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Aritz, ça glisse…
Qui est l’actuel meilleur buteur de la Ligue Europa ? Aritz Aduriz, 37 ans, un vieux monsieur pimpant. L'arme principale de l'Athletic Bilbao, qui se dresse sur la route de l'OM en huitièmes de finale de la C3.
C’est une longue vague bercée par les vents qui revient encore et encore arroser la côte basque. Aritz Aduriz est apparu à l’horizon en septembre 2002, en faisant son entrée face au Barça de Louis van Gaal. Quinze ans et demi après ses grands débuts en pro sous le maillot de l’Athletic Club, l’attaquant au physique élancé n’en finit pas d’éclabousser Bilbao de sa classe de buteur. La semaine passée, en seizième de finale aller de la Ligue Europa, le Basque a claqué un doublé sur la pelouse du Spartak, fidèle à son surnom : El Zorro. Lancé en profondeur par Raúl García, le Renard élimine le gardien d’une touche de balle et ouvre son pied pour marquer le premier but dans les cages vides. Un coup franc est à l’origine du deuxième : alors que le ballon fait deux bandes dans le mur, c’est comme si Aduriz avait deviné ce coup de billard improbable en se retrouvant face au gardien, prêt à conclure à bout portant, en finesse. Avec sept réalisations, il est l’actuel meilleur buteur de la C3. Bref, l’avant-centre est encore parti pour claquer sa vingtaine de pions annuelle. Et l’OM va devoir le surveiller comme un Leone sur le feu.
Comme le bon vin
Aritz Aduriz aura presque attendu ses trente ans avant de connaître sa première sélection en équipe nationale. Et presque six ans de plus pour disputer enfin un tournoi international. C’était l’Euro 2016. Incontestablement, sa plénitude se situe après le cap de la trentaine (cinq saisons à minimum 14 buts en Liga contre zéro au-dessus de 12 auparavant). Et, si, comme le bon vin, Aduriz avait eu besoin de prendre de l’âge afin d’exprimer la pleine mesure de son talent ? « Au début de sa carrière, il croyait qu’en courant plus et en se déplaçant davantage, il serait mieux considéré. Mais ce n’est pas parce que tu transpires plus gros que tu cours mieux le week-end, note Omar da Fonseca. La vieillesse et la maturité l’ont conforté dans ses vraies qualités » , appuie celui qui commente la Liga sur beIN Sports. Aduriz, les qualités d’un attaquant à l’ancienne, terriblement élégant.
Il ne s’emmerde pas à faire des appels sur les côtés pour libérer des espaces ou tâter le cuir. Il peut disparaître d’un match. Mais arrive toujours un instant où Aritz Aduriz va frapper sa cible. Les Marseillais peuvent en témoigner. Il y a deux ans, en Ligue Europa, le Basque laissait le stade Vélodrome sans voix en dégainant une reprise de volée des 35 mètres. À l’automne dernier, face à Valence, son ancien club, l’attaquant transformait un centre raté en passe décisive d’un contrôle soyeux. Rajoutez un jeu de tête digne d’Iván Zamorano, et vous avez une palette beauté complète de chez Yves Rocher.
L’esprit basque sur le terrain
La troisième fut la bonne à Bilbao pour le natif de Saint-Sébastien. Parti à Burgos, puis au Real Valladolid, revenu en 2005, reparti trois ans plus tard à Majorque, puis Valence, où il s’est fait progressivement éclipser par Roberto Soldado, Aduriz est installé à la pointe de l’Athletic Club depuis 2012. Les entraîneurs passent et l’équipe continue de jouer pour son avant-centre. Cette saison, les résultats en Liga sont médiocres (Bilbao est 14e après 24 journées), mais, dans la cathédrale de San Mamés, les fidèles sont bénis par le Padre Aduriz. « Lorsqu’il joue en couverture, il met les bras en avant, c’est malin, filou. Cela incarne l’esprit basque, analyse Omar da Fonseca. Il est dépositaire de cet aspect-là. Il aime la friction, il a besoin de sentir que l’autre lui souffle sur la nuque. »
Réclamé par la vox populi espagnole avant l’Euro en France, retenu par Vicente del Bosque, Aduriz est resté muet lors de ses trois entrées avec la Roja dans la compétition. Trop atypique, l’Aritz, à la pointe d’une équipe qui aimerait rentrer dans le but adverse en faisant des passes au sol. Voilà pourquoi il y a peu de chances de voir son nom noircir la liste de Julen Lopetegui pour la Coupe du monde en Russie. Pour apprécier les vagues, la mer Baltique n’est pas l’idéal, mieux vaut passer l’été au Pays basque.
Par Florian Lefèvre
Propos d'Omar da Fonseca recueillis par FL