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C’était quoi ce bordel autour de PSG-Zagreb ?

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C’était quoi ce bordel autour de PSG-Zagreb ?

Les incidents de PSG-Zagreb ont posé de nombreuses questions sur les évolutions du hooliganisme et sur sa gestion par la police et les autorités. Premier volet : qui étaient les protagonistes des incidents de Bastille ?

Quand le tirage au sort de la Ligue des champions a mis le Dinamo Zagreb dans la même poule que le PSG, joueurs et dirigeants parisiens se sont frotté les mains : deux victoires faciles en perspective. Les hooligans parisiens, eux, se sont chauffés les poings, réjouis de pouvoir se confronter aux Bad Blue Boys croates, l’un des groupes les plus réputés dans le petit monde des supporters violents européens. Quant aux autorités françaises et croates, elles se sont creusé la tête : comment empêcher d’en découdre deux groupes qui veulent absolument se mettre sur la gueule ?

Au match aller, prévu à Zagreb, la coopération entre les deux clubs et les deux pays a permis d’empêcher la plupart des fans parisiens (y compris ceux qui voulaient simplement soutenir leur club) d’entrer en Croatie ou d’accéder au stade. Au match retour, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a eu beau déployer les grands moyens en interdisant à tout supporter du Dinamo de se rendre en région parisienne le jour du match, il n’a pas pu éviter une bagarre la veille, en plein Paris, baston qui a mis en émoi les médias français pendant toute la journée de mardi. La tension et l’emballement médiatique étant désormais retombés, que sait-on exactement de ces incidents et de leurs protagonistes ?

Qu’ont fait les ultras croates à Paris ?

Grâce à des contacts anciens dans le milieu des supporters croates, deux reporters de So Foot ont pu passer plusieurs heures mardi dans les rues de la capitale avec des membres actifs des Bad Blue Boys (BBB), les ultras du Dinamo. De ces discussions et d’autres informations obtenues auprès d’ultras de Zagreb, il ressort que, malgré les restrictions des autorités croates et françaises, environ 200 Bad Blue Boys ont réussi à se rendre à Paris par différents moyens. Certains sont venus de Croatie, mais d’autres étaient issus de la diaspora croate, en provenance notamment de l’Allemagne, ce qui rendait leur contrôle plus difficile. La plupart de ceux qui sont arrivés lundi ont participé à la bagarre avec les Parisiens et ont fini le mardi dans les filets de la police, deux d’entre eux passant par la case soins médicaux. Ceux arrivés mardi ont connu des destins variés. Certains se sont fait arrêter par la police. D’autres, que nous avons suivis, ont traîné dans la capitale et tenté d’aller au Parc, avant de se raviser et de regarder le match dans un pub. Une vingtaine de BBB aurait même réussi à entrer dans le Parc où ils ne se sont, au demeurant, pas fait remarquer.

Qui sont ces fameux Bad Blue Boys ?

Les Bad Blue Boys sont nés au milieu de la décennie 1980 et ont connu leur âge d’or dans les années 1990 au moment de l’explosion de la Yougoslavie (dont les stades montraient l’agonie depuis plusieurs années déjà), puis de la guerre d’indépendance au cours de laquelle plusieurs d’entre eux ont perdu la vie. Leur engagement pour la cause nationale a nourri, dans leur pays, la réputation de ces ultras considérés comme des pionniers du nationalisme croate et se présentant eux-mêmes comme « patriotes » . Après l’indépendance, ils ont également tiré profit de leur opposition avec le président croate Tudjman. Refusant la nouvelle dénomination du club « Croatia Zagreb » , ils ont fini par avoir gain de cause avec le retour au nom historique de Dinamo à la mort de Tudjman. De plus, les BBB ont été parmi les premiers à oser se confronter au régime et à la police de Tudjman, dont ils partageaient pourtant les orientations politiques. De ce fait, leur image a été plutôt positive dans une bonne partie de l’opinion croate pendant une longue période. Mais elle s’est détériorée ces dernières années, en raison de leur propension à la baston facile.

Aujourd’hui, les BBB connaissent même une crise profonde. Avec d’autres fans du Dinamo, ils s’opposent frontalement à la direction du club incarnée par le directeur exécutif Zdravko Mamic, tête d’un football croate profondément corrompu. Le boycott total des matchs à domicile a pu souder le groupe autour d’une lutte commune. Mais cette absence prolongée du stade complique le recrutement de jeunes supporters, lesquels s’engagent souvent dans un groupe ultra après avoir vu le spectacle en tribunes. Les difficultés quotidiennes imposées par la direction du club et la pression constante de la police lassent également de nombreux ultras, d’où une baisse continue des effectifs.

Si on ajoute à ce tableau la faiblesse du football croate, on comprend que les Bad Blue Boys s’emmerdent un peu dans leur championnat national et concentrent leurs activités sur les déplacements européens afin de défendre la réputation d’un groupe vieux de plus de 25 ans et toujours prêt à se mesurer à d’éventuels adversaires. Être attendus partout en Europe semble susciter en eux fierté et étonnement. Comme nous le disait l’un d’entre eux, c’est « hallucinant » de constater que des hooligans du Spartak Moscou aient fait plus de 900 kilomètres pour les affronter lors du récent Dynamo Kiev-Dinamo Zagreb…

Qui étaient les Parisiens qui ont rendu une visite musclée aux Croates ?

Plusieurs témoignages de supporters parisiens confirment les informations transmises par la police. D’après ces sources concordantes, les Parisiens qui ont participé aux incidents avec les BBB étaient issus de différentes factions des anciennes tribunes Boulogne et Auteuil. Parmi la centaine de Parisiens impliqués, il y aurait eu notamment : des membres de plusieurs bandes de hooligans du Kop de Boulogne (KOB) ; des indépendants d’Auteuil proches des Karsud, un groupe réputé pour s’engager dans des incidents aux côtés du KOB ; des membres de la K-Soce Team, une ancienne section des Supras Auteuil dont certains ont, selon la police, été interpellés suite aux incidents. Plusieurs échos, que nous n’avons pas pu vérifier pour l’instant, font également état de la présence d’une poignée de supporters serbes, lesquels ont, depuis longtemps, des connexions avec certaines factions parisiennes. Le groupe parisien comprenait donc des membres d’entités différentes dont certaines ont été, par le passé, en conflit, en particulier la K-Soce Team et les indépendants du KOB.

Cette bagarre, c’était une fight ou pas ?

Les médias aiment parler de fight dès que des groupes de supporters s’affrontent violemment. Qu’est-ce qu’une fight ? C’est un nom que donnent les hooligans à des bagarres arrangées entre les deux parties. Une telle organisation leur permet d’éviter les dispositifs policiers déployés autour des matchs. La planification des bagarres s’est accrue en Europe ces dernières années, à mesure que les forces de police encadraient plus étroitement les enceintes et les déplacements de supporters. Ainsi, ces fights, dont les hooligans allemands, polonais ou russes sont friands, consistent à se mettre d’accord au préalable sur un lieu discret (une forêt en journée, une zone industrielle la nuit, etc.), un nombre de participants, des règles voire une tenue vestimentaire. Quelques hooligans français s’adonnent à de telles fights, mais elles sont rares et concernent très peu de personnes.

Pour affirmer qu’il y a eu fight lundi soir, il faudrait donc avoir confirmation que les deux parties ont fixé au préalable un rendez-vous et se sont accordées sur les modalités de leur rencontre. Or, d’après les témoignages recueillis auprès des supporters croates et parisiens, ça n’a pas été le cas. D’ailleurs, les BBB ne sont, de manière générale, pas adeptes des fights arrangées. Ils préfèrent procéder à l’ancienne en s’installant dans un endroit de la ville et en attendant que les locaux parviennent, ou non, à les trouver et décident, ou non, de les défier. Pour eux, la bagarre ne s’embarrasse pas des codes des fighters polonais et russes. Ils ne se privent pas d’utiliser des bouteilles, fumigènes, chaises ou tables (des témoignages parisiens parlent même de couteaux) et ne se préoccupent pas de respecter un nombre égal de protagonistes dans les deux camps. Comme nous le disait l’un d’entre eux : « Rien n’est programmé, mais tu sais que ça va arriver à un moment ou à un autre » .

Si le fait qu’il ne s’agissait pas d’une fight semble avéré, les versions récoltées des deux côtés divergent, classiquement, sur l’issue de la bagarre. Les Parisiens présents estiment l’avoir emporté, tandis que les BBB considèrent que, après un premier contact favorable aux Parisiens, les Croates se sont regroupés et ont fait fuir les assaillants locaux, lesquels concèdent simplement quelques escarmouches isolées dans des rues adjacentes à la première bagarre. De toute façon, il importe peu de savoir qui l’a emporté. Il est plus instructif de constater que les BBB se présentent comme vainqueurs à deux niveaux. D’une part, sur l’issue de la bagarre à Bastille. D’autre part, sur leur capacité à atteindre la capitale en dépit des restrictions des autorités alors que presqu’aucun Parisien n’est parvenu à Zagreb deux semaines plus tôt. Contourner le dispositif policier est devenu en soi un challenge pour les hooligans européens.

Où en est la guerre Boulogne / Auteuil ?

Alors que les tensions entre factions rivales du Kop de Boulogne et du virage Auteuil ont provoqué, dans les années 2000, des incidents graves, débouchant sur la mort de Yann Lorence en 2010, il est surprenant de voir d’anciens adversaires, notamment les indépendants de Boulogne et de la K-Soce Team, se battre ensemble contre un ennemi commun. Est-ce à dire que la guerre Boulogne/Auteuil est terminée ?

En fait, non. Si certaines factions se sont rapprochées, d’autres demeurent fortement antagonistes au point de se battre parfois en petits groupes dans les rues de la capitale, dans des bars ou en marge de concerts. La frange d’Auteuil qui observe un boycott fort du stade et des déplacements reste farouchement opposée aux indépendants de Boulogne. Nommée PUC (Paname United Colors), elle rassemble les anciens Authentiks, Grinta, Puissance Paris et Supras (que certaines sections comme la K-Soce Team et les Microbes ont quittée) ainsi que quelques ex-Lutèce Falco.

En revanche, la K-Soce Team s’est rapprochée des Karsud et de certaines entités de Boulogne, notamment du fait de leur lutte commune contre le plan Leproux et de leur volonté de continuer à être présents en déplacements voire, pour certains, au Parc. Ces entités ont décidé de mettre les symboles et opinions politiques de côté et de se rassembler autour du PSG et de l’opposition à la direction du club. Cette alliance de circonstances, forcément fragile, a aussi été scellée dans l’adversité lors du déplacement de l’an dernier en Europa League à Bilbao. Le refus du club de dialoguer avec les ultras parisiens qui voulaient revenir au stade a également contribué à rapprocher certains supporters des bandes de hooligans et à transformer quelques ultras en hooligans.

Par Anthony Cerveaux, Loïc Trégourès (dans les rues de la capitale) et Nicolas Hourcade (en régie), avec AA, LDC, MF et NKM.

Dans un second volet de ce dossier, à paraître bientôt sur le site, nous reviendrons sur la situation du Parc suite au plan Leproux et sur la politique menée par les autorités sportives et publiques.

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