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Achille Emana : « J’ai perdu du temps»

Propos recueillis par Thomas Goubin, au Mexique
Achille Emana : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>J&rsquo;ai perdu du temps»

Lost in Translation à Dubaï depuis deux ans, l'international camerounais Achille Emana poursuit son tour du monde au Mexique, où il défend les couleurs de Cruz Azul depuis le mois de septembre. L'ex du TFC et du Betis revient sur ses choix de carrière, pas toujours heureux, et sort les griffes quand il cause Lions indomptables.

Comment se passe la découverte du championnat mexicain ?Bien. Je suis arrivé dans l’inconnu et j’ai découvert un championnat compétitif, même s’il y a beaucoup plus d’espaces qu’en Espagne ou en France pour s’exprimer. Les matchs ne sont pas tous aussi disputés qu’en Europe car certaines équipes se contentent d’être ce qu’elles sont, le système de compétition fait qu’un match peut n’avoir aucun enjeu pour une équipe (nda : système de descente au pourcentage sur trois ans, et titre de champion accessible pour le 8e de la saison régulière, dernier qualifié pour les plays-offs).

Plusieurs camerounais ont joué au Mexique (François Oman-Biyik, Jean-Claude Pagal, Alain N’Kong), vous êtes-vous renseigné auprès d’eux avant de signer pour Cruz Azul ?Pas du tout. J’aime découvrir de nouveaux horizons. J’avais quelques touches en Espagne, mais étant donné la situation économique de la plupart des clubs de Liga, je manquais de garanties. Cruz Azul m’a proposé un bon contrat et j’ai accepté sans me renseigner dans le détail sur le club et sur le championnat mexicain.

Aujourd’hui, le Mexique fait avant tout parler à l’international pour ses problèmes d’insécurité. Cela ne vous a pas préoccupé ?Non. J’estime que si mon jour est arrivé, mon jour est arrivé. Faut simplement savoir avec qui et où tu traînes. Moi, je suis quelqu’un de tranquille, j’aime la vie de famille. Je connais ma chance d’être joueur de foot, et je suis simplement heureux d’être ici.

Dans quel état avez-vous terminé vos deux années aux Émirats ?Franchement, je me sentais inactif. Le niveau de la compétition est faible. Parfois, on reste sans jouer deux semaines quand il y a une trêve internationale. Et encore, mon dernier entraîneur était Quique Sanchez Flores, l’ex de l’Atlético, qui a amené davantage de professionnalisme. Dans cet environnement, il est difficile de ne pas baisser les bras.

Comment se passait votre vie quotidienne à Dubaï ?Je ne vais pas mentir, il faut aller à Dubaï pour les vacances, pas pour travailler. La journée tu la passes à dormir, car tu t’entraînes tard le soir, à cause de la chaleur, mais aussi car l’entraînement ne peut chevaucher l’une des cinq prières du jour. On terminait souvent la séance à 23h. Tu te retrouves alors à manger à 2h du mat’, et le temps de regarder un film, de décompresser, tu peines à dormir avant 6h. Ensuite, quand tu te lèves, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire que d’aller au shopping. Enfin, je mesure tout de même ma chance d’avoir vécu à Dubaï. Je n’étais pas isolé non plus. Dans l’équipe, il y avait un Espagnol, un Brésilien et un Chilien. Entre nous, on parlait espagnol. Pour mes relations avec les locaux, j’ai dû perfectionner mon anglais.

« Je ne suis pas un faux-cul »

Que s’est-il passé samedi (Cruz Azul a été défait 3-0 par Toluca en quart de finale aller du championnat mexicain) et pourquoi êtes-vous sorti dès la mi-temps ?Ça a été un jour sans. J’ai du mal à l’expliquer, mais Toluca était simplement plus motivé que nous. Quant à ma sortie, l’entraîneur ne m’a pas expliqué pourquoi il a pris cette décision. On devait pourtant marquer des buts, et je crois que j’aurais été utile à notre secteur offensif. L’entraîneur m’avait déjà fait le même coup lors d’un match face à Pachuca. Franchement, personne ne m’a fait ça lors de ma carrière. Je n’ai pas encore digéré cette décision. Je suis toujours en colère.

Le Cameroun vient de se qualifier pour la Coupe du monde. Espérez-vous disputer l’épreuve malgré le conflit qui vous oppose à votre Fédération depuis 2010 (nda : dans une interview à … So Foot.com en décembre 2010, Emana avait qualifié les dirigeants de la Fédération de « menteurs et voleurs » , il avait écopé d’une amende) ? Si on a besoin de moi, ce sera un honneur de servir mon pays. On ne peut qu’avoir envie de disputer une Coupe du monde, mais je ne vais pas fermer ma bouche pour autant. Je ne suis pas un faux-cul, passez-moi l’expression. Quand je me suis exprimé sur la situation au sein de la sélection, on m’a traité de menteur. Aujourd’hui, Samuel Eto’o dit à peu près la même chose et personne ne bronche.

Quelles sont vos relations avec Samuel Eto’o ?Il n’y a pas de souci. Il est dans son monde, je suis dans le mien. On peut ne pas être amis mais s’entendre sur le terrain, donner du sien, cela n’a rien d’incompatible. Chaque fois que j’ai voulu discuter avec Samuel, je l’ai fait. J’ai été capitaine de la sélection, et pour moi, c’est au capitaine de prendre les choses en main quand des choses inacceptables se passent. Au Cameroun, le football a une immense importance sociale mais aussi économique. Tout le monde veut le pouvoir, et ces conflits entre dirigeants ont commencé à se répandre sur le terrain. La situation n’est vraiment pas évidente.

Vis-à-vis des dirigeants camerounais, quelle était la marge de manœuvre de sélectionneurs européens comme Paul Le Guen et Javier Clemente ?Ce sont des entraîneurs reconnus, avec de la personnalité, mais une fois arrivés au Cameroun, ils se font influencer par les dirigeants camerounais. J’ai du mal à le comprendre. Lors de la Coupe du monde 2010, Paul Le Guen a ainsi renouvelé une grande partie de l’équipe, comme s’il ne comptait plus sur les joueurs qui avaient contribué à la qualification. J’étais capitaine, et tout d’un coup, je me suis retrouvé sur le banc. Comment comprendre cela ? Enfin, c’est du passé. Si on se croise, je les saluerai sans problème. Qui sait, peut-être que je terminerai ma carrière sous les ordres de Le Guen ou Clemente ?

Au fait, pourquoi être parti du Betis pour les Émirats, alors que vous étiez l’individualité la plus en vue de l’équipe ?J’ai été déçu par les dirigeants du Betis. Quand j’ai reçu des offres de Turquie, ils m’ont dit qu’ils comptaient sur moi pour aider le Betis à remonter en première division. Je suis resté, mais à la fin de la saison, je me suis rendu compte qu’ils ne comptaient plus sur moi. J’étais le plus gros salaire du club, ils voulaient me vendre à un bon prix, et recruter plusieurs joueurs avec l’argent de mon transfert. Mon statut se réduisait à celui de simple monnaie d’échange. Il existait de l’intérêt de la part d’autres clubs espagnols, mais à l’époque, étant donné mon salaire, seuls le Barça, le Real ou l’Atlético auraient pu m’embaucher. J’ai finalement opté pour les Émirats.

Aujourd’hui, regrettez-vous votre choix ?Bon, je suis content d’avoir découvert la culture du pays, mais footballistiquement, j’ai clairement perdu du temps. Ici, au Mexique, je me sens un peu revivre. C’est un très bon championnat, tu joues devant 40 000 personnes, c’est un cadre motivant pour jouer au football. Petit à petit, je retrouve mon meilleur niveau. À Dubaï, tu joues devant 1000 personnes, parfois 50, et en plus, ils ne connaissent rien au foot.

Suivez-vous toujours l’actualité du TFC ?Mon contact avec le club se restreint au président Sadran. Aujourd’hui, tous les joueurs avec lesquels j’ai joué sont partis, mais je continue à suivre les matchs du TFC. À Dubaï, je les regardais, ici aussi, quand l’horaire de diffusion me le permet. Je regarde aussi les matchs du Betis.

Pour terminer, quel souvenir gardez-vous de ce but inscrit d’un coup du foulard face au PSG mais finalement refusé ?Ce but méritait d’être dans les classements des meilleurs buts de la saison. Je ne sais même pas pourquoi il a été refusé. On m’a dit que j’étais hors-jeu puis on m’a donné d’autres raisons. Ça n’a jamais été éclairci. Personnellement, je n’ai jamais vu un but inscrit dans l’axe d’un coup du foulard.

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Propos recueillis par Thomas Goubin, au Mexique

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