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Alex Ferguson, à la force du coude

Par Ronan Boscher, à Manchester
Alex Ferguson, à la force du coude

Sir Alex vient définitivement de fermer la dernière page du livre qu'il a donné au football pendant près de 40 ans. Il laisse derrière lui un palmarès d'entraîneur qui occultera à coup sûr son honnête carrière de joueur pro, avec deux titres de champion de D2 écossaise. À la force du coude. Et pas qu'au bar. Même si…

À Glasgow, pendant les années 70, au numéro 488 d’une rue qui porte le nom d’un ancien joueur du PSG, Sochaux ou Troyes, la Paisley Road, le pub Fergies divertit le quartier. Le troquet appartient à un certain Alex Ferguson pas encore Sir, mais auréolé d’une carrière sympathique dans le foot écossais. Une carrière qu’Alex résume, à sa manière, dans le nom dont il affuble la partie lounge de son pub : Elbow room. Un de ses premiers coéquipiers à Queen’s Park, le gardien de but Bill Pinkerton, dit « le Mur de pierres » , confirme dans le Daily Mail : « Il avait les pieds sur terre. Il ne faisait pas de cinéma. Mais il était différent sur le terrain. Tout avec les coudes. Après plusieurs duels avec lui, tu pouvais t’en sortir avec des côtes abîmées » .

« Mords-le aussi ! »

Et pourtant, Pinkerton parle d’une époque où Ferguson n’a pas encore 18 ans. En tant que joueur, Sir Alex a dû apprendre à se faire respecter très tôt. Pour son premier match en D2, en novembre 1958, à 16 ans, il se prend une avoinée à la mi-temps. Lors du premier round, Ferguson s’est fait manger par l’arrière-gauche adverse, un McKnight. Au propre comme au figuré. Sir détaille dans son autobiographie : « Après un tacle, ce bâtard me mord. À la mi-temps, je me prends un savon par le coach, parce que je suis pas assez combatif. Je lui dis qu’on m’a mordu. Et lui crie plus fort : ‘Et bien mords le aussi alors !’ » . Cet attaquant à « fort potentiel mais peut-être un peu lent » , dixit la presse scottish du lendemain, a laborieusement lancé sa carrière de footeux en D2 par une défaite (2-1) : un but tout de même et une morsure. À côté, le jeune Alex bosse aussi comme apprenti dans une usine d’outils à Glasgow. Et l’entraînement le barbe. « Ce n’était pas le premier des bosseurs quand il est venu s’entraîner pour la première fois avec nous, acquiesce le Mur de pierres. Il n’y avait pas d’éclairage à cette époque. Donc, pour les entraînements en plein hiver, les mardi et jeudi soir, il n’était jamais question de ballon. C’était plutôt 4 tours de la piste de 400 mètres de notre terrain d’Hampden Park et puis 10 séries de sprints » . Après deux saisons, une trentaine de matchs et une petite quinzaine de buts, et une morsure, Ferguson veut jouer plus.

Une envie de Canada

Alors il s’en va. Malgré une petite touche avec Newcastle –qui l’avait repéré en sélection écossaise chez les jeunes- ce sera St Johnstone. Alex se complique un peu la vie. Toujours apprenti dans son usine à outils de Glasgow, il s’engage dans de longues expéditions pour les entraînements du mardi et jeudi soir : « Mon périple commençait à 16 heures. Je quittais l’usine pour prendre un bus et rejoindre une station de train. J’allais à Glasgow Central. Je prenais un taxi pour rejoindre une autre ligne, à Buchanan street, pour qu’avant 17 heures, je fasse un trajet de 2 heures vers Perth. L’entraînement commençait à 19h30 » . Le tout à sa charge, pour un retour au lit à 1 heure du mat’, quand l’usine reprend 5 heures plus tard. Côté foot, il n’est jamais vraiment titulaire, jamais vraiment en réserve. Lors d’une conférence à des étudiants de Glasgow en 2008, il explique à quel point, à cette période, le moral est bas : « Lors d’un match en réserve, je me casse l’arcade, la pommette et le nez. Je suis out pour plusieurs mois, j’étais plâtré du visage. Quand je reviens de blessure, je perds trois matchs en réserve, 8-0, 7-0 et 9-2. Là, je me dis : ‘Voilà, c’est fini !’. Je prends mes papiers pour émigrer au Canada » . On est en 1964. La veille du match suivant, alors qu’il essaie de se faire porter pâle pour traverser l’Atlantique, le coach de la première est obligé de le faire jouer, contre les Rangers. Hat-trick de Fergie : « J’étais le premier à réussir ça à Ibrox Park contre les Rangers. Ça a changé ma vie. Je suis devenu footballeur professionnel durant l’été et je n’ai plus jamais regardé en arrière » .

Transfert record aux Rangers

Il trouve des jours bien meilleurs du côté de Dunfermline. Délesté de son apprentissage à l’usine, c’est ici que Fergie montre bien plus que de simples coudes. En août 2011, dans un théâtre de Dunfermline, Ferguson parle même de la « meilleure période de sa carrière de joueur » . Avec une belle bande de potes, Fergie joue pour « une des trois meilleures équipes écossaises entre 1964 et 1968 » . Bon avant-centre de la première div’ écossaise, gaucher, Alex enchaîne les ficelles, à une cadence d’un but toutes les 120 minutes. En 1966, Sir Alex est même, aux côtés de Josh McBride, le meilleur buteur de la ligue écossaise (31 buts). Puis, en juillet 67, alors qu’il se mate de l’athlétisme à la télévision, le fils du manager des Rangers frappe à la porte. À 25 ans, Alex signe pour le club de son cœur, un transfert record à l’époque entre deux clubs écossais (65 000 livres !). Mais il ne décollera pas plus haut. Son ratio de buteur est toujours honnête –il marque un match sur deux- mais l’entraîneur qui l’avait recruté, Scott Symon, se fait rapidement saquer. Son successeur Davie White et Alex se détestent. L’attaquant écossais qui devait tout casser devient tricard chez les Rangers, obligé de jouer, de s’entraîner avec les juniors ou la réserve.

Alex Ferguson, 4e en bas en partant de la gauche, avec Dumfermline Athletic en 1966

Colère à Quiz Ball

C’est finalement à Falkirk, à l’échelon inférieur qu’il se refait la cerise et ajoute à sa panoplie de buteur à coudes, celui de meneur d’hommes et d’entraîneur. Son partenaire d’alors, Andy Roxburgh, témoigne sur la BBC : « Il avait cette mentalité de gagneur déjà joueur. Rien n’a changé. Il a rapidement décidé qu’il voulait apprendre autant qu’il pouvait sur le foot pour rester dans ce monde aussi longtemps que possible. Il avait la licence la plus élevée du système avant même qu’il ne s’arrête de jouer » . C’est grâce à Falkirk aussi qu’il participe à l’émission télé Quiz Ball, où les footeux du moment, d’Écosse et d’Angleterre, s’affrontent en équipe dans une sorte de Trivial Pursuit. Rongé par la gagne, Sir Alex pique une colère après la défaite de son équipe, sur une question cheval, où il est incollable. Son biographe Michael Crick dit même que « c’était limite embarrassant de voir à quel point il était en colère » . La gagne quoi ! Falkirk monte dès la première année en première division mais l’histoire se termine moins bien en 1973. De son étiquette entraîneur-joueur, Ferguson perd celle d’entraîneur et part effectuer une dernière pige à Ayr United avant de mettre un terme à sa carrière et devenir patron de pub, au Fergies. Il étrenne ses galons de coach – juste coach – la même année, en 1974, dans l’autre club de Falkirk. Avec une drôle d’affaire pour débuter : un effectif sans gardien de but.

Bruno Rodríguez

Pour résumer, Alex Ferguson joueur, c’est un bon joueur de club, avec de belles années en D1 domestique, une folie chez les Rangers, un buteur qui aura marqué grosso modo un match sur deux, et qui joue avec les coudes… C’est un peu le Bruno Rodríguez de l’Écosse en fait. À un détail près : Rodríguez a préféré ensuite se lancer dans la boulangerie.

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Par Ronan Boscher, à Manchester

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