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C’était le CRUFC

Par Eric Carpentier
C’était le CRUFC

Le finaliste de la Coupe de France 2000 a été placé en liquidation judiciaire en 2017. Une triste fin...

« Personnellement, je n’avais pas réussi à atteindre l’objectif fixé en partant du foyer familial. Je suis allé à Strasbourg pour devenir pro, mais je n’ai pas eu cette chance. Alors, de jouer au Stade de France et de marquer, c’était une petite reconnaissance. Et un cadeau pour mes parents aussi, toujours derrière moi quand c’était dur. Là, ils voient leur fils marquer en finale de Coupe de France… » Lui, c’est Jérome Dutitre. Peu après la demi-heure de jeu, le 7 mai 2000, le joueur de CFA fait basculer toute une région dans la folie. Il faudra un penalty de Sibierski à la dernière minute du temps réglementaire pour arracher les Calaisiens à leurs rêves. 17 ans et quatre mois plus tard, le Calais Racing Union Football Club est en passe de disparaître définitivement. Le club avait 43 ans.

Vendroux, Landreau et claques partout

S’il est aujourd’hui directeur des sports à Radio France, Jacques Vendroux restera toujours un gamin de Calais. Et le quinquin n’a pas oublié qu’il a été « élevé avec ce club qui jouait en maillot jaune, short noir et bas jaunes. Mon père m’emmenait au stade Julien-Denis, le dimanche, voir le Racing Club de Calais. Et le dimanche d’après, c’était mon grand-père qui m’emmenait supporter l’Union sportive de Calais. » Soit les deux institutions (créées respectivement en 1902 et 1947) qui fusionneront en 1974 pour donner naissance au CRUFC. Pendant 26 ans, le principal club calaisien sera un amateur parmi d’autres, parfois promu, parfois relégué, jamais en danger. Puis vint l’épopée de la Coupe de France, « avec Lozano qui parlait merveilleusement bien aux joueurs », remet Vendroux, « un capitaine, Reginald Becque, extraordinaire, Dutitre, Gérard avant-centre, Baron en stoppeur à l’ancienne qui mettait des claques partout… » Un parcours jamais égalé dans l’histoire du football français. Mais qui dit sommet, dit aussi descente. Et tout schuss.

Pourtant, la saison suivant l’épopée, Calais grimpe encore un peu, en National. Les prémices des emmerdes. Deux victoires en 38 matchs plus tard, première relégation administrative pour difficultés financières, direction le CFA 2. Le club remonte, retrouve le National en 2007… et commet les mêmes erreurs. Réginald Becque, qui a arrêté de jouer deux ans plus tôt, garde un souvenir amer de la période : « Prendre des joueurs qui venaient de partout n’a pas été bon pour le club. Recruter local, ça marchait. Il y a une identité, il faut des gens du cru pour savoir ce que ça représente. » Sauf que les choix hasardeux s’enchaînent : « Un limogeage d’un directeur sportif à 250 000 euros, le limogeage d’un entraîneur à 50 000… Les gens sont partis avec de l’argent, tant mieux pour eux, mais pour la viabilité du club, c’était plus difficile », regrette celui qui est toujours ami avec Mickaël Landreau. Une dilapidation qui fait tonner Jacques Vendroux à l’heure du dépôt de bilan, en 2017 : « Les 200 000 euros, ils sont passés où ? Je mets tout le monde dans le même sac. C’est tous des incompétents notoires ! On n’a pas le droit de faire disparaître ce club de la carte ! » Trop tard.

« Le CRUFC s’est tué tout seul »

Les 200 000 euros en question, ce sont ceux que la mairie a refusé d’accorder avant la disparition du club à l’époque. Une partie pour l’apurement de la dette, une autre pour les besoins urgents, une troisième pour combler le déficit, c’en était trop pour Natacha Bouchart, qui a senti le besoin de convoquer la presse en septembre 2017 : « Il faut qu’on arrête cette aventure, on est allé trop loin. Je ne peux pas continuer avec un club dont les difficultés financières s’étalent tous les jours. » Et la maire de Calais de terminer au sol le club jusque-là dirigé par Jean-Marc Puissesseau : « Nous avons reçu un appel de la Ligue qui voulait vérifier les propos des dirigeants du CRUFC, venus avec la promesse du versement de 248 000 euros par la ville. Nous avons nié, il n’en a jamais été question et nous ne comprenons pas le montage pour obtenir cette somme.(…)Ce n’est pas la mairie qui a tué le CRUFC, le CRUFC s’est tué tout seul. » Game over.

Désormais, la question centrale est celle des jeunes. Si la SASP et l’équipe senior vont disparaître, la mairie a promis de soutenir la formation. Et l’association, qui gère les équipes de jeunes, devrait repartir sous le nom de Calais Football Club des Hauts-de-France. Un nom qui ne plaît que moyennement à Jacques Vendroux – « CRUFC, ça ne voulait déjà rien dire, mais le con qui a trouvé ce nouveau nom, il est encore plus con que les autres ! Calais football je-sais-pas-quoi Hauts-de-France ? C’est n’importe quoi ! C’est nul ! C’est nul à chier, écrivez-le bien ! » –, mais l’important est ailleurs. Notamment pour Jérôme Dutitre, revenu au club en juillet 2016 en responsable du centre de formation, et qui ne sait toujours pas de quoi sera fait l’avenir : « Aujourd’hui, je n’ai de nouvelles de personne. Il va y avoir une liquidation, donc je vais être licencié, mais je n’ai pas été contacté. J’ai appris dans la presse qu’il y aura un nouveau club. » À ce jour, le buteur de la finale face à Nantes est donc en recherche d’emploi. « D’ailleurs, je passe une annonce, je suis libre ! », rigole-t-il. Mais d’un rire qui s’éteint vite.

Plus de Calais

Dans son club de Grande-Synthe, Christophe Hogard est, lui, « vigilant à tout. Quand on a une enveloppe, je regarde de près les utilisations. Tu ne peux pas dépenser l’argent que tu n’as pas. » Le milieu de terrain, aperçu dans le Dunkerque de Christopher Nolan (« vers le quart du film, quand les bateaux de plaisance anglais croisent le navire anglais, leMaillé Brézé, je suis sur le pont, en manteau long, je regarde dans le vide »), est amer quant à la mise à l’écart des héros de l’épopée : « Je suis dans l’asso Calais 2000, et on nous a tous snobés. On nous a dit : « Faut arrêter avec Calais 2000 ». Mais la vérité, c’est qu’il y a beaucoup de personnes qui ont gravité autour du club avec un seul intérêt, se servir. » Un constat partagé par Réginald Becque : « Moi, j’ai passé mon diplôme d’entraîneur alors que j’étais encore joueur. Je termine ma carrière, je prends la réserve que je fais monter deux fois. À un moment, on se sépare de l’entraîneur et là, on prend deux entraîneurs parce qu’il y en a un qui n’a pas de diplômes ! » Et l’historique capitaine d’appuyer : « Les trois quarts, on était prêts à s’investir pour transmettre. On a eu la sensation d’être mis à l’écart parce qu’on prenait trop de place. Quand on voit le club aujourd’hui, on se dit que ce n’était forcément pas le bon choix. »

Aujourd’hui, il ne reste au CRUFC que ses souvenirs. En particulier ceux d’une épopée folle qui a vu une bande d’amateurs écarter successivement Lille, Cannes, Strasbourg et Bordeaux, avant de tomber à la dernière minute de la finale sur un penalty touché par Cédric Schille. De tout ça, le milieu Christophe Hogard retient « le plaisir qu’on a donné aux gens. Fallait voir les gens qui dormaient à l’entrée du stade pour avoir leur billet ! On a pris et on a donné tellement de bonheur… Nous, petits footeux amateurs, on permettait à tout le monde de sortir du quotidien, en toute simplicité. On discutait, on faisait la fête… On était des petits footeux qui ne souhaitaient qu’une chose : jouer. » Le 7 septembre 2017, le gâchis a pris le pas sur le plaisir. Désormais, plus personne ne jouera au football sous les couleurs du Calais Racing Union Football Club.

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Par Eric Carpentier

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