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«4 coachs en une saison, c’est pas évident»

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«4 coachs en une saison, c’est pas évident»

Peter Luccin a quitté l'Atletico Madrid l'été dernier dans l'idée d'aller chercher avec Saragosse la Ligue des Champions. Résultat, les Colchoneros joueront en C1 tandis que le Real Zaragoza se bagarre sévère pour rester en première division. Auteur d'une superbe saison 2007, le club vainqueur d'une C3 en 1964 et d'une C2 en 1995 (déjà mieux que n'importe quel club français) avait les moyens de son ambition : Diogo, Roberto Ayala, Pablo Aimar, Sergio García, D'Alessandro, Ricardo Oliveira, Albert Celades, Matuzalem, Diego Milito et Peter Luccin donc. L'ancien joueur de Bordeaux, de l'OM et du PSG décrypte le pourquoi du comment et analyse l'affaiblissement général du niveau de jeu proposé par la Liga. Une exclusivité SoFoot.com.

Comment juges-tu la saison de l’équipe ? Mauvaise, très mauvaise. On est vraiment très loin de l’objectif qu’on s’était fixé en début de saison : on s’était tous dit au moins, et je dis bien au moins, accrocher l’UEFA et si possible une quatrième place qualificative pour la Ligue des Champions.

Que s’est-il passé ? On a plutôt bien commencé, on faisait nos matchs, on était entre la 5ème et la 6ème place, puis on a lâché… L’ambiance dans le vestiaire n’était franchement pas la meilleure, des groupes se sont créés, vous savez comment ça se passe…Moi ça fait plus de 12 ans que j’évolue en première division, et je sais que le plus important à l’entame d’une saison, c’est de créer un groupe, et bah ça n’a pas pris.

Pourtant le groupe n’a pas été trop bouleversé, à part ton arrivée et celle d’Ayala, comment expliquer cette désunion d’un groupe qui existait déjà ? Nous, on avait dans l’idée d’aller très loin en Coupe de l’UEFA, c’était un des objectifs majeurs, Séville l’avait remportée deux fois de suite, l’Espanyol avait joué la finale l’an passé, on s’était dit que c’était une compétition pour nous. Et notre élimination nous a vraiment fait très mal, à tout le groupe, très difficile à digérer, et ensuite à partir de ce moment-là, on n’a pas su se serrer les coudes, pas su être solidaires et voilà où nous en sommes, à se battre pour ne pas descendre. Moi je ne suis pas pessimiste, je suis pratiquement persuadé qu’on va se sauver mais voilà on a pris conscience de certaines choses assez tard.

Tu pars de l’Atletico pour progresser et viser plus haut sportivement et finalement c’est l’inverse. Tu considères ça comme une déception personnelle ? Oui c’est une grosse déception pour moi, je te le redis, on jouait la 4ème place, l’idée de faire un bon parcours en UEFA et en Copa del Rey et finalement on n’a rien fait de tout ça. Mais je pense que le problème de cette saison, ça a vraiment été le vestiaire parce que l’équipe, les joueurs, les qualités, on les a. Je te dis même qu’on a une équipe aussi bonne que l’Atletico Madrid, mais à Madrid l’ambiance du vestiaire était vraiment meilleure.

Les bagarres argentines Aimar/D’Alessandro ont animé la saison… Et bah voilà exactement…Ça, ça nous a pourris. A côté de ça on avait un super entraîneur, Victor Fernandez, qui est pour moi un des tout meilleurs d’Espagne…Mais il y a eu ces embrouilles, ces embrouilles qui ont créé d’autres embrouilles et personne n’était là pour taper du poing sur la table. C’est dommage car on avait des joueurs importants comme moi, Ayala, ou Cesar notre gardien mais peut-être qu’on n’a pas su gérer notre vestiaire.

Cette ambiance, tu l’avais plus ou moins pressentie en arrivant ? Quelque part un peu oui mais je pensais qu’il y avait des joueurs assez importants pour encadrer. Prends Gabriel Milito, il était extrêmement important à cette équipe, pourquoi ? Pas pour ses qualités footballistiques, tout le monde les connaît, il joue à Barcelone et tout ça. Mais surtout pour ses qualités de meneur d’hommes, il a su gérer le vestiaire à lui tout seul et depuis son départ l’équipe a eu du mal.

Les changements d’entraîneur n’ont pas aidé non plus. Non, moi je suis toujours le premier à dire que les changements de coachs comme ça, c’est pas la meilleure des solutions, c’est sûr que c’est plus facile de virer un entraîneur plutôt que 22 gars…4 entraîneurs en une saison, c’est jamais évident.

Voir ton ancien club l’Atletico aller chercher la 4ème place, qui était ton objectif avec Saragosse, ça a dû te… (Il coupe) Non, ça m’a fait très plaisir, j’étais vraiment très content pour les gars qui sont là depuis 4/5 ans, les Leo Franco, Perea, ou Pablo, je suis le plus heureux pour eux.

On a l’impression que le niveau général de la Liga a sacrément baissé : Séville a démarré de façon catastrophique, le Barça a tout raté, le Real est champion mais sans impressionner dans le jeu, Valence frôle la relégation… Exactement oui, c’est vrai. Mais c’est dû à quoi ? Je vais te dire, les équipes aujourd’hui ferment le jeu et jouent tout sur le plan défensif. Les clubs ont bien conscience que le maintien va être dur à obtenir, en début de championnat, il y avait 7 ou 8 équipes qui étaient plus ou moins concernées par la descente. Donc comment elles s’arment ces équipes ? Elles se disent : « Il faut qu’on forme un gros bloc défensif et qu’on joue le contre » ! Et donc ça donne des matchs défensifs, avec des buts sur coups de pied arrêtés, des buts sur penalty, ou des exploits personnels. Mais des exploits personnels tu en as peu, peu de joueurs en sont capables, tu as Messi, Kun Agüero, Oliveira chez nous, mais des joueurs comme ça, tu n’en as pas 100 000. Donc tu te retrouves avec un championnat défensif.

Et c’est une tendance qui est amenée à durer ? Non, je pense que ça va vite s’arrêter, c’est contre nature à la philosophie de jeu en Espagne, d’ailleurs la fin de saison le prouve avec un jeu un peu retrouvé, les équipes se sont dit, quitte à descendre, autant le faire en jouant notre jeu.

Propos recueillis par Alexandre Gonzalez

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