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Arnautovic, idiot savant

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Arnautovic, idiot savant

Arnautovic a tout de la météorite, du mec qui ne confirmera jamais les espoirs en laissant un goût d'inachevé aux palais experts. Car l'autrichien est un dangereux concentré de provocation et de folie.

L’adage est bien connu : les absents ont toujours tort. Arnautovic ne sera pas présent au sommet de la langue de Goethe. Exclu par le sélectionneur qui se passe par la même occasion d’une des seules raisons de s’emballer à Vienne. Pourtant l’Autrichien est foutrement talentueux, capable de renvoyer Anton Polster à ses études. Seulement voilà, l’endive a un grain. Un sérieux même à bien se pencher sur certaines de ses déclarations : « Je ne passerai jamais autant de temps avec ma future femme qu’avec le ballon » . De là partent de flatteuses comparaisons avec Ibrahimovic en raison d’une technique hors-norme, d’un mètre quatre-vingt douze et d’une grande gueule de la taille d’une bouche d’égout. Inutile de s’étonner de le voir s’encanailler avec Balotelli – à moins que ça ne soit l’inverse – lors de son passage éclair à l’Inter. L’Inter justement ou le début de la descente aux enfers d’un joueur qui élève le sabordage au rang d’art. Car comme le dit Mourinho : « Arnautovic est un type fantastique, le problème c’est qu’il a une attitude de gamin » . Tout un programme.

« C’est la faute du démon »

A coup sûr, Arnautovic aurait adoré rencontrer la Mannschaft. Lui qui attribue sa réussite en sélection « au bon air autrichien » qui inspira aussi Fritzl en son temps. Face à la bande à Löw, il aurait pu enfin prouver sa valeur à la Bundesliga en conclusion d’un exercice dégueulasse. En effet, il est considéré outre-Rhin comme l’une des pires recrues du Werder Brême. Six millions d’euros contre trois buts. Un bilan famélique que la présence de Silvestre – renfort catastrophique s’il en est – n’arrive pas à éclipser. Afin d’expliquer sa méforme devant le but, Arnautovic sort l’artillerie lourde : « C’est la faute du démon. Je suis certain qu’il est dans le ballon à chaque match du Werder. Si je m’en tiens à mon seul cas personnel, je devrais avoir marqué au moins quatre fois plus ! » . Alors en guise d’exorcisme, Marko balade ses vingt-deux berges en discothèque. En mai, il est exclu de l’équipe après être allé se dandiner la veille d’un match d’importance en vue du maintien : « On a besoin de joueurs complètement concentrés et ce n’est pas le cas de Marko » , explique Schaaf. Les night-clubs voilà le premier talon d’Achille d’Arnautovic. Le second étant les coups de sang. Une vilaine réputation de caractériel entretenue depuis le plus jeune âge. Cette saison, à lui seul, il a secoué le Werder : réussissant pêle-mêle à s’embrouiller avec Torsten Frings, à se battre en discothèque, à traiter son club de « sale boîte » et de sécher un entraînement après une raclée à Stuttgart (6-0). Le directeur sportif Klaus Allofs paraît un brin désarmé devant pareil gugusse : « Marko est un jeune qui doit encore apprendre beaucoup sur le comportement d’un joueur professionnel » .

Avec l’Autriche, refuge ultime où il brille, ce n’est guère mieux. Au terme d’un revers en Turquie, il cherche des noises à son coéquipier Stefan Maierhofer au motif d’un pénalty manqué. Depuis le sélectionneur Dietmar Constantini l’ignore, les observateurs lui tombent dessus à la manière de Niederbacher dans les pages de La Dernière Heure : « C’est un joueur très bizarre. Avec lui, on peut s’attendre à des exploits, mais également au pire. Il est la star de l’équipe, surtout grâce à ses clubs – l’Inter de Milan et maintenant Brême – et son look. Il ne porte que des casquettes, bonnets et lunettes de soleil de designers comme Gucci » . Or avant d’être mis au pilori, Marko ressemblait davantage à une belle promesse.

« Maintenant je vais au lit plus tôt »

Né d’un père serbe à Vienne, Arnautovic fait ses gammes dans la foultitude de club que compte la capitale. Puis, il file en Hollande. A Twente précisément. Il a 17 ans et les mêmes problèmes qu’un pupille de la nation : « Quand je suis arrivé aux Pays-Bas, ça a été dur pour moi loin de ma famille. Je ne me suis pas fait à ma première famille d’accueil, avec la deuxième ça allait un peu mieux » , déclare-t-il à la FIFA. Il débute en Eredivisie en 2007 et se fait remarquer durant le championnat d’Europe des moins de 19 ans. C’est Steve McClaren qui lui permet de s’épanouir. Lors de la saison 2008-2009, il affole les compteurs : 14 buts et 7 passes décisives. De quoi attirer les convoitises du gratin européen toujours en quête de chair fraîche. Chelsea dégaine le chéquier. Une fracture de stress au pied annule l’opération. Orphelin de Zlatan, Moratti flaire la bête blessée et l’enrôle contre l’avis du Mou. L’opération est un modèle de tarabiscotage contractuel. Prêté avec une option d’achat, Arnautovic gardera son numéro 89 à l’Inter s’il dispute un minimum de dix matches tout en pouvant être exfiltré à Twente dès le mois de janvier.

Marko jouera en tout et pour tout soixante-deux minutes réparties sur trois matchs. Il faut dire que de sérieux clients lui barrent la route : Pandev, Eto’o, Milito et son grand copain Balotelli… En plus, Mourinho préfère lui laisser ces week-ends. Arnautovic s’accroche et déclame les efforts consentis : « Mon style de vie n’était pas du tout adapté parce que je mangeais à minuit et au petit matin. Mais maintenant je vais au lit plus tôt » . Cependant, il peut se consoler en devenant la mascotte des tifosi nerazzurri à force de passer son temps en tribune. Il reste surtout dans les mémoires lombardes pour ses facéties durant les festivités du triplé. Toujours prêt à faire le con le Arno. Plutôt que les pages du Corriere dello Sport, Marko squattera la colonne fait-divers. Au mois de mars, il se fait braquer la Bentley que lui a prêté Eto’o. Quand ça ne veut pas… A la lumière de cet épisode, il ne faudrait pas qu’Arnautovic se fasse car-jacker de la crème européenne. Au risque de finir à sa périphérie. Là où les diamants bruts s’esquintent.

Par Adrien Rodriguez-Ares

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