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Brice Jovial : « J’ai ouvert un resto italien en Chine »

Par Nicolas Jucha
Brice Jovial : « J’ai ouvert un resto italien en Chine »

Depuis trois ans, Brice Jovial s'est exilé en Chine, d'abord aux Chengdu Blades, et désormais à Wuhan Zall, en première division. Et l'ancien attaquant de Dijon se plaît dans l'Empire du milieu, au point de songer à y rester une fois qu'il aura raccroché les crampons.

Comment se sont établis les premiers contacts pour que tu ailles en Chine ?

L’agent avec qui je bosse actuellement, Alain Gauci, m’a proposé initialement d’aller y jouer six mois. Au début, je n’étais pas trop chaud, cela me faisait un peu peur parce que je ne connaissais rien du pays. Deux-trois semaines plus tard, il m’a relancé, et vu que j’étais en désaccord avec mon club, Dijon, j’ai accepté d’aller en prêt six mois (aux Chengdu Blades, ndlr). Au final, tout s’est super bien passé.

Tu es donc arrivé à Chengdu, au centre de la Chine. La province du Sichuan, c’est très chaud en été, densément peuplé… Ton arrivée s’est passée comment ?

J’ai eu de la chance. L’entraîneur, Patrick Ossens, était un Belge francophone, et le préparateur physique était français. Donc pour moi, l’adaptation a été beaucoup plus simple, car j’avais deux personnes à qui parler. Après, j’avais un interprète chinois qui parlait en anglais, et les autres joueurs avaient déjà vu débarquer des étrangers. Ce n’est pas qu’ils étaient froids avec moi, mais au départ, ils ne me connaissaient pas et ils attendaient de voir ce que je valais sur le terrain. Dans la vie de tous les jours, dès que j’avais besoin de quoi que ce soit, le club faisait le nécessaire.

Et au niveau de la vie en Chine ? L’alimentation notamment…

Là, c’était compliqué au début. Quand je suis arrivé, je vivais au centre d’entraînement avant d’avoir un appartement, et je mangeais dans la cantine du club. La nourriture chinoise est très bonne, mais cela n’a rien à voir avec les restaurants asiatiques que l’on a en France. La cuisine du Sichuan est très épicée, mais moi les épices, ce n’est pas quelque chose qui me dérange. Je suis originaire de la Guadeloupe, alors je suis habitué. Mais c’est vrai qu’ici au Sichuan, c’est épicé pour « t’arracher la gueule » . Quand tu manges, tu dois préciser que tu ne veux pas d’épices, sinon on t’en met automatiquement. Et même si tu dis que tu veux manger non épicé, cela va l’être quand même un peu. Pour eux, c’est normal, c’est un réflexe de mettre plein d’épices.

Il y a des plats en particulier que tu t’es mis à apprécier ?

Il n’y a pas vraiment des repas comme en France, la raclette ou tout ça. Dans un même repas, on mange plein de choses différentes, plein de plats sur la même table. Ils adorent les légumes, les trucs frits, du riz forcément, et puis ils ajoutent de la viande. En France, on se fait une choucroute, en Chine cela n’existe pas, tu manges plein de trucs différents. Même dans l’équivalent de la fondue, le Hot Pot ou Huoguo. Ça, c’est délicieux.

Dans la société chinoise, le repas est un moment essentiel pour nouer des relations, notamment autour de quelques bouteilles…

J’ai dû participer à pas mal de repas. Pour les Chinois, c’est vraiment un moment important en effet, ils adorent ça. En général, on mange beaucoup, il y a aussi de l’alcool. Ici, au Sichuan, ils boivent pas mal de vin rouge. Il y a aussi le Baijiu (alcool de riz, ndlr), c’est très très fort (en général entre 70 et 80%, ndlr). J’ai dû me plier à la tradition du ganbei (cul-sec à faire avec un convive pour marquer son respect, ndlr), car si tu refuses, c’est comme manquer de respect à la personne. Je n’ai pas été jusqu’au point de sortir d’un restaurant ivre, car en tant que sportif de haut niveau, on ne me poussait pas à aller trop loin, ça va. Mais cela arrive que des gens finissent les repas particulièrement éméchés.

Sur le plan du football, tu as débuté en division 2 avec les Chengdu Blades. Que penses-tu du niveau ?

Le niveau reste assez bas par rapport à la France, même s’ils ont de bons joueurs. En même temps, on est recruté pour les aider à progresser. C’est malgré tout un challenge intéressant et relevé. Après, cela arrive encore en match ou aux entraînements qu’il y ait des incompréhensions avec les joueurs chinois, car le football reste quelque chose d’assez récent, encore en plein développement, et donc on ne l’appréhende pas pareil. Ils sont encore en apprentissage, mais cela ne me dérange pas. C’est agréable d’évoluer avec de jeunes joueurs et d’essayer de les aider à s’améliorer.
Ici, je dois vivre la même sensation que le mec déguisé en Mickey à Disneyland. Plein de monde veut se prendre en photo avec lui, mais il doit être blasé (rires).

Les premiers Occidentaux à avoir joué au Japon disaient que les joueurs locaux avaient tendance à trop les respecter…

Les Chinois ont encore une autre mentalité que les Japonais. Ils n’hésitent pas à nous rentrer dedans à l’entraînement ou en match, même si cela reste respectueux.

Au niveau des ambiances dans les stades, le foot chinois ressemble à quoi ?

À Chengdu, on avait deux stades, un de 40 000 places en centre ville où on jouait souvent devant 20-25 000 personnes, et un autre dans une ville de périphérie où on faisait 8 à 10 000 spectateurs. On est dans des villes super-grandes, avec des millions d’habitants. La ferveur ne se voit pas trop dans les villes elle-mêmes, c’est trop étendu, mais on peut avoir de belles ambiances dans les stades. Il y a pas mal de chants, des fumigènes, c’est bien animé.

Dans la rue, tu vis normalement, ou au contraire, on te reconnaît et t’arrête ?

Dans l’ensemble ça va, il arrive que des gens me reconnaissent, me demandent un autographe ou une photo, mais cela ne va pas plus loin. À Dijon par exemple, c’était différent. Dans un club modeste de Ligue 1, dans une ville assez petite, dès que tu fais un truc, tout le monde le sait. Et c’est chiant. En Chine en revanche, je suis assez tranquille, et quand des supporters m’abordent, cela reste bon enfant. Après, ce n’est pas forcément parce que je suis footballeur qu’on m’aborde, mais parce que je suis étranger, qui plus est black, et en Chine, plus de 90% des gens dans les rues sont des Chinois… Donc forcément, ceux qui ne sont pas typés asiatiques ne passent pas inaperçus. À Chengdu encore, les gens étaient plus habitués à voir des étrangers, mais là à Wuhan (il évolue désormais au Wuhan Zall en Chinese Super League, ndlr), quand je sors dans la rue, c’est parfois la première fois que certains voient un noir, et forcément les gens viennent te voir…. C’est ma troisième année en Chine, je n’y fais plus attention, j’ai l’habitude. Cela doit être la même sensation que le mec déguisé en Mickey à Disneyland. Plein de monde veut se prendre en photo avec lui, mais il doit être blasé (rires).

Tu te vois rester vivre en Chine ou tu vas revenir vivre en Europe une fois ta carrière terminée ?

Je ne sais pas encore. Je me vois bien rester ici, car on a tout. D’ailleurs, cela fait un long moment que je ne suis pas revenu en France. Une fois qu’on s’est habitués, la vie est super agréable. Ce n’est pas ce que l’on voit à la télévision : la vie est moins chère, tout est ouvert à n’importe quelle heure, donc si tu as besoin d’acheter des trucs au dernier moment, c’est pratique…

Tu es venu en famille ?

Non, tout seul. Même encore maintenant, je ne me suis pas casé avec une Chinoise, mais c’est pas à cause de cela que je veux rester. Je ne me suis pas encore demandé si j’allais rester ou pas, ni pourquoi je pourrais rester. Peut-être continuer à m’impliquer dans le football… J’ai aussi ouvert un restaurant italien à Chengdu avec un partenaire français. La clientèle est assez mélangée entre Chinois et expatriés, et les affaires marchent pas trop mal. C’est une première piste de reconversion.

On termine sur une question essentielle : les Chinois aiment le karaoké, tu y es passé aussi ?

(Rires) Oui, bien sûr ! En Chine, tu es obligé de passer par là, j’en ai même fait avec des partenaires du foot.
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Par Nicolas Jucha

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