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Alassane : « Je ne suis plus le chouchou »

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Alassane : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je ne suis plus le chouchou<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Monday night fever. Ce soir, c'est Ligue 2 : Le Havre – Caen. Ne cherchez pas le nom d'Amadou Alassane sur la feuille de match. Il y a un an, le meilleur buteur du HAC raccrochait les crampons au terme de sa première saison en L1, la faute à une connasse de malformation cardiaque. Aujourd'hui, le club végète dans le ventre adipeux de la L2 et tout le monde a un peu oublié Alassane. Y compris l'amnésique président Louvel, qui ne paie plus depuis six mois son ancien protégé, pourtant sous contrat jusqu'en 2012. Entretien avec Amadou Alassane, un type qui ne deviendra jamais ce qu'il aurait dû être.

Comment gères-tu cette retraite prématurée ?

Les journées sont longues. La vie ne s’arrête pas mais elle change beaucoup. Avant, je vivais pour le foot, je me levais à 9 heures tous les matins. Maintenant, ce n’est pas grasse mat’ tous les jours, car je suis réglé pour me lever tôt, mais quand même…

Et tu fais quoi ?

Rien. Enfin je suis dans les papiers.

Les papiers ?

Oui, l’assurance, les histoires de contrat et tout ça. Je viens de recevoir mon chèque de l’assurance, ça, c’est une bonne chose de faite car ça traînait depuis un moment. Sinon, ouais, je suis sous contrat avec le HAC jusqu’en 2012, mais depuis novembre, je n’ai pas touché le moindre euro. Le club ne me paie plus. Alors je suis coincé : je ne peux pas ni toucher le chômage, ni essayer de trouver un travail ailleurs.

T’avais un bon salaire ?

Je l’avais négocié en décembre 2008. On était à 25 000. Mais faut relativiser aussi. Car j’ai commencé le foot il y a trois ans, et j’avais beaucoup moins à mes débuts. Aujourd’hui, j’ai un loyer, des factures comme tout le monde, mais pas de revenus.

A ton arrivée au Havre, tu touchais combien ?

Tout s’est fait un peu bizarrement dans ma carrière. A 23 ans, je jouais en DHR, à 25 en Ligue 1, à 26 je devais m’arrêter… Donc ouais, à 23 ans, je m’entraînais quotidiennement avec la CFA, j’avais 500 euros par mois. J’ai expliqué à Jean-Marc Nobilo que c’était compliqué pour moi, avec les factures, la famille. Je ne demandais pas un million, juste 1000, 1200 euros. Le prési’ (Jean-Pierre Louvel, ndlr) ne voulait pas, mais il a fini par céder. Très vite, j’ai eu un premier contrat pro à 2800 brut sur trois ans. Puis ça augmentait, petit à petit.

Et ta situation actuelle, tu la vis comment ?

Je ne suis plus le chouchou comme je l’étais il y a à peine un an. Dans le foot, quand tu es bon, on te bichonne. Quand tu es mauvais, on te calcule beaucoup moins. Et moi, j’suis à un stade où j’me demande carrément s’ils savent que j’existe encore. C’est comme ça.

Quand la presse a dévoilé tes problèmes cardiaques, le HAC avait pourtant tenu un discours assez clair sur sa volonté de t’accompagner dans ton après-football…

Quand t’es sous les feux des lumières, tu dis des choses que tu ne mets pas forcément en pratique au moment où tu dois le faire. C’est bête, mais rien que donner un coup d’envoi cette saison, ça m’aurait fait plaisir. Les supporters m’aimaient bien, j’aurais bien aimé leur dire au revoir. Mais bon, j’ai fait le deuil. Je suis retourné à Deschaseaux deux ou trois fois. J’avoue quand même que parfois, j’me dis « Merde, là j’aurais pu débloquer le score, faire tel truc » . J’ai encore ça en moi.

Ta saison 2008/2009 a quand même été assez folle…

On venait de monter de Ligue 2, où j’avais marqué 7 buts en faisant des bouts de matchs pendant que Guillaume (Hoarau) survolait le championnat et en avait mis 28. D’ailleurs, la saison d’avant, s’il est parti à Gueugnon, c’est un peu de ma faute. Je venais de signer pro, et devant, y’avait le duo Kandia Traoré – Jean-Michel Lesage qui était en feu. Bref, après, il est parti à Paris après notre montée. En L1, j’débute la saison comme quatrième attaquant derrière Lesage, Fauré et Nikezic. Je suis rapidement devenu le numéro un, j’ai marqué 10 buts alors qu’on a fini derniers. On avait parfois un peu la pression mais moi j’m’en foutais. Je m’amusais comme au quartier. A la fin, quand j’ai eu mes problèmes, le HAC n’a rien dit et a essayé de me vendre. La barre était à 5 millions. Leur but, c’était de faire fuir les clubs français pour pas qu’on sache ce que j’avais. A l’étranger, tu peux jouer à tes risques et périls alors qu’en France, tout est beaucoup plus contrôlé. Dans les journaux, on a dit que j’avais refusé Saint-Étienne et que je préférais la D2 anglaise. Tssss. Bref, j’ai fait un essai au Celtic Glasgow. Pendant une semaine, c’était trop bien. A la fin de chaque entraînement, on enlevait nos grolles avant d’entrer dans le vestiaire et des gens nous les lavaient. Le week-end, on a fait match nul en amical contre Unirea Urziceni (1-1), c’est moi qui ai marqué le but. Mais on était en août, je n’avais plus joué depuis mai et j’ai pris conscience que j’allais devoir faire de gros efforts pour revenir au niveau. Et qui dit gros efforts dit gros risques. J’ai préféré m’arrêter sur ça. Mais le Celtic m’a quand même donné le sac du club, le survêt, le t-shirt…

Le fait qu’il y ait des drames un peu partout à l’étranger à cette époque a-t-il participé à te raisonner ?

Peut-être. Ces mecs-là, on ne saura jamais s’ils ont joué en prenant un risque où si personne n’a eu le temps de détecter ce qu’ils avaient. Moi, je ne préfère pas jouer avec ça.

Tu comprends que le HAC puisse être un peu déçu à l’idée de ne pas avoir réussi à te vendre ?

C’est quelque chose que je tolère. Il y avait de l’argent en jeu, j’étais le joueur dont la valeur était la plus élevée, tout ça je comprends. Mais quand même, on parle de ma santé ! Le club avait l’air de s’en foutre. On fait souvent passer les joueurs pour des mecs qui ne pensent qu’au fric, qui changent de club n’importe quand, mais les clubs, ils font quoi ? Tu crois que ça leur fait quelque chose que quelqu’un aime le maillot ? Nan, c’est chacun pour sa gueule. Pour les clubs, on est de la viande (silence). Ils ont fait pareil avec Lesage…

Comment ça ?

Bah avant, Lesage, on lui déroulait le tapis rouge et compagnie. Maintenant, quand je vois comment il est traité… Attends, on peut dire ce qu’on veut, mais le mec, c’est le meilleur buteur de l’histoire du HAC, et la reconnaissance à son égard, elle est quasiment inexistante.

Es-tu entré en contact avec Steve Savidan, qui a connu un peu le même problème à peu près au même moment que toi ?

Je n’ai pas lu son livre, mais oui, je l’ai contacté une fois. C’était pour mes histoires d’assurances et tout. J’passe vraiment mes journées dans les papiers. Heureusement que l’UNFP m’aide.

Quel rapport entretiens-tu avec tes anciens coéquipiers ?

Mes amis, c’est les mecs du quartier que je fréquentais déjà avant. Les anciens coéquipiers, ils ne m’ont pas plus épaulé que ça quand ça allait moins bien. On n’est pas les meilleurs amis du monde, mais ça ne m’empêche pas d’en revoir certains ponctuellement, comme Noro par exemple. Ou Jean-Mich’ (Lesage), avec qui je me suis baladé à Deauville hier, par exemple.

Que penses-tu de la saison du HAC ?

Je ne suis pas si surpris que ça. Pour être honnête, la Ligue 2 est pourrie. Nantes est à la rue, Strasbourg va mal, Guingamp n’y arrive pas non plus. A côté de ça, t’as Brest qui va monter, Arles qui est 3e avec une équipe loin d’être monstrueuse. C’est le monde à l’envers, y’a Clermont et Tours qui sont en haut du classement… Et le HAC n’a pas réussi à profiter de tout ça. En fait, il n’y a que Caen qui est à la hauteur. Eux se maintiendront en L1 l’an prochain, et les deux autres promus redescendront aussitôt.

Tu vas voir le match à Deschaseaux lundi soir ?

Même si y’a des gens que je n’apprécie pas dans ce club, je continuerai toujours à le supporter. C’est comme ça, c’est ma ville. Je vais aller voir Le Havre/Caen comme quand j’étais petit. Le stade était à cinq minutes de chez moi, et j’allais voir Ibrahim Ba. Lui, il me faisait rêver. Il m’a donné envie de me mettre sérieusement au foot.

Comment envisages-tu la suite ?

Je vais peut-être rejouer dans un club amateur parce que j’ai le foot dans le sang. Jusqu’à mes 23 ans, j’ai multiplié les expériences professionnelles dans l’intérim. Total, Renault, tout. J’aurais peut-être de nouveau un travail comme ça un de ces jours. Ma carrière, elle est ce qu’elle est. J’espère juste qu’elle a permis à des jeunes de quartier de se battre, de ne pas baisser les bras. J’ai prouvé qu’on pouvait y arriver sans passer par la formation, et même si tout n’a pas duré longtemps, j’ai quand même eu le temps de prendre du plaisir.

HAC (12e) – Caen (1er), 34e journée de Ligue 2, ce soir

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