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Bryan Ruiz, le mirage du Levante

Par Antoine Donnarieix
Bryan Ruiz, le mirage du Levante

Depuis la fin du marché hivernal, Levante avait en tête de terminer sa saison avec un des tubes de l'été 2014 : Bryan Ruiz. Le hic, c'est que la FIFA a finalement décidé de dire non au prêt de l'attaquant de Fulham en Liga. Un rêve se brise.

16 août 1985. Dans l’hôpital San Juan de Dios, en plein centre de San José, la capitale du Costa Rica, un petit garçon pousse ses premiers cris. Rosa Gonzalez, 16 ans, donne naissance à son tout premier enfant. Elle le baptise dans la foulée, et lui offre un prénom : Bryan. Bryan Ruiz. Vingt-neuf années plus tard, le 5 juillet 2014, ce même Bryan est le capitaine des Ticos, l’équipe nationale du Costa Rica. En leader technique, il emmène son équipe nationale jusqu’à une séance de tirs au but fatidique contre les Pays-Bas de Louis van Gaal. La pression est bien là, mais en réalité, le Costa Rica est déjà entré dans l’histoire, puisqu’il dispute pour la première fois un quart de finale de Coupe du monde. Un pays de 4,3 millions d’habitants, d’une superficie inférieure à celle de ses voisins, le Nicaragua et le Panama, paumé en plein milieu de l’Amérique centrale. Un pays qui vient de se classer parmi les 8 meilleures équipes du tournoi, sorti leader du groupe de la mort composé de l’Angleterre, l’Italie et l’Uruguay, tous déjà champions du monde. Ce que sont en train de réaliser Bryan Ruiz et consorts au Brésil, c’est ce que l’on appelle un exploit.

Deuxième tireur de son équipe, Bryan se prépare, mais semble gêné par Tim Krul, fraîchement sorti de son banc pour garder les bois oranje. Quelques mots doux, sûrement. Au sifflet, Bryan s’élance comme il l’a toujours fait depuis le début du Mondial brésilien : avec classe et un soupçon de désinvolture. Sa frappe sur la gauche de Krul est détournée, les Pays-Bas prennent une option sur la victoire finale. Ils ne la lâcheront plus. Ruiz repart quant à lui tête baissée vers le rond central, et entre dans la catégorie de ces numéros 10 échouant sur un penalty dans le tournoi international : bonjour Zico, Michel Platini et Roberto Baggio. Dans son malheur, le commandant de la Sele aura tout de même la satisfaction d’avoir été représentant d’une équipe invaincue durant toute sa compétition. Il est la fierté de tous les Costariciens.

Exos de maths et cancer maternel

Passant son enfance dans le district d’Alajuelita, dans le Barrio La Guaria de San Felipe situé à cinq kilomètres du centre-ville de San José, Bryan Ruiz et ses quatre frères cadets grandissent avec une mère cherchant à leur inculquer la plus grande des valeurs à ses yeux : l’humilité. Dans un quartier connu pour ne pas rouler sur l’or, les Ruiz apprennent à faire le dos rond, et Bryan se doit de montrer l’exemple. À l’école, le petit est plutôt doué et apprécie les mathématiques. Cependant, la cour de récré du collège lui fait rapidement découvrir sa passion. À douze ans, son grand-père lui fait passer un essai au Deportivo Saprissa, mais les résultats ne sont pas concluants. C’est par un autre test, quelques années plus tard, que le LD Alajuelense le propulse en première division, à seulement dix-huit ans. « C’est une vraie réussite pour une mère de voir son fils accomplir ses rêves, explique Rosa Gonzalez dans l’émission nationale Con ojos de madre (Avec des yeux de mère, en VF). Mais s’il réussit actuellement, c’est parce qu’il possède des buts à atteindre. »

Des buts, Bryan sait aussi en mettre et en donner un paquet. En 3 ans passés au FC Twente, il compte 42 pions et 24 passes décisives pour 95 matchs toutes compétitions confondues. L’ancien ailier de La Gantoise conquiert son public, tout semble rose. Cependant, Bryan voit l’arrivée d’une mauvaise nouvelle depuis son pays : des médecins diagnostiquent un cancer chez sa mère. « À vrai dire, je ne voulais pas le lui dire, pour ne pas le préoccuper, avoue Rosa. Le plus important pour moi, c’était sa santé. » Mais au bout d’un moment, Bryan finit par apprendre la grosse tuile. « Il a voulu que j’arrête mon travail, que je me repose à la maison pour que Dieu puisse me permettre de vaincre cette maladie. Mais j’ai voulu continuer à lutter en attendant l’opération, en allant travailler. Un jour, il est carrément venu me chercher au travail pour me ramener directement chez nous. Une fois à la maison, je lui ai dit : « Mon chéri, je ne peux pas rester ici. Il me faut quelque chose qui me permette d’avancer ! » En prenant en compte ma demande, il m’a proposé d’étudier. J’ai choisi l’informatique, et ça m’a beaucoup plu. D’une certaine façon, il m’a aidé à avancer dans la vie. » C’est une certitude, Bryan sait aussi donner.

La minute de trop

Désormais sorti de ce souci familial, le fils modèle reste tout de même sur un échec. Pour la première fois de sa carrière déjà bien avancée, Bryan Ruiz devait jouer dans le championnat espagnol. Lui, l’hispanophone qui rêve depuis tout jeune d’inscrire un but au Nou Camp, peu importe de jouer sous la tunique blaugrana ou non. Il aurait pu faire partie de l’escouade granote prête à partir en mission chez l’ogre du FC Barcelone ce soir. Mais non. Après plusieurs jours de négociations, la FIFA a rejeté ce mardi l’appel formulé par Levante pour se voir prêter le joueur. La raison ? L’impression du fax au bureau de l’instance internationale était réalisée à minuit et une minute, le 31 janvier dernier. Or, le mercato prenait fin à minuit pile. Pour le président du Levante, Francisco Catalán, la décision est difficile à encaisser. « Depuis 19h30, ce n’était pas un souci d’argent. Les problèmes étaient différents. Fulham considérait Bryan comme un joueur important et s’il y a eu un retard d’une minute, c’est parce que les documents ne sont pas arrivés à temps en bonne et due forme. » Ruiz va donc se taper une saison intégrale chez l’actuel 19e de Championship. Dur. « Le comportement du joueur dans l’opération a été irréprochable, ajoute Catalán. Il voulait vraiment débloquer cette situation et demandait à ce que son club le laisse partir. »

Toutefois, Bryan voudra encore réaliser son rêve. Depuis ses premiers pas, le garçon a toujours eu des étoiles plein les yeux sans se retrouver ébloui par la lumière. « Une fois, tout petit, il est venu vers moi et m’a demandé ce que l’on ressent quand on est célèbre, se rappelle Rosa. Je lui ai répondu : « Bonne question, mon chéri, parce que je ne peux pas y répondre ! » Quand il jouait en Belgique, je lui avait demandé au téléphone : « Alors mon chéri, qu’est-ce que ça fait d’être célèbre ? » Il m’avait dit : « C’est beau, maman. C’est très éprouvant, mais c’est beau. Je suis vraiment satisfait de ma vie. C’est aussi beau que je le voulais. » Bryan, c’est celui qui donne de l’amour à tout le monde. » Espérons que la flamme de son jeu reste intacte malgré les courriers tardifs.

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Par Antoine Donnarieix

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