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C’était l’Ascoli Calcio

Eric Maggiori
C’était l’Ascoli Calcio

C'est officiel : le club d'Ascoli n'existe plus. Fondé en 1898, il était l'un des plus vieux clubs italiens en activité. Le 16 décembre, à cause d'une dette colossale, l'équipe des Marches a fait faillite. Triste, très triste épilogue d'une histoire longue de 115 ans. Retour sur dix moments forts d'histoire.

Le premier club des Marches

Les Marches n’est pas la région la plus connue d’Italie. Peut-être parce que son nom ne sonne pas franchement comme un nom de région. En tout cas, c’est le 1er novembre 1898 que douze jeunes d’Ascoli fondent le tout premier club de sport (foot et cyclisme) de la région, qu’ils baptisent dans un premier temps la Candido Augusto Vecchi, en l’honneur du colonel du même nom, né dans les Marches et marié à une jeune femme d’Ascoli. C’est après la Première Guerre mondiale que le club prend le nom d’Union Sportive Ascolana avec, entre autres, l’inauguration en 1925 du stadio comunale dei Giardini avec, pour l’occasion, un match amical contre la Lazio. Des nouveaux clubs naissent petit à petit dans la région (l’Anconitana, la Fermana, la Sambenedettese) et Ascoli, alors considéré comme le grand club régional, dispute ses premiers derbys. La Seconde Guerre mondiale éclate, et c’est seulement à son terme que l’US Ascolana va devenir l’AS Ascoli. Le début d’une nouvelle histoire.

Le premier risque de faillite

Dans les années 50, très précisément lors de la saison 1954-55, Ascoli est déjà enclin à de graves problèmes financiers. Le club est même relégué en Promotion régionale, l’équivalent d’une D6 actuelle. Avec une dette de 12 millions de lires, le président Giammiro n’a pas d’autre solution que de contacter Mario Benvenga, neveu du célèbre éditeur Cino Del Duca (très populaire en France à l’époque), lui aussi né dans les Marches. Del Duca reçoit le SOS, et décide de sauver Ascoli. Il en devient mécène, puis carrément président honoraire, rebaptisant le club Del Duca Ascoli. L’équipe se remplume, retrouve des couleurs, et remonte les échelons. En 1959, le Del Duca Ascoli accède déjà à la Serie C, la D3 italienne, grâce à un repêchage in extremis dû à l’exclusion de Viareggio. Un coup du sort qui va permettre d’écrire les prochains chapitres de l’histoire.

La terrible mort de Roberto Strulli

À la mort de Cino Del Duca, c’est sa veuve, la Française Simone Del Duca, qui reprend les rênes du club. Mais cette dernière n’a pas franchement envie de s’impliquer dans la vie du football. Elle décide donc de faire un don de 100 millions de lires, et ainsi de céder le club à de nouveaux entrepreneurs. L’équipe est alors en Serie C, et n’a qu’un rêve en tête : accéder un jour à la Serie A. Mais ces années en troisième division vont être malheureusement marquées par un tragique événement. Le 14 février 1965 se dispute un derby toujours très tendu entre Ascoli et la Sambenedettese. Lors d’une sortie à terre, le gardien d’Ascoli, Roberto Strulli, heurte violemment le genou de l’attaquant adverse, Alfiero Caposciutti. Sorti sur civière, il restera dans le coma pendant 14 heures, avant de décéder à l’hôpital. Tragique, certes, mais déterminant pour la suite des évènements. Car à partir de ce jour, les joueurs d’Ascoli ne vont plus jouer seulement pour eux. Ils vont jouer, de leur propre aveu, pour rendre fier leur coéquipier disparu. Et cela va marcher.

La Reine des Marches

Parmi les coéquipiers de Strulli, il y a un certain Carlo Mazzone. 221 matchs et 11 buts avec le maillot d’Ascoli, de 1960 à 1969. Il était sur la pelouse le jour du drame. Dès la fin de sa carrière de joueur, c’est à lui qu’est confié le poste d’entraîneur d’Ascoli. Mazzone en est persuadé : il va amener Ascoli en Serie A. Il est soutenu à 100% par les nouveaux dirigeants du club, et notamment le nouveau président, Costantino Rozzi, qui va devenir le personnage clef de l’histoire d’Ascoli, avec ses associés, Carlo Sabatini, Giuliano Moricône, Iachino Pallotta et Roberto Benigni, homonyme du réalisateur. Avec Mazzone aux commandes, Ascoli est promu en Serie B pour la première fois de son histoire. Dès sa première saison en D2, en 1972-73, le club des Marches manque la montée pour un petit point. Mais ce n’est que partie remise. L’année suivante, Mazzone et les siens remportent la Serie B, et sont promus pour la toute première fois en Serie A. Ascoli devient ainsi le premier club de la région des Marches à accéder à l’élite. Pour ça, les tifosi lui octroient alors le titre de « Reines des Marches » . Attention à ne pas tomber, quand même.

Le championnat des records

Pendant quelques saisons, Ascoli fait le yo-yo entre la Serie A et la Serie B, ce qui est plutôt logique pour un club qui n’avait jamais atteint un tel niveau auparavant. Rozzi, devenu dans le cœur des supporters le « Presidentissimo » , fait de son mieux pour maintenir le club à flot et le ramener le plus vite possible en D1. Ses efforts vont être récompensés lors de la saison 1977-78, celle qui reste gravée encore aujourd’hui comme le championnat des records pour Ascoli. En Serie B, avec le coach Mimmo Rena sur le banc, Ascoli va réaliser une saison exceptionnelle. 26 victoires, 9 nuls et seulement 3 défaites, meilleure attaque avec 73 buts, la Reine des Marches termine largement en tête, avec… 17 points d’avance sur le deuxième du classement (et encore, la victoire ne valait que 2 points : avec la victoire à 3 points, Ascoli aurait eu 27 points d’avance sur son dauphin !). C’est donc un retour en Serie A. Et là, plus question de redescendre.

Les années 80, période d’or

Les années 80 vont marquer l’apogée du club marchigiano. Pour son retour parmi l’élite, Ascoli se classe à la dixième position, un résultat honorable. Mais la saison la plus folle reste celle qui arrive juste après. 1979-80. Costantino Rozzi s’implique de plus en plus dans la vie du club, et veut absolument qu’Ascoli s’impose comme l’une des certitudes du football italien. Cette saison-là, Ascoli termine 4e de Serie A, passant à deux doigts de la qualification en Coupe UEFA. Il s’agit évidemment là du meilleur résultat d’un club des Marches en Serie A. Surtout, à la fin de la saison, Milan, 3e, est relégué en Serie B. Ascoli aurait pu prendre la troisième, mais la Federcalcio décide de ne pas toucher au classement final. La rage. Ascoli va ensuite rester en Serie A jusqu’en 1985, puis fera une année de purgatoire avant de revenir, et d’y rester jusqu’en 1992. Bilan : une sixième place en 1982, une dixième position en 1984, et beaucoup de 12e place, résultat favori du club. Bref, Rozzi a réalisé le rêve de tous les tifosi : Ascoli est bien devenu l’une des réalités du football italien.

Les trois trophées des années 80
Lors de ces années 80, Ascoli va remporter trois trophées. Bon, attention, hein. Pas la Coupe d’Italie, la Ligue des champions et la Coupe intercontinentale. Des trophées mineurs, mais qui restent, encore aujourd’hui, comme une fierté pour le club déchu. À la fin de la saison 1979-80, celle où Ascoli termine 4e de Serie A, le club de Rozzi est invité au Canada à participer au Red Leaf Cup, un tournoi ayant pour but de promouvoir le football en Amérique du Nord. Les participants : Ascoli, donc, Botafogo, Nancy et les Glasgow Rangers. À la surprise générale, c’est Ascoli qui remporte le trophée, pour la plus grande joie du président Rozzi, qui a su motiver des joueurs qui, clairement, auraient préféré partir en vacances plutôt que de participer à un tournoi après une longue saison. Quelques mois plus tard, Ascoli va s’imposer lors d’une nouvelle compétition : le Torneo de Capodanno (tournoi du Nouvel An), dont la finale s’est déroulée en juin 1981 (logique, pour un tournoi du Nouvel An). Ascoli réalise un véritable miracle en battant en finale la Juventus du Trap, 2-1 grâce à des buts de Trevisanello et Moro. Enfin, en 1987, le club des Marches remporte la Mitropa Cup, Coupe de l’Europe Centrale. L’équipe bianconera bat en finale le Bohemians Prague, 1-0. Les années d’or, vraiment.

L’arrivée du frère de Maradona

Pratiquement tout le monde l’a oublié, mais Maradona a joué à Ascoli. Bon, pas le vrai, hein. Le frangin, Hugo. Petit frère de Diego (neuf ans de moins), il fait ses débuts à Argentino Juniors. Il séduit immédiatement les observateurs avec, évidemment, un nom qui l’aide à être connu et reconnu. En 1987, après avoir disputé le Mondial des moins de 16 ans en Chine avec l’Argentine, il est recruté par le Napoli, qui vient tout juste de remporter son premier Scudetto avec Diego Maradona en porte-étendard. Hugo n’étant âgé que de 18 ans, le Napoli décide de le prêter un an à Ascoli, pour qu’il y fasse ses armes. Dans les Marches, il est l’attraction principale, mais ne va résolument pas offrir les prestations que l’on attendait. Avec le maillot noir et blanc d’Ascoli, il ne dispute que 13 matchs, et ne parvient pas à inscrire le moindre but. Les dirigeants d’Ascoli se rendent vite compte qu’ils ont recruté une banane et, le lourdent à la fin de la saison. Et dire que Diego avait dit de lui : « Il deviendra plus fort que moi » . Ah ?

La folle saison 2005-06

Ascoli va retomber dans l’anonymat dans les années 90. Le président Rozzi meurt en 1994. 20 000 personnes assistent aux funérailles, preuve de l’importance de cet homme au sein du club. Mais l’après-Rozzi est dur à gérer. Relégué en Serie B en 1992, Ascoli chute carrément en Serie C1 en 1995, pour la première fois depuis 1971. Il faut se réinventer, reconstruire. En 2000, Ascoli a une première occasion de remonter en D2, mais perd la finale des play-offs lors d’un derby des Marches contre Ancône. Finalement, un petit miracle va permettre à Ascoli de retrouver l’élite. En 2004-05, Ascoli termine sixième de Serie B. Mais grâce à la condamnation sportive du Genoa et la non-inscription de Perugia, le club obtient sa remontée en Serie A, après 13 ans d’absence. Le nouveau président, Roberto Benigni, décide de mettre les petits plats dans les grands, et recrute du lourd : Quagliarella, Sculli, Ferrante, Domizzi, Guana. Et la sauce va prendre. Ascoli débute par un match nul face au Milan AC (1-1), et va offrir, tout au long de la saison, quelques matchs de rêve à un public aux anges : victoires 3-1 contre Parme, 2-1 contre la Sampdoria ou encore 3-2 contre la Roma de Spalletti. Au final, Ascoli termine dixième de Serie A, à seulement 2 points de la zone Europe, alors que tout le monde lui prédisait un retour immédiat en Serie B.

Le déclin, et le clap de fin

La suite va être beaucoup moins magique. La saison suivante, Ascoli termine avant-dernier, et redescend en Serie B. C’est la dernière fois que le club marchigiano fera son apparition au plus haut niveau du football italien. La suite, c’est une inexorable chute : le club parvient par trois fois à se maintenir miraculeusement en Serie B (16e en 2009, 17e en 2011, 15e en 2012), mais des problèmes financiers viennent frapper à la porte. À la fin de la saison 2012/13, l’inévitable se produit : Ascoli est relégué en Lega Pro. La saison 2013/14 débute de la pire des façons. Le site web du club est suspendu pendant plusieurs jours, et les dirigeants se mettent en mode « silence radio » , à tel point que l’on ne sait même pas qui est le nouveau coach. Le 22 juillet, pour montrer leur mécontentement, les tifosi d’Ascoli (environ 1000 personnes) organisent une manifestation au centre d’entraînement pour demander des comptes. Mais le vrai problème, c’est que le club n’a plus un rond, à l’image d’une ville durement frappée par la crise en Italie. L’équipe de football, pour de nombreuses personnes, restait le rayon de soleil de la ville. Mais le 16 décembre, la nouvelle est tombée. Ascoli Calcio n’est plus. Faillite, banqueroute, disparition. C’est une page de l’histoire du foot italien qui se tourne. Un nouveau club sera certainement créé, en repartant de zéro, probablement de la Serie D (cinquième division). Les tifosi, au fond du trou, n’espèrent qu’une chose : pouvoir garder leur nom de club, leurs couleurs blanches et noires, et leur stade mythique. Triste, vraiment.

Ils ont porté le maillot d’Ascoli : Felice Pulici, Bruno Giordano, Francesco Scorsa, Gianluca Pagliuca, Marco Delvecchio, Igor Budan, Marco Ferrante, Fabio Quagliarella, Giuseppe Sculli, Luigi Di Biagio, Fabio Pecchia, Papa Waigo, Simone Zaza…

Eric Maggiori

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