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Barovero national

Par Ruben Curiel
Barovero national

Après trois ans à River Plate, Marcelo Barovero va quitter le club qui a fait de lui l’un des meilleurs gardiens du monde. Un exil, probablement au Mexique, qu’il justifie par une fatigue mentale. Portrait du gardien le plus sobre du monde.

Emmanuel Gigliotti s’élance aux onze mètres. En face, Marcelo Barovero, son corps de lâche et son brassard de capitaine trop grand pour ses frêles bras. 16 secondes de jeu se sont écoulées dans ce Superclásico, et Boca peut faire taire tout le Monumental. Un penalty provoqué par Rojas qui peut changer le cours de l’histoire. Barovero s’avance, comme pour provoquer l’attaquant des Xeneizes. Mais ce n’est pas son style. Lui, il ne sait pas chuchoter des insultes aux oreilles des attaquants. Le public de River s’en occupe : lasers, sifflets, tout y passe. Alors il retourne sur sa ligne, tranquillement. Un petit coup de gueule à l’arbitre, qui prend du temps à siffler. Mais sans trop en faire. La suite de l’histoire est connue. Elle est contée par les supporters des Millonarios comme une légende. Une main droite ferme, un doigt levé vers le ciel, et une entrée dans le cercle fermé des idoles qui ont gardé les cages de River Plate, aux cotés d’Ubaldo Fillol ou Amadeo Carrizo, mais sans le charisme. En 2013, il affirmait « vouloir rester toute sa vie à River » . Trois ans plus tard, il va quitter le club. La raison ? « Une envie de changer d’air, de s’éloigner du pays » . Si cette excuse rendrait fou n’importe quel dirigeant, ceux du champion d’Amérique 2015 ont respecté la volonté de Barovero. Sans même négocier.

Un départ sans aucun bruit

« C’est une décision personnelle. J’ai été clair avec les dirigeants et ils me comprennent. Ce n’est pas une question footballistique. Sur le terrain, je suis le gars le plus heureux du monde. Et fier de porter ce maillot. Mais parfois dans la vie, les priorités changent. Je veux continuer ma carrière dans un autre pays, pour m’occuper de ma famille. » Sur les ondes de la radio La Red, Barovero vient justifier ce qui représente un séisme dans le monde riverplatense. Quelques jours auparavant, Rodolfo D’Onofrio, le président de l’institution, annonce le départ de son gardien. Son contrat, qui court jusqu’en juin 2016, ne sera pas prolongé. River ne touchera même pas un centime sur son futur départ. Un exil au Mexique, a priori, où Trapito (surnom gagné grâce à sa ressemblance avec un personnage de cartoon argentin) a signé un précontrat avec Veracruz. « Je veux respecter mon contrat » , affirme-t-il. Barovero va donc garder pendant encore quelques mois les buts du club entraîné par Marcelo Gallardo. Et s’en ira, sans bruit, sobrement, comme il l’a fait lors de toute sa carrière. À River, il laisse une trace indélébile. Cet arrêt d’abord, qui ouvre le chemin à l’incroyable période du club du quartier de Nuñez dans la capitale argentine, mais que l’intéressé minimise, lors d’une interview pour le site de la FIFA pendant le Mondial des clubs : « Le temps efface tout. Si notre travail n’est pas récompensé par une victoire, d’autant plus avec cette équipe, on n’a pas vraiment l’occasion de se faire un nom. Cet arrêt est resté dans les mémoires grâce à tout ce que nous avons accompli par la suite. » Puis de par son statut de leader discret. Un gardien sans envergure, sans sorties spectaculaires, à l’heure où Neuer et compagnie ont totalement changé le poste. Après sa saison exceptionnelle, Barovero a même été nommé à la septième place dans le top 10 des meilleurs gardiens du monde par la fameuse International Federation of Football History & Statistics. Devant Casillas, « son idole » selon ses dires. Pas mal pour un gardien qui n’a jamais porté le maillot de sa patrie.

Gardien par défaut

L’homme à la dégaine d’agent municipal est originaire de Porteña, dans la province de Córdoba. Son arrivée dans des cages de football se fait par hasard. Comme un symbole. « J’ai joué mon premier match au poste de gardien avec le club Porteña Asociación Deportiva Cultural qui joue dans un championnat régional. J’étais tout petit. C’est le fils du boulanger qui m’a convaincu et amené. Il restait une place libre dans les buts, et j’ai fini là » , raconte l’Argentin dans une interview pour El Gráfico. À 11 ans, il refuse un essai à Newell’s. « Trop loin » selon lui. Il entre finalement au centre de formation de l’Atlético Rafaela à 14 ans. Carlos Goyén, gardien uruguayen mythique, devient son mentor. « Il m’envoyait des centaines de centres dans les six mètres. Sans arrêt. Une fois que tu domines ta surface, tu prends de la confiance, tu sors sans problèmes » , se souvient Barovero. Lors d’un stage avec la sélection, il rencontre Ubaldo Fillol, la légende de River Plate. Repéré par les scouts de José Pékerman à l’époque, Barovero ne portera jamais les couleurs de la sélection. Ni même sous l’ère Sabella, malgré quelques convocations. Il joue en deuxième division avec Rafaela jusqu’en 2007 et un transfert à Huracán. Ses débuts sont catastrophiques. Lors de son premier match, il encaisse un but au bout de huit secondes. Il rejoint Vélez Sársfield l’année suivante. Et raconte une anecdote marquante, toujours dans El Gráfico : « Lorsque je suis allé chercher les clés de mon nouvel appartement, j’ai rencontré Chilavert. Une légende du club. Il m’a salué, m’a donné quelques conseils. C’était incroyable, je ne savais pas quoi lui dire. J’étais timide, je n’ai presque pas réagi. » Discret, comme d’habitude. Il commence la saison sur le banc, et assiste au titre du championnat de clôture 2009 dans le costume de remplaçant. La saison suivante, il profite d’une blessure du titulaire pour s’imposer dans les cages. Et reçoit le prix Ubaldo Fillol, qui récompense le meilleur gardien argentin de la saison. En 2011, il remporte une nouvelle fois le tournoi de clôture, en tant que titulaire cette fois-ci. Avant un transfert à River Plate en 2012, où il deviendra idole.

Ciao Trapito

Barovero à River, c’est d’abord quelques titres. Le Torneo Final 2014, la Copa Sudamericana 2014, la Recopa 2015 et, surtout, la Copa Libertadores l’année dernière. C’est aussi des prestations légendaires. Avant que Messi ne s’aide de sa main pour ouvrir le score en finale du dernier Mondial des clubs, Barovero avait sorti quelques parades exceptionnelles. C’est aussi un mec simple, un capitaine taiseux. Un homme qui a même eu besoin d’un psychologue pour surmonter les affres du professionnalisme : « Je parle souvent avec lui lors de la semaine. On travaille pour affronter l’anxiété et la tension que génèrent les matchs. Ce que me demandait Marcelo Márquez (psychologue du sport qui travaille désormais avec la sélection péruvienne, ndlr), c’est d’utiliser les actions en notre faveur pour me relaxer. Une fois, j’ai pris deux golazos, contre Banfield. J’avais envie qu’il soit à coté de mon poteau pour pouvoir parler avec lui » , se souvient-il dans le journal argentin. À 31 ans, Barovero va disputer ses cinq derniers mois sous le maillot rouge et blanc. Contraint à l’exil en Chine, Emmanuel Gigliotti doit encore ressasser ce mauvais souvenir, ce penalty pour l’histoire. Les supporters de River s’en serviront comme une relique du passé. Celui du meilleur gardien riverplatense de la décennie.

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