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C’est la même, même chanson…

Par Mathieu Faure
C’est la même, même chanson…

Mai 1990, Crystal Palace et Manchester United s’affrontent en finale de FA Cup. À l’époque, Alex Ferguson n’était pas encore « Sir », semblait proche d’un licenciement à United, Alan Pardew jouait à Palace, poussait la chansonnette, et la finale s’était déroulée sur deux matchs. Avec un peu de maraboutage et des beignets dedans.

Entre Manchester United et Crystal Palace, il se passe toujours quelque chose. Éric Cantona n’a jamais oublié qu’au détour d’une expulsion contre Palace, il avait terminé son match les crampons dans la face d’un supporter de Palace. C’était le temps du kung-fu. Cinq ans auparavant, cette affiche se produisait à Wembley en finale de la FA Cup. Une finale incroyable puisqu’elle s’est déroulée sur cinq jours. Les 12 et 17 mai 1990 exactement. Un dernier round improbable au regard de la saison de deux équipes. En place à United depuis 1986, Alex Ferguson n’a encore rien gagné avec les Red Devils. Pis, il a failli se faire lourder début janvier. Son salut, il le doit à un gamin de vingt ans, Mark Robins, qui plante le seul but du match contre Forest en janvier. Une défaite, et l’histoire raconte que l’Écossais sautait de son poste. Mais voilà, Fergie a tout changé lors de l’intersaison 1989-1990. Il a commencé par couper des têtes, et notamment celle du duo Whiteside-McGrath surnommé les «   Booze Brothers United » (surnom donné par la presse à ce duo très porté sur la tise en hommage au Booze Brothers, un groupe de punk irlandais, ndlr). Dans la foulée, MUFC vend seize joueurs et recrute 18 bizuts. Ferguson tente déjà de miser sur les jeunes du cru. Ainsi, Mark Robins, Deiniol Graham, Russell Beardsmore ou Lee Martin apparaissent régulièrement avec l’équipe fanion. On les appelle les «   Fledglings’s Fergie  » .

« Coppell aimait signer des joueurs qui avaient de la colère en eux… »

Malgré tout, la saison est un échec (13e en championnat) et la finale de FA Cup est la seule planche de salut. Pour ce faire, il faut se débarrasser d’un invité surprise : Crystal Palace. En demi-finale, les hommes de Steve Coppell – une ancienne gloire de MUFC avant qu’une blessure au genou ne brise tout à 28 ans – balancent la foudre et sortent Liverpool après 120 minutes de jeu sur un dernier but d’Alan Pardew, celui qui officiera aujourd’hui sur le banc de Palace. Cette demi-finale folle se déroule quelques mois après un cinglant 9-0 encaissé par Palace contre les Reds en championnat. Après la demi-finale, l’équipe et le staff de Palace s’arrachent en bus de Villa Park, mais se retrouvent bloqués dans la circulation. La suite, c’est Coppell qui la raconte dans les colonnes du Mirror : « Un de nos intendants a trouvé une demi-douzaine de boîtes de beignets aux couleurs du club dans le bus. On est sur l’autoroute, bloqués, alors on descend du bus et on distribue des beignets à tout le monde. » C’est donc une équipe complètement libérée qui se pointe à Wembley. Palace, c’est une équipe de revanchards. Le onze de départ coûte moins cher que les 2,3 millions de Livres dépensés par Ferguson pour acheter Gary Pallister à Middlesbrough. Une manière de façonner son équipe avec le couteau entre les dents comme le raconte l’attaquant Mark Bright dans les colonnes du Guardian : « Coppell aimait signer des joueurs qui avaient de la colère en eux, des joueurs qui n’avaient pas été conservé par des clubs plus huppés. Nous étions tous issus des divisions inférieures, on avait globalement le même âge et on était sur la même longueur d’onde. Nous avons eu cette passion et cette envie de jouer le même football. »

Marabout et Gin

Mais pour espérer briller en finale, il faut pouvoir compter sur ses meilleurs éléments, à commencer par l’attaquant Ian Wright, qui n’est pas encore la légende des Gunners. Six semaines avant Wembley, l’attaquant se pète le tibia. Sa saison semble terminée. Le sort s’acharne sur Mark Bright aussi, l’autre avant-centre. Tout semble foutu. Sauf pour Coppell qui se laisse guider par une gloire anglaise, Lawrie McMenemy, qui lui conseille une guérisseuse atypique. Une spécialiste des chevaux de course. Palace tente le coup et emmène Bright. « Un jeudi, je frappe à la porte de cette dame, elle ressemble à l’actrice Margaret Rutherford. Il est neuf heures du matin, la télévision hurle et je pensais qu’à 9h30, tout serait fini et qu’on serait de retour à l’entraînement, se souvient Coppell pour le Mirror. J’implore Bright de me faire confiance. Elle commence à toucher ses jambes, mais me demande aussitôt un verre de gin tonic. Et pendant qu’elle le manipule, elle implore le ciel. On a passé notre temps à boire et à implorer le Seigneur. » Trois heures plus tard, le joueur boîte et se demande où il est allé. Le lendemain, l’histoire raconte qu’il s’est entraîné normalement. C’est donc une équipe miraculeuse qui va se pointer à Wembley. Comme le veut la tradition, chaque squad doit enregistrer une chanson de la finale, et pour Palace, c’est Alan Pardew – le dernier buteur de la demi-finale – qui s’y colle. À l’époque, Alan affiche presque 29 ans, et, sur le plateau de la Sky et de l’émission Jameson’s tonight, la semaine précédant cette finale de 1990, il se fait plaisir dans les chœurs, constitués de nombreux de ses coéquipiers, pour interpréter un  Glad all over, l’hymne du club, du plus bel effet. Pardew était l’âme de Palace. Sur et dehors du terrain. « Il avait le meilleur score aux tests physiques que j’ai vu dans ma carrière, résume Coppell, toujours dans le Mirror. Il courait sur une colline comme d’autres descendaient une piste de ski. »

Lee Martin, héros disparu

La finale se déroule donc à Wembley. Et l’atmosphère est forcément particulière, puisque pour la première fois depuis 1985, le vainqueur se qualifiera en Coupe d’Europe. Après cinq ans de punition suite à la tragédie du Heysel, les clubs anglais sont de nouveau acceptés sur le Vieux Continent. Dans un stade comble, Palace restera la dernière équipe composée uniquement d’Anglais à jouer une finale. Un détail. Les Eagles découvrent surtout le luxe d’une finale. Wright n’a jamais joué à Wembley et son début de journée tourne au rêve éveillé, lui qui raconte n’avoir jamais vu de salle de bain aussi grande que celle de son hôtel. À cours de forme, Wright débute sur le banc, mais ce sont ses coéquipiers qui ouvrent le score par O’Reilly de la tête. Dans les cages de United, le vieil Écossais Jim Leighton, 32 ans, est déjà aux fraises. Bien que touché, United reprend le cours du match par Robson, puis Hughes. On se dit que le match est plié… jusqu’à l’entrée en jeu de Wright à la 69e minute. C’est sa première sortie depuis sa grave blessure au tibia. Le short est trop petit. Les élastiques de celui-ci tombent sur ses cuisses musclées. Trois minutes plus tard, il récupère la balle, enrhume Pallister d’un dribble derrière sa jambe d’appui façon CR7 et fusille Leighton. Prolongation. Deux minutes après le début de la demi-heure supplémentaire, Wright transperce encore la défense de Manchester d’une reprise de volée. Terminé. Mais non, car Hughes trouve la ressource pour égaliser à la 113e. Pas de tirs au but, mais une finale à rejouer. Palace a mené deux fois au score, mais n’a jamais su aller au bout.

L’équipe de Coppell le paiera cinq jours plus tard dans un replay beaucoup plus fermé et dans lequel Ferguson changera son gardien (Les Sealey) et Palace de maillot. Et le match basculera sur les parades décisives de Sealey, notamment devant Wright. Moralité, un but du jeune «   Fledglings’s Fergie   » Lee Martin peu avant l’heure de jeu donnera à United et Ferguson leur premier titre. Un but qui sera l’unique fait d’arme de Martin dans son club formateur. Un an plus tard, les Red Devils remporteront la Coupe des coupes. Même si Palace a perdu cette finale, l’état d’esprit affiché par les hommes de Coppell a marqué le club à jamais. Lors de la soirée du club, organisée en début de mois, l’ancien entraîneur de l’époque est revenu sur cette épopée : « Ce n’est pas par hasard que nous sommes arrivés en finale. Nous étions là-bas à cause du travail acharné et de l’engagement de tous, les joueurs estimaient qu’ils avaient quelque chose à prouver. » Une manière d’encourager la bande à Cabaye face aux millions dépensés par Van Gaal depuis deux ans.

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