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  • République Tchèque – 23e journée – Sparta Prague/Slavia Prague

C’est soir de derby à Prague

par Régis Delanoë
C’est soir de derby à Prague

Pour la 279e fois de l'histoire, le Sparta et le Slavia vont s'affronter ce soir à Prague. Un derby passionnel qui divise au moins deux fois chaque année la capitale et la République Tchèque plus largement. Car malgré l'émergence actuelle en province du Viktoria Plzen, les deux clubs les plus titrés du pays restent aussi les plus populaires. Découverte.

« A jamais les premiers. » Cette fameuse expression des supporters de l’OM pour souligner leur côté précurseur sur la scène européenne, les fans du Slavia Prague peuvent aussi se l’approprier. Car pour toujours et sans que leurs ennemis jurés du Sparta puissent en changer, c’est bien le Slavia le club le plus vieux de Prague. De quoi en tirer un certain prestige. Né en 1892 par la volonté d’étudiants en littérature de se bouger un peu les guiboles entre deux sessions à la BU (du vélo d’abord, avant de se mettre au foot), il devance d’un an la création du rival, à l’initiative d’une bande de potes emmenée par trois frangins, qui décident de nommer leur club « Sparta » en hommage à la mythologie grecque. En 1896, le premier derby de l’histoire entre les deux formations est disputé devant 121 spectateurs. Score final : 1-0 pour le Sparta, ramené après le coup de sifflet à 0-0 par l’arbitre, après réclamation des joueurs du Slavia. De la tension, déjà, comme socle d’une des plus fameuses rivalités du football. Un « Old Firm » à la sauce tchèque.

Bourges contre crevards

Mais quand la baston entre Celtic et Rangers découle originellement d’un conflit religieux, celle entre les deux « S » se nourrit plus d’une différence de classes. « Le Slavia était considéré comme le club des intellectuels et le Sparta celui du prolétariat, résume Petr Sedivy, journaliste sportif local au quotidien iDnes. Mais ce clivage n’existe plus aujourd’hui, sociologiquement les supporters des deux camps se ressemblent. » Le premier garderait donc à tort sa réputation bourgeoise, du fait de l’origine sociale de ses créateurs, tandis que l’image du second reste liée à l’époque crevarde du début du siècle, quand l’équipe n’avait même pas les moyens de se payer un jeu de maillots convenable, jusqu’à ce que son président d’alors revienne d’Angleterre la valise pleine de chandails refilés gratos par le club d’Arsenal, qu’il venait de visiter. C’est à cette même époque que le Zelezna Sparta – le Sparta de fer – va avoir droit à ses plus beaux moments de gloire. A ranger dans l’armoire, une palanquée de titres nationaux et des succès remarqués hors de ses frontières, lors des premières rencontres internationales d’avant-guerre. De son côté, le Slavia réussit certaines saisons à donner le change, grâce notamment à la superstar de l’époque, Josef Biscan, dont une rumeur tenace affirme qu’il est l’auteur de plus de buts que le roi Pelé dans sa longue carrière…

Mais la période communiste d’après-guerre est douloureuse pour le Slavia, renommé alors Dynamo, et qui va payer cher son étiquette de club d’intellos, son stade allant même jusqu’à être rasé par les autorités pour y laisser place à une statue de Staline… Favori du petit peuple, le Sparta, rebaptisé Spartak, est évidemment regardé avec plus de bienveillance par le PC tchécoslovaque. Mais ce n’est rien à côté d’un troisième larron fondé à l’époque : le Dukla Prague, puissant club de l’armée où sont « transférés » tous les meilleurs joueurs de l’époque et qui rafle quantité de titres dans les années 50 et 60. Vers l’époque du Printemps de Prague, Dynamo/Slavia et Spartak/Sparta sont de nouveau autorisés à reprendre leur appellation d’origine respective et le derby entre les deux redevient l’attraction de la saison. Après la Chute du mur et la séparation de la République Tchèque d’avec la Slovaquie, la rivalité va retrouver une forme d’intensité qui n’existait plus depuis l’avant-guerre. Chacune des deux équipes va représenter tour à tour le pays naissant sur la scène européenne, avec deux stratégies qui s’affirment et existent encore aujourd’hui : au Sparta les gros transferts et l’arrivée régulière de joueurs étrangers, au Slavia la politique formatrice.

Le Sparta plus populaire… et plus détesté

Pour le journaliste local Ondrej Trunecka, l’un des plus intenses derbys de l’histoire a eu lieu au printemps 2000. « Presque toute la saison, le Slavia a occupé la tête du classement avant de se faire passer devant par son rival juste avant l’affrontement, se souvient-il. Ça s’est soldé par une victoire 5-1 du Sparta, avec le titre au bout, fêté devant les joueurs et les supporters du Slavia. Un moment traumatisant pour eux. » Un an plus tard, la rencontre se soldera par un spectaculaire 4-4, « le plus beau derby de l’histoire » pour Ondrej. Aujourd’hui, l’Eden Arena du Slavia et le Generali Arena du Sparta ne peuvent guère accueillir plus de 20 000 spectateurs, contre 50 000 il y a quelques décennies, mais les supporters restent mobilisés. Chaque confrontation est l’occasion d’une surenchère de fumis entre les deux clans, alors qu’une étude récente a montré qu’1/6 de la population tchèque se déclarait supporter du Sparta, contre 1/7 pour le Slavia. « Mais il faut savoir aussi qu’il y a plus de gens au pays qui détestent le Sparta que le Slavia » , complète Ondrej. La rivalité gagne aussi les rangs des joueurs. A l’époque où il évoluait au Sparta, Tomas Sivok s’était ainsi amusé à poser avec un fanion du Slavia en main, après avoir pris soin d’enfiler un gant hygiénique et de faire sa plus belle grimace de dégout… Le capitaine du Slavia Stanislas Vlcek et deux de ses coéquipiers avaient répliqué en reprenant avec les Ultras locaux un chant prônant la mort du Sparta. Classe.

Sur le plan sportif, le Sparta Prague semble clairement avoir pris le dessus sur son rival ces dernières années, tant financièrement que sportivement, et ce, malgré un sursaut du Slavia durant deux saisons (deux titres consécutifs en 2008 et 2009). Cette année encore, le club des intellos ne devrait pas être en mesure de faire mieux qu’une place en milieu de tableau – actuellement classé 8e – tandis que son meilleur ennemi doit gagner ce soir pour rester au contact de l’actuel leader, le Viktoria Plzen, un nouveau venu sur la scène internationale qui a remporté son premier titre en 2011 et confirmé la saison dernière en terminant troisième. Dans le match qui les a opposés fin mars, le Sparta l’a emporté 1-0 face à Plzen, dans ce qui peut ressembler au plus gros choc du football tchèque actuellement. Mais pour l’intensité et pour l’histoire, rien ne remplacera jamais ce si excitant derby de Prague.

Émerse Faé : « J'ai juste fait mon travail »

par Régis Delanoë

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