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Ainsi Alexis voit la vie

Par Maxime Brigand
Ainsi Alexis voit la vie

Meilleur buteur de Premier League à égalité avec Diego Costa et Zlatan Ibrahimović, Alexis Sánchez est aujourd’hui un monument stylistique sur qui les regards dansent entre inquiétude autour de son avenir et émerveillement sincère. Peut-être parce que le Chilien a souvent été incompris et qu’il ne demande rien d’autre que son principal plaisir. Soit jouer plutôt que compter.

Il faut regarder son corps, regarder son visage, regarder ses veines. L’homme a un message à faire passer. La note est déjà réglée, le détail a donc pris le pas sur la forme. Autour de la scène, le public hurle. Est-ce de la joie ou de la déception ? Certainement un sentiment mêlé. Une fin d’après-midi de janvier. Swansea, les quelques milliers de personnes qui ont décidé de venir tuer le temps au Liberty Stadium, le climat, rien n’est à la fête. Le tableau d’affichage, lui, l’est. Quatre buts dessinés, aucun encaissé, peu de ratures, l’œuvre de l’humaniste Arsène Wenger est parfaite. Arsenal est en train de danser sur Swansea, mais la machine cérébrale du technicien français est toujours en route. Il reste dix minutes pour contrôler, gérer, mais aussi pour respirer. L’occasion pour Wenger est belle, il la concrétise. Dans la nuit galloise, un sept lumineux et, à ses côtés, le nombre vingt-trois. Danny Welbeck est bien de retour sur une pelouse de Premier League, enfin. Alexis Sánchez vient d’en sortir. S’arrêter, lui ? Jamais. Arsène Wenger ne détourne pas le regard, il sait ce qu’il se passe dans la tête de sa caution artistique et ne veut même pas prêter attention à ce qui va avoir lieu derrière son dos. Le Chilien balance alors ses gants et s’installe sur le banc. Seul, sous sa capuche. Non, il ne voulait pas s’arrêter. Pas avec un total d’un but, pas à seulement 4-0. Sánchez estime qu’il n’a pas terminé sa mission, qu’il a encore de l’énergie, qu’il peut encore offrir. Wenger veut le préserver. Au-dessus de lui, devant les télévisions, ils s’interrogent. Comment un joueur peut-il réagir de la sorte ? Mais sont-ils fous ou n’ont-ils pas encore compris ? Alexis Sánchez n’est pas un homme comme eux. Dire qu’Alexis Sánchez est unique ne serait d’ailleurs pas forcer le trait. Là est le problème d’être un génie, on est souvent incompris. À tort.

L’enfant sauvage

Un crochet par Tocopilla, nécessaire pour mettre des mots sur ce personnage. Il y a l’océan Pacifique, le désert d’Atacama, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde de Chuquicamata, c’est le Chili, là où tout a commencé. Tocopilla n’est pas vraiment un spectacle, plutôt un tableau déchirant. Sur les murs, pourtant, il y a quelques couleurs. Sur le dos des gamins aussi. C’est celles du Barça ou celles d’Arsenal. Sur les têtes, des mèches soignées et travaillées à la tondeuse électrique. Dans la rue, il n’est pas rare de sentir qu’il est passé un jour par là. Comme à l’été 2014 où l’enfant, El Alexis, est venu faire un tour au volant de sa voiture de luxe, qu’il en est sorti et qu’il a demandé aux gosses du coin ceci : « Hey, les gars, je peux aller aux buts ? » Quelques heures plus tôt, Alexis Sánchez venait de finaliser son départ de Barcelone pour Londres et Arsenal contre plus de quarante millions d’euros. Venir à Tocopilla avait alors été une évidence, pour partager la nouvelle sur le ciment qu’il a fait installer pour remplacer le terrain vague de son enfance. L’enfance, justement, inévitable pour comprendre. Jouer au foot, Alexis Sánchez n’avait que ça à faire. La technologie n’existait pas, la scolarité était rudimentaire et la vie à la maison difficile. La vie veut que le fils de Maria Elena n’ait jamais connu son père. Alors, rapidement, Alexis a dû se battre, travailler pour soutenir le foyer en bossant dans des cimetières, au marché, pour permettre à « l’enfant sauvage » de s’émanciper. Chez Alexis Sánchez, il n’y avait pas de télé, pas de meubles. Le sol était de la terre et le lit un matelas posé sur des gravillons. Ou l’art de partir de loin.

Il faut donc comprendre la personne qu’est devenu au fil de son histoire l’international chilien. Si Alexis Sánchez gueule lorsqu’il sort, ce n’est pas contre son entraîneur, mais plutôt parce qu’on l’a privé du plaisir simple qu’est le sien à travers le foot. Oui, l’attaquant de poche qu’il est joue encore à vingt-huit ans et peut-être mieux que tout le monde au sein de son équipe. Arsène Wenger le sait et c’est pour ça qu’il le protège plus que les autres, qu’il se crispe à chacun de ses départs en sélection et qu’il n’hésite pas à le ménager parfois. Car au bout de plus de deux ans de vie commune, Wenger ne peut plus vivre sans Sánchez, son instinct naturel propre au footballeur sud-américain – que l’entraîneur français différencie toujours en privé du footballeur européen plus cadré, formaté, éduqué dans sa conception du jeu – et sa rage. Un caractère encore aperçu au début du mois lorsqu’il s’est époumoné sur la pelouse de Bournemouth pour retourner les cœurs de ses partenaires et aller arracher un nul inespéré. Alors oui, tout cela raconte aussi le rapport que Sánchez a à l’instant. Il ne vit que pour ça depuis qu’il n’a plus rien à apprendre du foot, si ce n’est ce qui entoure le jeu. C’est aussi ça un grand joueur. Et c’est aussi pourquoi il ne se presse pas de prolonger son contrat avec Arsenal malgré les nuits blanches que cette situation peut engendrer pour les fidèles de la librairie de l’Emirates. Aujourd’hui, Alexis Sánchez se sent « heureux et important aux yeux de ses coéquipiers » et ceux qui lui importent. C’est aussi de ça dont parle Wenger quand il explique que le Chilien « n’avance pas à l’argent » .

Le centre des attentions

Important, Alexis Sánchez ne l’a peut-être jamais autant été à l’heure où il a déjà inscrit plus de buts que sur l’ensemble de son dernier exercice en Premier League. Arsenal ne peut plus avancer sans son détonateur, son ambianceur et son trait d’union. C’est désormais une certitude après une petite de phase de doute la saison dernière. Ce qui a changé ? Aujourd’hui, El Niño maravilla maîtrise l’anglais – donc communique et peut poursuivre sa quête d’apprentissage – et est le centre de l’attention grâce notamment aux choix tactiques opérés par Arsène Wenger cette saison. Les rumeurs qui entourent l’avenir du joueur, comme ce départ à Turin en échange de Pjanić ? Balayées en quelques jours. Son histoire de fraude fiscale ? Déjà réglée avec la justice. Tout ne serait donc qu’une question de temps, comme souvent avec Sánchez depuis qu’il a fait de l’horloge son jouet. Les renforts sont donc arrivés, de Thierry Henry qui veut voir le Chilien « rester à vie » à Arsenal à Jamie Redknapp qui n’a pas hésité à demander à Wenger de « casser sa tirelire » pour garder le joueur. Et il y a donc eu cette semaine cette initiative des supporters des Gunners de faire installer une banderole en l’honneur des deux chiens de Sánchez à l’Emirates. Désormais, Alexis reçoit autant d’amour qu’il n’en donne. Il suffit juste de comprendre son refus d’abréger ses plaisirs. Un combat noble, définitivement. La bataille d’un joueur différent, celui qui donne parfois plus envie de payer pour une prestation individuelle que collective. Alexis Sánchez, c’est donc ça.

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