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Alex Ferguson, Sir yes Sir !

Par Mathieu Faure
Alex Ferguson, Sir yes Sir !

71 ans et le plus beau palmarès du football mondial sur un banc de touche. L'Écossais à l'accent le plus incompréhensible du monde reste un entraîneur à part. Le plus grand en club, et de loin. Un magicien sur qui le temps n'a aucune incidence, sauf peut-être celle de le rendre encore meilleur. Entre ailier virevoltant, Ballon d'or et Ligue des champions, l'ADN de Fergie est la chose la plus précieuse d'Angleterre.

Sir Alex Ferguson compte autant de championnats d’Angleterre à son CV que le club d’Arsenal. Treize. Ça vous classe le bonhomme. C’est peut-être un détail pour vous, mais lorsqu’il débarque à Manchester, au cœur de l’hiver 1986, Lionel Messi n’est pas encore de ce monde.

26 ans sur un banc de touche, avec une telle réussite, c’est unique dans l’histoire du football. Pourtant, rien ne prédestinait l’Écossais à faire carrière. Et surtout pas de cette manière. Fils d’ouvrier à la trogne rougie par les longues soirées au pub, Alex Ferguson a poussé ses premiers cris dans le quartier déshérité de Govan, au cœur de Glasgow. C’est là qu’il a appris la notion de travail. Hasard ou pas, le parti travailliste anglais a longtemps voulu en faire son candidat à la mairie de Manchester. Parce que Fergie représente Manchester, cette ville qui connaît mieux que personne la sueur du travail. Avec près de 40 trophées glanés depuis son arrivée à United, l’ancien joueur des Rangers s’est construit tout seul. De toute façon, sa marque de fabrique est toujours la même : il construit. Il est de la race des bâtisseurs. Le manager procède par petites touches. Comme un puzzle. Il s’appuie systématiquement sur une colonne vertébrale expérimentée et charismatique à laquelle il greffe des jeunes et un crack. Ça a toujours fonctionné ainsi. Quand il débarque dans le Nord de l’Angleterre, il a déjà mis à mal les deux clubs de Glasgow avec sa petite escouade d’Aberdeen. Au pays, il a braqué le titre national de 1980 tout en s’affirmant sur la scène européenne avec un succès contre le Real Madrid en finale de la Coupe des coupes 1983. Sa réputation est faite. Il lui faut gravir les échelons et s’installer durablement dans un championnat plus huppé. Fort logiquement, ça sera l’Angleterre.

À Manchester, il va se mettre à tutoyer le Royaume-Uni, mais aussi toute l’Europe, à tel point qu’aujourd’hui, Old Trafford possède une tribune à son nom et une statue à son effigie. Sa statue, il a été la chercher à coups de trophées : treize championnats, donc. Mais aussi deux Ligues des champions (1999, 2008), une C2 (1991), cinq FA Cup, quatre Coupes de la Ligue, une Supercoupe d’Europe et deux championnats du monde des clubs, entre autres. Néanmoins, il faut aller voir plus loin que son simple palmarès pour comprendre le miracle permanent.

Un passeur de témoin

Parce que Ferguson, c’est avant tout une école, un style de jeu, une manière de gérer ses hommes. Dans le jeu, sa touche est unique : deux milieux dont un box-to-box, des ailiers et une pointure devant. De Hughes à Van Persie en passant par Cantona, Rooney et Van Nistelrooy, Ferguson a toujours eu dans ses rangs des buteurs racés. Son schéma basé sur la circulation de balle, l’impact – notamment sur corner – et des latéraux ultra-offensifs n’a pas bougé d’un iota depuis 1986. Les joueurs s’adaptent au système et non l’inverse. Une fois, il a voulu changer son fusil d’épaule, en articulant son système autour d’un joueur : Juan-Sebastian Veron. Bide total. Depuis, on ne lui refait pas.

Comme dans son management, lui que l’on décrit comme paternaliste et ultra-proche de ses joueurs. Au quotidien, il a commencé par tout contrôler. De la réserve à l’équipe première en passant par les jeunes. Avec le temps, il a appris à déléguer au point de prendre du recul sur la gestion de son effectif. C’est ainsi qu’il a systématiquement responsabilisé ses adjoints : Brian Kidd, Steve McLaren, Carlos Queiroz ou Mike Phelan aujourd’hui. D’ailleurs, son amour du banc de touche est communicatif. Paul Ince, Steve Bruce, Gordon Strachan, Mark Hughes, Ole-Gunnar Solskajer, Bryan Robson et Roy Keane ont tous embrassé une carrière sur un banc après leur passage à United. Tout sauf anodin. Ils ont forcément appris des trucs avec l’Écossais. Un Ferguson qui ne s’est jamais caché quant à ses mentors. Notamment le brillant Matt Busby, le Fergie des années 50/60. « Le meilleur conseil qu’il m’a donné(Sir Matt Busby), c’est de ne jamais lire la presse. Je ne l’ai jamais lue depuis » , a lâché un jour Ferguson. On apprend des anciens. Toujours. Mais voir un homme de son âge toujours au top en 2013 est quand même épatant.

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Le contremaître

Son règne à United est rectiligne. Ou presque. Il a pu compter sur plusieurs générations exceptionnelles. Robson, Irwin, Bruce et Cantona pour commencer. Giggs, Beckham, Scholes et Nevilles ensuite. Tévez, Ferdinand, Rooney, Vidić et CR7 pour la troisième. Actuellement, le vieillard est en train de tranquillement mettre en place une nouvelle génération autour de Jones, Smalling, Cleverley, De Gea et Welbeck. S’appuyer sur des hommes du cru, c’est son truc. Comme le turnover. Ne jamais aligner deux fois la même équipe. D’ailleurs, entre mai 2008 et mars 2011, il enquille 166 matchs sans aligner les mêmes joueurs au coup d’envoi. Ainsi, il garde tout le monde sous pression. Ce travailleur acharné ne fonctionne qu’à l’affectif. L’intelligence du mec, c’est de savoir quand est-ce qu’il doit prendre du bon temps, s’amuser, rigoler avec ses joueurs, et quand est-ce qu’il doit prendre du recul pour faire des choix cruciaux. Quitte à faire naître des crispations. Le boss, c’est lui. L’objectif est simple : gagner. Toujours et encore. Il gère sa carrière comme ça, aux défis. Il ne renouvelle son contrat que pour un an chaque saison, laissant planer le doute sur l’avenir du club et gardant tout le monde focalisé sur l’objectif de l’année. Son surnom ? Le contremaître. D’ailleurs, ses causeries musclées font partie du personnage.

Comme un soir de mai 1999 en finale de Ligue des champions où il déclare à son vestiaire : « À la fin du match, la Coupe d’Europe sera à deux mètres de vous. Si on perd, vous n’aurez pas le droit d’y toucher et dites-vous bien que vous n’aurez probablement jamais l’occasion de la revoir d’aussi près. Alors vous avez plutôt intérêt à vous défoncer. » On connaît la suite…

À 71 ans, beaucoup auraient déjà raccroché. Pas lui. Il a toujours cette passion de gamin en lui. Cette envie de tout gagner et cette haine de la défaite. Oui, Ferguson est un mauvais perdant, mais avant tout un perfectionniste. Toujours le premier à l’entraînement. Toujours à protéger ses joueurs, à les flagorner. L’homme marche aux défis. Sans, il s’ennuie. Il tourne en rond. Alors parfois, les fils se touchent et il pète un câble. Comme ce soir de 2003 où sa colère envoie une godasse en pleine gueule d’un David Beckham. « Si on me demandait de le refaire, je pourrais essayer 100 fois ou un million, peu importe, je n’y arriverais pas » , a-t-il simplement dit après le match. Des excuses ? Jamais. Les punchlines de Ferguson font également partie du personnage. Gary Neville le sait, lui qui s’est fait mettre en boîte plus d’une fois dans la presse. Extrait : « S’il faisait 2 ou 3 centimètres de plus, il serait le meilleur défenseur central d’Angleterre. Je ne comprends pas. Son père mesure 1m90. Je me demande combien mesurait le laitier. » Au final, c’est quoi Ferguson ? Un homme fidèle à la même bonne femme depuis son mariage en 1966. Un type qui aime son sport plus que tout. Même plus que le pinard, les chewing-gums Wrigley’s et les canassons, ses trois passions. Au final, on a compris le secret de sa réussite. Ferguson est un môme. Ça colle parfaitement avec la phrase légendaire qu’il balance à ses troupes avant chaque rencontre : « Amusez-vous comme des enfants ! » C’est simple le football, en fait. Et si ça se complique, il reste toujours le « Fergie Time » .

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