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Bjørnebye : « Egil Olsen a révolutionné notre manière de jouer »

Propos recueillis par Nicolas Jucha
Bjørnebye : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Egil Olsen a révolutionné notre manière de jouer<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Latéral gauche de la grande équipe de Norvège des années 90, Stig-Inge Bjørnebye a vécu l'arrivée et la réussite d'Egil Drillo Olsen comme sélectionneur. Témoignage sur l'équipe la plus chiante à jouer de l'histoire, vue de l'intérieur.

Sous la coupe d’Egil Olsen, vous avez disputé deux Coupes du monde et présenté au monde le Flo pass, une variante du long ball sauce norvégienne…

Le Flo pass n’était qu’une composante de notre tactique, qui impliquait également de beaucoup courir, d’être solidaires, disciplinés et stricts derrière. Mais ce Flo pass, c’était une manière de s’appuyer sur un jeu direct – et donc une prise de risques moindre – et sur nos qualités principales, qui étaient l’athlétisme et la générosité dans l’effort. J’avais un rôle très particulier, puisqu’il s’agissait pour moi d’envoyer de longs ballons dans la diagonale – je jouais arrière gauche – à destination de notre ailier droit, Jostein Flo, très grand et puissant, qui devait faire la différence ou envoyer un second ballon dans la zone dangereuse. C’était plutôt un bon choix de la part de M. Egil Olsen, car cela nous a permis d’obtenir des résultats probants en comparaison de ce que la Norvège avait fait précédemment.

Pensez-vous que les bons résultats de la Norvège en 94 et 98 sont plus dus à cette stratégie ou à la qualité de la génération dont Egil Olsen a hérité dans les années 90 ?

Je crois que ces deux points étaient les deux piliers de notre réussite. Le style de jeu, qui faisait appel à notre loyauté, à notre discipline et à notre générosité dans l’effort, a été très important, mais c’est vrai qu’il y avait une superbe génération en Norvège. On avait des joueurs présents dans les meilleurs championnats, comme l’Angleterre, l’Allemagne ou la France. Et certains de ces joueurs jouaient régulièrement dans de grosses équipes. Ce que nous n’avons plus eu par la suite. Mais notre style dépassait le long ball. Les statistiques – Egil Olsen était féru de statistiques – montraient qu’on arrivait à des séquences de 8-9 passes maximum, ce qui est largement au-dessus du long ball traditionnel. On était très costauds derrière, très disciplinés, et on était rapides pour se projeter vers l’avant. C’était un jeu très direct, rapide et vertical.

Vous ne pensez pas qu’avec une stratégie un peu plus technique, la Norvège aurait pu faire mieux ? Le match contre l’Irlande en 94 était catastrophique… (alors que la Norvège peut se qualifier, elle sort un 0-0 tout pourri et se fait sortir à cause de sa mauvaise attaque, ndlr)

Le match contre l’Irlande était terrible. Mais toute cette Coupe du monde 94 a été mal gérée. On n’avait pas l’expérience d’une participation en Coupe du monde, et on en a souffert. On a dépensé trop d’énergie avec la Fédération et les sponsors, dans les activités que l’on nous proposait. Ces opérations marketing nous ont pompé énormément d’énergie à nous, les joueurs. Les pays les plus expérimentés sont mieux concentrés sur la compétition en elle-même et pas ses à-côtés. Quand nous avons joué l’Irlande, il n’y avait plus d’énergie dans cette équipe. Plus assez d’énergie pour jouer avec notre style, donc nous étions vulnérables.
Je n’avais pas de liberté d’action

En tant que joueur, on peut prendre du plaisir avec une stratégie comme le Flo pass ?

Je ne pourrais pas dire si Jostein Flo prenait du plaisir, mais pour moi, le Flo pass, c’était assez répétitif et donc ennuyeux parfois. La principale difficulté consistait à trouver Flo avec de longs ballons. Tous les joueurs n’ont pas la qualité de passe pour le faire, mais pour moi, cela représentait une tâche relativement simple. La seule chose qui me déplaisait vraiment, c’est le fait que je n’avais pas de liberté d’action, pas de choix, pas de capacité d’improvisation, puisque le geste que je devais exécuter avait été décidé par l’entraîneur. C’était un peu frustrant, parfois, de ne pas avoir la possibilité de faire mes propres choix.

Avant le Mondial 94, Olsen avait indiqué que les qualités principales de ses joueurs étaient « de pouvoir beaucoup courir et sauter très haut » . Vous n’avez jamais eu le sentiment de faire du kick and rush ?

La qualité première de notre équipe, c’était le sérieux et la générosité dans l’effort, la discipline. On n’avait pas de stars, mais une vraie unité collective. C’est vrai, on était costauds physiquement, on avait un jeu très direct, on courait beaucoup, plus que l’adversaire, mais on avait aussi des joueurs de grande qualité. Notre secret, c’était l’esprit d’équipe, la solidarité, et la loyauté envers M. Olsen.

Quels sont vos souvenirs de l’entraîneur Egil Drillo Olsen ?

Il était très calme, pas très démonstratif, mais toujours capable de garder les joueurs concentrés et impliqués, un leadership très posé. Il passait beaucoup de temps à analyser le jeu, les joueurs, l’adversaire, et il présentait les résultats à ses joueurs avant et après chaque match. Chaque joueur savait en détails comment il avait joué, et les points sur lesquels il devait travailler. Il présentait des fiches très complètes de l’adversaire lors des préparations de matchs. Son secret était de préparer chaque joueur par rapport à des besoins précis pour chaque match. Il n’y avait aucun doute sur la stratégie d’équipe ni sur les consignes particulières. Il n’y avait aucun doute également quant à la concurrence : il était très transparent, il nous disait tout, là où on en était, notre importance dans l’équipe.
Olsen aime les choses simples

Vous avez parlé de loyauté envers Olsen…

Il a réussi à créer une loyauté sans limites à son égard, mais aussi entre les joueurs. Un jour, j’ai parlé avec Rune Bratseth, qui a longtemps été notre capitaine, mais aussi celui du Werder. Je lui ai dit : « La confiance que tu as consentie à Egil Olsen à sa prise de fonction a été la clé de notre succès » . Olsen était calme, pas forcément un grand nom au moment de prendre en main l’équipe nationale norvégienne. Mais tous les joueurs importants de l’équipe lui ont accordé leur loyauté dès le premier jour. Il n’y a jamais eu de doute, on croyait en lui. Il était très convainquant. Il avait toujours un message à chaque réunion ou causerie. Il savait comment présenter les choses, mais surtout, il a eu des résultats dès le premier match. Je crois que c’était le Cameroun, qui sortait d’une brillante Coupe du monde 90. On leur a mis 6-0 (6-1, en octobre 1990, ndlr).

On sait ce que l’entraîneur a accompli, mais comment était l’homme ?

Ce n’est pas le genre à assister à des grosses soirées ou cérémonies, à se montrer là où il y a du monde. Il aime plutôt les choses simples, la montagne, la nature, la réflexion ou encore la lecture. C’était sa manière d’être et il ne le cachait pas. Quand il y avait un banquet après un match, il venait manger et ensuite il allait se coucher. Ce n’est pas quelqu’un de superficiel. Sa passion, c’est la géographie, il a même écrit un livre et rédige des quiz de géographie pour un journal en Norvège chaque semaine. Il avait des idées très définies, l’équipe de Norvège avec lui, c’était la méritocratie, un projet clair avec une forte unité collective. Il avait une idée précise de comment on pourrait rivaliser avec les meilleurs et a révolutionné notre manière de jouer, il nous a appris à frustrer l’adversaire. Quand on parle de la Norvège d’Olsen, on évoque souvent du long ball, soi-disant du kick and rush, mais on avait sûrement l’équipe la mieux organisée de l’époque sur le plan défensif. Olsen était intelligent et éduqué, deux qualités qui deviennent essentielles au plus haut niveau aujourd’hui. Prenez Pep Guardiola, au-delà du football, c’est quelqu’un de cultivé, de curieux et d’exigeant. Aujourd’hui, un entraîneur doit faire attention à la dynamique du groupe, à l’état d’esprit des joueurs, ne pas hésiter à écarter les joueurs non loyaux, car ils peuvent détruire toute la dynamique collective.

Beaucoup de joueurs passés sous les ordres d’Egil Olsen sont devenus entraîneurs de haut niveau. Un lien de cause à effet ?

Les joueurs d’Olsen avaient tous de grosses personnalités. C’était une génération spéciale, et dirigée par Egil Olsen, forcément, cela a produit une vraie locomotive pour le football norvégien. Beaucoup de joueurs d’Olsen ont des postes importants aujourd’hui, et c’est peut-être en partie l’héritage d’Olsen. Tous ces techniciens ont appris beaucoup auprès de lui : avoir confiance, savoir exploiter au maximum les possibilités de son équipe…

A lire : un super portrait d’Egil Olsen dans SO FOOT #125

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Propos recueillis par Nicolas Jucha

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