un face-à-face remporté alors que Titi est au point de penalty, puis une puissante frappe du Français repoussée une poignée de secondes plus tard. Pourtant en supériorité numérique, le Barça n’arrive pas à refaire son retard, et Henry possède la balle du 2-0 dans les pieds en seconde période. Mais encore une fois, le dernier rempart s’interpose. Cinéphile à ses heures perdues, Valdés laisse dans sa vidéothèque une place de choix pour ce fameux match. « Si je devais choisir une seule soirée dans ma carrière, c’est celle-ci, explique-t-il au País. Grâce à tout ce qu’il s’est passé dans cette finale, mon futur est devenu plus clair par la suite. J’aime me repasser ce match, il me procure beaucoup d’émotion. Je garde en mémoire ce moment où je soulève le trophée dans les rues de Barcelone… Je passe le film, je rembobine, puis je me repasse le film, parfois trois, quatre fois de suite. »

La construction de cet invincible Barça, Valdés y prend goût avec Ronaldinho, puis poursuit sa trajectoire aux côtés de l’extraterrestre Messi. Les sacres de Rome en 2009 et Wembley en 2011 propulsent le gardien en légende vivante du FC Barcelone. Son record d’invincibilité de 895 minutes avec le club ? L’intéressé s’en fout : « Les chiffres ne me plaisent pas, je suis même très mauvais pour me souvenir de la date de naissance de mes fils. »

Toujours placé dans l’ombre de l’enfant du pays Iker Casillas, Víctor Valdés souffre même de la concurrence de Pepe Reina en sélection nationale. De quoi l’empêcher de briller avec l’Espagne, mais d’en tirer tout de même des honneurs. Lors des qualifications pour le Mondial brésilien, il composte le billet de la Selección grâce à une victoire obtenue, clin d’œil du destin, au Stade de France contre les Bleus en mars 2013 (1-0). Un an plus tard, sa terrible rupture des ligaments croisés du genou le fait entrer dans une nouvelle phase. « Après cette blessure, je n’étais plus personne, confie-t-il. Le football te voit blessé au genou gravement, claque des doigts et dit : « Place à l’autre ! Toi, tu ne vaux plus rien maintenant. » »

Après sa sortie sur civière, c’est bien la dernière fois que le double V foulera la pelouse du Nou Camp, malgré une rééducation intensive en Allemagne, à Augsbourg. « Les gens ne me reconnaissaient pas, rembobine Valdés, qui se terminera à Manchester United, au Standard de Liège et à Middlesbrough. C’était une sensation que je ne connaissais plus, celle de ma vie antérieure au football. J’ai appris à savoir ce que coûtait le prix d’un café. Les stars du foot ont une vie irréelle, où tout est offert, planifié et facile. Cela m’a donné une humilité énorme pour la suite. Chaque jour, je me rappelais que j’étais assis seul avec des écouteurs pour me passer de la musique, après avoir acheté un ticket de tramway. » De quoi faire réfléchir l’homme sur sa révérence au Nou Camp. « Ma sortie de Barcelone n’était pas celle dont j’avais envie. Mon caractère a fait que je me suis isolé, puis que j’ai pris la décision de partir. Les gens espéraient sans doute mieux de ma part, et ils peuvent le penser : certaines de mes attitudes sont à récriminer. » Intégré dans le football professionnel quand le Barça était en plein recyclage, Valdés quitte ce monde au moment où le Barça démarre sa saison sans réels repères. Comme le signe d’une page qui se tourne.

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Par Antoine Donnarieix

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