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Bournemouth, un roman russe

Par Maxime Brigand
Bournemouth, un roman russe

Après plus de vingt ans passés dans les bas-fonds du football anglais, l'AFC Bournemouth a retrouvé la Championship la saison passée. Rachetés définitivement par un riche propriétaire russe en 2013, les Cherries pointent aujourd'hui en seconde position et semblent armés pour jouer la montée en Premier League. Une promotion qui serait une première dans l'histoire du club et qui fait rêver la ville la plus heureuse du Royaume-Uni.

Le temps semble s’être arrêté un instant à Bournemouth. La scène date du 28 octobre dernier. Dans les travées de Dean Court, le stade municipal accueillant les rencontres de l’AFC Bournemouth, les 12 000 âmes n’en reviennent pas. Sur le terrain, un gamin de 22 ans vient de faire tomber West Bromwich Albion, un club de Premier League (2-1). Callum Wilson, tout sourire, se dirige fièrement vers le poteau de corner et cède à l’hystérie collective. Son but décisif inscrit à quatre minutes de la fin est synonyme d’exploit. Il offre à Bournemouth le droit de disputer un quart de finale de League Cup, le premier de son histoire, et un match de gala contre Liverpool au prochain tour. Plus encore, l’AFC se retrouve à deux victoires d’une finale à Wembley. Au sortir de l’exploit, le coach des Cherries, Eddie Howe, ne peut contenir sa joie : « Rien ne peut égaler ce que je ressens aujourd’hui. Quand vous marquez un but sur le terrain, c’est un sentiment incroyable. Mais après toutes les galères que le club a connues, atteindre les quarts de finale, c’est fantastique. »

« Ce 5 mai, la police anti-émeute pataugeait pour rétablir le calme »

Une revanche sur le passé, c’est ce que l’AFC Bournemouth est en train d’offrir aujourd’hui à ses supporters. Après 17 journées de championnat, le club du Dorset, situé au sud de l’Angleterre, coule des jours paisibles et occupe la deuxième place de Championship. Remontés l’an passé en D2, vingt-quatre ans après l’avoir quittée, les Cherries ont remonté le temps pour offrir en 2014 une ambition à leurs supporters et montrer à toute l’Angleterre que Bournemouth est désormais loin de son passé sulfureux. « Ce qu’on offre aujourd’hui, c’est le résultat d’un travail gigantesque qui a été réalisé à l’intérieur du club. Bournemouth a une histoire immense, un passif qui restait encore un poids il y a quelques années. Maintenant, notre force, c’est que tout le monde tire dans le même sens, » témoigne le capitaine du club, Tommy Elphick.

5 mai 1990, Bournemouth. Dean Court s’apprête à accueillir en ce samedi de printemps une rencontre à double enjeu. L’AFC Bournemouth reçoit Leeds et joue alors sa survie. De son côté, United vient chercher dans le Sud du pays le titre de champion de Championship. Dès les premières heures de la matinée, la tension est palpable en ville. Venus en masse, les supporters de Leeds United déclenchent des heurts sans précédent près des bars et commerces du centre. Le Daily Echo décrira même des scènes hallucinantes, montrant « des spectateurs courir dans tous les sens pour se réfugier et une police anti-émeute pataugeant pour rétablir le calme » . Ce week-end marquera le point de départ de dix ans de silence pour le football local. Bournemouth devra régler une facture de près d’un million de livres pour réparer les destructions et le club sera interdit de jouer à domicile les jours fériés jusqu’au 21 avril 2003. Une fracture pour les supporters des Cherries. L’entraîneur de l’époque, Harry Redknapp, vit alors sa première expérience sur un banc de touche (1984-92) et sera évincé deux ans plus tard à cause de montages financiers douteux autour du club.

Eddie Mitchell et cours de russe

L’histoire récente de l’AFC Bournemouth ressemble donc à un véritable parcours du combattant. Lorsque les souvenirs de mai 90 semblent enfin évaporés, le club évolue alors en League One, le troisième échelon national. Reste qu’au-delà du néant sportif, les supporters vivent également au rythme quasi quotidien des problèmes financiers de l’institution. En février 2008, la Football League s’interroge sur la gestion de l’AFC et place le propriétaire de l’époque, Jeff Mostyn, face à une dette de quatre millions de livres. Celui-ci dira que « cette situation ne signifie pas la fin du club. C’est le début d’un futur brillant » . Reste que cette situation est le fruit d’une mauvaise gestion financière datant de près de dix ans. Le club se voit alors retirer dix points au classement et ne pourra empêcher une relégation en League Two en mai 2008. L’AFC Bournemouth est également contraint de commencer l’exercice suivant avec 17 points de pénalité après avoir pu arracher sa participation au championnat grâce à des soutiens financiers de dernière minute. Après les galères et la remise des comptes en ordre, une lumière va arriver en octobre 2008. Elle porte un nom : Eddie Howe.

L’étape décisive de la reconstruction du club arrivera, elle, en juin 2009. C’est le moment que va choisir Eddie Mitchell, l’ancien propriétaire de Dorchester Town, pour racheter les Cherries. Mitchell investit alors beaucoup d’argent afin de mettre en place une équipe compétitive. Avec Howe à la baguette, Bournemouth remonte dès mai 2010 en D3 et peut revivre. Installé en League One, le club renaît et se structure avec de nouveau un centre de formation compétitif et le rachat de Dean Court par Eddie Mitchell. L’AFC est redevenu un club sain. Cette tendance sera confirmée par l’arrivée en novembre 2011 de l’homme d’affaires russe Maxim Demin, à la tête du club. Associés, Mitchell et Demin s’arment pour atteindre leur rêve : la Championship et la Premier League, un jour. Le conseil d’administration de l’AFC Bournemouth prend alors rapidement un accent russe avec la nomination de deux collaborateurs de Maxim Demin, Mikhaïl Poromanev et Alexey Panferov. Mitchell reconnaîtra avoir « une grande dette de gratitude envers la Russie » alors que Tommy Elphick, évoque un propriétaire russe « passionné et qui a refait de Bournemouth une équipe structurée » . Depuis le départ de Mitchell en septembre 2013, juste après la remontée en Championship, le magnat russe a pris seul les commandes du navire.

« Ici, c’est 90 % de jeu au sol »

Sous pavillon russe et grâce au travail extraordinaire réalisé par Eddie Mitchell, l’AFC Bournemouth a retrouvé aujourd’hui son rang. Recruté l’an passé, le Français Yann Kermorgant, passé notamment par Charlton (2011-14), savoure : « C’est merveilleux. L’an passé, c’était une saison de transition pour nous après la montée. Mais aujourd’hui, grâce à nos moyens financiers et à la qualité de notre jeu, on a clairement l’objectif de jouer la montée. Les autres équipes craignent maintenant Bournemouth. » Si le club du Sud en est là, il le doit également à l’enfant de la maison, Eddie Howe, revenu au club en 2012 après un passage à Burnley. « C’est un entraîneur moderne qui prône le jeu. On est loin dukick and rushà l’ancienne très pratiqué dans les plus petites divisions. Ici, les consignes sont de jouer 90% de nos relances au sol. On se sent en confiance » , confie Kermorgant.

Meilleure attaque du championnat et second avec seulement un point de retard sur le leader Derby County, l’AFC Bournemouth est en route pour atteindre un rêve encore impensable il y a quelques années. « On revient de tellement loin, souffle Elphick. Pour moi, c’est le bon âge. Je suis persuadé qu’on va atteindre cet objectif. On se l’est fixé et on le doit à nos supporters. » Il y a quelques semaines, plus de 750 supporters des Cherries avaient fait le déplacement à Middlesbrough, signe de l’intérêt retrouvé pour l’AFC. Dean Court affiche également à chaque rencontre sold out. Prévert disait que « la vie était une cerise et la mort un noyau » . L’AFC semble enfin avoir choisi son camp.

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